François Auguste Ferdinand Mariette

François Auguste Ferdinand Mariette est un égyptologue français né le à Boulogne-sur-Mer et mort le au Caire (Égypte).

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François Auguste Ferdinand Mariette
Égyptologue

Auguste Mariette, par Nadar, vers 1861
Surnom "Mariette-Bey"
Pays de naissance France
Naissance
Boulogne-sur-Mer (Royaume de France)
Décès (à 59 ans)
Le Caire (Égypte)
Nationalité Française
Découvertes principales temple d'Edfou, Sérapéum de Saqqarah

Biographie

Auguste Mariette est, avec Jean-François Champollion, l'un des deux pères fondateurs de l'égyptologie[1].

En 1841, alors modeste professeur au collège de Boulogne-sur-Mer et journaliste à ses heures perdues, il s'intéresse à l'antique civilisation en découvrant les quelques objets égyptiens que le musée de Boulogne possédait alors. Il déclarera quelques années plus tard : « Je suis entré dans l’Égypte par la momie du musée de Boulogne ».

En 1845, l'un de ses cousins éloignés, Nestor L'Hôte, dessinateur de grand talent qui eut l'honneur d'accompagner Jean-François Champollion en Égypte décède. Auguste Mariette est alors chargé de classer ses papiers et dessins et découvre l’égyptologie. C'est la révélation et le jeune homme décide de devenir égyptologue ; il dira cette phrase devenue célèbre : « Le canard égyptien est un animal dangereux : un coup de bec, il vous inocule le venin et vous êtes égyptologue pour la vie ».

Il apprend les hiéroglyphes, le copte, le syriaque, l'araméen et, renonçant au professorat, entre comme commis au Louvre (ex-Musée Charles X), acceptant un travail ingrat et mal rémunéré. Remarqué par Emmanuel de Rougé et Charles Lenormant, il se fait envoyer en Égypte par le Musée du Louvre, en 1850, pour acquérir des manuscrits coptes.

L'affaire ne se fait pas et il utilise les fonds pour fouiller à Saqqarah, après avoir admiré la plaine depuis les remparts du Caire, ayant sous les yeux le spectacle des pyramides, du Nil, de la plaine de Saqqarah :

« Il y avait là, presque à la portée de ma main, tout un monde de tombeaux, de stèles, d'inscriptions, de statues. Que dire de plus ? »

Détails du Monument à "Mariette-Bey" (1882) d'Henri-Alfred Jacquemart à Boulogne-sur-Mer.

Le lendemain, il s'équipe et le , il campe au pied de la grande pyramide. Alors qu’il passait par le plateau de Saqqarah, il remarque, émergeant du sable, la tête d'un sphinx ; il songe alors à la description, faite par Strabon, d’une avenue menant au Sérapéion, bordée de plus de cent quarante sphinx. Le voyageur grec affirmait qu'il se trouvait à Memphis « un temple de Sarapis dans un endroit tellement sablonneux que les vents y amoncellent des amas de sable sous lesquels nous vîmes des sphinx enterrés, les uns à moitié, les autres jusqu'à la tête... ».

Le résultat fut immédiat : des sphinx sont ainsi mis au jour, ainsi qu’une statue du dieu Apis de belle facture. On lui doit la découverte (le ), du Scribe accroupi, une des pièces maîtresses du département égyptien du Louvre, et la fouille (jusqu'en 1854) du Sérapeum de Memphis et de la nécropole de Saqqarah où il dégage de nombreux mastabas de l’Ancien Empire.

En 1855, il est nommé conservateur adjoint du musée égyptien au Louvre.

En 1857, il revient en Égypte, y rencontre Ferdinand de Lesseps qui apprécie la tournure d'esprit de Mariette en ce qui concernait la destination des antiquités. Aussi est-il présenté à Mohamed Saïd Pacha qui avait succédé à Méhémet Ali :

« Il nous incombe de veiller avec soin sur les monuments. Dans cinq cents ans, l’Égypte sera-t-elle encore en mesure de montrer aux érudits qui la visiteront ceux-ci tels que nous les découvrons aujourd'hui ? »

Il ouvre un chantier à Dra Abou el-Naggah (Thèbes) et, en décembre, le sarcophage du roi Ahmôsis Ier (qui régna jusqu'en -1567 et qui mit fin à la dynastie des envahisseurs Hyksôs, lors de la prise d'Avaris) est retrouvé intact.

