(I Can't Get No) Satisfaction

Satisfaction est une chanson des Rolling Stones, enregistrée entre les 10 et . Le single est d'abord sorti aux États-Unis le puis, deux mois et demi après, au Royaume-Uni, les fans l'ayant entendue entretemps sans possibilité d'acheter le disque grâce aux radios pirates. Elle figure dans l'album américain Out of Our Heads sorti en , mais pas sur l'édition anglaise de l'album qui sort en septembre. C'est l'une des chansons les plus connues du groupe, qui la joue systématiquement sur scène, emblématique des années 1960.

Pour les articles homonymes, voir Satisfaction (homonymie).

(I Can't Get No) Satisfaction

Single de The Rolling Stones
extrait de l'album Out of Our Heads (version américaine)
Face A (I Can't Get No) Satisfaction
Face B The Under Assistant West Coast Promotion Man
The Spider and the Fly
Sortie
Enregistré et
Chess Studios à Chicago et RCA Studios à Los Angeles
Durée 3:43
Genre Rock 'n' roll
Auteur-compositeur Jagger,Richards
Producteur Andrew Loog Oldham
Label Decca F12104
Classement 1er

Singles de The Rolling Stones

Pistes de Out of Our Heads (version américaine)

Historique

The Rolling Stones en 1965

Genèse

C’est durant son sommeil que Keith Richards eut l’idée du riff. Se réveillant au cours de la nuit, il alluma un magnétophone pour saisir son inspiration en deux minutes à la guitare sèche, puis se rendormit en laissant la bande magnétique tourner et enregistrer ses longs ronflements[1],[2]. L’endroit où a eu lieu cette histoire ne fait pas l’unanimité. Bien qu’un hôtel de Clearwater en Floride, une maison dans Chelsea et l’hôtel Hilton de Londres soient souvent mentionnés[3], Keith Richards écrit dans son autobiographie Life qu’il se trouvait plutôt dans son appartement de Carlton Hill, à St John’s Wood[4]. Il précise que Mick Jagger a écrit les paroles sur le bord de la piscine de Clearwater, quatre jours avant d’entrer en studio[5].

La chanson sonnait à l'origine comme une chanson folk. Keith Richards ne voulait pas en faire un single[6]. Il trouvait que le riff ressemblait trop à celui de Dancing in the Street de Martha & the Vandellas[6].

Enregistrement

Keith Richards utilise la première pédale d'effet de l'histoire, la fuzz, Maestro Fuzz Tone (ici une version de 1966), sur le riff de guitare de la chanson.

Le morceau est enregistré une première fois le aux Chess Studios à Chicago puis deux jours plus tard aux RCA Studios à Los Angeles. Keith Richards ne voulait pas non plus mettre d'effet de fuzz sur le riff (il aurait préféré une section de cuivres). Keith pensait créer une version ultérieure, le son fuzz de sa guitare devait simplement donner une indication pour une section de cuivres[6]. D'autre part, au lieu du rythme martelé qui caractérise l'enregistrement final, il était en faveur d'un tempo rhythm and blues plus enlevé, à la façon de l'interprétation qu'en donnera peu après Otis Redding[7].

Ce sont finalement le manager des Stones, Andrew Loog Oldham et l'ingénieur du son David Hassinger qui poussent le groupe à sortir cette chanson en single, avec l'effet saturé nommé fuzz pour la guitare de Keith Richards[8]. Ce morceau utilise la première pédale d'effet de l'histoire, la Maestro Fuzz Tone[9], ce qui a contribué à la popularisation de cet effet[10].

Parution et réception


Le , le single est certifié or par la RIAA aux États-Unis pour s'être vendu à au moins 500 000 exemplaires[11].

Jamais Keith n'aurait imaginé que cette chanson qu'il pensait avoir piquée à Martha and the Vandellas[12], deviendrait une des plus connues de l'histoire du rock.

En 2003, la chanson a été classée 2e plus grande chanson de tous les temps par le magazine Rolling Stone[13].

