106e régiment d'infanterie
Le 106e régiment d'infanterie (106e RI), dénommé Régiment de Fer, est un régiment d'infanterie de l'Armée de terre française créé sous la Révolution à partir du régiment du Cap, un régiment français d'Ancien Régime créé pour servir dans les colonies françaises.
106e régiment d’infanterie | |
Insigne régimentaire du 106e régiment d’infanterie | |
Création | 1766 |
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Dissolution | ? |
Pays | France |
Branche | Armée de terre |
Type | Régiment d’infanterie |
Rôle | Infanterie |
Devise | "Toujours debout" |
Inscriptions sur l’emblème |
Biberach 1796 Gênes 1800 Wagram 1809 Malojaroslawetz 1812 Les Éparges 1915 L'Aisne 1917 Montddidier 1918 Mont D'Origny 1918 |
Anniversaire | Saint-Maurice |
Guerres | Première Guerre mondiale |
Batailles | 1917 - Chemin des Dames |
Fourragères | Aux couleurs du ruban de la Médaille militaire |
Décorations | Croix de guerre 1914-1918 4 palmes 1 étoile d'argent |
Création et différentes dénominations
Le régiment du Cap est formé d'une partie de la légion de Saint-Domingue, créée en 1766 pour la défense de cette colonie, aujourd'hui Haïti. Il est formé le 17 août 1772. Sa première garnison est au Cap-Français, aujourd'hui Cap-Haïtien, capitale de la colonie[1].
Anciens régiments coloniaux
Il fait partie des nombreux régiments de la Monarchie qui servaient sur les bateaux et dans les colonies. Tous ces régiments sont dotés en 1791 d'un numéro dans l'ordre de bataille de l'infanterie de ligne alors qu'ils peuvent historiquement être considérés comme les « ancêtres » des régiments d'infanterie de marine.
Ce sont[2] :
- « La Marine », issu des « Compagnies ordinaires de la mer » créées en 1622, devient le 11e régiment d’infanterie.
- « Royal-Vaisseaux » créé en 1638, devient le 43e régiment d’infanterie.
- « La Couronne » créé en 1643, devient le 45e régiment d’infanterie.
- « Royal-Marine » mis sur pied en 1669, devient le 60e régiment d’infanterie.
- « Amirauté » créé en 1669.
- « Cap » créé en 1772, devient le 106e régiment d’infanterie.
- « Pondichéry » créé en 1772, devient le 107e régiment d’infanterie.
- « Martinique et Guadeloupe » créé en 1772, devient le 109e régiment d’infanterie.
- « Port-au-Prince » créé en 1773, devient le 110e régiment d’infanterie.
Dénominations successives
- 1766 : création de la légion de Saint-Domingue
- : création du régiment du Cap
- 1792 : devient le 106e régiment d'infanterie de ligne ci-devant du Cap le ()
- 1796 : formation de la 106e demi-brigade de deuxième formation (arrêté du 18 nivôse an IV)[1] à partir des unités suivantes :
- 35e demi-brigade de première formation (1er bataillon du 18e régiment d'infanterie (ci-devant Royal-Auvergne), 3e bataillon de volontaires de la Meurthe et 5e bataillon de volontaires de la Meurthe)
- 201e demi-brigade de première formation (1er bataillon de volontaires des Ardennes, 1er bataillon de volontaires de Paris, 5e bataillon de volontaires de la Drôme dit bataillon de volontaires du district de l'Ouvèze et 12e bataillon de volontaires de la Gironde)
- 1803 : Prend le nom de 106e régiment d'infanterie de ligne
- 1814 : le 106e régiment d'infanterie de ligne prend le no 87, le no 106 devient vacant.
- 1815 : Napoléon Ier annule la réorganisation précédente, le no 87 redevient le 106e régiment d'infanterie de ligne.
- Mars 1815 : le régiment est licencié comme l'ensemble des régiments d'infanterie de ligne et légère et n'est pas recréé.
- 6e régiment provisoire[Quand ?][Quoi ?]
