Brassaï

Brassaï, pseudonyme de Gyula Halász, né le , à Brașov[1], et mort le , à Beaulieu-sur-Mer (Alpes-Maritimes), est un photographe hongrois, naturalisé français, également dessinateur, peintre, sculpteur, médailleur[2] et écrivain.

Pour les articles homonymes, voir Halász.

Biographie

Gyula Halász naît le 9 septembre 1899 à Brassó en Transylvanie, alors partie intégrante du royaume de Hongrie (depuis 1920 : Brașov, en Roumanie), de Gyula Halász (hu), rédacteur en chef et publiciste, et d'une mère d'origine arménienne. Sa famille emménage en 1903 à Paris où ils rejoignent le père qui enseigne la littérature à la Sorbonne pour l'année 1903-1904. Jeune homme, Gyula Halász étudie la peinture et la sculpture à l'Université hongroise des beaux-arts de Budapest, avant de rejoindre la cavalerie austro-hongroise pour y servir durant la Première Guerre mondiale.

En 1920, il se rend à Berlin où il travaille en tant que journaliste, tout en suivant le cours de l'académie des beaux-arts Berlin-Charlottenburg. Halász déménage en 1924 pour Paris. Seul, il apprend le français en lisant les œuvres de Marcel Proust. Installé à Montparnasse, au cœur du Paris artistique des années 1920, il se lie à Henry Miller, Léon-Paul Fargue et Jacques Prévert. Il reprend sa carrière de journaliste. Il écrivit plus tard que la photographie l'avait aidé à saisir la nuit parisienne, la beauté des rues et des jardins, qu'il pleuve ou qu'il vente.

En utilisant son lieu de naissance, Gyula Halász se forge dès 1923 le pseudonyme de Brassaï, qui signifie « de Brassó ». C'est sous ce nom qu'il s'impose comme celui qui a su capturer l'essence de la ville dans ses clichés, publiant un premier recueil en 1932, intitulé Paris de nuit, qui rencontre un grand succès et le fera même surnommer « l'œil de Paris » par Henry Miller dans l'un de ses essais. Il commence sa série « Graffiti ».

En 1931, il immortalise le bal de la mi-Carême du parc d'attractions parisien Magic City[3]. Phare des nuits homosexuelles à Paris[4], ce bal se déroulait sur la grande piste de danse avec orchestre[5], au 1er étage du no 188, rue de l'Université[6].

En dehors de ses photos du Paris interlope et sombre, Brassaï s'est aussi intéressé à la haute société, aux intellectuels, à la danse et à l'opéra. Il photographia nombre de ses contemporains, tels Salvador Dalí, Pablo Picasso, Henri Matisse, Alberto Giacometti, et certains des écrivains majeurs de l'époque : Jean Genet, Henri Michaux.

Il est également l'auteur de photographies de mode, entre autres une série commandée par Carmel Snow, du couturier Christian Dior[7]. Une de ses photographies de la série des Graffiti sera utilisée en couverture du recueil de Jacques Prévert, Paroles, en 1946.

En 1956, son film Tant qu'il y aura des bêtes gagne un prix à Cannes. En 1960, il publie Grafitti, fruit de trente ans de recherches, régulièrement réédité, qui propose le graffiti comme une forme d'art brut, primitif, éphémère. Picasso y participe. C'est sans doute la première fois que l'on évoque le graffiti comme un art. En plus de ses œuvres photographiques, Brassaï écrivit dix-sept livres et de nombreux articles, dont Histoire de Marie, publié avec une introduction d'Henry Miller.

En 1974, il est nommé chevalier des Arts et des Lettres, avant de recevoir, en 1976, les insignes de chevalier de la Légion d'honneur. Il gagne le premier Grand Prix national de la photographie, deux ans plus tard, à Paris.

Il demeurait au no 16, rue du Saint-Gothard[8]. Brassaï est enterré à Paris au cimetière du Montparnasse. Il existe une fondation et un jardin Brassaï.

