Abandon d'animal
Un abandon d'animal est, pour le propriétaire d'un animal domestique dont il a la charge, l'acte de délaisser cet animal en toute connaissance de cause, c'est-à-dire refuser de le loger à son domicile, de le nourrir, de le soigner, etc. L'abandon peut concerner une grande variété d'animaux de compagnie, le cas le plus connu étant celui des chiens. Les abandons concernent aussi les chats, et, plus récemment, les chevaux, les nouveaux animaux de compagnie et certains animaux de rente.
Les abandons sont généralement causés par le coût financier de l'entretien des animaux et d'autres difficultés, leurs propriétaires n'anticipant pas toujours l'espérance de vie de leurs animaux, leur taille à l'âge adulte, les difficultés à les faire garder pendant leur absence ni l'importance des soins à leur donner. Les allergies, la supposition d'un risque pour la santé et un caractère inadapté figurent aussi parmi les causes majeures des abandons d'animaux.
L'abandon d'animal est passible de poursuites pénales dans de nombreux pays. Il existe par ailleurs des procédures d'abandon légal d'un animal en le conduisant dans un refuge animalier, ce qui conduit souvent à l'euthanasie de celui-ci.
Près de 100 000 animaux sont abandonnés chaque année en France dont 60 000 en été et 40 000 au bord de la route (2019). La tendance est à la hausse[1].
Définition et processus
L'abandon peut avoir différentes définitions selon le type d'animal concerné. Il ne peut concerner que des animaux domestiques, qui doivent recevoir de la nourriture et/ou divers soins de la part des humains pour rester en bonne santé. Les animaux abandonnés peuvent se tourner plus ou moins facilement vers le marronnage, mais d'autres meurent des conséquences de leur abandon, en particulier s'ils sont abandonnés dans des bâtiments fermés ou sur des terrains clos, ou encore attachés, sans accès à de l'eau et de la nourriture.
Les animaux abandonnés qui sont retrouvés par des associations de protection ou les autorités le sont souvent dans un mauvais état de santé, dénutris, assoiffés et souffrant de maladies diverses[2]. Les refuges animaliers peuvent garder ces animaux un certain temps, mais ils finissent généralement par être euthanasiés, faute de place et de ressources financières pour en prendre soin[3].
Législation
En droit français, l'abandon d'animal est un délit pénal selon l'article 521-1 du code pénal, de même gravité que les sévices graves ou actes de cruauté. Ils sont punissables d’une peine allant jusqu'à 2 ans de prison et 30 000 euros d’amende. Ont notamment été qualifiés de sévices graves ou d’actes de cruauté le fait d’abandonner des chiens à l’intérieur d’un appartement, cas qui a conduit à retrouver des animaux morts de faim et de soif. Sont également interdites les conditions de détention assimilées à de l'abandon, en particulier celles où des chiens sont à l'attache toute la journée sans recevoir de visites, dans un état de faim et de soif visible[4].
Le décret du considère qu'un cheval mit au pré doit disposer d'un abri et de conditions de détention non dangereuses pour lui[5]. Il est fortement conseillé de lui rendre visite tous les jours, ne serait-ce que pour vérifier qu'il dispose d'abreuvement à volonté et est en bonne santé[6]. Un cheval qui ne reçoit pas de visites et n'est pas « en état » peut être considéré comme abandonné. Le préfet du département a alors tout droit d'agir pour réduire la souffrance de ces animaux abandonnés (y compris celui de les faire abattre pour la viande ou de les euthanasier si leur état est trop sérieux), à la charge de leur propriétaire[5].
Il est possible d'abandonner « légalement » un animal de compagnie en le conduisant dans un refuge animalier, puis en signant un document par lequel le propriétaire de l'animal abandonne toute responsabilité et tout droit de propriété sur celui-ci.
Depuis la loi du , l'animal est reconnu par l'article 515-14 du Code civil comme un « être vivant doué de sensibilité » et non plus comme un bien meuble comme le prévoyait jusqu’alors l'article 528 du même Code[7].
Histoire du phénomène
Les abandons d'animaux ont nettement augmenté dans le monde occidental avec la crise financière mondiale débutant en 2007. Ainsi, en Allemagne en 2009, les refuges animaliers sont surchargés[2]. Le nombre exact d'animaux abandonnés est impossible à estimer. Les personnes qui déposent leur animal dans un refuge animalier le font généralement en affirmant que c'est à cause d'un déménagement, alors que dans les faits, les raisons sont beaucoup plus variées. Ainsi, en Californie, un grand nombre d'animaux sont abandonnés à cause de la forclusion liée à la crise des subprimes, qui oblige les personnes à abandonner leur logement[8], ce qui a provoqué une nette hausse du nombre d'abandons. Quand les personnes expulsées se retrouvent à court d'options pour leur animal, elles se voient contraintes de l'abandonner[9]. Ces animaux sont souvent laissés dans les foyers américains abandonnés, sans eau ni nourriture. Certains sont retrouvés morts lorsque les agents immobiliers ou le personnel des banques pénètre dans les lieux. Les animaux sont mis en danger, il a été suggéré qu'il s'agisse d'un moyen d'exercer des représailles contre ceux qui ont provoqué la perte du logement[10].
