Anciens chants monodiques européens

Les anciens chants monodiques européens étaient l'ensemble de plusieurs chants monodiques et notamment régionaux de l'Église, avant que le chant grégorien ne les remplace presque entièrement. Il s'agit des chants gallicans ou futur chant messin, chant ambrosien, chant vieux-romain, chant de Bénéventin, chant mozarabe et le reste. La pratique de la plupart des chants fut perdue, à la suite de la centralisation de la liturgie depuis Charlemagne.

Origines

Durant les premiers trois siècles du christianisme, la tradition musicale des offices dans l'Europe de l'Ouest resta sous influence de la liturgie hébraïque. À savoir, seuls les solistes les assuraient, en chantant les psaumes et cantiques après la lecture[sg05 1]. Même au début du IIIe siècle, la structure des offices, y compris la liturgie dominicale, conservait celle du judaïsme, lecture - chant - prière : « On lit les Écritures, on chante des psaumes, on prononce des homélies et on fait des prières (Tertullien, De anima (De l'âme), tome IX, 4)[ds 1]. »

Au contraire, pendant ces siècles auprès de l'Église byzantine, le chant liturgique évolua. Ainsi, quelques musicologues attribuent l'hymne Phôs hilaron[1] (Lumen hilare en latin) au IIe siècle[2]. De plus, un certain nombre de chanteurs assistaient ensemble aux offices, vraisemblablement inspirés par la tradition ancienne du théâtre.

Ce mouvement fut adopté et importé en Occident, pour la première fois, par saint Ambroise de Milan au IVe siècle[eg34 1]. Saint Augustin d'Hippone était un témoin de cette adoption : « on résolut de chanter des hymnes et des psaumes, selon l'usage de l'Église d'Orient, qui, retenu parmi nous[3]... ». L'évêque de Milan ajouta toutefois quelques modifications. Désormais, chaque diocèse pouvait développer et enrichir les répertoire et manière de chant liturgique. Le phénomène devint dynamique.

  1. Les études archéologiques établirent la preuve de l'emplacement de la schola dans les basiliques de Milan, à partir du IVe siècle. Parfois, il s'agissait des deux, un pour la schola des virgines, autre pour celle des clercs. Cela suggère l'influence de la tradition byzantine, le double chœur pour l'alternance[eg34 2].
  2. Auparavant, les chants se constituèrent uniquement des textes bibliques. Dorénavant, les chants selon des textes non bibliques étaient possibles. Il s'agissait de l'hymne.
  3. La modification la plus importante de saint Ambroise était celle du style de chant liturgique, de sorte que les fidèles puissent chanter la musique sacrée (voir ci-dessous, Chant ambrosien).

Le chant grégorien, plus théologiquement composé, ne suivit pas nécessairement ces disciplines. Contrairement, c'était le concile Vatican II qui confirma des optiques de saint Ambroise :

Chants régionaux

Désormais, chaque région conservait sa propre tradition du rite et du chant liturgique, jusqu'à ce que la dynastie carolingienne arrive. Même en Italie, il existait trois principales traditions régionales, et le chant papal n'était que celui de Rome.

Chant ambrosien (Italie du nord)

Saint Ambroise changea l'histoire du chant liturgique en Occident. Quoique ses disciplines fussent différentes de celles du chant grégorien, 1 600 ans plus tard, le concile Vatican II les appréciait.

Si sa notation n'apparut qu'au XIIIe siècle, la pratique du chant ambrosien se continue depuis le IVe siècle jusqu'ici. En fait, il s'agit du seul chant monodique qui ait pu résister au chant grégorien, en raison de son ancienneté et grâce à son patron, saint Ambroise de Milan. Ainsi, lors de la première réforme cistercienne, l'abbé Étienne Harding envoya, vers 1108, des moines non seulement à Metz mais aussi à Milan. Son objectif était de remanier leur hymnaire, selon les hymnes ambrosiennes authentiques, afin que le livre soit correctement adapté à la règle de saint Benoît ainsi qu'à sa liturgie des Heures[eg38 1].

Avec plusieurs documents sûrs, l'ancienneté du chant ambrosien est incontestable. En outre, il est possible que son exécution ait contribué la création de la Schola cantorum auprès du Vatican. En effet, en demeurant à Milan, le futur pape Célestin Ier s'aperçut que l'évêque Ambroise fit chanter l'hymne Veni redemptor gentium à ses fidèles[ds 2].