Distinctions

Expositions

Expositions personnelles

  • Brassaï est exposé aux Rencontres d'Arles, (France), lors des soirées de projection au Théâtre Antique, en 1970 pour Brassaï, de Jean-Marie Drot
  • En 1972, projection de Brassaï si, Vominino, de René Burri.
  • Avec Ansel Adams, il est invité d'honneur des Rencontres en 1974. Une exposition et une soirée d'hommage lui sont consacrées.
  • En 2000, une grande rétrospective de 450 de ses œuvres est présentée au Centre Georges-Pompidou, grâce au concours de sa veuve, Gilberte.
  • Une seconde rétrospective s'est tenue au Centre Georges-Pompidou, sur Graffiti, entre le 9 Novembre 2016 et le 30 Janvier 2017.
  • En février-mars mars 2014, l’hôtel de ville de Paris lui consacre une grande exposition Brassaï, pour l’amour de Paris[9].

Expositions collectives

Œuvres dans les collections publiques

Au Canada
En France
En Hongrie

Publications

Ouvrages de lui

  • Paris de nuit (1932).
  • Marcel Proust sous l'emprise de la photographie.
  • Henry Miller grandeur nature.
  • Henry Miller rocher heureux.
  • Conversations avec Picasso.
  • Histoire de Marie.
  • Paroles en l'Air.
  • Séville en fête, avec Dominique Aubier, préface Henry de Montherlant, Robert Delpire, Paris, 1954.
  • Graffiti, 1960.
  • Le Paris secret des années 1930.
  • Voyage aux États-Unis.
  • Transmutations (1967), comprenant 12 gravures sur émulsion de bromure d'argent (17,8 × 23,8 cm), 100 exemplaires.
  • Paris Tendresse (1990), album de photographies prises à Paris dans les années 1930-1940, avec un texte de Patrick Modiano.

Ouvrages contenant des photographies de Brassaï

Notes et références

  1. En hongrois Brassó, ville alors austro-hongroise, et rattachée depuis à la Roumanie.
  2. « In memoriam René Brassaï », Le club français de la médaille, no 85, deuxième semestre 1984, p. 101
  3. Agence photographique de la RMN.
  4. Paris dans les années 1930, sur hexagonegay.com.
  5. Paris dans les années 1920, sur hexagonegay.com.
  6. L'encyclopédie du Tango - Magic City, sur bibletango.com.
  7. Musée Christian-Dior Granville, Florence Müller et al., Dior, le bal des artistes : [exposition], Granville, Villa Les Rhumbs, Musée Christian Dior, [14 mai-25 septembre 2011], Versailles, ArtLys, , 111 p. (ISBN 978-2-85495-441-8), p. 89, « Brassaï […] Carmel Snow lui commanda des portraits du couturier photographié dans son appartement du 10, rue Royale. »
  8. Collectif, Étrangers célèbres et anonymes du 14e arrondissement, mairie du 14e arrondissement, octobre 2011, p. 8.
  9. « Brassaï, un artiste complet avec un amour violent pour Paris », RFI, 28 novembre 2013.
  10. « Brassaï », sur Collections | MNBAQ (consulté le )
  11. « Brassaï », sur fracbretagne.fr.

Annexes

Bibliographie

  • Brassaï. Sculptures, tapisseries, dessins, catalogue de l'exposition galerie Verrière, Paris [22 mars-24 avril 1972], Lyon [mars 1973].
  • Brassaï. Notes et propos sur la photographie, exposition du musée national d'art moderne-Centre de création industrielle, présentée au Centre Pompidou (Paris), 19 avril au 26 juin 2000 (ISBN 2-84426-044-6).
  • Annick Lionel-Marie, Alain Sayag, Brassaï, catalogue d'exposition, Editions du Centre Pompidou, Seuil, Paris 2000
  • Jean-Claude Gautrand, Brassaï, Edition Tashen, 2004
  • Agnès de Gouvion Saint-Cyr, Brassaï en Amérique, Flammarion, coll. « Photographies », 2011, 168 p. (ISBN 978-2081254329).
  • Serge Sanchez, Brassaï. Le promeneur de nuit, Éditions Grasset, coll. « Littérature Française », 2010, 416 p. (ISBN 978-2246728412) ; Éditions France-Loisirs, 2012.
  • Sylvie Aubenas, Quentin Bajac, Brassaï. Le flâneur nocturne, Gallimard, Paris 2012
  • Karolina Ziebinska-Lewandowska, Brassaï - Graffiti. Le langage du mur, Editions du Centre Pompidou/Editions Xavier Barral, Paris 2016.

Documents sonores

  • Entretien radiophonique avec Brassaï par Roger Grenier (1964), 2 CD (entretiens 1 et 2, et entretiens 3 et 4) ; édité par l'INA, collection « À voix nue », 1986.

Liens externes

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