Abbaye Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Pothières

L'ancienne abbaye Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Pothières est située au nord de la Bourgogne dans le département de la Côte-d'Or.

Pour les articles homonymes, voir Abbaye Saint-Pierre.

Abbaye Saint-Pierre et Saint-Paul de Pothières

Le bâtiment subsistant de l'ancienne abbaye

Ordre Bénédictin (863-1655)
Saint-Vanne (1655-1793)
Fondation 863
Fermeture 1790
Fondateur Girart de Roussillon
Localisation
Emplacement Pothières dans le département de la Côte-d'Or
Pays
Coordonnées 47° 55′ 22″ nord, 4° 31′ 17″ est
Géolocalisation sur la carte : Bourgogne
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Côte-d'Or

Histoire

Moyen Âge, fondation et essor de l'abbaye

Cette abbaye bénédictine est fondée vers 863[Note 1] par Girart de Roussillon, qui fonde en même temps l'ancienne abbaye de Vézelay.

Une fondation du IXe siècle

L'abbaye de Pothières est l'œuvre de Girart de Roussillon, fils de Leuthard Ier, comte de Paris et de Fézensac[1], compagnon de Louis le Pieux. Sans doute né entre 800 et 810, il devient entre autres titres comte de Paris et de Vienne. Girart était un homme très puissant, et aussi très proche des têtes couronnées de l'époque : il a épousé Berthe, fille du comte de Tours Hugues III en 819, devenant ainsi le beau-frère de Lothaire Ier, empereur d'Occident. Il est aussi l'oncle d'Ermentrude d'Orléans la femme du roi de Charles II le Chauve, roi de Francie occidentale. Entre l'empereur et le roi des Francs, Girart choisit le camp de l'empereur, et combat même Charles II le Chauve à la bataille de Fontenoy-en-Puisaye (841). Après s'être vu accorder le pardon royal, il trahit à nouveau le roi des Francs et est définitivement défait. Le roi lui accorde à nouveau son pardon. Pour expier ses fautes, la légende veut que Girart ait décidé de fonder douze abbayes en compagnie de sa femme, dont Vézelay et Pothières. Il est enterré en compagnie de sa femme à Pothières[Note 2], en mars 877[2].

L’abbaye ne sort pas indemne des invasions normandes qui ruinent la cité voisine du Mont Lassois (Lastico) vers 887-888.

Les conflits (XIe – XVe siècles)

Placée dès l'origine sous la dépendance directe au Saint-Siège et non du diocèse, l'abbaye porte ombrage aux évêques de Langres qui possèdent une résidence à Mussy et il s’ensuit de nombreux conflits. En 1069, l’évêque de Langres Hugues-Renaud de Bar envoie une armée qui incendie l’abbaye.

Vers 1130 saint Bernard lui-même intervient pour apaiser les tensions. En 1225 l’évêque Hugues de Montréal attaque à nouveau l’abbaye.

En 1250 la guerre de Pothières fait rage en l’absence de l’abbé parti à la septième croisade derrière Louis IX. Le bailli de Mussy attaque une grange de Pothières en 1288. Les troubles persistent jusqu’en 1493 où l’abbaye adopte la commende[3]

Statue de Jeanne d'Arc devant l'abbaye.

Jeanne d'Arc à l'abbaye

Jeanne d'Arc est réputée avoir fait étape à l'abbaye en février 1429, sur la route de Chinon[4]. Un monument à l'entrée de l'abbaye rappelle ce passage. Sur son socle, a été gravée l'inscription suivante :

« L'an 1429, le samedi 26 février, Sainte Jeanne d'Arc, venant de l'abbaye de Clairvaux et se dirigeant sur Auxerre, fut hébergée en cette abbaye bénédictine de Pothières avec ses six compagnons, Colet de Vienne, Richard L'Archer, Bertrand de Poulangy, Julien de Honnecourt, Jean de Metz, Jean de Honnecourt. Gloire à Sainte Jeanne d'Arc. »

.

