Ange Jean Michel Bonaventure de Dax d'Axat

Ange-Jean-Michel-Bonaventure de Dax, marquis d'Axat (1767-1847) était un militaire et homme politique français. Fils de Jean Dax, chevalier de Cessales et de Thérèse de Chiavary[1], il appartenait à la Famille Dax, une très ancienne famille de Carcassonne[2], anoblie en 1457 par lettres patentes du roi Charles VII qui nous sont parvenues[3],[4], qui donna plusieurs consuls de la Cité au XVe siècle[5],[6].

Carrière militaire

Elève à l'école royale militaire de Sorèze[7], de 1776 à 1781, cadet gentilhomme à l'École militaire en 1782, sous-lieutenant dans le régiment de Bassigny en 1784, émigré en 1792, il se rend en Espagne où il fait les campagnes de 1793-1794-1795 dans l'Armée des émigrés d'abord comme volontaire dans un corps d'émigrés puis comme officier dans le bataillon de la Frontera. Incorporé en 1796 dans le régiment de Bourbon (créé en 1796 par Claude-Anne de Rouvroy marquis puis duc de Saint-Simon, unité opérant au sein de l'armée espagnole), il rentre en France en 1797, par brevet signé du roi Louis XVIII pris en faveur du « marquis d'Axat » il est nommé chef de bataillon en 1817. Il est fait chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis en 1814, reçu dans l'ordre par Monsieur, frère du roi, comte d'Artois en personne[8] (son brevet de chevalier daté de 1814, signé « Louis » de la main du roi Louis XVIII et accordé au « marquis d'Axat », sera revêtu en 1821 d'un rappel exprès de ce titre suivi d'un visa spécifique du Sceau de France, recevant aussi dans le même temps en dessous de la mention : « Le Garde des Sceaux de France », la signature de : « Joseph-Marie Portalis, 1er comte Portalis », secrétaire d'État à la Justice, le brevet étant également à cette occasion scellé du Grand Sceau de France appendu par un cordon de soie aux présentes), il est aussi fait chevalier de la Légion d'honneur[9] et décoré du Lys.

DECVS
ET TVTAMEN
IN ARMIS
[10]
(Énéide, Livre V, v. 262)
armes et devise de la famille (de) Dax d'Axat et de Cessales

Carrière politique

Il est maire de Montpellier de 1814 à 1830. Exilé aux Cent-Jours. Premier président de la Société des beaux-arts de Montpellier, il est à l'origine de la création du musée Fabre[11], principal musée d'art de Montpellier, ouvert au public en 1828 à la suite d'une donation du peintre et collectionneur François Xavier, baron Fabre.

En tant que maire de Montpellier il reçoit officiellement de nombreuses personnalités dont :

Il est appelé en 1825, par lettre close du roi Charles X, à assister à son sacre à Reims, autorisé à cette occasion à monter dans les carrosses du roi pour se rendre à la cérémonie, y étant présent dans les stalles du chœur de la cathédrale[13].

Statue de Louis XVI aujourd'hui à Louisville.

Il fait ériger en 1828 par la ville Place du marché aux fleurs une statue du roi Louis XVI. Après la fin de la Restauration et en raison du changement de régime intervenu en 1830, cette statue est déposée en 1831 et remisée durant quasi 140 ans, jusqu'en 1967, par la ville. Elle se trouve aujourd'hui à Louisville aux États-Unis[14], inaugurée le de la même année après avoir été offerte par la ville de Montpellier, dans le cadre du jumelage intervenu depuis 1954 entre les deux villes.

Il donne sa démission en 1830 lorsque le duc d'Orléans futur Louis-Philippe Ier, nommé lieutenant général du royaume par le roi Charles X avec la mission expresse d'assurer la montée sur le trône de son petit-fils le duc de Bordeaux, préfère se faire proclamer roi des Français.

