Énergie en Inde

Le secteur de l'énergie en Inde figure parmi les grands, l'Inde étant le deuxième pays du monde par sa population : 1 353 millions d'habitants en 2018. L'Inde se classe au troisième rang mondial pour la consommation d'énergie après les États-Unis et la Chine. Cependant, sa consommation par habitant est encore très faible : 0,68 tep, soit le tiers de la moyenne mondiale et 10 fois moins que celle des États-Unis.

Énergie en Inde

centrale indienne à charbon de Satpura.
Bilan énergétique (2018)
Offre d'énergie primaire (TPES) 919,4 M tep
(38 495,2 PJ)
par agent énergétique charbon : 45,1 %
pétrole : 25,6 %
bois : 20,1 %
gaz naturel : 5,7 %
électricité : 3,5 %
Énergies renouvelables 22,6 %
Consommation totale (TFC) 555,8 M tep
(23 269,1 PJ)
par habitant 0,4 tep/hab.
(17,2 GJ/hab.)
par secteur ménages : 31,4 %
industrie : 37,1 %
transports : 18,7 %
services : 4,7 %
agriculture : 5,3 %
Électricité (2018)
Production 1 583,22 TWh
par filière thermique : 78,6 %
hydro : 9,5 %
éoliennes : 4,1 %
biomasse/déchets : 2,9 %
autres : 2,5 %
nucléaire : 2,4 %
Combustibles (2018 - Mtep)
Production pétrole : 40,0
gaz naturel : 26,9
charbon : 288,8
Commerce extérieur (2018 - Mtep)
Importations électricité : 0,4
pétrole : 264,6
gaz naturel : 25,5
charbon : 123,5
Exportations électricité : 0,7
pétrole : 65,2
charbon : 0,6
Sources
Agence internationale de l’énergie[1],[s 1]
NB : dans le bilan énergétique, l'agent « bois » comprend l'ensemble biomasse-déchets

Les ressources énergétiques fossiles de l'Inde ne sont guère à la mesure de sa population : ses réserves de charbon sont en 2019 au 5e rang mondial, avec 9,9 % du total mondial ; celles de pétrole ne représentent que 0,3 % du total mondial, et celles de gaz naturel 0,7 %.

L'Inde est en 2019 le 5e producteur mondial de charbon avec 7,6 % du total mondial, derrière la Chine, l'Indonésie, les États-Unis et l'Australie, mais cette production ne couvre que 68 % de sa consommation en 2019. Sa production de pétrole ne couvre que 15,7 % de sa consommation, et celle de gaz naturel 45 %. Ses importations sont donc massives : elle se classe au 2e rang mondial pour ses importations de charbon avec 16,1 % des importations mondiales et au 2e rang mondial des importateurs nets de pétrole brut.

L'Inde dispose d'un potentiel important dans les énergies renouvelables, qui en 2018 couvraient 22,6 % de la consommation d'énergie primaire (surtout biomasse : 20,1 %) et assuraient 19 % de sa production d'électricité. Le gouvernement indien a annoncé en d’ambitieux objectifs de déploiement d’énergies renouvelables, visant à multiplier par plus de quatre leur puissance installée, surtout dans le solaire, d’ici à 2022.

L'électricité représentait en 2018 seulement 17,0 % de la consommation finale d'énergie du pays, qui est cependant le 3e producteur mondial d'électricité. Cette production est de source fossile pour 78,6 % (surtout charbon : 73,5 %) ; le nucléaire y contribue pour 2,4 % et les énergies renouvelables pour 19 % (hydroélectricité : 9,5 %, éolien : 4,1 %, biomasse : 2,8 %, solaire : 2,5 %). BP estime la part des EnR dans la production d'électricité en 2019 à 19 % (hydro : 10,4 %, éolien : 4,1 %, solaire : 3 %).

Le pays était en 2019 le 13e producteur mondial d'électricité nucléaire avec 1,6 % du total mondial ; la part du nucléaire dans la production d'électricité était de 3,2 %.

L'Inde est au troisième rang mondial pour les émissions de gaz à effet de serre liées à l'énergie, en particulier de CO2, avec 6,9 % des émissions mondiales en 2018, loin derrière la Chine (28,4 %) et les États-Unis (14,7 %). Néanmoins, ses émissions par habitant étaient en 2018 de 1,71 t de CO2 (dont 70,5 % dues au charbon), très inférieures à la moyenne mondiale : 4,42 t, aux émissions de la France : 4,51 t, a fortiori à celle des États-Unis : 15,03 t.

Vue d'ensemble

Principaux indicateurs de l'énergie en Inde[1]
Population[s 1] Consommation
énergie primaire
Production Importation
nette
Consommation
électricité
Émissions
de CO2[s 1]
Année Million Mtep Mtep Mtep TWh Mt CO2éq
199087030628032234529
2000105344135191416885
200811976014451636751335
200912146664841927291498
201012317005042057911581
201112477345212188691665
201212637665242429171801
201312797785222599731852
2014129482453329710662015
2015130983753830911312026
2016132486255731512162077
2017133988355233012692161
2018135391957434813092308
variation
1990-2018
+55 %+201 %+104 %+999 %+459 %+336 %

Comparaisons internationales

L'Agence internationale de l'énergie classe l'Inde parmi les tout premiers pays au monde pour la plupart des indicateurs :

Place de l'Inde dans les classements mondiaux
Source d'énergie indicateur rang année quantité unité % monde commentaires
Pétrole brut[s 2] Importation nette 3e 2018 226 Mt 10,6 % 1er : Chine (459 Mt), 2e : États-Unis (292 Mt)
Charbon[s 3] Production 2e 2019p 769 Mt 9,7 % 1er : Chine (3 693 Mt), 3e : États-Unis (640 Mt)
Importation nette 2e 2019p 246 Mt 18,4 % 1er : Chine (296), 3e : Japon (185 Mt)
Hydroélectricité[s 4] Production 6e 2018 151 TWh 3,5 % 1er : Chine (1 232 TWh)
Puissance installée 7e 2018 49 GW 3,8 % 1er : Chine (352 GW)
% hydro/élec 8e 2018 9,6  % 1er : Norvège (95,0 %)
Énergie éolienne[s 5] Production 4e 2018 64 TWh 5,0 % 1er : Chine (366 TWh), 2e : États-Unis (276 TWh), 3e : Allemagne (110 TWh)
Puissance installée 4e 2018 35,3 GW 6,3 % 1er : Chine (184,3 GW), 2e : États-Unis (94,5 GW)
% éolien/élec* 10e 2018 4,1  % 1er : Espagne (18,5 %)
Solaire PV[s 6] Production élec. 5e 2018 40 TWh 7,2 % 1er : Chine (177 TWh)
Puissance installée 5e 2018 28,3 GW 5,7 % 1er : Chine (175,1 GW)
% solaire PV/élec* 6e 2018 2,5  % 1er : Italie (7,8 %)
Prod.élec.par sources**[s 7] Charbon/lignite 3e 2018 1163 TWh 11,4 % 1er : Chine (4 773 TWh), 2e : États-Unis (1 272 TWh)
Renouvelables 5e 2018 300 TWh 4,5 % 1er : Chine (1 833 TWh), 2e : États-Unis (743 TWh)
Électricité[s 8] Production 3e 2018 1583 TWh 5,9 % 1er : Chine (7 149 TWh), 2e : États-Unis (4 434 TWh)
Biomasse[2] Production élec. 5e 2018 43,9 TWh 8,5 % 1er : Chine (90,6 TWh), 2e : États-Unis (59,5 TWh), 3e : Brésil (53,9 TWh)
* % nucléaire (ou éolien ou solaire)/total production d'électricité
** production d'électricité par sources
2019p = estimation provisoire pour 2019.

Production d'énergie primaire

L'Inde a produit en 2018 un total de 573,6 Mtep d'énergie primaire, dont 50,3 % de charbon, 32,3 % de biomasse et déchets, 7,0 % de pétrole, 4,7 % de gaz naturel, 2,3 % d'hydroélectricité, 1,7 % de nucléaire et 1,7 % d'éolien et solaire[1].