- Réformé puis recréé en 1854 à partir du 30e régiment d’infanterie légère
- 1872 : 106e régiment d'infanterie de ligne
- 1882 : 106e régiment d'infanterie
- 1914 : à la mobilisation, il met sur pied son régiment de réserve, le 306e régiment d’infanterie
- 1939 : 106e régiment d’infanterie motorisée
Chefs de corps
- 1791 : colonel Joseph-Paul-Augustin Cambefort
- 1793 : lieutenant-colonel Edme Étienne Borne Desfourneaux
- 1799 : chef de brigade Jean Charles Roussel (*) ;
- ...
- 1809 : colonel Benoît Meunier (**)
- 1809 : colonel Louis Aimable Jean Baptiste Bertran
- 1812 : colonel Dominique Pierre Cambriels (*)
- ...
- 1883 - 1887 : colonel Raoul Le Mouton de Boisdeffre[4]**
- 1909 - : colonel Maistre**
- 1914 : colonel Collignon, blessé et fait prisonnier le , remplacé provisoirement par le chef de bataillon Payard
- - : Colonel Dillemann, blessé le , remplacé provisoirement par le chef de bataillon Paul Cabotte**
- - : lieutenant-colonel Charles Barjonet[note 2]
- - : lieutenant-colonel Pénet (**)
- 1917 - 1918 : lieutenant-colonel Lestien[7] (**)
- 1921 : colonel Salles
- 1922 : colonel Thibault
- 1931 : colonel Paul René Malivoire-Filhol de Camas
- 1939 : colonel Louis Félicien Marcel Tardu*
(*) Officier qui devint par la suite général de brigade. (**) Officier qui devint par la suite général de division.
Historique des garnisons, combats et batailles
Garnisons
- En 1870 à Charenton-le-Pont
- En 1872 à Longwy et Bar-le-Duc
- En 1880 à Châlons-sur-Marne, caserne Chanzy
- En 1930 à Reims, caserne Jeanne-d'Arc
- En 1970 à Mailly-le-Camp
Guerres coloniales et guerres de la Révolution et de l'Empire
- 1778 - 1783 : guerre d'indépendance des États-Unis
- 1779 : siège de Savannah[1]
- 1782 : un détachement combat sur mer à bord de l'Amazone[1]
- 1790 - 1793 : révolution haïtienne et guerre contre l'Espagne
- 1790 - 1791 : contre-insurrection face aux mulâtres et esclaves révoltés commandés par Vincent Ogé[1]
- 1792 : tensions entre le régiment du Cap et les bataillons du régiment de Normandie et du régiment d'Artois fraîchement débarqués de métropole ; le 19 octobre 1792, le régiment du Cap se mutine et chasse son colonel Cambefort (1751-1803)[8],[1]
- 1793 : guerre contre l'Espagne qui tient la moitié orientale de l'île ; 300 hommes du régiment, commandés par Desfourneaux, s'emparent du fort de la Crête Sale et capturent 700 Espagnols[1]
- 1794 : transfert en métropole, lutte contre la chouannerie[1]
- 1796 : Armée de Rhin-et-Moselle
- 1800 : siège de Gênes
- 1805 : bataille de Caldiero
- 1808 : Armée de Portugal - guerre d'indépendance espagnole
- 1809 : bataille de Wagram[9]
- 1812 : bataille de Maloïaroslavets
Drapeau modèle de 1812 (avers) Drapeau modèle de 1812 (revers)
De 1871 à 1914
- 1872 : En garnison à Longwy, puis à Bar-le-Duc
- 1880 : Garnison à Châlons-sur-Marne
L’armée a une double mission : veiller sur la défense des frontières, la défense extérieure et maintenir l’ordre à l’intérieur.
- Le , le vignoble de la vallée de la Marne est en état de siège, lors de la lutte des « cossiers » (vignerons en patois champenois) contre les négociants et les importations de vins en fraude. Le 31e régiment de dragons, en garnison à Épernay et des éléments de renfort de quatre autres régiments dont un bataillon du 106e et un bataillon du 132e, interdisent les accès d'Épernay. Ils montent la garde à la gare et chez des négociants, se répartissent entre Damery, Venteuil, Cumières, Ay et Hautvillers[10].
