1933 en dadaïsme et surréalisme
Pour l'année, voir 1933.
Éphémérides
Février
- Antonin Artaud, Second manifeste du Théâtre de la Cruauté, publié anonymement par Robert Denoël[1].
Mars
Avril
Antonin Artaud prononce une conférence intitulée Le Théâtre et la peste, à la faculté de la Sorbonne devant une salle comble. Anaïs Nin : « Mais alors, d'un manière presque imperceptible, Artaud délaissa le fil que nous suivions et se mit à jouer quelqu'un mourant de la peste. […] Pour illustrer sa conférence, il représentait une agonie. […] Il avait le visage convulsé d'angoisse, et ses cheveux étaient trempés de sueur. Ses yeux se dilataient, ses muscles se raidissaient, ses doigts luttaient pour garder leur souplesse. Il nous faisait sentir sa gorge sèche et brûlante, la souffrance, la fièvre, le feu de ses entrailles. Il était à la torture. Il hurlait. Il délirait. Il représentait sa propre mort, sa propre crucifixion. Les gens eurent d'abord le souffle coupé. Puis ils commencèrent à rire. Tout le monde riait ! »[2]- René Crevel, Les Pieds dans le plat, roman[3]
- Vassili Kandinsky est l'hôte d'honneur du Salon des Surindépendants où sont exposées de nombreuses œuvres de surréalistes dont Jean Arp, Victor Brauner, Salvador Dalí, Alberto Giacometti, Valentine Hugo, René Magritte, Joan Miró[4].
Mai
Grâce à un apport financier de Paul Éluard, parution des deux derniers numéros de « Surréalisme Au Service De La Révolution »[5].- Yves Tanguy, Vie de l’objet, dessin
- Ferdinand Alquié dénonce « le vent de crétinisation systématique qui souffle d'URSS » dans une lettre publiée dans SASDLR[6].
Juin
- Parution du premier numéro de la revue Minotaure à l'initiative de l'éditeur suisse Albert Skira :
- couverture de Picasso,
- André Breton Picasso dans son élément avec des photos de Brassaï,
- Salvador Dalí, Interprétation Paranoïaque-critique de l'Image obsédante l'Angélus de Millet, huile sur toile[7].
Exposition d'objets surréalistes à la galerie Pierre Colle, à Paris[8]. La revue Cahiers d'Art en fit un compte-rendu : « Les expositions des surréalistes sont généralement tristes. On est accablé d'une certaine morbidesse qui met le spectateur mal à l'aise. Cele qui vient de s'ouvrir [...] est gaie : si elle ne fait pas penser, elle fait du moins rire[9]. »
Juillet
- Entrée dans le dictionnaire Larousse du XXe siècle du mot « surréalisme » : « Tendance d'une école née en 1924 et qui prétend, en littérature, ne s'intéresser qu'aux manifestations de la pensée dégagée de toute préoccupation logique, artistique ou morale [...] »[10]
Août
- Max Ernst créé les 184 collages d'Une semaine de bonté en trois semaines à Vigoleno (it), en Italie, chez Maria Ruspoli, duchesse de Gramont[11].
John Heartfield, Spieglein, Spieglein, photo-collage en couverture de la revue AIZ[12]
Novembre
Artaud est la voix de Fantômas dans la création radiophonique de Robert Desnos La Grande complainte de Fantômas d'après le roman de Pierre Souvestre et Marcel Allain[13].
Décembre
Salvador Dalí, Beauté terrifiante et comestible de l’architecture Modern’ Style,
Le Phénomène de l'extase[14], photos-collage- Prenant la défense de Violette Nozière, jeune femme accusée d'avoir tué son père, les surréalistes, convaincus de l'inceste, publient, à Bruxelles, pour éviter la censure, une plaquette intitulée Violette Nozières[15], aux Éditions Nicolas Flamel que dirige E. L. T. Mesens. Elle comprend des poèmes et des dessins de Hans Arp, Victor Brauner, André Breton, René Char, Salvador Dalí, Paul Éluard, Max Ernst, Alberto Giacometti[16], Maurice Henry, René Magritte, E. L. T. Mesens, Benjamin Péret et Yves Tanguy[17].
Cette année-là
- En Belgique, Achille Chavée fonde le groupe Rupture appelé également Groupe surréaliste du Hainaut.
- Publication du premier numéro de la revue Phare de Neuilly que dirige Lise Deharme.