La part du charbon n'a cessé de progresser depuis 28 ans, passant de 33,3 % en 1990 à 50,3 % en 2018, malgré les taux de croissance plus rapide du nucléaire et des énergies nouvelles ; les filières principales (biomasse et pétrole) ont en effet progressé beaucoup moins vite que le charbon :

Production d'énergie primaire par source (Mtep)
Filière 1990 % 2000 % 2010 % 2015 2018 % 2018 var.2018
/1990
Charbon93,333,3130,637,2212,942,9263,5288,850,3 %+209 %
Pétrole35,312,637,210,643,18,741,940,07,0 %+13 %
Gaz naturel10,63,823,16,643,08,726,226,94,7 %+154 %
Total fossiles139,249,6190,954,4299,060,2331,6355,762,0 %+155 %
Nucléaire1,60,64,41,36,81,49,79,91,7 %+516 %
Hydraulique6,22,26,41,810,62,111,713,02,3 %+111 %
Biomasse-déchets133,547,6148,842,4178,335,9179,8185,132,3 %+39 %
Solaire-éolien0,01ns0,20,052,00,45,19,91,7 %ns
Total renouvelables139,649,8155,444,3190,938,4196,6208,036,3 %+49 %
Total280,5100350,8100496,7100537,9573,6100 %+104 %
Source des données : Agence internationale de l'énergie[1]

Charbon

Histoire

L'exploitation du charbon en Inde a commencé en 1774 sur les rives de la rivière Damodar. Mais elle n'a pris son élan qu'avec l'apparition du chemin de fer en 1853, qui lui permit en quelques années de franchir le seuil du million de tonnes par an ; en 1900, elle dépassait déjà Mt, et en 1920 : 18 Mt. Après un creux pendant la grande crise des années 1930, la production reprit son essor et atteignit 30 Mt en 1946.

L'indépendance amena les plans quinquennaux et la National Coal Development Corporation (NCDC) créée par le gouvernement en 1956 à partir des charbonnages des compagnies ferroviaires, ainsi que la Singareni Collieries Company Ltd. (SCCL), nationalisée en 1956 également par le gouvernement d'Andhra Pradesh ; la propriété de la SCCL a été ultérieurement partagée avec le gouvernement central. En 1971, les mines de charbon à coke furent nationalisées et regroupées dans la société Bharat Coking Coal Limited (BCCL), puis en 1973 les autres mines de charbon le furent également, sauf celles des sidérurgistes Tata et Indian Iron & Steel.

Réserves de charbon

« Dumpers » de la mine de charbon de Gevra.

Les réserves prouvées récupérables de charbon de l'Inde étaient estimées par BP[n 1] à 105,9 milliards de tonnes fin 2019 (100,9 Mds tonnes d'anthracite et de charbon bitumineux, et 5,1 milliards de tonnes de sub-bitumineux et de lignite), soit 140 ans de production au rythme de 2019. Ces réserves classaient l'Inde au 5e rang mondial avec 9,9 % du total mondial[b 1].

Les principaux gisements de charbon sont situées dans l'est, depuis l'État d'Andhra Pradesh, au bord de l'Océan Indien, jusqu'à l'Arunachal Pradesh au nord-est ; les États orientaux de Chhattisgarh, Jharkhand, Orissa et Bengale-Occidental à eux quatre recèlent 77 % des réserves : le lignite se trouve au sud, dans le Tamil Nadu, où il est exploité (32 Mt/an en 2013) pour la production d'électricité ; les charbons indiens ont en général un taux élevé de cendres et un bas pouvoir calorifique, ce qui explique la faiblesse des exportations (seulement vers les pays voisins : Bangladesh, Népal et Bhoutan) et l'importance des importations, principalement d'Australie, de Chine, d'Indonésie et d'Afrique du Sud[3].

Production de charbon

Production, importation et consommation de charbon de l'Inde, 1990-2018
Source : Agence internationale de l'énergie[1]

En 2019, la production de charbon de l'Inde atteignait 756,4 Mt (millions de tonnes), soit 12,73 EJ (exajoules), au 5e rang mondial avec 7,6 % du total mondial, loin derrière la Chine (47,6 %), l'Indonésie (9,0 %), les États-Unis (8,5 %) et l'Australie (7,8 %) ; elle a reculé de 0,5 % en 2019 mais progressé de 23,6 % entre 2009 et 2019[b 2].

Consommation de charbon

La consommation de charbon en Inde s'est établie en 2019 à 18,62 EJ, en hausse de 0,3 %, au 2e rang mondial avec 11,8 % du total mondial, loin derrière la Chine (51,7 %), mais devançant les États-Unis (7,2 %) depuis 2015 ; elle a progressé de 58 % depuis 2009. La production de charbon du pays couvre seulement 68 % de sa consommation[b 3].

Importation de charbon

En 2019, l'Inde a importé 5,69 EJ de charbon, se classant au 2e rang mondial des importateurs avec 16,1 % du total, derrière la Chine (18,1 %) et devant le Japon (13,9 %). Les importations indiennes ont progressé de 7,9 % en 2019 et de 216 % depuis 2009. Elles provenaient en 2019 pour l'essentiel d'Indonésie (2,61 EJ, soit 46 %), d'Afrique du Sud (1,20 EJ, soit 21 %) et d'Australie (0,83 EJ, soit 15 %)[b 4].

Bilan énergétique charbon

Le bilan énergétique du charbon indien est décrit par les données de l'Agence internationale de l'énergie :

BILAN ÉNERGÉTIQUE CHARBON 2018[1]
RESSOURCES Mtep % EMPLOIS Mtep %
Production d’énergie primaire288,869,7 %Consommation branche énergie307,674,3 %
Importations123,529,8 %Consommation finale106,625,7 %
Exportations-0,6-0,1 %
Variation des stocks2,50,6 %
Total ressources414,2100 %Total emplois414,2100 %
Détail consommation branche énergieDétail consommation finale
Production d'électricité285,093 %Industrie94,288 %
Transformation du charbon20,77 %Ménages2,72,5 %
Usage propre branche énergie1,80,6 %Tertiaire4,64,3 %
Écarts statistiques0,10,03 %Non spécifié5,15 %

En résumé, l'Inde importe 30 % de son charbon et l'utilise à 69 % pour la production d'électricité et 26 % pour les usages directs, dont 88 % dans l'industrie.

Voici l'évolution depuis 1990 :

Évolution de la production, des importations nettes et de la consommation de charbon de l'Inde[1]
Mtep 1990 2000 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 % 2018
Production93,3130,6212,9222,0234,1237,3253,3263,6268,1268,2288,869,7 %
Importations nettes4,114,269,373,887,4104,4132,8116,8109,5118,3123,029,7 %
Consommation92,7145,9279,0295,1326,5344,9384,1377,2371,9393,4414,2100 %

NB : ces statistiques ont été revues en forte baisse en 2015, pour l'ensemble des années 1990 à 2012 ; par exemple, l'estimation de la production de charbon de 2012 est abaissée de 12 %.

Réserves de pétrole

Les réserves prouvées de pétrole[n 2] de l'Inde étaient estimées par BP à 0,6 milliard de tonnes fin 2019 (4,7 milliards de barils), soit 15,5 années de production au rythme de 2019. Ces réserves représentaient seulement 0,3 % du total mondial. Elles ont décliné de 6 % depuis 2009[b 5].

Selon Oil & Gas Journal (OGJ), l'Inde détenait près de 5,7 milliards de barils de réserves prouvées à la fin de 2015, dont un peu plus de la moitié en mer, en progression alors que les réserves à terre chutent. La majeure partie de ces réserves pétrolières sont situées à l'ouest, en particulier dans la zone offshore près de Mumbai et dans la zone onshore du Gujarat ; le bassin Assam-Arakan, au nord-est, contient plus de 22 % des réserves du pays ; l'Inde reste sous-explorée du fait d'investissements insuffisants dans les réserves en eau profonde et d'un environnement réglementaire difficile. La compagnie nationale Oil and Natural Gas Corporation (ONGC) domine le secteur pétrolier en amont grâce au plus grand gisement pétrolier de l'Inde, le champ offshore Mumbai High situé au nord-ouest de Mumbai et à ses gisements satellites ; ce bassin est cependant en déclin, ainsi que ceux d'Assam et du Gujarat. Des projets de redéveloppement ont été engagés pour augmenter la production de Mumbai High ; des découvertes importantes ont été faites récemment dans le bassin de Barmer au Rajasthan, où Cairn India a lancé en 2009 le champ de Mangala, le plus grand gisement terrestre indien, dont la capacité de production est de 150 000 barils/jour ; les champs du Rajasthan, dont Mangala, ont produit au total 177 000 barils/jour en 2015 et pourraient atteindre 300 000 barils dans quelques années. Le gouvernement encourage les compagnies indiennes à acquérir des participations dans des gisements à l'étranger afin de sécuriser les importations ; des compagnies indiennes ont des parts dans des gisements au Soudan, en Russie, au Venezuela, en Azerbaïdjan[4].

Production de pétrole

Plateforme d'ONGC à Mumbai High, un des principaux sites de production de pétrole.

En 2019, l'Inde a produit 37,5 Mt (millions de tonnes) de pétrole, soit 0,826 Mb/j (millions de barils par jour), en baisse de 5,2 % en 2019 et de 1,3 % depuis 2009 ; depuis le pic de 42,9 Mt atteint en 2011, cette production a reculé de 12,6 %. Elle ne représente que 0,8 % de la production mondiale[b 6].