1914
En garnison à Châlons-sur-Marne, le régime embarque, le , pour Saint-Mihiel, avec 53 officiers, 159 sous-officiers, 3148 caporaux et soldats, et 181 chevaux[11].
- À la déclaration de guerre, le 106e forme, avec le 132e régiment d’infanterie, la 24e brigade d'infanterie du colonel Gramat, au sein de la 12e division d’infanterie du général Souchier, du 6e corps d’armée du général général Verraux (3e armée du général Sarrail).
- À la 12e DI d' à janvier 1917 puis à la 56e division d’infanterie jusqu'en 1918.
- Dès fin , les opérations de la mobilisation s'exécutent à la caserne Chanzy de Châlons. Les réservistes arrivent en masse, principalement du territoire de la 6e Région militaire, laquelle comprenait les départements de l'Aisne, de l'Oise, de la Marne, des Ardennes, de la Meuse. Des Bretons et des Parisiens complètent l'effectif. Le premier échelon du 106e RI est embarqué à la gare de Châlons dès le en direction de la région de Saint-Mihiel (Meuse). Le deuxième échelon rejoindra le .
- Le , vers Verdun, à Thierville puis Louvemont.
- Au cours de l'automne 1914, les régiments du 6e corps d’armée se rapprochent de la crête des Eparges, prennent un tour de 3 fois 3 jours : repos à l’arrière, seconde ligne puis première ligne. Au repos dans les villages de Belrupt, Sommedieue, Mont-sous-les-Côtes…, en seconde ligne généralement sur la Tranchée de Calonne, ils tiennent les premières lignes dans les ruines des villages de Trésauvaux et des Eparges, dans les bois sur le versant nord-est de la crête des Eparges (ravin de la Fragaoule, dit « ravin de la Mort ») ou dans les prés et vergers sur le flanc nord-Ouest de la crête.
Le : 'Les obus arrivent, par couple, certains ont une explosion prolongée, amplifiée de résonance superposées, qui se gonflent comme une vague de flux, d'autres qui frappent les routes, se brisent avec un ton vibrant et grave, d'autres s'enfoncent dans le fumier comme une cartouche mouillée qui fait long feu.'[12]
1915
Ces positions sont le théâtre d’une des luttes les plus meurtrières et les plus pénibles de toute la guerre. L’ennemi s’acharne pour la possession de la crête. Les attaques et les contre-attaques, les combats au corps à corps et à la grenade, sous un bombardement d’obus de tous calibres et sous l’écrasement des torpilles se renouvellent opiniâtres, sans arrêt, pendant une période de 5 mois dans les conditions les plus pénibles.
La 33e division de réserve allemande avait organisé une grande redoute bastionnée et entourée de deux lignes de tranchées. Pendant l’hiver, les régiments du 6e corps d'armée lancent des attaques ponctuelles contre les positions allemandes. Le génie intervient pour creuser une bonne douzaine de sapes sur tout le flanc nord de la crête des Éparges, pour permettre d'approcher la tranchée allemande qui parcourt toute la crête d’Est en Ouest et d'installer des fourneaux de mine. Le 6e corps du général Herr tenait, dans la vallée, le village des Éparges et, depuis le , le village de Saint-Remy. S'il s'emparait de la colline, il menacerait les positions de von Strantz dans la forêt de la Montagne et, par suite, dans l'angle de Saint-Mihiel.
Du 17 au , violents combats aux Éparges. Sur ordre du Général Dubail, l'attaque commence le . Quatre mines de 1500 kilos sautent; l'attaque française est lancée par les sapes de l’Ouest que l'on a fait exploser. Après une importante préparation d'artillerie, les éléments de la 12e division d’infanterie s’engagent. Le 106e régiment d’infanterie part à l’assaut du bastion Ouest de la crête (point A) et conquiert facilement les tranchées allemandes inoccupées. Deux bataillons du 132e RI marchent en échelon à gauche du 106e. Le 106e monte l'arme à la bretelle et enlève la crête ; l'ennemi contre-attaque à la grenade.