Époque moderne, le déclin (XVIe – XVIIIe siècles)

Bien que le village lui-même soit ravagé par le baron de Thenissey le , le , les 12 et l’abbaye semble ne pas avoir souffert des guerres de religion. En 1655, elle adopte la règle de l'abbaye Saint-Vanne de Verdun en raison de son dynamisme intellectuel. En 1727, les bâtiments de l’abbaye sont en grande vétusté ; mais c’est seulement dans les années 1760 que des travaux de restauration commencent pour la toiture du cloître, le pavillon de l’abbé et le bâtiment de l’audience. La reconstruction des autres bâtiments est effectuée entre 1770 et 1773 et la maison abbatiale est bâtie en 1787[5].

Époque contemporaine, de multiples propriétaires

À la Révolution française, l'abbaye fut supprimée et déclarée bien national. L’abbatiale fut détruite et transformée en carrière en 1793 par le maire de Troyes devenu propriétaire des lieux.

Au cours du XIXe siècle, la propriété passa entre les mains du comte de Scely en 1802 qui la cèda au marquis de Ruffo La Fare, maire du village sous le Premier Empire et sous la Restauration, puis celles du comte de Sainte-Croix, également maire de Pothières durant dix ans. En 1870, sa fille vendit le château qui fut ensuite revendu à la famille Suquet. Celle-ci le conserva jusqu’en 1960, avant d’en faire don aux Petits Frères des pauvres[6].

Architecture

L'abbaye en 1703

L’abbaye a été plusieurs fois menacée ou détruite jusqu’à l’établissement au XIIe siècle d’une imposante construction romane décrite sur un plan de 1703 conservé aux Archives départementales de la Côte-d’Or et confirmée par trois sondages pratiqués en 1975 [7]. Une récente prospection radar pratiquée en 2012 par Harald von der Osten dans le cadre du programme international Vix dirigé par Bruno Chaume, révèle des structures tout à fait inédites par rapport à ce plan [8]

Une abbaye fortifiée

Au XIe siècle, le monastère n'est fermé que par des fossés et des palissades. Puis, par crainte de Philippe Auguste qui occupe Châtillon en 1185, le duc Hugues de Bourgogne autorise les religieux à se fortifier. Ces fortifications semblent consister en un mur d’enceinte soutenu par des contreforts, bordé d'un fossé et pourvu de tours de place en place. L’abbaye dispose alors d’un pont-levis. Des sources de la fin du XVIe siècle rapportent qu'elle est toujours fortifiée lors des guerres de Religion. En 1787 on y décrit une double rangée de défense : le village lui-même défendu par des fossés en eau et dans l’angle sud-est de son enceinte, l’abbaye entourée d’une muraille et flanquée de tours au sud[9].

Bâtiments conventuels

L'entrée et le logis abbatial

L’église à laquelle sont accolés les bâtiments et les jardins de l’abbaye est située au nord dans l'enceinte des fortifications abbatiales. Le réfectoire et les cellules au niveau supérieur du transept et le cloître au niveau de l’entrée de l’église complètent le quadrilatère de la clôture sur les trois autres côtés des bâtiments. À l'ouest la maison abbatiale est séparée de cet ensemble par une cour et dispose d'un grand jardin organisé en quatre quadrilatères de l'autre côté. Construit au XVIIIe siècle ce somptueux logis de l'abbé constitue le seul vestige actuel de l'abbaye[10]. C'est une maison de vacances (du 1er avril à mi-octobre) et un hébergement temporaire (du au ) des Petits Frères des pauvres[11].

Sépultures

Terriers, propriétés, revenus

Les possessions de Berthe et Girart dans le Sénonais sont versées au domaine de Pothières dès la création de l’abbaye. Au XIIIe siècle, l’abbaye exploite six granges monastiques à Charrey, Gomméville, Landreville, Pothières, Villiers et Viller-Patras. Elle prélève la dîme sur Belan, Bissey, Bouix, Cérilly, Chamesson, Charrey, Courban, Courcelles, Courteron, Étrochey, Gomméville, Landreville, Pothières, Montliot, Mussy, Noiron, Sennevoy, Villers-Patras et Vix. Les possessions de l’abbaye ne semblent guère avoir évolué ensuite[12].