La production 2015 provenait à 52 % de l'offshore (Mumbai High), à 23 % du Rajasthan, à 12 % du Gujarat, à 11 % du bassin Assam/Nagaland, à 1 % de l'Andhra Pradesh et 1 % d'autres régions[4].

Consommation de pétrole

En 2019, l'Inde a consommé 5,27 Mb/j (millions de barils par jour) de pétrole, soit 10,24 EJ (exajoules), en hausse de 3,1 % en 2019 et de 60 % depuis 2009. Elle se classe au 3e rang mondial avec 5,4 % de la consommation mondiale, derrière les États-Unis (19,7 %) et la Chine (14,3 %), devançant le Japon (3,9 %) depuis 2015. Sa production couvre seulement 15,7 % de sa consommation[b 7].

L'écart entre la consommation et la production s'élargit, et l'EIA prévoit que la demande va s'accélérer du fait du développement des transports et de l'industrie. Afin d'atténuer cette dépendance aux importations, les compagnies nationales pétrolières indiennes ont acheté des participations dans des gisements de pétrole en Amérique du Sud, en Afrique, dans le Sud-est asiatique et dans la région de la mer Caspienne, mais la majeure partie des importations continue à provenir du Moyen-Orient[4].

Importations de pétrole, exportations de produits pétroliers

L'Inde était en 2019 le 3e importateur mondial de pétrole et produits pétroliers avec 266,1 Mt, dont 221,7 Mt de brut, après la Chine (585,6 Mt) et les États-Unis (448,3 Mt), mais comme les États-Unis exportent 388,8 Mt, l'Inde est le 2e importateur net mondial. Les importations de brut proviennent surtout du Moyen-Orient : 132,8 Mt (60 %), d'Afrique occidentale : 30,2 Mt (14 %) et d'Amérique latine : 28,7 Mt (13 %). Les importations de produits pétroliers proviennent surtout du Moyen-Orient : 26,1 Mt (59 %) et des États-Unis : 10,2 Mt (23 %). L'Inde a exporté 60,7 Mt de produits pétroliers, dont 19,3 Mt vers l'Asie, 13,5 Mt vers le Moyen-Orient, 10,4 Mt vers l'Europe, 10,9 Mt vers l'Afrique[b 8].

La consommation augmente rapidement ; la production progresse moins vite et n'a jamais réussi à satisfaire la demande ; l'Inde est donc obligée d'importer massivement : ses importations nettes totale de pétrole sont passées de 42 % de sa consommation en 1990 à 75 % en 2015, atteignant 3,9 millions de barils par jour de pétrole brut. Les principaux fournisseurs étaient en 2015 l'Arabie saoudite : 20 %, l'Irak : 17 %, le Venezuela : 11 %, le Nigeria : 11 % et l'Iran : 6 %[4].

Raffinage

En 2019, la production des raffineries indiennes atteignait 5,12 Mb/j (millions de barils par jour), en baisse de 0,7 % en 2019 mais en progression de 41 % depuis 2009. L'Inde se classe au 4e rang mondial avec 6,2 % du raffinage mondial, derrière les États-Unis (20,0 %), la Chine (16,2 %) et la Russie (7,0 %), et devant le Japon (3,7 %)[b 9].

Le secteur aval est, comme l'amont, dominé par des entités étatiques, en particulier l'Indian Oil Corporation (IOC) qui gère 9 des 23 raffineries de l'Inde et contrôle les 3/4 du réseau national de transport par oléoducs. Les trois raffineries du secteur privé sont cependant les plus grandes : elles totalisent 37 % de la capacité de raffinage du pays ; Reliance Industries a ouvert en 1999 la première raffinerie privée et a conquis une part de marché considérable dans le secteur pétrolier indien. Le gouvernement a encouragé dès la fin des années 1990 les investissements dans le raffinage, ce qui a permis au pays de devenir exportateur net de produits pétroliers dès 2011. L'Inde disposait à la fin 2016 de 23 raffineries totalisant une capacité de 4,63 millions de barils par jour de brut, soit la 5e capacité de raffinage mondiale. Le complexe de Jamnagar, appartenant à Reliance Industries, est le plus grand complexe de raffinage au monde, avec une capacité de 1,205 million de barils par jour ; il est situé au nord-ouest afin de minimiser les coûts de transport depuis le Moyen-Orient, de même que la raffinerie de Vadinar (402 000 barils par jour) au Gujarat, appartenant à Essar Oil Ltd. L'Inde projette de porter sa capacité de raffinage à 6,3 millions de barils par jour en 2017[4].

Bilan énergétique pétrole

BILAN ÉNERGÉTIQUE PÉTROLE 2018[1]
RESSOURCES Mtep % EMPLOIS Mtep %
Production d’énergie primaire40,015 %Transferts et écarts statistiques0,30,1 %
Importations231,585 %Raffineries270,899,9 %
Var.stocks-0,5-0,2 %
Total ressources271,0100 %Total emplois271,0100 %
BILAN ÉNERGÉTIQUE PRODUITS PÉTROLIERS 2018
Importations33,211 %Exportations65,222 %
Raffineries267,689 %Soutes6,12 %
Écarts-3,8-1 %Consommation branche énergie20,47 %
Var.stocks2,40,8 %Consommation finale207,769 %
Total ressources299,4100 %Total emplois299,4100 %
Détail consommation branche énergieDétail consommation finale
Production d'électricité4,221 %Industrie31,015 %
Usage propre branche énergie16,279 %Transport98,147 %
Ménages27,913 %
Tertiaire2,81 %
Agriculture10,95 %
Usages non énergétiques31,615 %

Production, importation et consommation de pétrole brut de l'Inde
Source : Agence internationale de l'énergie[1]

L'Inde importe 85 % de ses besoins en pétrole brut ; cependant, elle dégage un solde exportateur de produits pétroliers qui représente 12 % de ses ressources pétrolières. Sa consommation est dominée par le secteur des transports : 47 %, puis par l'industrie : 15 %, les ménages : 13 % et les usages non énergétiques (chimie) : 15 %.

Voici l'évolution depuis 1990 :

Évolution de la production, des importations et de la consommation de pétrole brut de l'Inde[1]
Mtep 1990 2000 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 % 2018
Production35,337,243,143,743,343,042,441,941,241,240,014,8 %
Importations21,275,7167,2175,5188,9193,4193,6207,3218,6225,3231,585,4 %
Consommation56,5113,0210,3219,0233,0235,7236,6248,5259,5265,8271,0100 %

Organisation du secteur

Les entreprises publiques dominent le secteur pétrolier, malgré un début de dérégulation depuis les années 1990. Les deux principaux acteurs publics sont Oil and Natural Gas Corporation (ONGC), qui assurait 69 % de la production indienne en 2014, et Oil India Limited (OIL). Le rôle du secteur privé s’accroît, avec en particulier Cairn India, filiale du groupe britannique Cairn Energy, principal producteur privé de pétrole, avec des participations importantes dans les gisements du Rajasthan, du Gujarat et du bassin de la Krishna-Godavari basin ; les compagnies indiennes Reliance Industries et Essar Oil sont devenues des raffineurs de premier plan[4].

Afin d'accroître la production intérieure en encourageant l'exploration, en particulier dans l'offshore profond, le Ministère du Pétrole et du Gaz Naturel a lancé en 1999 la New Exploration Licensing Policy (NELP), qui pour la première fois permettait à des compagnies étrangères de détenir 100 % du capital de sociétés de projet dans ce secteur ; malgré cela, le nombre de champs exploités par des compagnies internationales est encore faible du fait d'une réglementation compliquée[4].

L'Inde a décidé en 2005 de se doter d'une réserve stratégique de pétrole de 39 millions de barils sur trois sites de stockage près des raffineries de Visakhapatnam, Mangalore et Padur ; l'installation de Visakhapatnam a été mise en service en  ; le gouvernement prévoit d'ajouter 91 millions de barils supplémentaires d'ici 2017 et vise un stockage de 90 jours de consommation de pétrole brut d'ici 2020[4].

Réserves de gaz naturel

Pétrole et gaz - Péninsule indienne

Les réserves prouvées de gaz naturel de l'Inde étaient estimées par BP à 1 300 milliards de m3 à la fin de 2019 (46,9 trillions US de pieds cubes), soit 49 années de production au rythme de 2019. Ces réserves représentent 0,7 % du total mondial[b 10].

