Auguste Lireux

Auguste Lireux, né en 1814 à Rouen et mort le à Bougival, est un journaliste et directeur de théâtre français.

Biographie

Lireux a débuté, au sortir du collège, en fondant, dans sa ville natale, un petit journal, l’Indiscret, dont le ton sarcastique et mordant lui a fait de nombreux ennemis et qui lui a valu sept ou huit duels[1], où il a presque toujours été blessé[2]. Il y racontait les mésaventures conjugales de ses compatriotes, procédé qui lui fournissait énormément de copie, mais auquel il a dû mettre fin lorsqu’un rempailleur de chaise outragé dans sa réputation ne lui avait infligé une correction qui aurait pu avoir de très graves suites si le peintre Garneray n’était venu à son secours[1].

Découragé, il est monté, en 1841, à Paris, où il a fondé la Patrie[3],[4], qui était alors regardée comme un journal d'opposition[4]. Il est entré dans plusieurs autres journaux, dont la Revue et gazette des théâtres, qui avait alors parmi ses rédacteurs Édouard Thierry, l’administrateur du Théâtre-Français[5], le Courrier français (1846), à la Revue comique (1848), au Messager des théâtres, à la Séance, etc[4]. Dans les diverses feuilles auxquelles il a contribué, il s’est mis à poursuivre de ses plaisanteries l’Odéon, où il a contribué à la résurrection soudaine de la tragédie, en finissant par succéder à Violet d’Epagny à la direction, en 1843[1].

Il a connu, en trois ans, trois grands succès : La Main droite et la Main gauche, drame en cinq actes de Léon Gozlan, joué par Marie Dorval et par Bocage ; la Lucrèce de François Ponsard et Antigone de Sophocle, traduite aussi littéralement que possible par Paul Meurice et Auguste Vacquerie, et jouée dans les conditions du théâtre antique, avec la double scène et les chœurs. La musique des chœurs était de Felix Mendelssohn, et c’est à Antigone que ce grand musicien allemand a dû d’être connu en France. Malgré ces trois grands succès, sa direction a été aussi besogneuse et empêtrée que celle de son compatriote Harel[2]. Il n’a pas fait pas fortune et a dû céder l’Odéon à Bocage, qui n’y a pas été plus heureux[5].

Redevenu journaliste, il est entré au Charivari, où il rédigeait, en 1848, avec beaucoup de succès, le texte d'un des plus célèbres ouvrages de fantaisie satirique, illustrée par Cham : l'Assemblée nationale comique (1850, gr. in-8°)[4]. Il poursuivait, dans ce bulletin, Véron de railleries si cruelles que ce dernier, pour s’y soustraire, lui a offert le feuilleton dramatique du Constitutionnel avec 1 000 Francs par mois[1], où il avait pour habitude ne jamais assister aux premières : « Mon cher, disait-il à Gautier, pour juger impartialement une première représentation, il faut que je n’y sois pas allé. Autrement, cela m’influence[6]. » Il s’occupait, par ailleurs, fort peu de la politique, qui a pourtant failli le tuer. En 1851, pendant les émeutes, de la maison qu’il habitait, on avait tiré un coup de pistolet sur un bataillon d’infanterie qui passait à ce moment sur le boulevard : la concierge à qui, selon toute probabilité, il ne payait pas exactement son terme, l’ayant désigné comme le seul auteur possible du méfait, il est mis entre quatre hommes et un caporal, et conduit dans la cour du ministère des affaires étrangères, où il aurait été fusillé, s’il n’avait été reconnu par un chef d’escadron d’état-major[2]. Véron étant intervenu, il a obtenu qu’il ne soit condamné qu’à huit ans de pénitencier à Lambessa, avant que Ponsard, Augier, Maquet et Jubinal ne s’entremettent pour obtenir que sa peine soit commuée en un exil perpétuel, qui a été levé au bout de trois mois[1].

Dégouté de la politique, il a quitté, à cette époque, le journalisme, pour se faire boursier. Alors, il s’enrichit. En 1854, il a cofondé, avec Eugène Forcade et Félix Solar, la Semaine financière[7], association qui n’a pas été sans mésaventures. Il a dirigé, avec Xavier Eyma et Amédée de Césena, le Journal des chemins de fer, fondé par Jules Mirès[4]. Avec les débris de la fortune gagnée dans la Semaine financière[1], il s’est retiré, pour des raisons amoureuses[8], à Bougival où il meurt le en son domicile au rue de Mesmes, âgé de 56 ans seulement[9],[10].

Références

  1. Joe Trezes, « Auguste Lireux », Le Gaulois : littéraire et politique, Paris, no 633, , p. 2 (lire en ligne, consulté le ).
  2. Eugène Morand, « Nouvelles diverses », Figaro : journal non politique, Paris, no 89, , p. 3 (lire en ligne, consulté le ).
  3. S. Desquers, « Nouvelles diverses », L’Univers, no 1070, , p. 4 (lire en ligne, consulté le ).
  4. Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains, t. II, Paris (lire en ligne), p. 1148.
  5. Un passant, « les On-Dit du boulevard », Le Rappel, no 316, , p. 2 (lire en ligne, consulté le ).
  6. « Les faits divers », La Liberté, , p. 3 (lire en ligne, consulté le ).
  7. Alain Plessis, La Politique de la Banque de France de 1851 à 1870, Genève, Droz, (lire en ligne), p. 20.
  8. François Oswald, « Bruits de coulisses », Le Gaulois : littéraire et politique, Paris, no 695, , p. 3 (lire en ligne, consulté le ).
  9. L. Pieaud, « Paris : Correspondance particulière du Mémorial », Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, vol. 26, no 6209, , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).
  10. Archives des Yvelines, commune de Bougival, acte de décès no 35, année 1870 (vue 450/564)

Liens externes

  • Portail de la presse écrite
  • Portail de la France au XIXe siècle
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.