Amangeldy Imanov

Amangeldy Uderbaïuly Imanov (en kazakh : Аманкелді Үдербайұлы Иманов), né le 3 avril 1873 (15 avril 1873 dans le calendrier grégorien) dans l'Aoul n°3 du district de Kaïdaoul dans l'oblast de Tourgaï, et mort le 18 mai 1919 [1](ou le 20 avril 1919)[2], est un chef de guerre et un révolutionnaire kazakh. Il fût l'un des meneurs de la révolte de 1916 contre l'empire russe, et combattit au cour de la guerre civile russe dans le camp bolchévique[3].

Biographie

Jeunesse

Le père d'Amangeldy Imanov, Uderbaï Imanov, et sa mère, Kalampyr, n'avaient tout deux pas assez de bétail pour mener une vie de nomade, et s'installèrent à Baïkonour. Amangeldy est le petit-fils du Batyr, Iman Doulatouly (ru), qui était proche du Khan Kazakh Kenessary Kassymov[3]. Uderbaï meurt alors que son fils n'a que 8 ans. Ce dernier se rend durant trois ans à l'école de l'aoul, puis entre à l’âge de 12 ans dans une madrasa, ou il reste quatre ans et apprend le turc, l’arabe et le persan[1],[2].

Les années de la vie d'Imanov précédant le premier conflit mondial sont mal connues. Les autorités soviétiques affirmeront qu'il serait devenu ouvrier agricole, puis forgeron, et que de 1896 à 1910, il aurait participé à des opérations de lutte armée contre les propriétaires terriens (le Kazakhstan faisait alors partie de l'empire russe), et se serait rendu à Pétrograd auprès de kazakhs emprisonnés mais aucune source ne permet actuellement de le confirmer[1],[2],[4].

Révolte de 1916

Les populations du Turkestan russe ne furent pas mobilisées au début de la Première Guerre mondiale, mais le 25 Juin 1916, Nicolas II, proclama la mobilisation des peuples d'Asie centrale au sein de l'armée impériale. Les hommes de 19 à 43 ans sont alors appelés à rejoindre des bataillons de travail, l'essentiel de l'armée étant déjà mobilisée sur le front de l'est. La nouvelle se répand alors que la situation socio-économique locale est particulièrement tendue, et une série de révoltes éclatent dans toute l'Asie centrale, notamment dans la région de Tourgaï. Imanov et Alibi Djangildine se déplaçèrent dans les villages avec une caméra cinématographe, pour diffuser des films de propagande et recruter des hommes. Ce dernier forma une force de cavalerie organisée et disciplinée et devint son commandant en chef, en s'appuyant sur un conseil de guerre. Au plus fort du soulèvement, environ 50 000 combattants rejoignirent Imanov[5]. D'octobre à novembre 1916, Imanov assiégea Tourgaï (aujourd'hui la région de Qostanai) sans succès, mais réussissant à se procurer des armes et des munitions. Il met sur place un système d'administration et de collecte des impôts, et organise à nouveau le siège de la ville en janvier 1917[4],[6]. À l'approche des renforts russes, un corps expéditionnaire commandé par le général Lavrentiev, comprenant 17 compagnies de fusiliers, 1800 cosaques, 4 escadrons de cavalerie, et 10 mitrailleuses, les rebelles commencèrent des actes de guérilla. Les combats ont durèrent jusqu'en Mars 1917, date à laquelle le corps russe s'est retiré à la suite de la révolution de février[3]. Le gouvernement provisoire nomme par la suite Alikhan Boukeïkhanov (qui fait brièvement arrêter Djangildine) comme commissaire de la région de Tourgaï, et la tension entre Imanov et les représentants de l'Alash Orda, monte tout au long de l'année 1917.

Guerre civile

Après la révolution d'octobre, Imanov devint commissaire militaire de la région de Tourgaï, et contribua à établir le pouvoir soviétique dans la région de Tourgaï. Sous l'influence d'Alibi Djangildine, il devient membre du Parti communiste de Russie et combattit aussi bien les russes blancs que les partisans de l'Autonomie d'Alash . En juillet 1918, il dirigea les élections des Soviets dans les Aouls du district. Il organisa également des unités de l' Armée rouge au Kazakhstan et soutint des mouvements de résistance contre le gouvernement de l'amiral Koltchak. Il fut aussi membre du congrès régional des soviets d'Orenbourg[1]. Ievgueni Brusilovski aurait rapporté qu'en 1918, lors de la bataille de Tsaritsyne, Staline aurait été en contact avec un large détachement de rebelles commandés par un certain "Amangeldy"[7]. En novembre 1918, il reprend Tourgaï, reprise entre temps par les anticommunistes. Lorsque l'armée de Koltchak traversa la région de Tourgaï au printemps 1919, les partisans de l'Autonomie d'Alash se révoltèrent contre les bolcheviks[4] .

Le 18 avril 1919, Imanov reçut l’ordre de marcher avec son détachement pour rejoindre les troupes soviétiques du front d’Aktioubé, deux jours avant que le pouvoir soviétique ne soit renversé à Tourgaï. Les circonstances exactes de sa mort ne sont pas connues, Imanov aurait été fait prisonnier puis exécuté le 20 avril ou encore le 18 mai. Djangildine affirma en 1923, qu'Imanov aurait été tué par les partisans de l'Autonomie d'Alash, mais d'autres historiens pensent qu’il pourrait s’agir des russes Blancs[2].

Postérité

  • La vie d'Amangeldy Imanov fut largement mise en avant au Kazakhstan, et ce dès la période soviétique :
  • Il est le héros d'un film : Amangeldy (Амангельды), réalisé par Moisei Levin et sorti en 1938. Le rôle d'Imanov est interprété par Yeleubai Umurzakov[8].
  • Les rues Amangeldy sont nombreuses dans les villes Kazakhes : Noursoultan, Shymkent, Ouralsk, Qostanai, Pavlodar, etc.
  • Il existe aussi de nombreuses statues, notamment à Almaty. Il n'existe aucune photo d'Imanov. Son portrait fût réalisé plus tard d'après les indications des témoins.

Articles connexes

Références

Liens externes

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