Selon Oil & Gas Journal, l'Inde disposait fin 2015 de 53 Tcf de réserves prouvées de gaz naturel, dont environ 34 % à terre et 66 % en mer. En 2002, des gisements importants furent découverts dans le bassin de la Krishna-Godavari, au large de la côte est de l'Inde ; mais la production de plusieurs des champs principaux est en déclin. Les deux principales compagnies pétrolières d'État, ONGC et Oil India Limited (OIL), dominent le secteur amont gazier ; ONGC exploite le champ de Mumbai High qui fournit environ 50 % de la production nationale ; ONGC demeure le principal producteur du pays avec 70 % de la production en 2014, mais le gouvernement encourage l'intervention de compagnies privées indiennes et étrangères dans l'amont : RIL est devenu un acteur majeur grâce à ses découvertes dans le bassin de la Krishna-Godavari ; RIL a noué un partenariat stratégique avec BP qui a une part de 30 % dans 21 des contrats de production de RIL[4].

L'Inde prévoit de développer, outre ses ressources offshore, celles des gaz non conventionnels ; elle produit déjà un peu de gaz de houille, dont l'exploration a débuté en 2001 et la production en 2007 ; la production de gaz de houille, localisée surtout au Bengale, était en 2014 de 7,4 Bcf (200 millions de m3). Les estimations 2013 de l'EIA sur les ressources mondiales de gaz de schiste attribuent à l'Inde 96 Tcf (environ 2 700 milliards de m3) de réserves techniquement récupérables[4].

Production de gaz naturel

Production, importation et consommation de gaz naturel de l'Inde, 1980-2010
en milliards de pieds cubes
source données : EIA (U.S. Energy Information Administration)[5]

En 2019, l'Inde a produit 26,9 milliards de m3 de gaz naturel, soit 0,97 EJ (exajoules), en baisse de 2,1 % en 2019 et de 25 % depuis 2009 ; depuis son pic de 47,4 milliards de m3 atteint en 2010, cette production a chuté de 43 % ; elle ne représente que 0,7 % de la production mondiale[b 11].

Consommation de gaz naturel

En 2019, l'Inde a consommé 59,7 milliards de m3 de gaz naturel, soit 2,15 EJ (exajoules), en progression de 2,7 % en 2019 et de 22 % depuis 2009. Elle ne représente que 1,5 % de la consommation mondiale. Sa production ne couvre que 45 % de sa consommation[b 12].

L’Inde s’est fixé comme objectif d’augmenter la part du gaz dans son mix énergétique à 15 % en 2030 contre environ 6 % en 2018[6].

La consommation s'est accrue de 6 % l'an entre 2000 et 2014, malgré une baisse en 2011 due à des pénuries. La consommation a dépassé la production nationale dès 2004. Elle atteignait environ 1 800 milliards de pieds cubes en 2014, dont 37 % importés sous forme de GNL. La demande provient pour l'essentiel du secteur de la production d'électricité (23 %), de l'industrie des engrais (32 %) et du remplacement du gaz de pétrole liquéfié pour la cuisson et les autres usages résidentiels (14 %) ; le gouvernement encourage ces trois utilisations prioritaires[4].

Bilan énergétique du gaz naturel en Inde

BILAN ÉNERGÉTIQUE GAZ NATUREL 2018[1]
RESSOURCES Mtep % EMPLOIS Mtep %
Production d’énergie primaire26,951 %Consommation branche énergie20,038 %
Importations25,549 %Consommation finale32,462 %
Total ressources52,4100 %Total emplois52,4100 %
Détail consommation branche énergieDétail consommation finale
Production d'électricité15,577 %Industrie6,721 %
Usage propre branche énergie6,834 %Transport3,310 %
Écarts statistiques-2,3-11 %Ménages1,24 %
Tertiaire2,06 %
Agriculture0,20,6 %
Usages non énergétiques19,259 %

En 2018, l'Inde importait 49 % de ses besoins en gaz naturel ; 30 % des ressources totales allaient à la production d'électricité ; la consommation finale de gaz était dominée par les usages non énergétiques (chimie, en particulier engrais) : 59 % et par l'industrie : 21 %.

Voici l'évolution depuis 1990 :

Évolution de la production, des importations et de la consommation de gaz naturel de l'Inde[1]
Mtep 1990 2000 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 % 2018
Production10,623,143,039,033,329,027,526,225,926,626,951,3 %
Importations--11,416,015,615,415,717,021,124,425,548,7 %
Consommation10,623,154,455,048,944,543,243,247,051,052,4100 %

La production a été multipliée par 2,5 en 28 ans, et la consommation par 5 ; d'où l'envolée des importations.

Importations de gaz naturel

En 2019, les importations de gaz naturel en Inde sous forme de GNL ont atteint 32,9 Mds m3, soit 3,3 % des importations mondiales (mais 6,8 % de celles sous forme de GNL), provenant surtout du Qatar : 13,2 Mds m3, de l'Angola : 3,7 Mds m3, du Nigeria : 3,6 Mds m3, des Émirats arabes unis : 3,6 Mds m3 et des États-Unis : 2,6 Mds m3[b 13].

Les deux principales compagnies exploitant le système de gazoduc indien sont l'entreprise publique Gas Authority of India Ltd. (GAIL) et l'entreprise privée Reliance Gas Transportation Infrastructure Ltd (RGTIL), filiale du groupe Reliance. GAIL, ex-monopole du transport de gaz, exploite deux gazoducs majeurs dans le nord-ouest : Hazira-Vijaipur-Jagadishpur qui relie le Gujarat à Delhi, et Dahej-Vijaipur. La compagnie dessert surtout la partie nord-ouest du pays et possède plus de 70 % du réseau de gazoducs. RGTIL a mis en service en 2009 le gazoduc Est-Ouest qui relie le champ gazier de la Krishna-Godavari au réseau de GAIL et aux centres de consommation du nord et de l'ouest, mais ce gazoduc reste sous-utilisé du fait de la production inférieure aux prévisions de ce champ gazier. D'autres opérateurs gèrent des gazoducs locaux dans l'Assam et le Gujarat. L'insuffisante interconnexion des réseaux constitue un facteur majeur de limitation du développement gazier. Le réseau totalisait 10 800 miles en 2015, plus du double de son niveau de 2008 ; GAIL projette d'intégrer l'Inde du sud à son réseau et a inauguré en 2013 le gazoduc Dabhol-Bangalore[4].

Le pays dispose en 2019 de 5 terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL) et pourrait en mettre en service jusqu’à 11 en plus dans les 7 prochaines années[6].

Les importations de gaz naturel devraient s'accroître dans l'avenir proche ; plusieurs projets de gazoducs et de terminaux à GNL sont en cours ou prévus en 2016[4] :

  • le gazoduc Iran-Pakistan-Inde (IPI) était en discussion depuis 1994 ; long de 1 700 miles (2 735 km) depuis les champs iraniens de Perse du sud (South Pars) jusqu'au Gujarat, il aurait eu une capacité de 150 Mm3 par jour ; l'Inde s'est retiré de ce projet en 2009 ;
  • le gazoduc Turkmenistan-Afghanistan-Pakistan-Inde (TAPI ou Trans-Afghan Pipeline) : 1 700 km depuis les champs de Dauletabad au Turkmenistan jusqu'en Inde ; en 2010, l'Inde a signé un accord-cadre qui envisage une capacité de 90 Mm3 par jour ; en , un contrat d'achat-vente a été signé avec le Turkménistan, qui a commencé la construction du gazoduc fin 2015 ; la mise en service est prévue pour 2019, mais de nombreuses incertitudes demeurent quant à la sécurité et au financement ;
  • l'Inde a commencé à importer du gaz naturel liquéfié (GNL) en 2004, depuis le Qatar ; en 2015, elle était le 4e importateur mondial de GNL, en important 780 Bcf, soit 22 milliards de m3, soit 7 % du total mondial. Petronet, coentreprise entre GAIL, ONGC, IOC et plusieurs firmes étrangères, est le principal importateur de GNL en Inde. La capacité totale de regazéification de l'Inde atteint 1 100 Bcf/y, soit 31 milliards de m3/an, et les propriétaires de terminaux ont des projets d'extension, dont le projet de terminal de Dabhol, pour alimenter trois centrales électriques à gaz, lancé par Enron, puis repris par GAIL qui investit pour en doubler la capacité d'ici à 2017.

La compagnie qatarie RasGas est le seul fournisseur de long terme de l'Inde, avec deux contrats totalisant 365 Bcf/y, soit 10 milliards de m3/an. En 2015, 62 % du GNL importé en Inde provenait du Qatar. Depuis 2010, l'Inde importe des cargaisons spot du Nigeria, d'Égypte et du Yémen. Des contrats GNL ont été signés avec l'Australie, avec plusieurs terminaux américains ainsi qu'avec diverses compagnies européennes et avec Gazprom. OIL a investi dans des projets gaziers au Canada et au Mozambique afin de sécuriser l'approvisionnement du pays[4].

