Alexandre Herzen
Alexandre Ivanovitch Herzen (en russe : Александр Иванович Герцен), né le 25 mars 1812 ( dans le calendrier grégorien) à Moscou et mort le 9 janvier 1870 ( dans le calendrier grégorien) à Paris, est un philosophe, écrivain et essayiste politique occidentaliste russe. Connu comme le « père du socialisme populiste russe », il est considéré comme un inspirateur du climat politique qui a mené à l'abolition du servage de 1861.
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Biographie
Alexandre Herzen naît le 25 mars 1812 ( dans le calendrier grégorien) à Moscou. Son nom Herzen (de l'allemand Herz, « cœur ») est inventé à l'occasion de sa naissance qui a lieu hors des liens du mariage : sa mère Henriette-Wilhelmine Luisa Haag (1795-1851) est une jeune servante allemande que son père, Ivan Alekseïevitch Iakovlev, haut représentant de l'aristocratie russe, avait ramenée enceinte de Stuttgart[1],[2].
Nourrisson lors de la bataille de la Moskova, sa famille lui fait franchir les lignes françaises, son père étant chargé d'un message pour l'empereur Alexandre Ier après une entrevue personnelle avec Napoléon[3].
Il reçoit une éducation aristocratique, développant une sensibilité précoce aux idées révolutionnaires et un caractère impétueux.
Le soulèvement des décabristes, en , est un événement-clé dans la vie de Herzen.
« Les récits du soulèvement, du procès, de l'épouvante qui régnait à Moscou, me firent une très forte impression ; un monde nouveau m'était révélé, vers lequel convergeait de plus en plus ma vie intérieure. Je ne sais comment cela se fit, mais tout en comprenant peu, ou de façon vague, ce que tout cela signifiait, je sentais que je ne me trouvai pas du côté de la mitraille et de la victoire, de la prison et des chaînes. L'exécution de Pestel et de ses camarades tira définitivement mon âme de son sommeil d'enfant. »
— Alexandre Herzen, Passé et méditation[4].
Herzen entre à l'université de Moscou en 1830.
Arrêté le 9 juillet 1834 ( dans le calendrier grégorien), il est jugé et subit un bannissement à Perm et à Viatka de 1834 à 1838. En , il revient clandestinement à Moscou et, le , il épouse Natalie Zakharine[5]. En 1841, il s'installe à Saint-Pétersbourg, où il continue sa carrière de fonctionnaire. Il redevient suspect et se retrouve bientôt à Novgorod avec sa femme et leurs deux enfants ; l'un d'eux Alexandre A. Herzen devient professeur de physiologie à Lausanne.
Il passe la frontière russe le 19/ et s'installe à Paris, où il collabore avec Proudhon. Il part en Italie en octobre. En , il est à Rome, où il apprend les événements de 48. Il revient précipitamment à Paris.
Outre l'échec politique de la révolution, il vit alors plusieurs épisodes personnels douloureux. D'abord, sa femme Nathalie, délaissée pour la politique, prend comme amant le poète allemand, Georg Herwegh (le couple ne se réconcilie qu'en 1851), puis en 1851, la mère de Herzen et l'un de ses fils se noient dans un naufrage au large des îles de Lérins. Le , c'est son épouse qui meurt de tuberculose[6]. Parti de Paris pour Londres, le , il vit entre Genève, Nice et Paris. Patriote, il s'occupe principalement de combattre le régime tsariste par ses articles dans L'Étoile polaire (1857-65). De 1857 à 1865, avec Nikolaï Ogarev, il publie Kolokol (La Cloche)[7], journal d'inspiration socialiste libertaire et visant la cause révolutionnaire russe. L'intellectuelle Malwida von Meysenbug fait connaître au public allemand les travaux d'Alexandre Herzen en tant que militant politique et écrivain[8].
Dans les années 1860, il rencontre à plusieurs reprises l'écrivain Fiodor Dostoïevski, qui le tenait en haute estime.
Malgré la censure, ses articles ont un grand impact en Russie[9], notamment sur Pierre Kropotkine, qui décrit, dans ses mémoires, la lecture de L'Étoile polaire comme un élément l'ayant poussé à la réflexion politique[10].
Mort à Paris le 9 janvier 1870 ( dans le calendrier grégorien), juste avant la Commune, il repose à Nice au cimetière du château.
Œuvres
Romans et nouvelles
Œuvres politiques
- Sur le développement des idées révolutionnaires en Russie, 1851.
- Le Peuple russe et le socialisme, 1855.
- Camicia Rossa - La chemise rouge. Garibaldi à Londres, 1865.
- De l'autre rive, traduit du russe par Alexandre Herzen fils, Genève, imprimé aux frais du traducteur, 1870 ["Vom anderen Ufer", 1850; la version russe: 1855]
Autobiographie
- Passé et méditations (Byloïé i Doumy), traduit par Daria Olivier, Coll Classiques slaves, Éditions L'Âge d'Homme, Lausanne, 1974.
Références
- Alexandre Herzen, Passé et méditation, Introduction de Daria Olivier, p. 12.
- Alexandre Herzen, Passé et méditation, p. 46.
- Alexandre Herzen, Passé et méditation, p. 43.
- Alexandre Herzen, Passé et méditation, p. 87
- Alexandre Herzen, Passé et méditation, p. 361 et p. 407.
- Alexandre Herzen, Passé et méditation, Introduction de Daria Olivier, p. 17.
- Edvard Radzinsky, Alexandre II, Paris, Le Cherche midi, 2009 p. 115.
- Jacques Le Rider, « Malwida von Meysenbug et Alexandre Herzen », Revue des études slaves, vol. 78, no 2, , p. 207–228 (ISSN 0080-2557, DOI 10.3406/slave.2007.7079, lire en ligne, consulté le )
- Plus tard, il est particulièrement apprécié du régime soviétique.
- Pierre Kropotkine, Autour d'une vie, mémoires d'un révolutionnaire, texte sur wikisource.
Bibliographie
- Raoul Labry, Herzen et Proudhon, Paris, Bossard, 1928.
- Collectif, Autour d'Alexandre Herzen, Genève, Droz, 1973.
- Collectif, Alexandre Herzen (1812-1870). Russe de cœur, Européen d'esprit, Suisse d'adoption. L'errance d'un témoin prophétique, Fribourg, Méandre-Éditions, s.d. (=1996)
- Au Théâtre La sortie au spectacle, livre dirigé par Pascale Goetschel, Jean-Claude Yon (2014, Éditions de la Sorbonne). Un chapitre (auteur : Delphine Diaz, historienne) aborde la façon dont Alexandre Herzen découvre le théâtre parisien (Trois hommes de lettres étrangers à la découverte du théâtre parisien)
- Michel Mervaud, Alexandre Herzen sur l'autre rive ou le socialisme russe à l'épreuve de l'émigration, Paris, Institut d'études slaves, 2012.
Articles connexes
Liens externes
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