Énergie au Qatar

Le secteur de l'énergie au Qatar revêt une importance d'ordre mondial en raison des immenses réserves de gaz naturel dont dispose ce petit émirat : 12,4 % des réserves mondiales en 2019, au 3e rang mondial derrière la Russie (19,1 %) et l'Iran (16,1 %) ; sa production est au 4e rang mondial avec 4,5 % du total mondial. Dans une moindre mesure, c'est aussi un producteur de pétrole : 14e rang mondial avec 2,1 % de la production mondiale.

La totalité de l'électricité produite dans l'émirat est fournie par des centrales au gaz.

Les émissions de CO2 par habitant au Qatar sont les plus élevées au monde : 30,36 t/hab en 2017, soit plus du double de celles des États-Unis et sept fois celles de la France. Ces émissions proviennent pour les deux tiers des industries de l'énergie.

Secteur amont

Production de pétrole (en fait majoritairement des condensats)
Une énorme production de gaz, essentiellement exportée

Réserves

Les réserves prouvées de pétrole[1] du Qatar étaient estimées par BP à 2,6 milliards de tonnes fin 2019 (25,2 milliards de barils), soit 36,7 années de production au rythme de 2019. Ces réserves classaient le Qatar au 14e rang mondial avec 1,5 % du total mondial[b 1].

Les réserves prouvées de gaz naturel du Qatar étaient estimées par BP à 24 700 milliards de m3 fin 2019, soit 139 années de production au rythme de 2019. Ces réserves classaient le Qatar au 3e rang mondial avec 12,4 % du total mondial, derrière la Russie (19,1 %) et l'Iran (16,1 %)[b 2].

Production

En 2019, le Qatar a produit 78,5 Mt (millions de tonnes) de pétrole, soit 1,88 Mb/j (millions de barils par jour), au 14e rang mondial avec 2,1 % du total mondial, en baisse de 1,2 % en 2019 mais en progression de 26 % depuis 2009[b 3].

La production de pétrole brut au sens strict — celle soumise aux quotas de l'OPEP — est beaucoup plus faible : 565 000 b/j en 2016 selon l'OPEP[2]. La production des "autres liquides", c'est-à-dire les condensats, GPL et carburants synthétiques est donc prépondérante dans ce pays, situation inhabituelle.

En 2019, le Qatar a produit 178,1 milliards de m3 de gaz naturel, soit 6,41 EJ (exajoules), au 4e rang mondial avec 4,5 % du total mondial, derrière les États-Unis (23,1 %), la Russie (17,0 %) et l'Iran (6,1 %) ; cette production est en hausse de 0,9 % en 2019 et de 92 % depuis 2009[b 4].

Dukhân

Dukhân est le plus grand gisement de pétrole du pays, et le seul onshore. C'est un gisement ancien, découvert en 1940 et produisant depuis 1949. L'injection d'eau y est pratiquée depuis 1989, et depuis 2006 on y injecte également du gaz naturel venant du North Dome[3].

North Dome

Le gisement North dome, appelé South Pars par les Iraniens, est de loin le plus grand gisement de gaz naturel au monde, situé en mer et partagé entre les deux pays. Il a été découvert en 1971. Ses réserves seraient de l'ordre de 51 000 km3 de gaz naturel (dont un quart pour la partie iranienne), soit 20 % des réserves mondiales connues. À cela s'ajouteraient 50 milliards de barils de condensats[4]. Il représente la quasi-totalité des réserves de gaz du Qatar.

Depuis la construction de la première plate-forme en 1989, la production de gaz a augmenté graduellement. Cependant, en 2005, un moratoire sur les nouveaux projets de production de gaz a été déclaré, en vue d'étudier mieux le gisement et simplement de prolonger sa durée de vie. Il a depuis été reconduit. Les différents projets initiés avant le moratoire ont cependant été menés à bien. Le côté iranien du gisement pourrait donc à moyen terme produire davantage que le côté qatari[5], ce qui posera à plus ou moins long terme la question du partage des réserves, le gaz ayant tendance à s'écouler vers le côté le plus exploité (donc dépressurisé) du gisement[6].

Autres gisements

Al-Shaheen est un gisement de pétrole situé au-dessus du North Dome. Il est exploité par Maersk Oil, mais la part de 30 % que la compagnie danoise détenait a été réattribuée à Total pour 2017 - QP gardant une part de 70 %. Le gisement produit 300 000 b/j environ[7]. D'autres gisements offshore se situent dans les eaux territoriales de l'émirat, à l'est de la péninsule.

Secteur aval

Raffinage, consommation de pétrole

Le pays possèdent deux raffineries à Mesaieed et Ras Laffan[8].