Organisation du secteur

Le Ministère du Pétrole et du Gaz Naturel (MOPNG) supervise l'exploration et la production, mais le gouvernement a commencé à réformer le secteur et a créé le Petroleum Natural Gas Regulatory Board (Bureau de réglementation du pétrole et du gaz naturel) pour réglementer les activités aval telles que la distribution et la commercialisation. Le gouvernement fixait les prix pour les compagnies du secteur public, alors que les producteurs privés indexent leurs prix sur les prix des marchés internationaux ; la plupart des consommateurs indiens payaient leur gaz à des tarifs très inférieurs aux prix du gaz importé ; mais le gouvernement a mis en place en 2014 un nouveau régime de tarification du gaz naturel visant à encourager l'investissement dans la production nationale en alignant plus étroitement les prix intérieurs sur ceux du marché international. Des compagnies privées telles que Petronet LNG (terminaux de regazéification) et Reliance Industries (production offshore dans le bassin de la Krishna-Godavari, gazoduc est-ouest de l'Andhra Pradesh au Gujarat) jouent un rôle croissant[4].

Biomasse

La biomasse est la deuxième source d'énergie de l'Inde après le charbon ; sa part dans la production primaire d'énergie est estimée à 32,3 % en 2018, sa part dans la consommation d'énergie primaire à 20,1 % et sa part dans la consommation finale d'énergie à 25,6 %[1].

La plus grande partie de cette production provient de la biomasse solide (bois principalement, déchets agricoles) : 7 662 PJ ; les déchets urbains contribuent pour 30 PJ, le solaire thermique pour 41,9 PJ et les biogaz pour 20 PJ ; ils sont utilisés pour la production d'électricité à 100 %, sauf la biomasse solide dont seulement 13,4 % sont brûlés dans les centrales électriques, le reste allant à la consommation des ménages (chauffage et cuisine) : 62 %, de l'industrie : 18 % et du tertiaire : 4 %[7].

La production de biocarburants a connu un développement rapide : celle de bioéthanol (produit à partir de la mélasse, résidu de l'industrie sucrière) est passée de 3 000 bbl/j en 2000 à 6 000 bbl/j en 2011, et celle de biodiesel, démarrée en 2005, atteint 2 000 bbl/j en 2011. Ces chiffres sont cependant très faibles en comparaison de la consommation de pétrole : 3 426 000 bbl/j en 2011[5].

Stades de croissance, fruits et graines de Jatropha curcas

La production de biocarburants à base d'huile de jatropha s'est développée depuis plusieurs décennies, cette huile pouvant être utilisée directement (ou de préférence après raffinage) comme biodiesel dans les générateurs et autres moteurs. Cette plante a un rendement à l’hectare 4 fois supérieur au soja et plus de 10 fois supérieur au maïs. Un hectare de jatropha produit, sur des terrains non agricoles, environ 600 litres de carburant par hectare[8].

L'Inde a lancé en 2004 un programme de plantation de 400 000 hectares de jatropha, afin de tester la viabilité de la filière ; à terme, 11 millions d'hectares impropres aux cultures vivrières pourraient être dédiés au jatropha[9]. Le gouvernement indien a annoncé en 2005 un objectif de remplacer en 6 ans 20 % de la consommation de pétrole par du biocarburant[10]. Après les premières expérimentations, ce programme semble en perte de vitesse: le site du MNRE ne mentionne plus les biocarburants que sous la forme d'un document de politique générale, où l'objectif de 20 % de biocarburants est repoussé à 2017 et n'est plus qu'indicatif[11].

Le MNRE subventionne la production familiale de biogaz[12] : pour le XIe Plan, un objectif de 647 000 unités familiales de biogaz a été fixé, et les réalisations sont :

  • 2007-08 : 88 840
  • 2008-09 : 107 929
  • 2009-10 : 119 914
  • 2010-11 : 71 165 au 21-02-2011

le cumul des réalisations, avec celles des plans précédents, atteignait 4 404 762 au 31/3/2011.

Réserves

L'Inde dispose de 55 000 tonnes de réserves d'uranium raisonnablement assurées au 01/01/2009[WEC 1] plus 25 000 tonnes de réserves présumées, soit 1,3 % des réserves mondiales[WEC 2] ; s'y ajoutent 80 000 tonnes de réserves "pronostiquées" et "spéculatives". L'Inde a produit 250 tonnes d'uranium en 2008, et sa production cumulée jusqu'à fin 2008 atteint 9 153 tonnes[WEC 3]. L'exploration de l'uranium a débuté en 1949, et des gisements ont été localisés dans de nombreuses régions ; l'exploration continue, en particulier dans les États du Rajasthan, Andhra Pradesh, Karnataka et Meghalaya. La mine de Jaduguda dans l'État oriental du Bihar est exploitée depuis 1967 ; trois autres mines participent à la production de 250 t/an dans la même région : Narwapahar, Bhatin et Turamdih. Des ressources non conventionnelles estimées à 6 600 tonnes sont récupérables dans les résidus miniers de mines de cuivre dans le district de Singhbhum de l'État de Jharkhand. Des usines de traitement de l'uranium (échangeurs d'ions et lessivage acide) sont en construction[WEC 4].

L'Inde recèle également de vastes réserves de thorium, élément dont les perspectives d'exploitation pour la production d'électricité sont prometteuses : son isotope naturel, le thorium 232, peut être utilisé comme combustible dans un réacteur nucléaire. L'exploitation du thorium par des réacteurs nucléaires à sels fondus paraît aujourd'hui être la voie la plus prometteuse ; elle est à l'étude dans plusieurs pays comme l'Inde, la France, les États-Unis, la Chine et le Japon. Selon les estimations 2013 de l'U.S. Geological Survey, l'Inde serait no 3 mondial pour ses réserves de thorium, après les États-Unis et l'Australie, avec 290 000 tonnes sur un total mondial de 1,4 million de tonnes ; elle aurait donc 21 % des réserves mondiales [13] ; une autre estimation, moins récente (2005) est fournie par l'International Atomic Energy Agency[14] qui attribuait le premier rang à l'Inde : 519 000 tonnes sur un total mondial de 2 810 000 tonnes, soit 21 % ; cependant, l'exploration de ces réserves est encore rudimentaire et limitée à quelques pays. La compagnie Indian Rare Earths Ltd. construit une usine de 10 000 tonnes par an pour le traitement de la monazite, minerai qui associe le thorium avec des terres rares, dans son complexe Orissa Sands du district de Ganjam, avec une mise en service prévue en 2013[15].

Selon des estimations plus récentes de l'OCDE (NEA) et de l'IAEA ("Red Book" Uranium 2014), l'Inde serait au 1er rang mondial avec 846 000 tonnes, soit 13,3 % des réserves mondiales, loin devant le Brésil : 632 000 tonnes, l'Australie : 595 000 tonnes et les États-Unis : 595 000 tonnes. L'Inde a longtemps utilisé des assemblages de combustible nucléaire contenant du thorium pour régulariser la puissance dans les premiers cœurs de ses réacteurs à eau lourde[16].

Production d'uranium

L'Inde produit environ 400 tU (tonnes d'uranium contenu) par an depuis 2010 contre 230 tU en 2004. Cette production est modeste en comparaison de celle de la Chine : 1 500 tU en 2014, ou du numéro un mondial, le Kazakhstan : 23 217 tU[17].

Consommation d'énergie primaire

La consommation d'énergie primaire est égale par définition au total de l'approvisionnement en énergies, net des exportations, des soutes internationales et des variations de stocks :

Consommation d'énergie primaire en Inde par source (Mtep)
Source 1990 % 2000 % 2010 % 2015 2018 % 2018 var.2018
/1990
Charbon92,730,3145,933,1279,040,3377,2414,245,1 %+347 %
Pétrole61,120,0112,025,4161,623,3206,4235,325,6 %+285 %
Gaz naturel10,63,523,15,254,47,945,152,45,7 %+396 %
Total fossiles164,453,8281,063,7495,071,4628,7701,976,3 %+327 %
Nucléaire1,60,54,41,06,81,09,79,91,1 %+516 %
Hydraulique6,22,06,41,510,61,511,713,01,4 %+111 %
Biomasse-déchets133,543,7148,833,8178,325,7179,7185,120,1 %+39 %
Solaire-éolien0,01ns0,180,042,00,34,69,91,1 %ns
Total EnR139,645,7155,435,3189,727,5196,0208,022,6 %+49 %
Solde élec.*0,10,040,10,020,50,070,01-0,30,04 %ns
Total305,7100440,9100693,2100834,5919,4100 %+201 %
Source des données : Agence internationale de l'énergie[1]
* Solde électricité : solde des échanges internationaux (+ si importateur, - si exportateur)

La prépondérance du charbon ne cesse de s'accentuer, aux dépens surtout de la biomasse ; les taux de croissance les plus élevés sont ceux du nucléaire et surtout des énergies nouvelles, dont la part reste cependant minime.