Abbés

(liste non exhaustive)

Scriptorium

L'Abbaye Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Pothières a été le lieu de création à la fin du XIe siècle ou du début du XIIe siècle, d'après Paul Meyer, de l'écriture d'une Vita nobilissimi comitis Girardi de Rossellon en prose basée sur la charte de fondation de l'abbaye, sur une chanson de geste et sur d'autres sources moins évidentes[15].

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. La date demeure imprécise. Hugues de Poitiers cite, dans son Histoire de l'abbaye de Vézelay depuis le règne de Charles-le-Chauve jusqu'en 1147, la 23e année du règne de Charles II, donc l'an 863. L'historien Dom Urbain Plancher évoque une date située entre 859 et 867.
  2. La Chronique de Vézelay (Chronico Vezeliacensi) dit à ce propos qu'il fut enterré apud Pulterias (près de Pothières)
  3. 28e abbé de Saint-Bénigne de Dijon, martyr des Vikings en 888

Références

  1. Wermelinger E., N° 39, p.13
  2. Christian Sapin 1976-1977, p. 257/258
  3. David Loiselet 2009, p. 4/6
  4. René Paris 1987, p. 91.
  5. David Loiselet 2009, p. 6/7
  6. David Loiselet 2009, p. 7/8
  7. Christian Sapin 1976-1977, p. 259 et suivantes
  8. L’abbaye de Pothières révélée par radar
  9. David Loiselet 2009, p. 9/15
  10. David Loiselet 2009, p. 15/18
  11. Petits frères de pauvres : abbaye de Pothières
  12. David Loiselet 2009, p. 19
  13. Abbé L. Chomton, Histoire de l'église Saint-Bénigne de Dijon, Dijon, 1900, liste des abbés
  14. Georges Salamand : Histoire anecdotique du prieuré clunisien de Saint-Pierre d'Allevard, 2011,
  15. Paul Meyer, « La légende de Girart de Roussillon », Romania, vol. 7, , p. 161-235 (DOI 10.3406/roma.1878.6405, lire en ligne).

Bibliographie

Le présent article est issu du travail effectué par un étudiant en Master d'histoire moderne (avec son aimable autorisation) :

  • Guyard Anthony, Le temporel de deux abbayes du Châtillonnais durant l’Ancien Régime : Notre-Dame de Châtillon-sur-Seine et Saint-Pierre et Saint-Paul de Pothières, Mémoire de Master, Université de Bourgogne, Dijon, 2008. Publication : Association des Amis du Châtillonnais, 2011 - 112 pages

Ce mémoire est lui-même basé sur différentes sources, dont les principales concernant Pothières sont :

  • Archives départementales de la Côte-d'Or, série 9 H (Abbaye de Pothières) et 1 Q 845 (vente des biens).
  • David Loiselet, L'abbaye de Pothières : histoire et réflexions, université de Bourgogne, Dijon, , mémoire de master (lire en ligne [PDF])
  • Christian Sapin, L'ancienne abbaye de Pothières, t. XXX, Dijon, Mémoires de la Commission des antiquités du département de la Côte-d'Or, 1976-1977 (lire en ligne [PDF]), pp. 257-278
  • Louis Suquet, Pothières à travers les âges : petite histoire de l'abbaye et du village de Pothières, Les Cahiers du Châtillonnais, N°82, Association des Amis du Châtillonnais, Châtillon-sur-Seine, 1995.
  • Wermelinger E., Pothières, son pays et son monastère, Bulletin annuel de la Société d'archéologie et d'histoire du Tonnerrois, N°39 (p.11-15), 1986-1987.
  • Wermelinger E., Pothières, son pays et son monastère, Bulletin annuel de la Société d'archéologie et d'histoire du Tonnerrois, N°40 (p.4-11), 1986-1987.
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