Elle a également été classée 83e meilleure chanson britannique de tous les temps par XFM en 2010[14].

Version stéréo

Comme la plupart des enregistrements des Stones d'avant 1966, Satisfaction a d'abord été pressé en mono uniquement. Au milieu des années 1980, une version remixée en stéréo est apparue sur les éditions allemandes et japonaises des Hot Rocks 1964-1971. La guitare sèche qui était précédemment difficilement audible est clairement à gauche; le piano et le tambourin de Jack Nitzsche sont aussi plus perceptibles. Ce même mixage se retrouve sur quelques promo de radio aux États-Unis, mais jamais une commercialisation mondiale n'a eu lieu. Les versions ultérieures des Hot Rocks ont été rééditées avec la version mono; les versions antérieures sont alors devenues des objets « collectors » recherchés. En 2002, une version mondiale des Hot Rocks présente cette fois une version quasi stéréo avec la guitare, la basse, la batterie et les vocaux au centre tandis que la guitare sèche et le piano ont un effet d'écho à gauche et à droite[15]

Classements

Classements hebdomadaires

Classement (1965) Meilleure
position
Allemagne (Media Control AG)[16] 1
Australie (Kent Music Report)[17] 1
Autriche (Ö3 Austria Top 40)[18] 1
Belgique (Flandre Ultratop 50 Singles)[19] 6
Canada (CHUM)[20] 1
Canada (Play Sheet)[21] 3
États-Unis (Billboard Hot 100)[22] 1
États-Unis (Cash Box)[23] 1
États-Unis (Hot Rhythm & Blues Singles)[22] 19
États-Unis (Record World)[24] 1
Finlande (Suomen virallinen lista)[25] 2
France (SNEP)[26] 1
Irlande (IRMA)[27] 1
Italie (FIMI)[28] 12
Norvège (VG-lista)[29] 1
Pays-Bas (Nederlandse Top 40)[30] 1
Pays-Bas (Single Top 100)[31] 1
Royaume-Uni (UK Singles Chart)[32] 1
Classement (1970) Meilleure
position
Pays-Bas (Nederlandse Top 40)[33] 19
Pays-Bas (Single Top 100)[34] 16
Classement (1976) Meilleure
position
Pays-Bas (Single Top 100)[35] 25
Classement (1990) Meilleure
position
Pays-Bas (Nederlandse Top 40)[36] 18
Pays-Bas (Single Top 100)[37] 13

Classements annuels

Classement (1965) Position
Afrique du Sud (Springbok Radio)[38] 17
Autriche (Ö3 Austria Top 40)[39] 4
Belgique (Flandre Ultratop 50)[40] 31
États-Unis (Billboard Hot 100)[41] 3
États-Unis (Cash Box)[42] 5
Italie (FIMI)[28] 40
Pays-Bas (Nederlandse Top 40)[43] 10

Analyse

Étude des paroles

Excepté le titre I Can't Get No Satisfaction, Mick Jagger a écrit la totalité des paroles qui ont aussi participé à la popularité du morceau : le texte dénonce l'aliénation par la publicité et les frustrations de tous ordres qu'engendre la vie dans une société de consommation.

Certaines paroles ont provoqué l'émoi à l'époque en raison de leur référence au sexe. Dans le dernier couplet, Mick Jagger évoque sa déception lorsqu'il essaye de « se faire une fille », quand celle-ci lui dit de revenir la semaine prochaine parce qu'elle est « dans une mauvaise phase », ce qui peut être compris comme la période des règles. Aussi parce que dès le second couplet il affirme « But he can't be a man 'cause he doesn't smoke / The same cigarettes as me » à propos d'une publicité à la télévision, ce qui n'a pas manqué de laisser croire à certains qu'il faisait allusion à la marijuana (la presse montera en épingle en 1967 les déboires des musiciens à ce sujet, mais The Times comme nombre de personnalités prirent leur défense).