La consommation d'énergie primaire de l'Inde (919,4 Mtep) est la 3e au monde en 2018 (6,4 % du total mondial), après celles de la Chine (3 196,4 Mtep) et des États-Unis (2 230,8 Mtep), mais sa consommation par habitant (0,68 tep) est largement inférieure à la moyenne mondiale : 1,88 tep, à celle de la Chine : 2,30 tep et a fortiori à celle des États-Unis, dix fois plus élevée : 6,81 tep[s 1].

De l'énergie primaire consommée à l'énergie finale consommée

Tous les flux, de l'énergie primaire à la consommation finale d'énergie par les utilisateurs, peuvent se résumer en un tableau sous forme de bilan Ressources/Emploi, dénommé "bilan énergétique national" :

BILAN ÉNERGÉTIQUE 2018[1]
RESSOURCES Mtep % EMPLOIS Mtep %
Production d’énergie primaire573,662 %Consommation branche énergie310,734 %
Importations414,145 %Consommation finale non énergétique50,86 %
Exportations-66,5-7 %Consommation finale énergétique555,860 %
Stocks et Soutes-1,7-0,2 %Écarts statistiques2,10,2 %
Total ressources919,4100 %Total emplois919,4100 %

Les soutes sont les consommations d'énergie des transports internationaux (air et mer). Les consommations de la branche énergie comprennent :

  • les pertes de conversion, en particulier celles des centrales électriques (225,9 Mtep), qui consomment 362 Mtep d'énergie primaire (dont 285 Mtep de charbon, soit 69 % des ressources en charbon) pour produire 136,1 Mtep d'énergie électrique ; les autres pertes de transformation sont : 20,7 Mtep pour la cokéfaction, 3,8 Mtep pour les transformations de biomasse ;
  • l'utilisation d'énergie pour les besoins propres de l'industrie énergétique (centrales électriques, raffineries, pompes des oléoducs et gazoducs, etc) : 34,1 Mtep ;
  • les pertes de transport : 23,2 Mtep.

Les consommations non énergétiques sont surtout celles de la chimie (engrais en particulier).

Énergie finale consommée

Répartition par énergie de la consommation finale d'énergie

Après la transformation en électricité de 69 % des ressources charbonnières, le charbon cède la première place (pour l'utilisation directe) au pétrole et à la biomasse au stade de la consommation finale : les produits pétroliers représentent 34,2 % de la consommation en 2018 (surtout pour les transports), suivis par la biomasse et les déchets : 25,6 % (surtout dans le secteur résidentiel) ; la part de l'électricité est de 17 %[1].

Consommation finale d'énergie en Inde par source (Mtep)
Source 1990 % 2000 % 2010 % 2015 2016 2017 2018 % 2018 var.2018
/1990
Charbon38,615,934,510,987,118,097,296,2102,5106,617,6 %+179 %
Pétrole50,220,694,429,9134,227,8179,6189,1199,9207,734,2 %+314 %
Gaz naturel5,62,39,73,127,25,628,430,731,832,45,3 %+432 %
Biomasse-déchets130,353,6144,445,835,6160,4158,9160,8157,0155,625,6 %+19 %
Autres EnR thq*0,008ns0,040,010,30,060,70,70,81,00,2 %ns
Électricité18,57,632,410,362,412,987,594,599,2103,317,0 %+467 %
Total243,2100315,3100483,6100553,8570,2591,1606,6100 %+ 150 %
Source des données : Agence internationale de l'énergie[1]
* Autres énergies renouvelables thermiques : solaire thermique, géothermie, etc

Répartition par secteur de l'énergie finale consommée

Consommation d'énergie finale en Inde par secteur (Mtep)
Filière 1990 % 2000 % 2010 % 2015 2018 % 2018 % 2018
France
var.2018
/1990
Industrie67,227,783,426,5159,032,9184,5206,134,0 %18,4 %+207 %
Transport20,78,531,910,164,313,387,1103,817,1 %29,9 %+400 %
Résidentiel119,649,2141,344,8176,936,6173,3174,528,8 %24,4 %+46 %
Tertiaire9,03,710,73,417,13,521,926,04,3 %15,2 %+189 %
Agriculture8,63,515,44,919,44,024,829,34,8 %2,9 %+240 %
Non spécifié4,61,95,81,812,82,715,716,12,6 %0,3 %+251 %
Usages non énergétiques (chimie)13,35,526,88,534,27,146,550,88,4 %8,8 %+283 %
Total243,1100315,3100483,6100553,8606,6100 %100 %+150 %
Source des données : AIE[1].

La comparaison avec la France est révélatrice des profondes différences dans la structure des deux économies : part de l'industrie bien plus élevée en Inde, à l'inverse des transports et du tertiaire ; par contre, le logement (résidentiel) et l'agriculture ont des parts plus élevées qu'en France.

L'industrie consomme surtout du charbon : 46 %, de l'électricité : 20 %, de la biomasse : 16 % et des produits pétroliers : 15 %, secondairement du gaz : 3 %.

Les transports consomment bien entendu surtout des produits pétroliers : 95 %.

Le résidentiel (ménages) consomme surtout de la biomasse (bois, déchets agricoles, etc) : 66 % ; les produits pétroliers (16 %) dépassent encore l'électricité (15 %). Cette structure de consommation est plus proche de celle des pays en développement que d'un pays émergent, malgré une évolution rapide : en 1990, la biomasse couvrait encore 86 % des besoins des ménages et l'électricité seulement 2,4 %.

Secteur électrique

Production d'électricité

Production brute d'électricité en Inde
Source : Agence internationale de l'énergie[2]

Au 31/08/2020, la puissance installée des centrales indiennes atteignait 372 693 MW[18], dont :

  • thermique fossile : 231 421 MW (62,1 %), dont charbon+lignite : 205 955 MW (55,3 %) ;
  • nucléaire : 6 780 MW (1,8 %) ;
  • hydroélectrique : 45 699 MW (12,3 %) ;
  • autres EnR : 88 793 MW (23,8 %).

La propriété de ces capacités de production se répartit en :

  • État fédéral : 25,2 %,
  • États : 27,8 %,
  • Privé : 47,0 %.

En 2018, la production brute d'électricité de l'Inde s'est élevée à 1 583,2 TWh ; la part des centrales thermiques fossiles a été de 78,6 % (dont charbon : 73,5 %), les centrales nucléaires ont assuré 2,4 % de la production et les énergies renouvelables 19,0 % (hydraulique 9,5 %, éolien 4,1 %, biomasse 2,8 %, solaire 2,5 %)[2].

Production brute d'électricité en Inde (TWh)
Source 1990 % 2000 % 2010 % 2015 2016 2017 2018 % 2018 var.2018
/1990
Charbon191,666,2390,269,4658,067,51 032,11 081,61 130,51 163,473,5 %+507 %
Pétrole10,13,521,63,817,71,810,99,58,47,80,5 %-22 %
Gaz naturel10,03,456,010,0113,311,668,271,975,673,64,6 %+639 %
Total comb. fossiles211,673,1467,883,2788,980,91 111,21 163,01 214,51 244,978,6 %+488 %
Nucléaire6,12,116,93,026,32,737,437,938,337,82,4 %+516 %
Hydraulique71,724,874,513,2124,912,8136,5137,8141,8151,19,5 %+111 %
Biomasse01,30,214,21,525,441,942,043,92,8 %ns
Déchets000,80,081,71,71,71,50,1 %ns
Solaire PV0nsns0,1ns10,418,826,039,72,5 %ns
Éolien0,03ns1,70,319,72,035,148,355,064,34,1 %ns
Total EnR71,724,877,413,8159,616,4209,1248,5266,5300,519,0 %+319 %
Total prod.brute289,5100562,1100974,81001 357,61 449,31 519,21 583,2100 %+447 %
Source des données : Agence internationale de l'énergie[2]

En comparaison, la production brute d'électricité en France en 2018 était de 581,9 TWh. L'Inde produit donc près du triple de la production d'électricité française (2,73 fois) ; mais elle a une population 20,2 fois plus nombreuse ; sa production par habitant est donc 7,4 fois moins élevée.

Thermique fossile

Centrale de Ramagundam
Centrale de Dahanu au Maharashtra

Sur le total de 331 118 MW de puissance installée au 31/08/2020 en Inde, les centrales thermiques fossiles totalisent 231 421 MW (62,1 %) : charbon 199 595 MW (53,6 %), lignite 6 360 MW (1,7 %), gaz 24 957 MW (6,7 %) et diesel 510 MW (0,1 %)[18].