Exportations de gaz naturel

Le Qatar est le deuxième exportateur de gaz naturel au monde, après la Russie. Alors que les exportations russes se font principalement par des gazoducs courant vers l'Europe et la Turquie, Qatar exporte principalement par mer sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL).

En 2019, ses exportations par gazoducs s'élevaient à 21,5 Mds m3, dont 19,5 Mds m3 vers les Émirats arabes unis et 2,0 Mds m3 vers Oman. Ses exportations de GNL s'élevaient à 107,1 Mds m3, dont 72,0 Mds m3 vers l'Asie (Corée du sud : 15,3 Mds m3, Inde : 13,2 Mds m3, Japon : 11,9 Mds m3, Chine : 11,4 Mds m3, Pakistan : 7,2 Mds m3, Taîwan : 6,4 Mds m3, etc) et 32,2 Mds m3 vers l'Europe (Royaume-Uni : 8,8 Mds m3, Italie : 6,4 Mds m3, Belgique : 4,6 Mds m3, Espagne : 4,4 Mds m3, etc). Au total, ses exportations représentaient 10 % du total mondial contre 19,9 % pour la Russie et 9,6 % pour les États-Unis[b 5].

Qatargas

Qatargas gère un énorme terminal de liquéfaction à Ras Laffan. Les sept trains, construits de 1996 à 2010 avec des partenaires internationaux différents (mais QP détient au moins 65 % à chaque fois), totalisent une capacité de production de 36,7 Mt/an de GNL. Ses principaux clients sont le Japon, l'Espagne, le Royaume-Uni[9].

Rasgas

Également à Ras Laffan, l'autre entreprise Qatarie de GNL, Rasgas, possède également sept trains de liquéfaction pour une capacité totale de 36 Mt/an[9]. La Corée du Sud est son plus gros client.

Gazoducs

Le gazoduc Dolphin part de Ras Laffan, et traverse la mer jusqu'à Dubaï, de là il continue vers Fujaïrah puis vers le sultanat d'Oman, exportant un maximum de 33 milliards de m³ par an. Cette situation est paradoxale puisque les Émirats aussi bien qu'Oman ont d'importantes réserves de gaz et sont tous deux exportateurs de GNL. L'explication réside dans plusieurs facteurs, notamment les prix artificiellement bas (pour le marché intérieur) qui n'encouragent pas ces pays à développer leurs réserves de gaz autrement que pour l'export et la rivalité entre Abu Dhabi et Dubaï au sein des Émirats[10]. Si Dolphin est le seul gazoduc d'exportation opérationnel, d'autres projets ont été proposés. L'idée d'un gazoduc passant par Oman puis traversant la Mer d'Arabie afin d'exporter du gaz vers le Pakistan (voire l'Inde) a été proposée dès 1993[11], elle a ressurgi plusieurs fois depuis (sous la forme d'un prolongement du gazoduc Dolphin) sans jamais faire d'avancées décisives[10]. Le Gazoduc Qatar-Turquie destiné à exporter vers la Turquie, et au-delà vers l'Europe, est aussi resté jusqu'ici à l'état de proposition.

Transformation du gaz naturel

Le Qatar possède également des usines de carburant synthétique utilisant du gaz naturel : Pearl GTL (coentreprise avec Shell) avec une capacité de 140 000 barils/jours, et Oryx GTL (coentreprise avec Sasol) avec 34 000 barils/jours.

Le Qatar est aussi un exportateur important de produits pétrochimiques dérivés du gaz : engrais azotés, ammoniac, éthylène, urée et leur dérivés notamment. Tous ces produits sont fabriqués par Qatar Petrochemical Company (QAPCO) et Qatar Fertiliser Co. (QAFCO), filiales de Qatar Petroleum, dans leurs installations de Mesaieed.

Secteur de l'électricité

[[Fichier:Qatar adm location map.svg|350px|{{#if:|{{{alt}}}|Énergie au Qatar est dans la page Qatar.]]
Ras Laffan
Ras Abu Fontas
Saliyah
Mesaieed
Centrales à gaz existant au Qatar Gas

En 2019, selon les estimations de BP, le Qatar a produit 48,6 TWh d'électricité, en hausse de 1,4 % en 2019 et de 101 % depuis 2009, soit 0,2 % de la production mondiale, loin derrière l'Arabie saoudite (1,3 %) et les Émirats arabes unis (0,5 %)[b 6].

En 2017, la totalité des 45,6 TWh produits par l'émirat a été fournie par des centrales au gaz. La consommation d'électricité se répartit en 44,4 % pour le secteur résidentiel, 28,1 % pour l'industrie et 18,4 % pour le secteur tertiaire[12].