En 2009, en France, 50 000 des animaux abandonnés ont été euthanasiés selon le ministère de l'agriculture. Ce chiffre relativement stable est le plus élevé d'Europe[11].
Abandons de chiens
Les chiens abandonnés dans la nature ou sur la voie publique peuvent devenir des chiens errants. Pour éviter les problèmes causés par les populations de chiens errants, ils sont capturés puis envoyés à la fourrière, qui les donne à des refuges animaliers ou les euthanasie. Ceux qui sont laissés volontairement par leur propriétaire dans un refuge deviennent des chiens des refuges. Les chiens abandonnés gardés dans des refuges ne sont pas assurés de trouver un nouveau propriétaire, en particulier s'ils sont vieux ou souffrent de troubles du comportement. Une grande part d'entre eux sont euthanasiés, faute de place.
Abandons de chats
Les chats étant par nature plus indépendants que les chiens, il leur arrive de « changer de maître », en changeant de point de nourrissage et d'abreuvement. Cependant, certains propriétaires de chats abandonnent volontairement leur animal dans la nature, ou dans un refuge. Les chats abandonnés peuvent aussi retourner à l'état sauvage. De manière générale, les chats abandonnés causent davantage de problèmes et sont plus nombreux que les chiens. Il est difficile de les gérer, car il est souvent impossible de re-sociabiliser un chat abandonné pour le réintroduire dans une vie domestique avec des êtres humains. Seuls les très jeunes chats ou ceux qui sont abandonnés depuis peu de temps peuvent en général être réadoptés sans trop de problèmes[12].
L'une des causes majeures d'abandon des chats est la grossesse d'une femme dans le foyer. Une légende urbaine (propagée en 1977[13]) veut que la garde d'un chat pendant la grossesse puisse provoquer une toxoplasmose chez la femme et le fœtus[14]. Cette croyance est largement non fondée. La grande majorité des contaminations à l'origine de la toxoplasmose chez le fœtus provient de la consommation de viandes trop peu cuites ou de l'ingestion directe de bactéries présentes dans la terre. La contamination « par les chats » est marginale[Note 1],[13]. Une autre croyance veut que les chats puissent se coucher sur le visage des bébés et les étouffer. Là encore, cette légende urbaine propagée sur des forums et des blogs n'est soutenue par aucune donnée scientifique[15].
Abandons de chevaux
La crise financière mondiale qui a débuté en 2007 a provoqué l'apparition d'un nouveau phénomène d'abandon de chevaux dans des pays développés, leurs propriétaires préférant les laisser errer dans la nature en cas de soucis financiers, plutôt que de les conduire à l'abattoir. En Irlande, entre 20 000 et 100 000 chevaux errent sur l'île durant l'hiver 2010-2011[16]. Le même phénomène touche la Grande-Bretagne, où il n'est pas rare de trouver des chevaux et des poneys abandonnés au bord des routes[17]. En Espagne, cette crise a des effets très négatifs sur l'élevage du Pure race espagnole. Certains propriétaires n'ont plus les moyens de garantir le minimum vital de leurs chevaux. L'Andalousie est particulièrement touchée par les difficultés financières, de nombreux propriétaires se séparent de leurs animaux à des prix très bas, y compris pour qu'ils soient abattus[18]. Le nombre de propriétaires de chevaux qui veulent s'en séparer a significativement augmenté aux États-Unis[19].
Le phénomène est connu en Belgique[20], le nombre de chevaux proposés à l'adoption dans les refuges ayant atteint des records en 2013[21]. En France, on observe une hausse des demandes d'adoption de chevaux dans les refuges et un « phénomène nouveau », la saisie de troupeaux de chevaux en souffrance directement chez leurs éleveurs, ou encore la volonté d'héberger un cheval chez soi pour économiser les coûts, sans que les structures n'y soient adaptées[22].
Abandons d'animaux de rente
Certains éleveurs d'animaux de rente (porcins, bovins, ovins...) peuvent être contraints de cesser de soigner et de nourrir leur cheptel pour des raisons économiques, telles que la crise du porc et la baisse du prix d'achat du lait, qui entraînent des frais de fonctionnement et d'entretien des animaux plus importants que les entrées lors de la revente du lait ou de l'animal à l'abattoir.
Responsabilités
S'il est admis que le premier responsable d'un abandon d'animal est son propriétaire, une certaine responsabilité des éleveurs d'animaux de compagnie a également été établie, dans la mesure où ces derniers font naître trop de chiots, de chatons et de poulains chaque année, sans certitude qu'ils seront acquis puis entretenus dans de bonnes conditions par leurs nouveaux propriétaires.[réf. nécessaire]
La responsabilité des organisateurs de « salons du chiot », phénomènes marchands tenus notamment avant la période de Noël, a elle aussi été signalée (entre autres par la fondation Brigitte-Bardot) : les visiteurs sont poussés à acheter un chiot sur un « coup de cœur » et sans réfléchir aux conséquences de leur achat[23].