En 2018, les centrales thermiques à combustibles fossiles ont produit 78,6 % de l'électricité indienne (charbon : 73,5 %, gaz : 4,6 %)[2]. La plupart de ces centrales fonctionnent en base, avec un facteur de charge élevé (61 % en moyenne en 2018-19)[18], d'où leur part dans la production plus élevée qu'en termes de puissance installée.

La centrale Vindhyachal Thermal Power Station, dans l'État de Madhya Pradesh, est une des plus grandes centrales indiennes avec 3 760 MW. Elle brûle le charbon des mines de Nigahi.

La centrale de Ramagundam, dans le district de Karimnagar de l'État d'Andra Pradesh, est la plus grande centrale de l'Inde du sud avec sa puissance de 2 600 MW. Elle brûle le charbon des mine de Singareni. Elle appartient à National Thermal Power Corporation, la plus grande entreprise publique d'électricité, qui exploite un parc de centrales de 39 174 MW et est cotée au Bombay Stock Exchange, le gouvernement indien ayant 84,5 % du capital.

La centrale au charbon de Dahanu au Maharashtra (500 MW) est la plus grande centrale de Reliance Industries ; construite en 1995, elle est la première centrale indienne à avoir reçu les deux certificats ISO 9000 et ISO 14001. Sa cheminée est la plus haute en Inde : 275 m, pour favoriser la dispersion des particules en suspension, et la centrale est équipée de précipitateurs électrostatiques pour retenir les cendres volantes et réduire les émissions à l'atmosphère[19].

Nucléaire

En 2019, l'Inde a produit 0,4 EJ (exajoules) d'électricité nucléaire, en progression de 15,2 % en 2019 et de 150 % depuis 2009. Elle se classe au 13e rang mondial avec 1,6 % de la production mondiale[b 14].

Au 5 avril 2021, l'Inde exploite 23 réacteurs nucléaires opérationnels, totalisant 6 885 MW de puissance installée, répartis sur 8 sites nucléaires de production d'électricité, et compte 6 réacteurs nucléaires en construction totalisant 4 194 MW[20], ce qui la place au 7e rang en nombre de réacteurs en service, au 13e rang en capacité de production[21], et au 2e rang en nombre de réacteurs en construction, derrière la Chine (11 réacteurs en construction) et devant la Russie, la Corée du sud et les Émirats arabes unis (4 réacteurs chacun), mais au 4e rang en capacité de production derrière la Chine, les Émirats arabes unis et la Corée du sud[22].

Avec une production brute d’électricité d’origine nucléaire s'élevant à 40,7 TWh en 2019, soit 3,2 % de la production d'électricité de l'Inde[20], le pays se situe au 13e rang des pays producteurs d'énergie électrique d'origine nucléaire, loin derrière les États-Unis (809 TWh), la France (379 TWh) et la Chine (348 TWh)[23].

Le gouvernement indien a dévoilé mi- un projet de construction de dix réacteurs à eau lourde de conception indienne, totalisant une puissance de GW. La construction de réacteurs nucléaires de technologie indienne est l’une des pierres angulaires du programme phare « Make in India » lancé en 2014 par le Premier ministre Narendra Modi, déjà déployé dans l’éolien et le solaire[24].

Le , le réacteur n°3 de la centrale nucléaire de Kakrapar a divergé. C'est le premier réacteur à eau lourde sous pression (PHWR) de 700 MW, de conception nationale, à entrer en fonctionnement. Un projet de construction de quatre de ces réacteurs avait été approuvé en 2009 ; Kakrapar 4 devrait être mis en service en , Rajasthan 7 en et Rajasthan 8 en 2023[25]. Kakrapar 3 a été connecté au réseau le 10 janvier 2021[20].

Centrales nucléaires en activité[20]
Centrale Opérateur État Type Unités Puissance
brute(MW)
KaigaNPCILKarnataka PHWR220 x 4880
KakraparNPCILGujarat PHWR220 x 2
700 x 1
1140
KudankulamNPCILTamil Nadu VVER-10001000 x 22000
KalpakkamNPCILTamil Nadu PHWR220 x 2440
NaroraNPCILUttar Pradesh PHWR220 x 2440
RawatbhataNPCILRajasthan PHWR100 x 1
200 x 1
220 x 4
1180
TarapurNPCILMaharashtra BWR (PHWR)160 x 2
540 x 2
1400
Total237480

Les projets en cours de construction sont :

Réacteurs nucléaires en construction[20]
Centrale Opérateur État Type Unités Puissance
brute (MW)
KudankulamNPCILTamil Nadu VVER-10001000 x 22000
KalpakkamNPCILTamil Nadu PFBR500 x 1500
KakraparNPCILGujarat PHWR700 x 1700
RawatbhataNPCILRajasthan PHWR700 x 21400
Total64700
Centrale de Kudankulam en construction en 2009.

Le concept PHWR indien est basé sur un concept CANDU exporté du Canada dans les années 1960. Les premières unités PHWR avaient une puissance de 220 MWe, les plus récentes atteignent 540 MWe. L'accord de coopération nucléaire indo-américain de 2008 et la levée de l'interdiction d'exportation des technologies nucléaires par le Groupe des fournisseurs nucléaires ont mis fin à 30 années d'isolation pour l'Inde. L'Inde est appelée à jouer un rôle important dans le marché mondial des technologies nucléaires. Deux VVER-1000 russes sont en construction à Kudankulam, et plusieurs autres sont en projet[WEC 5].

En avril 2015, le gouvernement approuve dix nouveaux sites de centrales nucléaires dans neuf États, dont cinq pour des PHWR : Gorakhpur à Fatehabad (Haryana) ; Chutka et Bhimpur au Madhya Pradesh ; Kaiga au Karnataka ; Mahi Banswara au Rajasthan. Les cinq autres sites sont destinés à des projets en coopération avec l'étranger : Kudankulam au Tamil Nadu (VVER); Jaitapur au Maharashtra (EPR); Chhaya Mithi Virdhi au Gujarat (AP1000); Kovvada dans l'Andhra Pradesh (ESBWR) et Haripur au Bengale-Occidental (VVER). De plus, deux réacteurs à neutrons rapides de 600 MWe étaient proposés à Kalpakkam. En 2016, le site de Kovvada a été alloué aux réacteurs AP1000 à la place de celui de Mithi Virdhi, et le projet d'ESBWR a été remis à plus tard[26].

L'expérience cumulée des exploitants indiens atteignait, au 01/01/2010, 318 années-réacteurs[WEC 6].

L'Inde possède des installations de conversion de l'uranium, de fabrication de combustible et de retraitement, mais pas d'enrichissement de l'uranium[WEC 7].

Projet EPR de Jaitapur

Un MOU (Memorandum of understanding) signé en par le gouvernement indien avec AREVA prévoit la construction de six récteurs EPR à Jaitapur dans l'État de Maharashtra. En , le gouvernement indien a entériné la réservation de deux sites côtiers (Mithi Virdi dans le Gujarat et Kovada en Andhra Pradesh) pour des centrales nucléaires, prévues chacune pour huit réacteurs. À la fin de 2009, un accord de coopération indo-russe a été annoncé pour 4 réacteurs à Kudankulam et d'autres à Haripur dans le Bengale-Occidental[WEC 8].

Le projet de centrale nucléaire de Jaitapur suscite une forte opposition locale, le site étant situé sur une zone sismique ; le Monde Diplomatique donnait en les précisions suivantes : « le 11 décembre 1967, un séisme de magnitude 6,3 avait frappé Koyna, à une centaine de kilomètres au nord de Jaitapur, tuant 177 personnes et faisant quelque cinquante mille sans-abri. « Au cours des vingt dernières années, relève l’organisation environnementale Greenpeace, Jaitapur a connu trois tremblements de terre dépassant le niveau 5 sur l’échelle de Richter ; celui de 1993, d’une intensité de 6,3, a tué neuf mille personnes. En 2009, un pont s’est effondré à Jaitapur à la suite d’une secousse. Rien de tout cela n’a été pris en compte lors du choix du site. » Or, la position du NPCIL n’est pas claire sur d’éventuelles modifications de la conception face au risque sismique. »[27].

Pour comparaison, on peut mentionner qu'en France, la résistance au séisme des installations nucléaires, calculée à partir des séismes les plus puissants répertoriés dans l'histoire des zones avoisinantes des centrales et mesuré sur l'échelle de Richter, varie de 4,9 pour Dampierre à 6,5 pour Fessenheim et Blayais ; la séismicité du site de Jaitapur n'a donc rien d'exceptionnel et peut être traitée par le dimensionnement des ouvrages selon les normes anti-sismiques. La séismicité est bien plus élevée au Japon, qui connait fréquemment des séismes de magnitude 7 ou 8, sans que les 54 réacteurs des centrales nucléaires japonaises en soient affectées. Or l'échelle de Richter est un échelle logarithmique : un séisme de magnitude 7 est 10 fois plus puissant qu'un séisme de magnitude 6.