En riposte, l'état-major allemand décide de reprendre les positions concédées. Entre le 18 et le , attaques et contre-attaques se succèdent sous un bombardement permanent et d'une violence inouïe.
Le 18, dès le matin, nos unités avancées sont prises sous une pluie d'obus de gros calibre qui les harcèle pendant plus de 3 heures. Fortement éprouvées, ayant perdu presque tous leurs officiers et plus du tiers de leurs effectifs, elles ne peuvent supporter le choc de la contre-attaque allemande qui se déclenche à 8 heures et doivent se replier sur nos positions de départ. Le jour même, à 15 heures, l'attaque est renouvelée par les 2 compagnies les moins éprouvées du 2e bataillon soutenues par le 3e bataillon et une compagnie du 132e. Les tranchées allemandes sont reprises et, cette fois, nous devions les garder définitivement. En vain, les obus criblent le terrain jour et nuit, en vain, l'ennemi lance de furieux assauts, quatre dans la journée du 19, un cinquième le 20[13].
Le au matin, un bataillon du 106e (à droite), un bataillon du 67e (au centre), et un bataillon du 132e (à gauche), après une très rapide préparation d'artillerie, s'élançaient sur les tranchées allemandes et s'en emparaient. Au centre, le 67e dépassait même la fameuse crête et dévalait sur les pentes qui descendent vers Combres. Les Allemands qui, pendant la nuit, avaient massé, dans cette région des forces importantes, se lancèrent aussitôt à la contre-attaque et rejetèrent nos troupes sur leurs positions de départ. Le 67e, descendant vers Combres, est pris entre des barrages et, décimé, se replie. Seul le bataillon du 132e put se maintenir, pendant quelques heures, dans un petit bois qu'il avait réussi à conquérir. Des deux côtés l'artillerie entra alors en action et, jusqu'à la tombée de la nuit, arrosa copieusement les fantassins, qui organisaient les positions qu'ils occupaient.
…un sixième enfin le 21. Mais nos soldats se maintiennent stoïquement sur la position. Le 22, les 2e et 3e Bataillons, qui ont beaucoup souffert, vont prendre à Belrupt un repos bien gagné. Ce succès a été chèrement acheté : 300 tués, dont 8 officiers. 300 disparus et plus de 1 000 blessés[13].
Durant cette bataille, la 7e compagnie perd 120 hommes sur 200 hommes au début de l'année[14].
Au cours de ces rudes journées du 17 au , nos troupes n'avaient pu s'emparer de leur objectifs. Les Bavarois ont perdu 2 000 hommes tués, blessés ou prisonniers, mais Hermann von Strantz a décidé de tenir coûte que coûte ; il fait creuser des abris-cavernes ainsi que des galeries boisées, à 8 mètres sous terre.
ORDRE DU CORPS D'ARMÉE no 60
« Le , dans une opération brillante, la 24e Brigade a enlevé de haute lutte une partie importante de la position des Éparges. L'ennemi avait accumulé sur cette hauteur escarpée, des travaux considérables. Depuis 4 mois, avec une science avisée, le Capitaine du Génie Gunther dirigeait par la sape et par la mine les travaux de siège régulier qui devaient ouvrir la voie à notre infanterie. Le jour de l'attaque, après une quadruple explosion de nos fourneaux de mines et une remarquable préparation par l'artillerie, le brave 106e Régiment d'infanterie, dans un élan magnifique, escalada les pentes abruptes et couronna toute la partie ouest de la position. Au même moment, le 132e RI aborda crânement la partie ouest des Éparges et s'y installa. Le , l'attaque fut poursuivie sur tout le front. Au cours de cette bataille de 4 jours, pendant lesquels l'ennemi nous disputa le terrain avec la dernière âpreté, nos troupes furent soumises à un bombardement formidable. Elles conservèrent néanmoins les positions conquises. Elles repoussèrent deux contre-attaques furieuses, firent éprouver des pertes sévères à l'ennemi, lui enlevèrent 700 mètres de tranchées, lui prirent 2 mitrailleuses, 2 minenwerfer et firent 175 prisonniers. Le 106e, le 132e, le 67e Bataillon Haguenin, la compagnie du Génie qui prirent la tête dans la colonne d'assaut ont noblement soutenu le renom de la vaillance du 6e Corps d'Armée et montré une fois de plus quel succès naît de la fraternité des armes et de l'union des cœurs. Le Général, commandant le 6e Corps d'Armée, adresse ses félicitations à ces braves troupes. Il salue pieusement la glorieuse mémoire de ceux qui sont morts pour le pays. Il félicite les Colonels Barjonet, commandant le 106e RI et Bacquet, commandant le 132e RI qui ont magnifiquement conduit leurs régiments au feu . »'' Signé : Général Herr.