Lorsque saint Ambroise adopta la psalmodie en manière de la liturgie byzantine contemporaine, non seulement la traduction des textes mais également une modification considérable du style furent effectuées. Il inséra un court verset pour répondre au chant du soliste. Celui-ci était composé, autant que possible, sur une mélodie déjà connue. Ce module musical, appelé aujourd'hui répons, était facilement mémorisable et, par conséquent, le peuple fidèle pouvait participer à l'exécution de la psalmodie[eg34 3].

« L'œuvre de saint Ambroise a donc consisté essentiellement en la transformation de la psalmodie sans refrain (in directum) en psalmodie avec refrain (responsoriale), qu'il n'a pas inventée, mais seulement acclimatée à Milan. On comprend que cette transformation ait pu être instantanée, l'air étant connu et le texte vite appris[eg34 2]. »

 Dom Jean Claire, Saint Ambroise et la psalmodie : Traces importantes de transformation de la psalmodie sans refrain en psalmodie avec refrain dans le Carême milanais[eg34 4]

Dans la même optique, l'évêque de Milan composa plusieurs hymnes. Entre les IIe et IVe siècles, l'Église en Occident avait transformé ses répertoires liturgiques grecs en latin. D'abord, la composition de saint Ambroise répondait à ce besoin. Ensuite, elles étaient des doxologies soulignant la trinité, pour lutter contre l'hérésie d'Arius. Mais surtout, il s'agissait des chants éducatifs. Ces hymnes versifiées étaient facilement apprises par les fidèles, grâce au refrain[ds 3]. C'est pourquoi, de nos jours, les cinq hymnes ambrosiennes, certainement composées par ce saint, sont encore en usage alors que disparut l'usage des hymnes de saint Hilaire de Poitiers († 367), plus savantes. Ces caractéristiques de l'adoption de saint Ambroise devinrent dorénavant celles du chant ambrosien. Très tôt, la valeur de ce chant était notamment admise auprès des monastères. En 540 environ, saint Benoît de Nursie l'adopta pour son ordre, en dépit des textes non bibliques. Ainsi, dans cette règle de saint Benoît :

« Post hæc sequantur laudes ; deinde lectio una Apostoli memoriter recitanda, responsorium, ambrosianum, versus, canticum de Evangelio, litania, et completum est[5].

(Viendront ensuite les Laudes, puis la leçon de l'Apôtre récitée par cœur, le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Évangile, la litanie, et on terminera[6].) »

 Règle de saint Benoît, chapitre XIII Comment célébrer l'office du matin aux jours ordinaires (vers 540)

Chant vieux-romain (Vatican, Rome et ses alentours)

Aujourd'hui, on considère ce répertoire comme étant le chant officiel du pape et de la schola cantorum du IVe siècle jusqu'au début du XIIIe siècle. Il est définitivement remplacé par le chant grégorien sous le pontificat d'Innocent III[sg04 1].

Chant de Bénéventin (Italie du sud)

Abbaye du Mont-Cassin fondée par saint Benoît de Nursie. Le pape germanique Étienne IX, réformateur et promoteur du chant grégorien, fut abbé de celle-ci, avant d'être élu en tant que Saint-Père. Donc, il est normal qu'il connût effectivement l'usage du chant bénéventain auprès de ce monastère[tk 1].

La dénomination de ce chant est issue du duché de Bénévent duquel la puissance contribua la croissance du chant, notamment au VIIIe siècle[tk 2].

Si la structure de la messe bénéventaine ressemble à celle du rite romain, les caractéristiques du rite bénéventain sont considérablement proches du chant ambrosien. On peut imaginer que la racine des deux chants était commune. Ainsi, le chant de Bénévetin contiennent de nombreux textes non bibliques. Le chant d'entrée de celui-ci, sans psalmodie, s'appelait l'ingressa, tout comme le chant de Milan. En comparaison du chant grégorien, le chant bénéventain était moins psalmodique[tk 3]. De plus, il manquait parfois de diversité, sans adapter à la richesse du calendrier liturgique. Par exemple, il ne connaissait qu'une seule mélodie pour tous les Alléluia[7].