- Leonor Fini rencontre le groupe surréaliste.
- À la veille d’une exposition, les œuvres de Jefim Golyscheff sont saisies par les nazis. Seules deux peintures sur deux cents, dont L P’érioum de 1914, ont échappé à la destruction. Il quitte aussitôt l’Allemagne et s’installe à Barcelone[18].
Œuvres
- Vicente Aleixandre
- La Destruction de l'amour, poèmes[19]
- Maxime Alexandre
- Mythologie personnelle
- Secrets, poèmes[20]
- Antonin Artaud
- Second manifeste du Théâtre de la Cruauté[21]
- Balthus
- La Rue, huile sur toile[22]
- André Breton, préface aux Contes bizarres d'Achim von Arnim illustrés par Valentine Hugo : « De nos jours, le monde sexuel, en dépit des sondages entre tous mémorables que, dans l'époque moderne, y auront opérés Sade et Freud, n'a pas, que je sache, cessé d'opposer à notre volonté de pénétration de l'univers son infracassable noyau de nuit. »[23]
- Serge Brignoni
- Figure surréaliste, sculpture inspirée de l'art malagan de Nouvelle-Irlande (Océanie)
- René Crevel
- Les Pieds dans le plat, roman[24]
- Salvador Dalí
- Beauté terrifiante et comestible de l’architecture Modern’ Style, photo-collage
- Buste de femme rétrospectif, bronze peint et assemblage : porcelaine, encrier, baguette de pain, épis de maïs, bande de papier illustrée d'un zootrope[25]
- L'Énigme de Guillaume Tell, huile sur toile
- Interprétation Paranoïaque-critique de l'Image obsédante l'Angélus de Millet, huile sur toile[26]
- Le Phénomène de l'extase, photo-collage
- La Vieillesse de Guillaume Tell, huile sur toile[27]
- Oscar Dominguez
- Le Dragonnier, huile sur toile
- Paul Éluard
- Objet basé sur la perversion des oreilles, objet (présenté lors de l'exposition à la galerie Pierre Colle mais disparu depuis)[28]
- Max Ernst
- Une semaine de bonté, roman-collage[29]
- Alberto Giacometti
- Femme égorgée, bronze, patine dorée[30]
- Le Palais à quatre heures de l'après-midi, sculpture[31]
- Table surréaliste, plâtre[32]
- John Heartfield
- Spieglein, Spieglein, photo-collage
- Valentine Hugo
- Portrait d'André Breton[33]
- La Vérité tomberait du ciel sous la forme d'un harfang[34], huiles sur toile
- André Kertész
- Distorsions, série de 200 photographies de deux femmes ayant été déformées par un miroir de fête foraine[35]
- René Magritte
- Vincenc Makovský
- La Jeune fille à l'enfant, sculpture[39]
- E. L. T. Mesens
- Alphabet sourd-aveugle, recueil de poèmes préfacé par Paul Éluard[40]
- Femme complète[41]
- Wolfgang Paalen
- Personnages dans une grotte, huile sur toile[42]
- Picasso
- Man Ray
- Machine à coudre et parapluie, objet[45]
- Monument à D. A. F. de Sade, photographie contrecollée sur toile[46]
- Portrait de Meret Oppenheim (Érotique voilée), photographie[47]
- Yves Tanguy
- Le Fond de la tour
- Obsession de la prophétie, huiles sur toile[48]
- Vie de l’objet, dessin
- Tristan Tzara
- L'Antitête
- Violette Nozières, plaquette comprenant des poèmes et des dessins de Hans Arp, Victor Brauner, André Breton, René Char, Salvador Dalí, Paul Éluard, Max Ernst, Alberto Giacometti[49], Maurice Henry, René Magritte, E. L. T. Mesens, Benjamin Péret et Yves Tanguy[50]
Notes et références
- Evelyne Grossman, Chronologie d'Antonin Artaud, in Artaud Œuvres, Gallimard, Quarto, Paris, 2004, p. 1739.
- Grossman, op. cit., p. 397.
- Marcelle Dumas & Lucien Scheler, Chronologie de Paul Éluard, in Poésies complètes, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 1968, p. LXVII.
- Dumas & Scheler, op. cit., p. LXVII.
- Henri Béhar, André Breton le grand indésirable, éditions Fayard, Paris, 2005, p. 296.
- Adam Biro & René Passeron (sous la direction de), Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs, Office du livre, Genève & Presses universitaires de France, Paris, 1982, p. 19.