ORDRE no 137 DE LA Ire ARMÉE DU
« Est cité à la 1re armée, le 106e régiment d’infanterie. A enlevé brillamment la pointe ouest d'une crête transformée par l'ennemi en véritable forteresse. Ayant dû l'évacuer à la suite d'un bombardement d'artillerie lourde des plus violents et ininterrompu pendant douze heures, s'en est emparé de nouveau par une vigoureuse contre-attaque à la baïonnette, résistant ensuite victorieusement à une série de contre-attaques ennemies » Signé : Général Roques[13].
À partir du , la bataille s'apaise. Les Français aménagent leurs positions, reconstruisent les tranchées que les bombardements ont bouleversées dans l'optique des futures offensives : l'objectif étant la prise du plateau dans sa totalité.
Les attaques françaises sont relancées en , sous le commandement du général Herr qui obtient de Joffre des renforts en hommes et en matériels. Au mois de mars sur les parties Centre et Est de la crête, attaque par les sapes sur le point D et plus à l’est sur le point X. La 12e division se heurte, du 18 au , à des défenses formidables que l'ennemi ne lâche qu'en partie et après une âpre résistance[15].
Le 19, après avoir brisé deux contre-attaques ennemies, nous reprenons à 16 heures l'assaut de la deuxième ligne. Un violent barrage d'artillerie lourde nous arrête et nous inflige des pertes sérieuses. Le jour suivant, nous faisons quelques légers progrès et nous maîtrisons toutes les réactions allemandes. Alors, la situation reste stationnaire aux Éparges jusqu'au . Le 6e corps avait perdu, dans ces cinq jours de combats, 7 officiers et 630 hommes[16]
Le , par un temps exécrable, la 12e DI du Général Paulinier, sans relève envisagée, poursuit la mission de reprise des Éparges, entamée depuis le . La 24e brigade du Colonel Gramat, encadrée, doit attaquer la hauteur des Éparges par régiments accolés. Le 106e à droite se lance à l’assaut de la crête. Le 106e RI doit s’emparer du mamelon C à droite, et le 132e RI du point X à gauche. Trois bataillons ont été placés en réserve sur Rupt-en-Woëvre et la Tranchée de Calonne. Malgré la boue, les Français s’emparent du point C mais n’empêchent pas les renforts ennemis d’arriver au point X. En soirée, les Français tiennent la crête, mais le au matin, les Allemands les submergent et reprennent le point C. Avec l’aide de l’artillerie, les Français sont de retour sur le point C en fin de journée avec d’importantes pertes de part et d’autre. Le mauvais temps ayant empêché les réglages d’artillerie, la plaine de la Woëvre transformée en marécage, force est de constater qu’au soir du , « la manœuvre en tenaille » a échoué. Les Éparges restent donc le seul point d’ancrage de l’effort destiné à briser le front ennemi[17]
Au 106, c'est le 1er bataillon, sous les ordres du commandant Bestagne, qui a l'honneur de mener l'attaque. Les mouvements de mise en place s'exécutent péniblement car, depuis le matin, une pluie continue a détrempé le sol et les boyaux et tranchées ne sont plus que ruisseaux de boue liquide dans laquelle on s'enfonce jusqu'aux genoux.