Le chant bénéficiait de ses trois centres : Bénévent, l'abbaye territoriale du Mont-Cassin[tk 4] et Bari, sur la côte adriatique. Par le port de Bari, le chant était sous influence d'autres traditions[jh 1]. Celui-ci commença donc à faiblir au XIe siècle où l'exécution du chant grégorien était déjà dynamique[8], mais Dom René-Jean Hesbert de l'abbaye Saint-Pierre de Solesmes considérait que l'implantation du grégorien avait débuté dans la première moitié du IXe siècle[tk 5]. La bibliothèque de l'abbaye du Mont-Cassin conserve toutefois un missel noté mais sans ligne et attribué au Xe ou XIe siècle. Les neumes employés n'étaient pas de signes propres, mais il s'agissait quasiment de ceux de l'abbaye de Saint-Gall dont les virga, podatus, clivis, torculus, salicus[jh 2]. Il nous semble que l'objectif de cette notation de Bénéventin[jh 3] et celui du chant grégorien étaient identiques : sauvegarder la finesse de l'expression. Donc, ce chant aussi ne fut jamais de plain-chant.

Certes, aux XIe et XIIe siècles encore, plusieurs livres de chant furent copiés avec la notation en ligne[9]. Toutefois, l'usage du chant grégorien fut déjà irrévocablement établi au XIe siècle[tk 1],[8]. En fait, les religieux de la région subissaient des difficultés politiques dans ce siècle. Surtout le nouveau pape Étienne IX, originaire de la Lorraine, interdit le dit chant ambrosien en 1058, en faveur du chant grégorien[tk 6]. Au XIIIe siècle, l'exécution des copies devint moins fréquente, drastiquement[tk 7]. Enfin, le chant disparut définitivement au siècle suivant[jh 1].

En dépit de l'existence d'un nombre considérable de manuscrits, les études au regard de ce chant ne sont pas nombreuses. En 2014, l'abbaye de Solesmes publia le XXIIIe tome de la Paléographie musicale consacré à son manuscrit no 542, notamment avec 200 planches en couleur, vraisemblablement afin de promouvoir de nouvelles recherches[10].

Chant gallican (dans les pays des Francs)

Ce chant fut officiellement remplacé par le chant romain (chant vieux-romain ainsi que chant messin, donc finalement chant grégorien), en 789 selon l'ordonnance de Charlemagne.

Chant mozarabe (dans la péninsule Ibérique)

Remplacé par le chant grégorien, ce chant disparaît au XIe siècle.

Chant irlandais

Faute de notation, il est difficile à reconnaître ceux qui concernent, notamment sa mélodie. La pratique du chant disparut en effet avant que les neumes n'apparaissent[11].

Il est probable que la tradition du chant irlandais fut importée dans les pays du continent européen par saint Colomban de Luxeuil († 615) avec sa règle de saint Colomban. Un manuscrit du Antiphonaire de Bangor dont la rédaction peut être attribuée à ce saint est conservé auprès de la Bibliothèque Ambrosienne à Milan [lire en ligne]. Il s'agit du plus ancien témoin du chant irlandais. Le rite irlandais fut rapidement remplacé, à mesure que la règle de saint Benoît, plus adaptée à la vie monastique, se recommandait, surtout à la suite du soutien officiel du pape saint Grégoire Ier († 604)[12].

D'ailleurs, la bibliothèque du Trinity College à Dublin possède un autre manuscrit, Liber Hymnorum, probablement copié au XIe siècle [lire en ligne].

Comparaison de trois chants monodiques par Dom André Mocquereau

A : version ambrosienne
G : version grégorienne (composée plus tardivement que les deux autres)
V : version vaticane, c'est-à-dire chant vieux-romain (Bibliothèque apostolique vaticane, Ms. latin 5319, copié au XIIe siècle environ)

Centralisation par Charlemagne

Un grand voyage du pape qui êut traversé les Alpes pour la première fois bouleversa la tradition des chants liturgiques monodiques régionaux. Sacré de Pépin le Bref et de ses enfants, célébré le 28 juillet 754 par le pape Étienne II.

