Îlot Persil
L'îlot Persil (en espagnol : Isla de Perejil, en amazigh: Tura, en arabe: جزيرة تورة) ou îlot Leïla est un territoire situé en Méditerranée, à 200 m de la côte marocaine et à 8 km à l'ouest de l'enclave espagnole de Ceuta. Ce territoire réduit, accidenté, aride et occasionnellement fréquenté par des bergers marocains lors de la marée basse, est surtout connu pour être un territoire contesté. Sa souveraineté demeure en effet disputée par l'Espagne et le Maroc et qui tous deux le revendiquent en s'appuyant sur des données géographiques et historiques. En effet, dès 1415 le territoire est considéré comme appartenant au Portugal, mais en 1688, à la suite de sa sécession (le Portugal faisant alors partie du royaume d'Espagne), le Portugal reconnaît toutefois la souveraineté de ce territoire aux Espagnols au même titre que Ceuta qui ne souhaitait pas revenir dans le giron du Portugal.
Pour les articles homonymes, voir Persil (homonymie).
Îlot Persil Isla de Perejil (es) Tura (ber) | |||
L’îlot Persil vu depuis la côte africaine | |||
Géographie | |||
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Pays | Espagne | ||
Revendication par | Maroc | ||
Localisation | Mer d'Alboran (mer Méditerranée) | ||
Coordonnées | 35° 54′ 50″ N, 5° 25′ 07″ O | ||
Superficie | 0,15 km2 | ||
Point culminant | 74 m | ||
Géologie | Île continentale | ||
Administration | |||
Statut | Territoire revendiqué par l'Espagne et le Maroc. | ||
Espagne | |||
Adm. terr. | Plazas de soberanía | ||
Région | Tanger-Tétouan | ||
Démographie | |||
Population | Aucun habitant | ||
Autres informations | |||
Découverte | Préhistoire | ||
Fuseau horaire | UTC+1 | ||
Géolocalisation sur la carte : Méditerranée
Géolocalisation sur la carte : Espagne
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Île en Espagne | |||
Toponymie
En français, deux noms sont en usage, îlot Persil et Îlot Leïla.
Le premier dérive de l'Espagnol Isla perejil de même sens. Selon Wenceslao Segura Gonzalez[1], ce nom espagnol tiendrait son nom Perejil (Persil) des grandes touffes de persil qui croissaient sur son sol ; cette plante, appelée aussi fenouil de mer, est le Crithmum maritimum des botanistes[2].
Le second nom en usage est Îlot Leïla qui tire son nom de la dénomination arabe جزيرة تورة de même sens.
Géographie
Histoire
Chronologie jusqu'en 1995
- 684 - 1415 : Royaumes andalous musulmans (Idrissides, califat de Cordoue, époque des taïfas (Malaga), Almoravides, Almohades…).
- 1415 : Ceuta est occupée par le royaume du Portugal.
- 1580 : le Portugal et ses colonies sont rattachées à la couronne d'Espagne après le décès du jeune roi Sébastien Ier à la bataille des Trois Rois en 1578, mort sans héritier au trône.
- 1668 : le Portugal reconnaît la souveraineté espagnole sur Ceuta.
- 1808 : l'Empire britannique s'empare de l'île, qui devient une dépendance de Gibraltar. Les Britanniques évacuent l'île en 1813 à la demande du roi d'Espagne Ferdinand VII.
- 1815 : au congrès de Vienne, les Britanniques confirment la souveraineté espagnole sur l'ile, mais ils refusent de rendre le rocher de Gibraltar.
- 1912 : protectorat franco-espagnol sur le Maroc.
- 1956 : l'Espagne lève le protectorat sur le Nord du Maroc, par conséquent le Maroc considère que l'îlot qui se trouve dans ses eaux territoriales est redevenu marocain.
- 1992 : le gouvernement espagnol octroie à Ceuta et Melilla le statut de villes autonomes. L’îlot du Persil n'est pas mentionné dans le nouveau statut. L'Espagne propose, en accord avec le Maroc, de maintenir le statu quo : interdiction de toute présence d’autorité civile ou militaire et absence de tout symbole représentatif d’une appartenance nationale.
- Mars 1995 : le projet d'autonomie de Ceuta est approuvé par les autorités espagnoles sans faire aucune mention à l'îlot Persil.