À 16 heures, fin de la préparation d'artillerie, toute la ligne d'attaque débouche avec le plus bel élan. Nos 2 compagnies de tête atteignent leurs objectifs, mais sont arrêtées par un barrage intense d'artillerie de gros calibre. Le 6 au matin, les Allemands lancent une violente contre-attaque. Surpris par la violence du choc, submergés par le nombre et paralysés dans leur défense, car les fusils et mitrailleuses encrassés par la boue ne fonctionnent plus, les hommes du 1er bataillon doivent lâcher le terrain conquis.
Une nouvelle attaque lancée vers 16 heures après une préparation d'artillerie nous le rend bientôt avec une quinzaine de prisonniers (le lieutenant-colonel Barjonet qui commande le régiment a été blessé à la jambe mais refuse de se laisser évacuer et conserve son commandement).
L'ennemi n'encaissa pas ce nouvel échec sans protester par des violents bombardements et des attaques rageuses pour nous arracher notre gain. Celles-ci, lancées dans la journée du 7 et dans la nuit du 10, furent repoussées et après quelques fluctuations amenées par un repli momentané de quelques éléments, toutes les positions conquises furent maintenues[13].
Ensuite stabilisation du front et occupation d'un secteur vers le bois Loclont et Trésauvaux. À cette longue et terrible période de combat succède une occupation d’un secteur calme (Bois Loclont – Bois du Bouchot) en alternance avec le 132e.
1917
1918
Lors de la bataille de Montdidier (), le 2e bataillon sera cité à l'ordre de la 1re armée :
ORDRE DE LA 1° ARMEE no 8 DU
« Au cours des six jours de durs combats, a sous le commandement du Capitaine Bouffet, affirmé de nouveau ses brillantes qualités d'endurance et de ténacité, jeté dans la bataille, après des étapes longues et pénibles et chargé de tenir une position, a résisté jusqu’à la dernière limite aux efforts violents et répétés de l'ennemi, infligeant à celui -ci des pertes cruelles, ne s'est retiré en manœuvrant qu'au moment où il allait être débordé par des masses toujours plus nombreuses de l'adversaire et après avoir épuisé toutes ses munitions, deux de ses sections de mitrailleuses se sacrifiant pour assurer le repli des autres éléments. »
Signé Général Marie-Eugène Debeney
Entre-deux-guerres
- 1919 : Occupation des pays Rhénans
- 1920 : Retour à Châlons-sur-Marne, le 3e bataillon en garnison à Reims
- 1923 : Occupation du bassin de la Ruhr
- 1930 : Après la dissolution du 132e régiment d’infanterie en , le 106e régiment d’infanterie rejoint la garnison de Reims en et prend ses quartiers en , à la caserne Neufchatel rebaptisée Maistre.
Seconde Guerre mondiale
En 1939 le 106e RIM (106e régiment d'infanterie motorisée) de Châlons-sur-Marne et Reims sous les ordres du colonel Tardu, est intégré à la 12e division d’infanterie motorisée[18]
Batailles et combats
Faits d'armes faisant particulièrement honneur au régiment
- 1914 : Bataille des Frontières (Arrancy, Cons-la-Grandville), Bataille de la Marne (Rembercourt, la Vaux-Marie), Woevre (Mouilly, St-Remy)
- 1915 : Hauts de Meuse (Les Eparges, Tranchée de Calonne), Champagne (Souain, Ferme des Wacques)
- 1916 : Champagne (Aubérive), Verdun (Damloup, Tavannes), la Somme (Bois Madame, Bouchavesnes)
- 1917 : Chemin des Dames (Soupir, Bois des Bovettes, Ostel, Ferme Froidmont), Alsace.
- 1918 : Montdidier, Mesnil-St-Georges, Lorraine, Santerre, Mont d’Origny.
Décorations
Sa cravate est décorée : De la Croix de guerre 1914-1918 avec 4 citations à l'ordre de l'Armée et une à l'ordre de la division.
Le port de la fourragère aux couleurs du ruban de la Médaille militaire.