À partir du VIIIe siècle, la diversité des rites et des chants liturgiques fut perdue. Menacé par les Lombards, le pape Étienne II fut en effet accueilli à Saint-Denis en 754, dans le fief de Pépin le Bref. Le Saint-Père s'y aperçut que le rite gallican était très différent de celui de Rome tandis que le roi Pépin cherchait des moyens pour stabiliser sa nouvelle dynastie[8]. Il n'est pas difficile à comprendre qu'en conséquence, le rite romain en latin fut adopté par les carolingiens[8]. L'implantation du chant liturgique romain, à savoir vieux-romain, débuta en 760. Faute de notation musicale, l'archevêque Remi de Rouen, l'un des frères de Pépin, amena un sous-maître de chapelle de la schola cantorum, Simon, de Rome à Rouen[jf 1],[8]. Mais le centre d'enseignement fut enfin établi à Metz où l'évêque Chrodegang était un grand animateur du rite romain. Après avoir subi des oppositions considérables[13], on commença à composer ainsi qu'à mélanger leurs chants liturgiques, selon la mélodie gallicane. Avec son texte parfaitement romain, l'appellation restait chant romain[8]. Il s'agit du chant messin, c'est-à-dire nouveau chant gallican en latin et origine du chant grégorien.

C'était le début de l'évolution du rite romain, car ce dernier fut adopté pour la première fois dans une autre région, et devenait progressivement le rite universel.

Pour Charlemagne, l'héritier de Pépin, il fallait non seulement l'unité politique du territoire mais également celle de la chrétienté latine ainsi que de la culture du royaume. Dans cette optique, il lança une immense centralisation de la liturgie selon le rite romain en 785, soutenue par le pape Adrien Ier[jf 2]. En 789, avec son Admonitio generalis, il ordonna que le chant romain soit dorénavant exécuté dans toutes les églises « pour l'unanimité de l'Église[jf 3]. » En raison des résistances, il fallait que Charlemagne fasse contrôler et inspecter la liturgie, y compris le chant, pratiquée dans les églises paroissiales[jf 4],[8].

Qualité du chant grégorien et disparition de la plupart des chants

Remplacement par le chant grégorien

Le résultat était considérable. Au début du IXe siècle, d'abord, le chant de Bénéventin commença à faiblir. À mesure que les moines pratiquant le chant grégorien, notamment ceux de Cluny, se déplaçaient vers l'ouest de l'Europe, le chant en Aquitaine, et enfin au XIe siècle, le chant traditionnel de la péninsule Ibérique disparurent. Il est certain que le rite ambrosien résistait encore. Toutefois, partiellement[8]. Il est cependant difficile à expliquer ce phénomène, seulement avec la politique de Charlemagne.

« Si vous étudiez un morceau de chant Vieux-Romain, vous ne voyez pas la séparation entre les mots : il y a toujours un petit nuage mélodique à la fin des mots et au début. L'enchaînement des mots est flou. En chant grégorien, ce n'est jamais ainsi. À la fin des mots, vous avez souvent une note seule : ce procédé de magnifier la finale, de systématiser aussi l'accent est repris à cette époque dans l'Ars bene dicendi. Les qualités déclamatoires du chant grégorien viennent sans doute de cette insistance de l'époque sur la latinité[sg05 2]. »

Le chant grégorien avait été composé, à l'époque de la Renaissance carolingienne où les études en latin étaient fortement recommandées, et d'après non seulement l'esthétique de la mélodie gallicane mais aussi le contexte théologique de la Parole en latin. Aussi ce chant est-il considéré, jusqu'ici, en tant que chant de l'Église par excellence. C'est la raison pour laquelle le pape français Jean XXII défendait à Avignon ce chant du mouvement de l'Ars nova, à savoir polyphonie, en déclarant sa Docta Sanctorum Patrum en 1324. Encore demeurait une situation particulière à Rome, avant que ce chant ne obtienne ce privilège distingué.

Cantatorium de Saint-Gall (vers 922 - 925), le meilleur manuscrit du chant grégorien réservé aux solistes. Ces Alléluias étaient soigneusement et théologiquement composés. D'une part, il s'agit d'un des plus beaux morceaux du chant grégorien, chantés par les meilleurs chantres juste avant la lecture de l'Évangile. D'autre part, le mélisme est correctement attribué à la syllabe ia, car c'est le diminutif de Yahvé[14].
Centres d'études à l'époque de la création du chant grégorien. Il s'agissait des monastères carolingiens, et non à Rome. Ainsi, Alcuin corrigeait les textes liturgiques en latin octroyés par le Saint-Siège, avant l'usage dans l'Empire carolingien[jf 5],[15]. En fait, leur connaissance était meilleure que celle de Rome[sg05 3].