Lutte contre l'abandon
De nombreux animaux abandonnés sont recueillis chaque jour dans des refuges et font ensuite l'objet d'adoption par de nouvelles familles. Des associations se battent pour les animaux abandonnés afin de leur offrir une autre vie. Toute personne voulant recueillir un animal peut se tourner vers ces associations et donner à ces animaux abandonnés ou maltraités une vie meilleure. Il est possible par exemple d'adopter un animal abandonné de la SPA (la Société Protectrice des Animaux)[24]. Mais il existe d'autres associations comme celle de SOS Vieux Chiens qui se consacre à trouver un foyer aux chiens seniors[25]. L'association GRAAL (Groupe de réflexion et d'Action pour l'Animal) s'occupe quant à elle d'animaux abandonnés ou rescapés de laboratoire[26]. L'adoption d'un animal de refuge ne demande pas de démarches administratives particulières et peut s'avérer être une bonne solution pour lutter contre l'abandon des animaux de compagnie[27].
Notes et références
Notes
- Elle provient des selles, il suffit de changer la litière tous les jours ou de porter des gants en le faisant pour éloigner tout risque.
références
- « Cri d’alerte de la SPA sur les abandons d’animaux pendant les vacances », Le Monde.fr, (lire en ligne)
- Richard Rogers, « Animal welfare crisis unfolds in Germany as refuges deluged », The Observer,
- (en) Laura Dawn Lewis, Laid Off, Now What?!? Financial Savvy, Book 1, Couples Company, Inc., (ISBN 978-0-9671042-6-3), p. 29.
- http://www.spa.asso.fr/repression-mauvais-traitements
- Manuel Carius, Le droit du cheval et de l'équitation, Paris, France Agricole Editions, , 238 p. (ISBN 2-85557-127-8 et 9782855571270, lire en ligne), p. 25
- Yves Bertrand et Ghislain de Halleux, Chevaux et prairies, Paris, France Agricole Editions, , 223 p. (ISBN 2-85557-126-X et 9782855571263, lire en ligne), p. 106
- « Article 515-14 du Code civil » (consulté le )
- (en) Sharon L. Peters, « Foreclosures slam doors on pets, too », USA Today, Californie, , p. 1 (lire en ligne, consulté le )
- (en) Evelyn Nieves, « Foreclosures Lead to Abandoned Animals », Fox News, Californie, , p. 1 (lire en ligne, consulté le )
- (en) Carole Sullivan, « Foreclosures Lead to Rise in Abandoned Pets in Cleveland », WKYC, Cleveland, , p. 1 (lire en ligne, consulté le )
- « La France détient le record de l'euthanasie animale », La Dépêche du Midi, (consulté le ).
- Seidman 2001, p. 21
- Steven M. Teutsch, Dennis D. Juranek, Alexander Sulzer, J. P. Dubey et R. Keith Sikes, « Epidemic Toxoplasmosis Associated with Infected Cats », N. Engl. J. Med., vol. 300, , p. 695-699 (DOI 10.1056/NEJM197903293001302, lire en ligne)
- http://www.sda-nice.com/index.php?page=chat-et-toxoplasmose
- Sophie de Villenoisy, Un chat heureux c'est malin : Le confort, l'alimentation et les jeux dont il a besoin, Leduc.s Éditions, , 240 p. (ISBN 979-10-285-0501-1, lire en ligne), p. 52-53
- « Irlande : les chevaux victimes de la crise », Wikinews,
- [vidéo] AFP : Les chevaux anglais de plus en plus abandonnés sur YouTube
- (en) Alan Clendenning, « Legendary horses latest victim of Spain's bust », Yahoo News, (consulté le )
- « Les unwanted horses outre-Atlantique », Ligue française pour la protection du cheval, (consulté le )
- Florence Lestienne, « Avec la crise, les abandons de chevaux se multiplient », Le Soir, (consulté le )
- « Record du nombre d'abandons de chevaux », RTBF.be, (consulté le )
- Amélie Tsaag Valren, « L’économie équestre en berne, les chevaux en souffrance… », Cheval Savoir, no 58, (lire en ligne)
- « Pau : la Fondation Bardot tendue au Salon du chiot », sur sudouest.fr, (consulté le ).
- « Société Protectrice des Animaux », sur www.spa.asso.fr (consulté le )
- « SOS Vieux Chiens » (consulté le )
- « Accueil », sur www.graal-defenseanimale.org (consulté le )
- « les moyens alternatifs pour adopter un animal » (consulté le )
Annexes
Articles connexes
Bibliographie
- [Seidman 2001] (en) Susan M. Seidman, The pet surplus : what every dog and cat owner can do to help reduce it, S. M. Seidman, , 234 p. (ISBN 978-0-7388-5831-9)
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