Insigne
Régiment d’infanterie, écu épée traversant bouclier blanc croix bleue trèfle vert fond noir 2 barres roses.
Devise
"Toujours debout "
Personnages célèbres ayant servi au régiment du Cap et au 106e régiment d’infanterie
- Julien Alexandre Achard de Bonvouloir, agent français auprès des insurgés américains en 1775-1778.
- Étienne François Rocbert de Lamorendière-Ducoudray alors capitaine.
- Raymond Pierre Penne.
- Charles Michon, capitaine, grièvement blessé en , dans la tranchée de Calonne. Promu au grade de colonel en 1939, il commande l'École de cavalerie de Saumur en 1940. Il est connu pour avoir dirigé l'héroïque Résistance des Cadets de Saumur sur la Loire en , face à l'invasion des troupes allemandes.
- Marcel Éric Audemard d'Alançon, lieutenant-colonel.
- Géneral Raoul Le Mouton de Boisdeffre.
- Général Jean Bouffet (capitaine en 1918 au 106e RI) puis son fils le général Roger Bouffet (sous-lieutenant en 1939 au 106e RI).
- Paul Cabotte, général.
- Maurice Genevoix : né en 1890, Maurice Genevoix est un brillant étudiant qui intègre l’École normale supérieure de la rue d’Ulm à Paris en 1911. À peine diplômé, la guerre éclate. Il rejoint le 106e régiment d’infanterie de Chalons-sur-Marne, en tant que sous-lieutenant au 2e bataillon. Entre et , son régiment participe aux attaques de la tranchée de « Calonne » et de la butte des « Éparges ». Le , il est atteint de trois balles, deux au bras et une à la poitrine. Après un long séjour en hôpital, il est réformé car invalide. Il vivra jusqu’en 1980, après avoir connu une brillante carrière d’écrivain qui l’a notamment amené à rejoindre les bancs de l’Académie française. De son expérience, Maurice Genevoix a publié 5 ouvrages qui reprennent dans un ordre chronologique la vie qu’il a menée avec les soldats dont il avait le commandement : Sous Verdun, en , Nuits de guerre, en , Au seuil des guitounes, en , La Boue, en , et Les Eparges, en . Tous ces écrits ont été réunis et légèrement remaniés sous le titre général « Ceux de 14 » en 1949.
- Pierre Gillet (abbé), résistant qui choisit de rejoindre ses camarades de Châlons.
- Jean de Laborde-Noguez, compagnon de la Libération, engagé volontaire pour cinq ans en au 106e RI, il est promu sergent en [20].
- Marcel Loiseau, soldat fusillé pour l'exemple le à Mouilly et réhabilité en 1922.
- François Marie Sébastien Pageot, général.
- Robert Porchon.
- Edmond Clément, artiste lyrique, classe 1887[21].
- Louis Renault, classe 1897 [22].
- Maxime Real del Sarte, lieutenant, blessé aux Éparges en 1916.
- Georges Lestien, alors lieutenant, futur général
Note
- Directeur de l'école de tir de Châlons, en 1900, il s'oppose au chef de bataillon Philippe Pétain, alors instructeur à l'école
- Blessé légèrement aux Éparges le 6 avril 1915 mais garda son commandement jusqu'au 26 avril 1915 où il reçut une deuxième blessure qui cette fois l'éloigna définitivement du régiment. oncle d’André Barjonet
Références
- Susane 1851, p. 402-404.
- Susane 1851, p. 390-400.
- Annuaire de l'Armée française 1876, 1878, 1879
- Annuaire de l'Armée française 1884
- Annuaire de l'Armée française 1903, 1905
- Annuaire de l'Armée française
- Pierre Renouvin, « Nécrologie : Georges Lestien », Revue Historique, vol. 225, no 1, , p. 249–250 (ISSN 0035-3264, lire en ligne, consulté le )
- Mémoire justificatif de Joseph-Paul-Augustin Cambefort, colonel du régiment du Cap, 1793.