Bouleversement auprès du Saint-Siège au XIIIe siècle

Au XIIe siècle, le chant grégorien était effectivement exécuté à Rome, à l'exception du Vatican. Donc, dans la ville éternelle, les deux chants coexistaient. Le chanoine Bernarhd, évidemment originaire d'un pays germanique, était un témoin de la basilique Saint-Jean-de-Latran :

« Quand l'Apostolique vient célébrer la messe chez nous, les chanoines sont priés de se mettre au chevet de l'église et de se tenir calmement. Ce jour-là, le prieur ira en ville pour recruter quatre chantres vigoureux parce que nous ne savons pas répondre au chant du pape[sg05 4]. »

Il est regrettable que ce document manque de caractéristiques du chant papal. En effet, s'il est fortement probable qu'étaient en usage auprès de la schola cantorum les cinq livres redécouverts du chant vieux-romain, aucune description ne s'y trouve, pour justifier cela. En réalité, en adoptant intégralement le chant grégorien au début du XIIIe siècle, le pape Innocent III ordonna la destruction de vieux livres[sg04 1]. Et ces cinq livres furent miraculeusement retrouvés. Certes, toutes les études approfondies indiquent que le chant vieux-romain avait été ancien chant officiel du pape et de la schola. Nonobstant, encore faut-il le dernier justificatif définitif, pour conclure. Quoi qu'en soit, le chant grégorien devint officiel dans quasiment toute l'Europe[8].

Apparition de la notation ambrosienne

Au contraire, et assez curieusement, un nombre considérable de chants ambrosiens furent, pour la première fois à ce XIIIe siècle, conservés avec la notation en lignes[jh 4]. Auparavant, ce chant ne possédait aucun manuscrit noté. On ignore encore la raison précise. Néanmoins au XIIIe siècle, les hymnes ambrosiennes furent autorisées par le Saint-Siège, dans le rite romain[ds 2],[jf 6]. Il est possible que ces travaux aient été effectués, à la suite de cette autorisation.

Restauration de nos jours

Depuis le XIXe siècle, auprès de l'abbaye Saint-Pierre de Solesmes, ces chants étaient pareillement étudiés, afin de restaurer mieux le chant grégorien. Surtout, Dom André Mocquereau y fonda, en 1889, la série Paléographie musicale, à savoir publication essentiellement composée des photographies et des fac-similés de manuscrits. Son titre complet est la Paléographie musicale, les principaux manuscrits de chant grégorien, ambrosien, mozarabe, gallican, publiés en fac-similés phototypiques par bénédictins de Solesmes. Non seulement l'atelier de Paléographie continue à publier de nouveaux tomes mais aussi la plupart des volumes sont rétablis et disponibles, sauf six tomes, en 2014 (Voir aussi : liste de Paléographie musicale).

Dom Mocquereau était celui qui découvrit les trois premiers livres du chant vieux-romain à Rome, en 1890[sg05 3]. À cette époque-là, personne n'était capable d'expliquer pourquoi il y existait pareillement les deux types de livres de chant selon le rite romain, quasiment identiques à l'exception de la mélodie[sg05 3]. Ce musicologue de Solesmes considérait qu'il s'agit d'une déviation tardive, lors de la décadence [lire en ligne] (Paléographie musicale, tome II, p. 4 - 5, note n° I (1891)). Finalement, il fallut cent ans, afin d'identifier le chant vieux-romain, après que l'on avait scientifiquement établi la composition du chant grégorien en dehors de Rome, dans les années 1990.