2002 : crise de l'îlot Persil
Six membres des forces auxiliaires marocaines armés[3] se positionnent sur l'îlot le 10 juillet pour y établir un poste de contrôle dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue et l'immigration clandestine. Le royaume d'Espagne considère cette action comme une invasion d'un territoire espagnol et lance le 17 juillet l'opération militaire « Recuperar Soberanía » (appelé aussi « opération Romeo Sierra ») pour laquelle elle mobilise plusieurs bateaux de guerre (mobilisation aussi faite par le Maroc) et débarque vingt-quatre soldats des Grupos de operaciones especiales dans six hélicoptères sur l'îlot. Cette opération coûta selon certains journaux espagnols environ un million d'euros[4].
D'une façon générale, le Maroc souligne l'absence de fondement juridique et légal solide prouvant l'appartenance de l'îlot à l'Espagne[5]. Face à l'immobilisme de la diplomatie européenne, la ministre espagnole des Affaires étrangères Ana Palacio demande la médiation des États-Unis qui réussissent à faire rétablir le statu quo précédant le débarquement marocain[réf. nécessaire].
Galerie
- Localisation de l'île Persil dans le détroit de Gibraltar.
- Carte montrant le nord du Maroc et l'enclave espagnole de Ceuta, incluant l'îlot Persil (en haut à gauche).
- Carte de l'îlot Persil.
Notes et références
- (es) Nuestra vecina la Isla Perejil, par Wenceslao Segura Gonzalez.
- Voir Victor Bérard, Calypso et la mer de l'Atlantide, Armand Colin, 1929, p. 250.
- (es) Gonzalo Araluce, « La reconquista de Perejil como nunca se contó: hablan los 'héroes' » [« La reconquête de Perejil comme jamais racontée: les «héros» parlent »], El Español, Madrid, (lire en ligne)
- (es) « El Gobierno asegura que la invasión de Perejil costó menos de un millón de euros », El Pais.
- Cf., par exemple : « Entretien de S. M. le [r]oi Mohammed VI [avec] El Pais », dans MAP, « S. M. le [r]oi à El Pais : L’objectif des auditions publiques est de "réconcilier le Maroc avec son passé" », Rabat, Instance équité et réconciliation, — Traduction dont l'auteur est inconnu d'une interview issue de :(es) Jesús Cebario et Ignacio Cembrero, « Se ha restablecido el respeto mutuo entre España y Marruecos » [« Le respect mutuel a été restauré entre l'Espagne et le Maroc »], El País, Madrid, (lire en ligne).
« On est même allé jusqu’à dire en Espagne que le Maroc avait envahi un territoire espagnol. La rétrocession au Maroc des provinces du Nord a commencé en 1956 et a duré jusqu’en 1959. Les Espagnols s’étaient alors retirés y compris de l’îlot. Tourah ne faisait pas partie du contentieux historique sur Sebta et Melillia.
Au cours des années 60, il y avait même des forces marocaines installées à Tourah et Franco n’avait jamais réagi. Aznar serait-il plus franquiste que Franco ? »
Voir aussi
Sources et bibliographie
- Valérie Gas, « Espagne : Accord sur l'îlot Persil/Leïla », sur RFI, .
- « Discours de S. M. le [r]oi Mohammed VI à l'occasion du troisième anniversaire de l'accession du [s]ouverain au [t]rône de ses glorieux ancêtres », sur Maroc.ma, .
- « Morceaux choisis : Les perles du livre de Cembrero » (version du 28 septembre 2007 sur l'Internet Archive), Le Journal hebdo, Casablanca, s.d. Traduction d'extraits d'un livre d'Ignacio Cembrero, journaliste espagnol d’El País, qui portent sur l'affaire de 2002 (auteur de la sélection ou de la traduction inconnu).
- (es) Máximo Cajal, Ceuta, Melilla, Olivenza y Gibraltar. ¿Dónde acaba España? [« Ceuta, Melilla, Olivenza et Gibraltar. D'où vient l'Espagne ? »], Madrid, Siglo XXI, , 303 p. (ISBN 84-323-1138-3, présentation en ligne). Máximo Cajal (1935-2014) était un avocat, écrivain et diplomate espagnol.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Articles connexes
- Ceuta, Melilla et plazas de Soberanía
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