Propriétaire des Forges et laminoirs d'Axat

Il agrandit les forges et laminoirs d'Axat créés avant la Révolution par son cousin Marc Antoine Marie Thérèse de Dax marquis d'Axat[15] (gendre de l'intendant de Languedoc, Jean-Emmanuel Guignard, vicomte de Saint-Priest et beau-frère de François-Emmanuel Guignard, comte de Saint-Priest), dont il est l'héritier par testament de 1788. Il les fait passer, 80 ans après leur création, sous le statut de « Société anonyme des forges et usines d'Axat », approuvé par ordonnance royale du roi Louis-Philippe du [16], faisant atteindre en 1849 un niveau de production annuel de 150 tonnes d'acier[17],[18].

Il soutient activement les projets de travaux de percement de la route classée départementale en 1821, allant du défilé de Pierre-Lys jusqu'à Axat, inspirés par l'Abbé Félix Armand, curé de Saint-Martin-Lys. Il fait réaliser à ses frais la partie de la route menant du défilé jusqu'à Axat[19].

Vie privée

Il épouse en 1797 Anasthasie Émilie Guignard de Saint-Priest, fille de François-Emmanuel Guignard, comte de Saint-Priest, ambassadeur de Louis XV et de Louis XVI, dernier ministre de la Maison du Roi Louis XVI, premier ministre de l'Intérieur, lieutenant général des armées du roi, pair de France en 1815[20] et de Wilhelmine Constance von Ludolf, comtesse du Saint-Empire. Ils eurent 6 enfants.