Il est vrai que l'exécution du chant ambrosien était et est toujours conservée, notamment à Milan. De nos jours, plusieurs scholæ et musiciens s'intéressent également à d'autres chants monodiques. Ainsi, sur YouTube, l'on peut écouter et distinguer leur variété :

Voir aussi

Liens externes

Dictionnaires en ligne

Références bibliographiques

  • Études grégoriennes, tome XXXIV, Abbaye Saint-Pierre, Solesmes 2006-2007 (ISBN 978-2-85274-314-4) 175 p.
  1. p.  13 (Jean Claire, Saint Ambroise et le changement de style de la psalmodie : Traces importantes de transformation de la psalmodie sans refrain en psalmodie avec refrain dans le Carême milanais)
  2. p.  17
  3. p.  14
  4. p. 36 - 37
    Conclusions (extrait)
    I. L'in directum dans l'ambrosien et le grégorien (romain + gallican)
    La première de ces conclusions concerne le style in directum lui-même. L'abondance de ce qui en relève dans le Carême milanais a de quoi étonner. Chaque fois que nous avons pu remonter aux trois semaines primitives, nous avons rencontré une forme in directum. Et le parallélisme entre liturgie et musique a joué dès ce stade, car la forme de psalmodie la plus archaïque va de pair avec a forme de composition musicale la plus élémentaire : tous les genres liturgiques in directum identifiés à Milan sont en effet des timbres, à savoir des mélodies susceptibles de s'adapter d'un bout à l'autre à des textes différents, avec un minimum de centonisation, c'est-à-dire de formules plus originales, lesquelles apparaissent surtout aux intonations. Le répertoire ambrosien n'affiche donc pas moins de 12 formes différentes de psalmodie in directum, dont 11 sont des chants entre les lectures et la dernière un chant de procession que nous avons rapproché du Sicut cervus grégorien. En contraste avec cette luxuriance de formes milanaises, le chant grégorien ne connaît, en comptant largement, que trois formes in directum pour les chants de la messe :
    — les cantica de la vigile pascale en sol, y compris Sicut cervus, et les traits dominicaux qui leur sont plus ou moins apparentés ;
    — le canticum d'Habacuc, du Vendredi saint, et les traits du 2e mode qui n'en sont pas loin ;
    — enfin, selon une hypothèse plausible, parce qu'elle rendrait compte à la fois du texte (canticum de Moïse, Ex 15), de la forme de composition (assez nette séparation entre le style peu orné et le style mélismatique) et de la modalité (RÉ archaïque ou au moins archaïsant) : l'actuel caput du graduel des martyrs Gloriosus qui pourrait être un vestige du Cantemus de la vigil pascale gallicane passé à la liturgie des martyrs, de même que le trait Qui seminant (ps 124) pourrait être un reliquat des traits de Carême, pris traditionnellement dans les psaumes graduels, passé à la même liturgie des martyrs, les premiers saints à avoir été fêtés. La première de ces trois formes représente l'héritage romain du chant grégorien, les deux dernières l'héritage gallican.
    etc.
  • Études grégoriennes, tome XXXVIII, Abbaye Saint-Pierre, Solesmes 2011 (ISBN 978-2-85274-361-8) 320 p.
  1. p.  137 (Alicia Scarcez, Les sources du responsorial cistercien)
  • Daniel Saulnier, Session de chant grégorien II, La mélodie (2004) [lire en ligne]
  1. p.  67
  • Daniel Saulnier, Session de chant grégorien III, Sémiologie (2005) [lire en ligne]
  1. p.  4 - 5
  2. p.  7 - 8
  3. p.  8
  4. p. 8 - 9
  • Daniel Saulnier, Le chant grégorien, Abbaye Saint-Pierre, Solesmes 2003 (ISBN 978-2-85274-243-7) 131 p.
  1. p.  23 et 30
  2. p.  108
  3. p. 108 : « Ce caractère propre des hymnes est accentué par leur côté populaire. Souvent, ce sont des compositions assez simples, particulièrement chantantes. La répétition d'une même mélodie pour toutes les strophes facilite encore la mémorisation de la musique, et par elle, du texte. Dès l'Antiquité, elles ont joué un rôle considérable dans l'enseignement de la saine doctrine, aussi bien que des hérésies. »
  • Jacques Hourlier, La notation musicale des chants liturgiques latins, Abbaye Saint-Pierre, Solesmes 1996 (ISBN 978-2-85274-136-2) 72 p.
  1. p.  57
  2. p.  54
  3. p. 54 ; il n'existe guère de notations notées de Bénéventain, avant la fin du Xe siècle.
  4. p.  60 : « [Il s'agit de la] Notation sur portée guidonnienne (lignes de Fa rouge, de Do jaune), avec guidon. Malgré son antiquité vénérable, la liturgie ambrosienne ne nous offre qu'assez tard des manuscrits notés. Elle ne possède pas son système neumatique propre, mais elle donne à son écriture musicale une allure assez caractéristique. Presque toutes les notes affectent la forme d'un losange, ou tendent à s'allonger en oblique vers le bas : d'où son nom d'écriture rhomboïde (le rombo milanais) par opposition à la notation carrée. Un trait à peine visible relie les notes entre elles pour former les groupes neumatiques. L'immense archidiocèse de Milan nous a laissé quantité de manuscrits ou de fragments, reconnaissables aussi bien à l'écriture musicale des livres qu'à l mélodie du répertoire ambrosien. En effet, les notateurs ambrosiens ont voulu conserver à travers les siècles une écriture qu'ils considèrent comme un bien propre. »
  • Jean Favier, Charlemagne, Tallandier Texto, Paris 2013 (ISBN 979-10-210-0081-0) 769 p.
  1. p.  418
  2. p.  419
  3. p.  421
  4. p.  422
  5. p. 419 - 420
  6. p.  424
  • Michel Endez, La messe de l'ancien rite des Gaules : Origine et restauration, L'Harmattan, Paris 2008 (ISBN 978-2-296-06239-9) 235 p. [lire en ligne] (extrait)
    • Thomas Forrest Kelly, The Beneventan chant, Cambridge University Press, Cambridge 1989 (ISBN 0-521-34310-0) 355 p. [lire en ligne] (extrait, en anglais)
      (cf, Thomas Forrest Kelly, La cathédrale de Bénévent, Ludion, 1999, 238 p.[16])
    1. p.  38
    2. p.  32
    3. p.  74
    4. p.  30
    5. p.  73
    6. p.  39
    7. p. 40, note no 230