Les principales centrales sont les centrales à cycles combinés situées à Ras Laffan, construites en trois phases pour un total de 4 500 MW. En plus de l'électricité, ces centrales utilisent leur chaleur résiduelle pour le dessalement de l'eau de mer. On trouve aussi une centrale de 2 000 MW à Mesaieed[13] et deux centrales plus petites. Une nouvelle centrale de 2 500 MW avec dessalement est, en 2016, en construction à Umm Al Houl au sud de Doha[14].

Comme ailleurs au Moyen-Orient, la climatisation représente une part très importante de la consommation électrique, ce qui se traduit par une consommation largement plus élevée l'été que l'hiver[15], à l'inverse de la situation observée en Europe, en Asie septentrionale ou en Amérique du Nord.

Dans un effort de diversification de ses sources d'énergie, le Qatar a choisi de développer l'électricité photovoltaïque, et en 2014 une usine de panneaux solaires, d'une capacité de production annuelle de 300 MWc a été inaugurée à Doha[16].

Un important consommateur d'électricité est la fonderie d'aluminium Qatalum à Mesaieed.

Le ministère de l'Énergie annonce le la signature d'un contrat de 470 millions de dollars pour la construction de sa première centrale solaire par une coentreprise entre des entreprises d'État qataries (60 %), le japonais Marubeni et le français Total. Cette centrale de 800 MWc, dénommée Al-Kharsaah, sera érigée sur 10 km2 près de la capitale Doha et devrait être achevée en 2022[17].

Aspects environnementaux

Le Qatar a émis en 2019, par combustion d'hydrocarbures et autres activités liées à l'énergie, un total de 102,5 millions de tonnes de CO2, contre 51,4 millions de tonnes en 2009, soit une progression de 99 % en dix ans[b 7]. Les émissions de CO2 par habitant s'élevaient à 30,36 t/hab en 2017, soit 2,1 fois celles des États-Unis : 14,61 t/hab et 6,7 fois celles de la France : 4,56 t/hab[18].

Ce niveau par habitant extrêmement élevé est à relativiser, car une grande partie de ces émissions sont dues à des usines pétrochimiques dont la production est exportée, le consommateur final n'est donc pas qatari[19]. Ainsi, en 2017, les émissions de CO2 qataries liées à l'énergie (80,1 Mt se répartissaient en 22,2 Mt dues à la production d'électricité, 30,8 Mtissues du reste de l'industrie énergétique (pétrole et gaz), 13,2 Mt des autres industries, 13,5 Mt des transports et 0,4 Mt seulement du secteur résidentiel[20].

Notes et références

  1. p. 14
  2. p. 32
  3. p. 16-17
  4. p. 34-35
  5. p. 42-43
  6. p. 59
  7. p. 13
  • Autres références
  1. y compris condensats et liquides de gaz naturel.
  2. « OPEC : Qatar » (consulté le )
  3. « GEO ExPro - The Qatar Oil Discoveries » (consulté le )
  4. « South Pars attracts $15b in domestic investment », (consulté le )
  5. « South Pars output may surpass North Dome » (consulté le )
  6. « Iran-Qatar gas race and lack of unitization », sur Tehran Times, (consulté le )
  7. « Total remporte 30 % du gisement Al-Shaheen au Qatar » (consulté le )
  8. « Qatar - International - Analysis - U.S. Energy Information Administration (EIA) », (consulté le )
  9. Qatar: Natural Gas. • Energy Information Administration (EIA). • United States Department of Energy
  10. (en) Justin Dargin, The Dolphin Project:The Development of a Gulf Gas Initiative, Oxford Institute dor energy studies, , 61 p.
  11. « QATAR-PAKISTAN GAS PIPELINE UNDER STUDY », sur Oiland Gas Journal, 05/17/1993 (consulté le ).
  12. (en)Data and statistics : Qatar Electricity 2017, Agence internationale de l'énergie, 24 septembre 2019.
  13. « Qatalum CCGT Power Plant Qatar », Global Energy Observatory (consulté le )
  14. « Umm Al Houl Combined Cycle Power Plant », sur Power Technology (consulté le )
  15. (en) Adel Gastli, « Correlation between climate data and maximum electricity demand in Qatar », GCC Conference and Exhibition (GCC), 2013 7th IEEE,
  16. Sunbeam GmbH, « Qatar Solar Energy opens 300 MW PV factory in Qatar », sur pv magazine (consulté le )
  17. Le Qatar va construire une centrale solaire avec Total, Les Échos, 19 janvier 2020.
  18. (en) Agence internationale de l'énergie (AIE - en anglais : International Energy Agency - IEA), Key World Energy Statistics 2019 (pages 60-69), [PDF].
  19. Which nations are most responsible for climate change? Guardian 21 April 2011
  20. (en) CO2 Emissions from Fuel Combustion 2019 Highlights (page 98), Agence internationale de l'énergie, [PDF].
  • Portail de l’énergie
  • Portail du Qatar
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.