Distinctions

Notes et références

  1. Henri Jougla de Morenas "Grand Armorial de France », tome 3, page 156.
  2. « Mémoires de la Société des arts et des sciences de Carcassonne » 1906, Mémoire touchant les familles plus anciennes de la ville de Carcassonne, tome 2, 2° série, Famille Dax, page 3 et suivantes, lire en ligne .
  3. Albert Alphonse Marie Joseph comte de Reilhac, Jean de Reilhac, secrétaire, maître des comptes, général des finances et ambassadeur des rois Charles VII, Louis XI & Charles VIII: documents pour servir à l'histoire de ces règnes de 1455 à 1499, Champion, 1887, vol. 16, pp. 123-124 et 368 lire en ligne , et Yves Dossat, Anne-Marie Lemasson, Philippe Wolff, Le Languedoc et le Rouergue dans le Trésor des chartes, Éd. du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques, 1983, vol. 2, page 387 lire en ligne et extrait conforme, en latin et traduit, des lettres patentes du 1er juillet 1457 scellées du sceau personnel du roi :
    • « Charles, etc. Nous faisons savoir à tous présents et à venir que, considérant la probité et le mérite des vertus de notre cher Arnaud Dax l'Ancien et de son frère Arnaud Dax le Jeune, de la ville de Carcassonne (Karolus, etc. Notum igitur facimus universis presentibus pariter et futuris quod nos, dilecti nostri Arnaudi Dax senioris et Arnaudi Dax junioris ejus fratis, ville nomine Carcassonne) probité et mérites qui nous rendent bienveillant et généreux; considérant aussi la très bonne réputation qui les accompagne, comme le rapportent nombre de témoins dignes de foi (intuentes probitatem et merita virtutum quibus redduntur nobis placibiles et gratiosi, considerantes etiam bonam et notabilem famam qua concomitamur, ut a multorum fide dignorum fertur relationibus), attendu par ailleurs qu'ils sont de condition libre et de naissance légitime (attendentes insuper quod libere conditionis et legitimi ortus existunt); voulant par ailleurs porter les susdits Arnaud Dax l'Ancien et son frère Arnaud Dax le Jeune au sommet des honneurs (volentes propterea ipsos Arnaudum Dax seniorem et Arnaudum Dax juniorem ad honoris fastigium extollere) eux et la postérité de chacun d'eux… nous les anoblissons en vertu de la plénitude de notre pouvoir royal et par grâce spéciale, nous les anoblissons par ces présentes lettres, les faisons nobles (eosdem et omnem eorum… de plenitudine nostre regie potestatis et de gatia speciali, per presentes nobilitamus nobilesque facimus)… et que chacun d'entre eux et leur postérité légitime… puissent, au moment et par le chevalier qu'ils veulent être décorés du ceinturon de la chevalerie… (…quandocumque et a quovis milite voluerint cingulo militie decorari)… et afin que cela demeure ferme et établi nous avons fait appendre notre sceau aux présentes… Donné au manoir de la Cour près de Feurs le 1er juillet 1457 et de notre règne le 35e, sous notre sceau ordonné en l'absence du grand sceau… (Quod ut firmum et stabile proserveret, sigilum nostrum presentibus litteris jussimus aponendum… Datum in manerio de Aule prope Forum, die de prima mensis Julii, anno Domini MCCCCLVII et regni nostri tricesimo quinto sub sigilo nostro in absencia magni, ordinato »…)
  4. E de Séréville et F de Saint-Simon "Dictionnaire de la noblesse française" 1977.
  5. T.A. Bouges, Histoire ecclésiastique et civile de la ville et diocèse de Carcassonne, Paris, 1741, page 471 et suivantes, « Liste des consuls de Carcassonne de 1294 à 1740 », se référer aux années : 1433, 1437, 1443, 1452, 1458, 1465, 1472, lire en ligne
  6. Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, vol. 13 généalogie et alliances de la Famille de Dax d'Axat et de Cessales (lire en ligne), p. 175-177.
  7. Site de l'association des Anciens élèves de Sorèze, les « Anciens ayant fait carrière militaire »|
  8. voir ce lien : lire en ligne, p. 377-378 , voir aussi sur ce lien à : « Liste des chevaliers », puis : « base de données », entrer comme nom : « Dax » lire en ligne
  9. Base Leonore : dossier de la Légion d'honneur d'Ange Jean Michel Bonaventure de Dax d'Axat
  10. Louis-Pierre d'Hozier « Armorial général de la France », Firmin-Didot 1738, volume 7, pp. 601 lire en ligne
  11. « Marquis de Dax d'Axat, Le Maire qui créa le Musée Fabre », in « Harmonie », revue de la communauté d'agglomération de Montpellier, no 290, , p. 38
  12. Journal des débats, des lois du pouvoir législatif et des actes du gouvernement, Original provenant de Université Harvard, (lire en ligne) (consulté le 24 juin 2017)
  13. Relation complète du sacre de Charles X, avec toutes les modifications, Jean J. A. Darmaing, p. 46, lire en ligne, p. 181, lire en ligne et Précis historique du sacre de S.M. Charles X, contenant les détails de cette cérémonie, Charles J. C. Siret, p. 63, lire en ligne, p. 178, lire en ligne.
  14. Site de l'Assocoiation des ancien élèves de Sorèze, descendre sur la page jusqu'au § : « Histoire (s) » et à l'article : « La statue de Louis XVI »
  15. cf. ci-dessous au § "Liens externes" : "États généraux de la Province de Languedoc assemblés, etc." d'octobre à décembre 1761.
  16. Bulletin des lois de la République Française, 1838, volume 12, page 1045.
  17. « Rapport du Jury Central sur les Produits de l'Agriculture et de l'Industrie », Impr. Nationale, 1801.
  18. « Mémoires de la Société des arts et des sciences de Carcassonne », 1849 volume 1, page 13.
  19. Adrien Jarry de Mancy (éditeur), Louis Amiel (Auteur) « Portraits et histoire des hommes utiles, bienfaiteurs et bienfaitrices de tous pays et de toutes conditions » 1841, page 144.
  20. lire en ligne, biographie du comte de Saint-Priest sur le site du Sénat (successeur de la Chambre des pairs)

Voir aussi

Généalogie

  • Louis-Pierre d'Hozier « Armorial général de la France », Firmin-Didot 1738, volume 1, pp. 186-188 lire en ligne et volume 7 pp. 601-604 lire en ligne.
  • Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, vol. 13 lire en ligne.
  • Henri Jougla de Morenas "Grand Armorial de France », tome 3, page 156.
  • Jean Villain, La France moderne, tome 3, page 729-730.
  • Hubert Vergnette Lamotte, Filiations languedociennes, tome 2, page 16 .

Articles connexes

Liens externes

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