Il crée le service des antiquités égyptiennes et le musée de Boulaq (prédécesseur de l'actuel Musée égyptien du Caire) dont il devient directeur le , et, à Thèbes, sur la rive opposée à Louxor, non loin du lieu où il avait exhumé le sarcophage de Kamosé, son équipe dirigée par Maunier, met au jour celui de son épouse Iâhhotep, ainsi que le mobilier et les somptueux bijoux qui l’accompagnaient. En l’absence de l’égyptologue français, les autorités égyptiennes ouvrent le sarcophage, « balancent » la momie et conservent les bijoux et objets trouvés qu’elles expédient, via le Nil, à destination du Caire. Le directeur général des antiquités intercepte le convoi fluvial et récupère les caisses, se plaignant auprès de Saïd Pacha, qui conserve deux pièces pour son usage personnel.

Auguste Mariette photographié par Nadar

En 1860, il découvre puis travaille au temple d'Edfou qu’il fait désensabler.

Lors de l’exposition universelle de 1867 à Paris, les bijoux d’Ahotep y sont exposés et l’impératrice Eugénie a très envie de certaines pièces, au point qu’elle les demande à Ismaïl Pacha, qui en réfère au directeur du musée de Boulaq. Mariette s’oppose à la volonté impériale, ce qui lui crée des soucis.

Il est retenu par l’opéra Aida, de Giuseppe Verdi, dont il aurait suggéré le thème et qui devait être donné en 1870, pour l’ouverture du canal de Suez, mais en raison de la guerre en Europe et de la défaite de Sedan, la date est reportée à l'année suivante.

Pendant ce temps, les ouvriers, qui dégageaient la stèle des membres de la famille royale semblant dater de l’Ancien Empire, découvrent l’ouverture d’un puits ; l’un d’eux progresse dans la galerie ainsi creusée, une bougie à la main, et réapparait livide, comme vidé de son sang : il venait de croiser le regard brillant de deux personnes qui, le dévisageant fixement, l’avaient effrayé au plus haut point. Lorsque Daninos va voir ce qu’il en était, il se retrouve face aux statues de Rahotep et Néfret qui allèrent ainsi rejoindre le musée de Boulaq.

En 1872, Mariette a 2 780 ouvriers travaillant sous sa direction en Égypte, et, en 1878, il est reçu à l’Académie des inscriptions et belles-lettres. En 1879, en reconnaissance de l'importance de ses efforts pour la protection du patrimoine égyptien, le vice-roi d'Égypte lui accorde le titre honorifique de pacha (il était précédemment bey). En 1880, il est rejoint par Gaston Maspero, tandis qu’il tombe à nouveau gravement malade du fait de son diabète. Il meurt en 1881 au Caire, en ayant fouillé 300 tombes, à Saqqarah et à Gizeh, dégagé de nombreux sites en Égypte et en Nubie, et retrouvé environ 15 000 objets. Son dernier ouvrage sera publié après sa mort sous le contrôle de Maspero, Mastabas de l'Ancien empire. Il est enterré au Caire.

Hommages

Publications

  • Notice des principaux monuments exposés dans les galeries provisoires du musée d'antiquités égyptiennes de S. A. le vice-roi à Boulaq, 6 éditions de 1864 à 1876.
  • Dendérah, Librairie A. Franck, Paris, 1875[4].
  • Karnak, étude topographique et archéologique, 2 vol., J.C. Hinrichs, Paris, 1875.
  • Voyage dans la Haute Égypte, Librairie Goupil, Paris, 1878[5],[6].
  • Catalogue général des monuments d'Abydos découverts pendant les fouilles de cette ville, Imprimerie nationale, Paris, 1880.
  • Itinéraire de la Haute Égypte comprenant une description des monuments antiques des rives du Nil entre Le Caire et la première Cataracte, Maisonneuve et Cie, Paris, 1880. (3e édition, reprise de l'ouvrage de 1869, hors-commerce, édité à l'occasion des Fêtes de l’inauguration du Canal de Suez)

