Étienne Velay

Étienne Velay est un haut fonctionnaire et homme politique français.

Pour la région, voir Velay.

Après une carrière dans l'administration, il est nommé maire de Nîmes par le régime de Vichy sous la Seconde Guerre mondiale. Fidèle à Philippe Pétain, il prend part à la collaboration sans zèle et en se montrant critique. Sans être inquiété après la Libération, il peut intégrer l'Académie de Nîmes et occuper de nouvelles responsabilités  à Bouillargues  durant les années 1950.

Biographie

Débuts

Né en 1877[2] à Bouillargues[3], fils de Pierre Velay (secrétaire général de la mairie de Nîmes)[4], Étienne Velay soutient en 1904 une thèse de doctorat en droit sur Les Rivalités franco-anglaises en Égypte (1876-1904)[5].

Il fait carrière dans l'administration, devenant inspecteur de l'enregistrement[2].

À la tête de Nîmes

Il a pris sa retraite lorsque Philippe Pétain, chef de l'État français, excipant de sa « compétence », son « zèle » et sa « qualité de vie »[4], le nomme président de la délégation spéciale de Nîmes le , après la suspension du conseil municipal élu[2]. Dans un premier temps, ses prérogatives se limitent à la gestion de la police municipale, du personnel communal, et aux rapports avec la préfecture, mais il est nommé maire en titre le [2]. Son accession à la mairie se couple à une répression des milieux communistes et des premiers embryons de résistance[2].

Devant faire face à des problèmes de ravitaillement, il crée une police sanitaire des animaux, chargée de l'inspection des viandes, ainsi qu'une « soupe d'entraide » en [6]. Il décide une distribution de lait et de vitamines dans les écoles, de vêtements et de denrées alimentaires à l'ensemble de la population[7], et restreint le ravitaillement aux seuls Nîmois (dont il prive ainsi les réfugiés de passage dans la ville)[6].

Pour pallier la dénatalité liée aux décès et aux réquisitions du service du travail obligatoire, la délégation spéciale octroie une prime à la première naissance[7]. Après le bombardement allié du , il mobilise 50 000 francs pour aider les centaines de victimes[7]. Il organise aussi une défense passive en faisant construire des abris antiaériens[7].

Il doit composer avec la présence de la Wehrmacht, qui s'installe à Nîmes après le et réquisitionne les écoles et la radiodiffusion[8]. C'est aussi sous son mandat qu'est créée à Nîmes la Milice dans le Gard () et que sont fusillés les résistants Vincent Faïta et Jean Robert (avril)[6]. Contraint de collaborer avec les autorités d'occupation, il doit ainsi réserver le grand bassin de la piscine municipale aux soldats allemands, de même que les bicyclettes enlevées aux habitants[8].

Mariette Gilabert note cependant que la persécution des Juifs avait débuté dès avant l'occupation allemande, avec le recensement des israélites nîmois[alpha 1] à partir du [8]. Aussi bien est-il partie prenante de la « politique nationaliste » du régime de Vichy : en , il rebaptise plusieurs rues et places de la ville pour souligner, selon ses dires, « la grandeur du pays » ; il projette aussi la construction d'une colossale statue de Jeanne d'Arc, « héroïne française »[9]. Il renouvelle des marques de soutien à Pétain en , puis avril et (en plaçant deux bustes du chef de l'État dans la mairie), et enfin à l'occasion du bombardement de Paris[9].

Armand Cosson estime quant à lui qu'il se montre « assez modéré » tout en « entend[ant] se cantonner à la gestion »[10], tandis que Mariette Gilabert assure qu'il « n'était pas un vichyste convaincu »[11]. De fait, bien que son « loyalisme » soit assuré, il est de plus en plus critiqué pour sa « distance prise avec le régime », notamment par le préfet Angelo Chiappe, avec qui il est fréquemment en désaccord[12]. Il se montre lui-même ouvertement critique envers le collaborationnisme de Pierre Laval, et envisage une démission en [11].

L'après-guerre

Après la libération de Nîmes, Paul Cabouat est nommé à la tête du comité local de libération et lui succède[11] ; il parle à son propos d'un « homme de devoir et de bon sens, ayant géré au mieux une situation bien délicate »[11]. Il n'est par ailleurs pas inquiété par la justice[11].

Élu la même année 1944 à l'Académie de Nîmes, il y siège jusqu'à sa mort[13] et la préside de 1963 à 1964.

Il est maire de Bouillargues de 1953 à 1959[11]. Armand Cosson relève qu'il préfère alors « rester silencieux sur sa gestion » à Nîmes[14]. Il meurt en 1967[11], et donne son nom à une rue de sa commune natale[15].

Notes et références

Notes

  1. Cinquante-six d'entre eux seront déportés.

Références

  1. Relevé généalogique sur Geneanet
  2. Gilabert 2012, p. 136.
  3. Armand Cosson, « Démocratie locale et crises politiques entre le Front populaire et la Cinquième République : l'exemple du Bas-Languedoc », dans Regards sur la France méridionale (XVIIIe-XXe siècles) : mélanges offerts à Marianne Leulliez, Montpellier, université Montpellier-III, 2002 (ISBN 2-84269-521-6), p. 168.
  4. Cosson 1992, p. 294.
  5. notice BnF no FRBNF10337185.
  6. Gilabert 2012, p. 137.
  7. Gilabert 2012, p. 138.
  8. Gilabert 2012, p. 139.
  9. Gilabert 2012, p. 140.
  10. Cosson 1992, p. 303.
  11. Gilabert 2012, p. 141.
  12. Cosson 1992, p. 306.
  13. « Liste alphabétique des fauteuils », Académie de Nîmes — liste commençant en 1801.
  14. Cosson 2002.
  15. YAN BARRY, « Un datacenter qui fera date dans le Gard », Midi libre, (lire en ligne).

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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