Structure musicale

La chanson est construite autour d'un riff de guitare électrique devenu légendaire, basé sur les notes si, do#, ré, dont la sonorité saturée est donnée par une pédale fuzz ; c'était la première fois qu'un tel son « trafiqué » était mis en avant de façon aussi ostensible dans le rock, (dans le sillage d'un Link Wray pionnier de la distorsion[44]), ce qui participera à l'énorme succès de cette chanson. Un an plus tôt les Kinks avaient fait un pas dans cette direction avec le riff à la sonorité volontairement « sale » de leur chanson You Really Got Me, mais cet effet avait été obtenu de manière plus artisanale, le guitariste Dave Davies ayant lacéré la membrane du haut-parleur de son amplificateur.

Reprises notables

Cette chanson eut un tel retentissement qu'elle a été reprise par un très grand nombre d'artistes[45], parmi lesquels :

On compte aussi notamment une version salsa étonnante par Frankie Ruiz, une reprise par le groupe turc Dolapdere Big Gang, une interprétation live méconnaissable par Björk et PJ Harvey

On retrouve cette chanson dans les films Apocalypse Now et Le Contrat.

On la retrouve également dans l'épisode 8 de la quatrième saison de la série américaine Mad Men.

Fiche de production

The Rolling Stones

Musicien additionnel

Notes et références

  1. (en) Mick St Michael, Keith Richards : In His Own Words, Omnibus Press, , 96 p. (ISBN 0-7119-3634-X), p. 24
  2. Dictionnaire Rolling Stones
  3. (en) Rich Cohen, The Sun & The Moon & The Rolling Stones, Random House Publishing Group, , 400 p. (ISBN 978-0-8041-7924-9, lire en ligne), Page 127
  4. Richards, Keith, 1943-, Life, Little, Brown and Co, , 564 p. (ISBN 978-0-316-03438-8, OCLC 548642133, lire en ligne), Page 207
  5. Richards, Keith, 1943-, Life, Little, Brown and Co, , 564 p. (ISBN 978-0-316-03438-8, OCLC 548642133, lire en ligne), Page 208
  6. http://www.songfacts.com/detail.php?id=449
  7. François Bon, Rolling Stones, une biographie, LGF, , 1112 p. (ISBN 978-2-253-07258-4), p. 519
  8. Wyman, Bill (2002). Rolling With the Stones. DK Publishing. p. 187. (ISBN 0-7894-9998-3).
  9. (en) John Covach, « (I Can't Get No) Satisfaction, 50 years later: the song that almost never was », sur The Conversation (consulté le )
  10. (en-US) Bill Friskics-Warren, « Glenn Snoddy, 96, Accidental Inventor of the Fuzz Tone, Dies », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) « RIAA – Gold & Platinum Searchable Database – Satisfaction », sur RIAA.com (consulté le )
  12. http://www.iorr.org/talk/read.php?1,1016678,1016893
  13. (en) « The 500 Greatest Songs of All Time » (version du 20 août 2006 sur l'Internet Archive), sur Rollingstone.com,
  14. (en) « XFM's Best British Songs of All Time », sur Bestbritishsongs.xfm.co.uk (consulté le )
  15. "The Rolling Stones in Stereo", Lukpac.org, 27 août 2002, consulté le 27 février 2011.
  16. (de) Charts.de – The Rolling Stones - (I Can't Get No) Satisfaction. GfK Entertainment. PhonoNet GmbH. Consulté le 6 septembre 2013.
  17. (en) « Australia n°1 Hits – 60's », sur Worldcharts.co.uk (consulté le )
  18. (de) Austrian-charts.com – The Rolling Stones – (I Can't Get No) Satisfaction. Ö3 Austria Top 40. Hung Medien. Consulté le 6 septembre 2013.
  19. (nl) Ultratop.be – The Rolling Stones – (I Can't Get No) Satisfaction. Ultratop 50. Ultratop et Hung Medien / hitparade.ch. Consulté le 6 septembre 2013.