- Béhar, op. cité, p. 297. Le début du texte est lisiblement reproduit dans René Passeron, Surréalisme, Terrail, 2005, op. cit., p. 165.
- Béhar, op. cit., p. 298.
- Citation et photographies de quelques salles de l'exposition dans Didier Ottinger (sous la direction de), Dictionnaire de l'objet surréaliste, Éditions Gallimard & Centre Pompidou, Paris, 2013, p. 67.
- Entrée, également, du mot « surréaliste », page 536. Page reproduite sur le site www.andrebreton.fr
- Gilles Magniont, Une semaine de bonté dans Le Matricule des anges numéro 106, septembre 2009, p. 1241.
- Biro, op. cit., p. 16.
- Grossman, op. cit., p. 1470.
- Gala-Salvador Dalí Foundation. Reproduction dans Connaissance des arts no 670, avril 2009, p. 34.
- Par une erreur constante, les surréalistes ajoutent systématiquement un s à la fin du nom. Béhar, op. cit., p. 299 (qui mentionne « avril 1934 » pour sa publication).
- Dessin reproduit dans José Pierre, L'Univers surréaliste, Somogy, Paris, 1983, p. 18
- Reproduction de la couverture dans Xavier Canonne, Le Surréalisme en Belgique. 1924-2000, Actes Sud, Paris, 2007, p. 27.
- Artpress, janvier 2007.
- Jean-Paul Clébert, Dictionnaire du Surréalisme, Éditions du Seuil & A.T.P., Chamalières, 1996, p. 20.
- Clébert, op. cit., p. 20
- Grossman, op. cit., p. 1739
- Biro, op. cit., p. 45.
- Béhar, op. cit., p. 298 et André Breton, Œuvres complètes, tome 2, Bibliothèque de la Pléiade & Éditions Gallimard, Paris, p. 359.
- Dumas & Scheler, op. cit., p. LXVII
- « Je l'ai faite à partir d'une effigie de porcelaine [...] trouvée chez un coiffeur. », S. Dalí, propos de 1976. Collección Enrique Sabater y Bonany. Description et reproduction dans Ottinger, op. cit., p. 30.
- Béhar, op. cit., p. 297.
- André Breton, Le Surréalisme et la Peinture, Gallimard, 1928-1965, p. 133.
- Cité dans Ottinger, op. cit., p. 67.
- Première exposition publique au Museo nacional de arte moderno de Madrid en 1936. Gilbert Lascault in La Quinzaine littéraire no 998, , p. 17.
- 21,5 x 82,5 x 55 cm. Paris, Centre Pompidou. Cité dans Ottinger, op. cit., p. 309.
- René Passeron, Surréalisme, Terrail, 2005, p. 130.
- 148,5 x 103 x 43 cm. Paris, Centre Pompidou. Reproduction dans Ottinger, op. cit., p. 259.
- Pierre, op. cit., p. 14.
- Pierre, op. cit., p. 161.
- Œuvre réalisée pour la revue Le Sourire.
- 80 × 60 cm, collection Thyssen-Bornemisza, Lugano. Reproduction dans Jacques Meuris, René Magritte, Taschen, Cologne, 1997, p. 40.
- 100 × 80 cm, collection particulière. Reproduction dans Meuris, op. cit., p. 41.
- Reproduction dans Breton, [LSELP], p. 69.
- Biro, op. cit., p. 257.
- Biro, op. cit., p. 19 et p. 279.
- Jean-Louis Bédouin, La Poésie surréaliste, éditions Seghers, Paris, 1964, p. 286.
- Biro, op. cit., p. 9.
- Reproduction dans Art actuel no 57, juillet-août 2008, p. 44.
- 51 x 35 cm. Musée Picasso, Paris. Reproduction dans Parcours des arts no 44, octobre 2015, p. 27.
- Paris, Centre Pompidou. Reproduction du négatif original, l'objet ayant disparu, dans Ottinger, op. cit., p. 167.
- Reproduction dans Artpress no 362, décembre 2009, p. 19.
- Reproduction dans Connaissance des arts no 658, mars 2008, p. 97.
- Agnès Angliviel de la Beaumelle, Yves Tanguy, Centre Pompidou, Paris, 1982, p. 110 et p. 198.
- Dessin reproduit dans Pierre, op. cit., p. 18.
- Canonne, op. cit., p. 27
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