    Notes et références

    1. (en) Phos Hilaron
    2. Marie-Emmanuel Pierre, Cantabo Domino, cours de chant grégorien, Abbaye Saint-Michel de Kergonan, p. 176
    3. http://www.liberius.net/livres/OEuvres_choisies_de_saint_Augustin_(tome_3)_000000926.pdf p. 38 - 42 (pfg p. 41 - 45)
    4. Croire, « Les répons brefs dans la liturgie des heures », sur Croire, (consulté le ).
    5. Paul Delatte, Commentaire sur la règle de saint Benoît, p. 184, Abbaye Saint-Pierre de Solesmes, réimpression 1985
    6. Règle de saint Benoît, traduction de Prosper Guéranger, p. 41, Abbaye Saint-Pierre de Solesmes, réimpression 2007
    7. Michel Huglo, Dictionnaire de la science de la Musique, Édition Bordes, 1976 (selon pdf du dictionnaire de l'université Nancy 2)
    8. http://eglise-orthodoxe-de-france.fr/les_racines_orientales_du_chant.htm
    9. http://www.solesmes.com/GB/editions/livres.php?cmY9MjI1 : « Ils sont pour la plupart témoins non d'une liturgie florissante, mais d'un rite local menacé par l'uniformisation liturgique. »
    10. http://www.abbayedesolesmes.fr/FR/editions/livres.php?cmY9NDE2
    11. Richard H. Hoppin, La musique au Moyen Âge, , 638 p. (ISBN 978-2-87009-352-8, lire en ligne), p. 55.
    12. Richard H. Hoppin, La musique au Moyen Âge, , 638 p. (ISBN 978-2-87009-352-8, lire en ligne), p. 54.
    13. Au regard du texte latin, l'adoption du rite romain fut effectivement parachevée vers 800. D'une part, la Gaule connut déjà au VIIe siècle le psautier en latin selon la Vulgata dans ses monastères (Jean Favier, p. 416). D'autre part, d'anciens barbares étaient devenus le peuple le plus cultivé, à l'époque de Charlemagne (Daniel Saulnier, Session de chant grégorien III, p. 8). Au contraire, il est normalement difficile à accepter une nouvelle musique d'autre tradition.
    14. « Alleluia / Liturgie & Sacrements », sur Liturgie & Sacrements (consulté le ).
    15. http://expositions.bnf.fr/carolingiens/reper/01.htm
    16. Thomas Forrest Kelly et Francesco Bove, La cathédrale de Bénévent, , 238 p. (lire en ligne).
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