  20. (en) « CHART NUMBER 435 – Monday, July 12, 1965 » (version du 7 novembre 2006 sur l'Internet Archive), sur 1050chum.com,
  21. (en) « Top Singles – Volume 3, No. 21, July 19 1965 », sur Collectionscanada.gc.ca, Library and Archives Canada (consulté le )
  22. (en) « Out of Our Heads – Awards », sur AllMusic, Rovi Corporation (consulté le )
  23. (en) « CASH BOX Top 100 Singles – Week ending JULY 10, 1965 » (version du 5 octobre 2012 sur l'Internet Archive), sur Cashboxmagazine.com,
  24. (en) « RECORD WORLD 1965 » (version du 9 mai 2006 sur l'Internet Archive), Record World, sur Geocities.com,
  25. (en) kai81, « Forum – General – Finnish singles chart archive », sur Finnishcharts.com, Hung Medien (consulté le )
  26. « Toutes les Chansons N° 1 des Années 60 », sur InfoDisc.fr, Dominic DURAND / InfoDisc, (consulté le )
  27. (en) « The Irish Charts – All there is to know », IRMA (consulté le )
  28. (it) « I singoli più venduti del 1965 », sur HitParadeItalia.it, Creative Commons (consulté le )
    40. (I can't get no) Satisfaction - The Rolling Stones [#12, 1965/66]
  29. (en) Norwegiancharts.com – The Rolling Stones – (I Can't Get No) Satisfaction. VG-lista. Hung Medien. Consulté le 6 septembre 2013.
  30. (nl) Nederlandse Top 40 – The Rolling Stones - (I Can't Get No) Satisfaction search results. Nederlandse Top 40. Stichting Nederlandse Top 40. Consulté le 6 septembre 2013.
  31. (nl) Dutchcharts.nl – The Rolling Stones – (I Can't Get No) Satisfaction. Single Top 100. Hung Medien. Consulté le 6 septembre 2013.
  32. (en) Archive Chart. UK Singles Chart. The Official Charts Company. Consulté le 6 septembre 2013.
  33. (nl) Nederlandse Top 40 – The Rolling Stones - (I Can't Get No) Satisfaction search results. Nederlandse Top 40. Stichting Nederlandse Top 40. Consulté le 6 septembre 2013.
  34. (nl) Dutchcharts.nl – The Rolling Stones – (I Can't Get No) Satisfaction. Single Top 100. Hung Medien. Consulté le 6 septembre 2013.
  35. (nl) Dutchcharts.nl – The Rolling Stones – (I Can't Get No) Satisfaction. Single Top 100. Hung Medien. Consulté le 6 septembre 2013.
  36. (nl) Nederlandse Top 40 – The Rolling Stones - (I Can't Get No) Satisfaction search results. Nederlandse Top 40. Stichting Nederlandse Top 40. Consulté le 6 septembre 2013.
  37. (nl) Dutchcharts.nl – The Rolling Stones – (I Can't Get No) Satisfaction. Single Top 100. Hung Medien. Consulté le 6 septembre 2013.
  38. (en) « Top 20 Hit Singles of 1965 », sur Rock.co.za, John Samson (consulté le )
  39. (de) « Jahreshitparade 1965 », sur Austriancharts.at, Hung Medien (consulté le )
  40. (nl) « Jaaroverzichten 1965 », sur Ultratop.be/nl, ULTRATOP & Hung Medien / hitparade.ch. (consulté le )
  41. (en) « Billboard Top 100 – 1965 », sur Longboredsurfer.com, The Longbored Surfer (consulté le )
  42. (en) « The CASH BOX Year-End Charts: 1965 » (version du 5 octobre 2012 sur l'Internet Archive), sur Cashboxmagazine.com,
  43. (nl) « Veronica's Top 100 van het jaar 1965 » [PDF], sur Top40.nl (consulté le )
  44. (en) « "Satisfaction" at 50: Revisiting the Riff That Rocked the World - LA Weekly », LA Weekly, (lire en ligne, consulté le ).
  45. (en) « Recording: (I Can't Get No) Satisfaction », sur Secondhandsongs.com (consulté le )
  46. « Tritons - I can't get no satisfaction », sur Bide-et-musique.com (consulté le )

Liens externes

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