Notes et références

  1. Amandine Marshall, Auguste Mariette, 2010 ; Elisabeth David, Mariette Macha : 1821-1881, 1994.
  2. Notice sur e-monumen.net
  3. Bulletin de la Société française d'égyptologie, no 90 à 104, éditions La Société, 1981, p. 3.
  4. Auguste (1821-1881) Auteur du texte Mariette, Denderah : description générale du grand temple de cette ville / par Auguste Mariette-Bey ; ouvrage publié sous les auspices de S. A. Ismaïl-Pacha, khédive d'Égypte, 1870-1875 (lire en ligne)
  5. Auguste (1821-1881) Auteur du texte Mariette, Voyage dans la Haute-Égypte. Explication de quatre-vingt-trois vues photographiées d'après les monuments antiques compris entre le Caire et la première cataracte, par Auguste Mariette-Bey, (lire en ligne)
  6. Auguste (1821-1881) Auteur du texte Mariette, Voyage dans la Haute-Égypte. Explication de quatre-vingt-trois vues photographiées d'après les monuments antiques compris entre le Caire et la première cataracte, par Auguste Mariette-Bey, (lire en ligne)

Bibliographie

  • Eugène Révillout, « Auguste Mariette Pacha », Revue égyptologique, 1881, no II-III, p. 317-320.
  • Mariette Pacha - L'Homme du Désert - Ernest Desjardins - Éditions Christian Navarro - (éditions de 1882 et 2003)
  • Ernest Dessille, Auguste Mariette, notice, Boulogne-sur-Mer, 1882.
  • Henri Wallon, « Notice sur la vie et les travaux de François-Auguste-Ferdinand Mariette-Pacha, membre ordinaire de l'Académie des inscriptions et belles-lettres ». In Académie des inscriptions et belles-lettres, Compte rendu de la séance publique annuelle, , p. 45-163.
  • Gaston Maspero, « Mariette (1821-1881) – Notice biographique », Bibliothèque égyptologiqueXVIII, 1904.
  • Édouard Mariette, Mariette Pacha. Lettres et souvenirs personnels, Paris, Jouve, 1904.
  • Jean-Philippe Lauer, « Mariette à Saqqarah – du sérapéum à la direction des antiquités », dans Mélanges Mariette, Institut français d'archéologie orientale, Bibliothèque d'Étude, tome XXXII, Le Caire, 1961, p. 4-55.
  • Auguste Mariette (1821-1881), catalogue de l'exposition pour le 150e anniversaire de sa naissance, Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie, -, Boulogne-sur-Mer, 1971, p. 17-19.
  • Mariette-Pacha, citoyen boulonnais, Bibliothèque municipale de Boulogne-sur-Mer, Office municipal de la Culture, Boulogne-sur-Mer, 1981.
  • Les Cahiers du vieux Boulogne. Renaissance du vieux Boulogne, 8, numéro spécial Mariette, .
  • Élisabeth David, Mariette Pacha, 1821-1881, Paris, Pygmalion, Bibliothèque de l'Égypte ancienne, 1994.
  • Gilles Lambert, Auguste Mariette. L'Égypte ancienne sauvée des sables, Jean-Claude Lattès, Paris, 1997.
  • Claudine Le Tourneur d'Ison, Mariette Pacha ou le rêve égyptien, Paris, Plon, 1999.
  • Vente d'archéologie, . Ancienne collection Mariette Pacha et Ambroise Baudry, catalogue, étude Choppin de Janvry, Paris, 2003.
  • Des dieux des tombeaux, un savant. En Égypte, sur les pas de Mariette pacha, Somogy, Paris, 2004.
  • Éric Gady, Le Pharaon, l'égyptologue et le diplomate. Les égyptologues français en Égypte du voyage de Champollion à la crise de Suez (1828-1956), thèse de doctorat soutenue à l'université de Paris-Sorbonne en .
  • Amandine Marshall, Auguste Mariette, Bibliothèque des introuvables, Paris, 2010.

Liens externes

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