- Diégo Mané, Wagram, 6 Juillet 1809, la colonne Macdonald, mythes et réalités, Planète Napoléon, 2008
- Champagne, un siècle d'histoire sociale, CGT Caves Vignes, Liszek Slava, Monteuil, VO Éditions, 1995, 221 p.
- Florent Deludet, « Organigramme du 106e R.I le 4 Août 1914 », sur blog.com, Ceux du 106e Régiment d'Infanterie de Châlons-sur-Marne dans la Grande Guerre, (consulté le ).
- 'Nuits de guerre' de Maurice Genevoix, p. 246.
- Historique du 106e régiment d'infanterie, Lieutenant Bonnet, sed, sd.
- Les Eparges Maurice Genevoix éditions Flammarion, p. 623
- Histoire illustrée de la guerre 1914, Gabriel Hanotaux de l’Académie Française. Édition française illustrée, Paris, 1922, vol. 13, p. 212-213.
- La grande guerre vécue - racontée - illustrée par les combattants. Librairie Aristide Quillet 1922, vol. 1, p. 183.
- Les grandes heures de 1915 – la guerre des tranchées, Général Mordacq, Plon, 1939.
- À partir du Recueil d'Historiques de l'Infanterie Française (Général Andolenko - Eurimprim 1969).
- Décision no 12350/SGA/DPMA/SHD/DAT du 14 septembre 2007 relative aux inscriptions de noms de batailles sur les drapeaux et étendards des corps de troupe de l'armée de terre, du service de santé des armées et du service des essences des armées, Bulletin officiel des armées, no 27, 9 novembre 2007
- Chancellerie de l'Ordre de la Libération
- « Cote LH/549/5 », base Léonore, ministère français de la Culture
- Classe de 1897 - registre des matricules militaires de Paris.
Sources et bibliographie
- Louis Susane, Histoire de l'ancienne infanterie française, vol. 7, Paris, (lire en ligne).
- Maurice Genevoix, Ceux de 14 (Sous Verdun, Nuits de Guerre, La Boue, Les Eparges), Paris, Éditions Flammarion,
- Robert Porchon, Carnet de route, Paris, Editions de La Table Ronde, , 206 p. (ISBN 978-2-7103-3083-7)Suivi de lettres de Maurice Genevoix et autres documents, édition établi et annoté par Thierry Joie
- Lettres d'un soldat, Eugène-Emmanuel LEMERCIER, Bernard Giovanangeli Éditeur. L'auteur, sergent au 106e RI sera porté disparu le aux Eparges.
- ANNEE 2000
- le siège de l'association du 106e RI se trouve a chalons en champagne (Marne)
- 2018 BRUNO LAGRUE et élu nouveau président national de l'association ,création du journal "le poilu du 106" deux étendard sont présent sur le département , le porte drapeau de chalons MARC GUIGNARD ,le porte drapeau de Reims JEAN EDMONT GARCIA .
- Pierre Mauget, Le 106e Régiment d'Infanterie : " Toujours debout ! ", Reims, Amicale des Revenants et Anciens du 106e RI, Près de la moitié de cet ouvrage concerne la 2e guerre mondiale.
- De mars à Eros, Poèmes de Guerre 1914-1918, Roger RIOU, édité en 1964.
La préface est de Maurice Genevoix et dans sa dédicace l'auteur dédie ses lignes à ses camarades du 106. Les périodes décrites vont de 1915 à 1918.
- Orages d'acier, Ernst Jünger
- Historique du 106e régiment d'infanterie de ligne par le lieutenant Valet
- Le 106e régiment d'infanterie pendant la guerre : 1914-1919, Châlons-sur-Marne, Imprimerie typographique A. Robat, , 101 p., lire en ligne sur Gallica.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Ceux du 106e RI dans la Grande Guerre
- Les Eparges février – avril 1915 récit du Général Mordacq
- Le 72e RI, avril 1915
- Le 58e RI- Les Vauclusiens dans la guerre, les Eparges le 18/05/15
- Le Chant du 106e de ligne, illustrations, paroles et musique, image d'Épinal , v. 1900
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