Des manifestations locales se sont déroulées en et , où un manifestant a trouvé la mort, puis en . Le gouvernement indien a déclaré le qu'il attendra les résultats des audits nucléaires français décidés après la catastrophe de Fukushima sur le réacteur de troisième génération EPR avant de s'engager avec Areva. En Inde, on s'inquiète des énormes retards et dépassements de coûts dans la construction de l'EPR à Flamanville par EDF[28]. L'accord cadre pour la construction des deux premiers réacteurs a été signé en durant la visite de Nicolas Sarkozy en Inde. Selon le journal indien The Hindu du 18/12/2012, AREVA était sur le point de signer un accord pour les travaux préliminaires de Jaitapur avec Nuclear Power Corporation of India Limited ; il s'agit des travaux d'étude du site, d'une durée prévue de 9 mois, destinés à vérifier que le site est bien adapté pour le projet[29]. Le gouvernement du Maharashtra a réaffirmé le 06/12/2012 sa décision de construire la centrale de Jaitapur[30], et le ministre fédéral indien des affaires étrangères, en visite à Paris, a réaffirmé l'engagement du gouvernement indien à mener à son terme ce projet[31]. Mais les négociations butent sur les modalités de mise en œuvre de la loi indienne sur la responsabilité civile des fournisseurs de centrales qui, beaucoup plus sévère que les normes internationales, fait peser une menace considérable sur les industriels concernés. Une vente d’EPR à l’Inde suppose également un accord nucléaire entre l’Inde et le Japon, ce dernier étant le seul pays à pouvoir fournir certaines pièces indispensables au fonctionnement des centrales. Sans compter des désaccords profonds sur le coût de l’électricité qui sera produit in fine par les centrales d’Areva[32].

Le 23 avril 2021, EDF annonce avoir remis au groupe nucléaire public indien NPCIL une « offre technico-commerciale engageante » en vue de la construction de six réacteurs EPR sur le site de Jaitapur[33], dont la puissance totale de 9,6 GW en ferait la plus grande centrale nucléaire du monde. NPCIL aurait estimé l'investissement nécessaire pour construire une telle centrale à plus de 30 milliards . L'offre d'EDF ne comprend ni le financement, ni même la construction des réacteurs, mais seulement les études d'ingénierie et la fabrication des équipements les plus critiques comme les cuves des réacteurs ou les générateurs de vapeur. EDF espère qu'un accord-cadre engageant pourrait être signé au premier semestre 2022[34]. Des points essentiels restent néanmoins à clarifier avec les autorités indiennes : le partage des responsabilités entre EDF et NPCIL, le futur exploitant de la centrale ; la responsabilité civile d'EDF en cas d'accident, la réglementation indienne sur ce point étant différente de celle en vigueur dans les conventions internationales ; la mise en oeuvre d'une norme de haute qualité pour les soudures, notion qui n'existe pas dans le référentiel de sûreté indien. EDF devra aussi parvenir à rassurer les opposants sur la sismicité du site qu'il estime « modérée »[35].

Projets avec la Russie

Lors de la visite de Vladimir Poutine à New Delhi, début , un projet de construction de douze réacteurs en Inde a été annoncé. Le communiqué publié précise «  pas moins de douze unités dans les deux décennies à venir  ». Mais il s’agit d’un objectif et non d’un contrat. Il s’inscrit dans la ligne des accords en cours, qui se sont traduits par la construction de deux réacteurs à Kudankulam, dans l’État du Tamil Nadu. Or l’accord intergouvernemental pour Kudankulam 1 et 2 date de et la construction des deux réacteurs a commencé en 2002. L’exploitation commerciale de Kudankulam 1 ne démarrera que début 2015, soit vingt-sept ans après l’accord intergouvernemental et treize ans après le début de la construction.  La construction des unités 3 et 4 de Kudankulam est prévue de longue date mais ne commencera pas avant 2016. Pour les réacteurs 7 à 12, il faudra aussi trouver un site, ce qui n’a rien de simple[32].

Projets avec les États-Unis

Lors de la visite d'État de Barack Obama à Narendra Modi en , les deux dirigeants ont annoncé une avancée majeure permettant de progresser vers la mise en œuvre complète de l'accord sur l'énergie nucléaire civile signé par Washington et New Delhi en 2008, qui n'arrivait pas à se concrétiser du fait notamment de la loi de responsabilité civile adoptée par l'Inde. Cette loi prévoit que les fournisseurs d'équipements nucléaires puissent être poursuivis en cas d'accident, disposition contraire aux normes internationales qui font porter la responsabilité sur l'opérateur de la centrale. Les États-Unis ont donc accepté de faire preuve de flexibilité en acceptant les principes de la loi indienne, accompagnés de modalités préservant leurs intérêts, par exemple par la création d'un fonds d'assurance nucléaire auquel souscriraient les fournisseurs[36].

Les premiers ministres japonais, Shinzo Abe et indien, Narendra Modi, ont défini en les bases d’un accord qui va permettre aux géants japonais du nucléaire civil d’enfin entrer sur le marché indien : Toshiba-Westinghouse pourrait ainsi finaliser dès 2016 la vente du réacteur AP1000 à des électriciens indiens, et GE Hitachi est déjà en discussion pour d'autres centrales en partenariat avec Areva[37]. En , un communiqué commun de Barack Obama et Narendra Modi a salué le début des travaux préparatoires sur site en Inde pour six réacteurs AP1000 qui seront construits par Westinghouse ; le contrat définitif devrait être signé en [38].

Énergies renouvelables

Production d'électricité renouvelable hors hydro en Inde
Source : Agence internationale de l'énergie[2]

En 2019, la production d'électricité renouvelable de l'Inde est estimée par BP à 296,7 TWh, soit 19 % de la production totale d'électricité, dont 161,8 TWh d'hydroélectricité (10,4 %) et 134,9 TWh d'autres renouvelables (8,7 %)[b 15], répartis en 63,3 TWh d'éolien (4,1 %), 46,3 TWh de solaire (3 %) et 25,4 TWh d'autres EnR (surtout biomasse)[b 16].

En 2018, les énergies renouvelables ont assuré 19,0 % de la production électrique de l'Inde : 300,5 TWh ; l'hydraulique contribue pour 151,1 TWh, soit 9,5 % de la production électrique totale, les éoliennes pour 64,3 TWh, soit 4,1 %, la biomasse 43,9 TWh (2,8 %), et le solaire 39,7 TWh (2,5 %)[2].

L’AIE recommande à l’Inde de porter une attention particulière à son secteur électrique, marqué « par une faible utilisation des centrales à charbon et à gaz et une pénétration croissante des filières renouvelables à production variable ». Dans certains États indiens, la part de ces filières « variables » dans la production d’électricité « est déjà bien supérieure à 15 %, un niveau qui nécessite des politiques spécifiques pour assurer leur bonne intégration dans le système électrique ». L’AIE préconise la création d’un marché de gros de l’électricité compétitif et la création d'outils de flexibilité (stockage, smart grids, etc)[6].

Évolution de la production brute d'électricité des énergies renouvelables (TWh)[2]
Source 2000 % 2010 % 2015 2018 part 2018* 2018/2000**
Hydraulique74,513,1124,912,8136,5151,19,5 %+4,0 %/an
Éoliennes1,70,319,72,035,164,34,1 %+22 %/an
Solairensns0,10,0110,439,72,5 %+73 %/an
Biomasse1,30,214,21,525,443,92,8 %+22 %/an
Production EnR77,413,6157,516,3207,4300,519,0 %+7,8 %/an
* part 2018 : part dans la production totale d'électricité ; ** 2018/2000 : taux de croissance moyen annuel.

Au 31/07/2018, les installations de production d'électricité à base de technologies renouvelables de l'Inde atteignaient (hors grande hydraulique) une puissance installée de 85,9 GW[39] :

Puissance installée des énergies renouvelables électriques en Inde au 31/12/2019 (hors hydro)[39]
Technologie Puissance installée (MW)
Éolien37 505
Solaire au sol31 379
Solaire en toiture2 333
Mini-hydro4 672
Biomasse9 861
Incinérateur de déchets140

Les projets d'EnR en Inde sont régulés et promus par le Ministère Fédéral des Énergies Nouvelles et Renouvelables (Ministry of New and Renewable Energy).

En juillet 2021, le conglomérat Reliance Industries de Mukesh Ambani, la plus grosse compagnie pétrolière et gazière indienne, annonce un programme d'investissement de 8,5 milliards d'euros dans les énergies vertes sur trois ans, dont 6,8 milliards d'euros seront consacrés à quatre « giga usines », installées sur plus de 2 000 hectares à Jamnagar, dans l'État du Gujarat : une usine de modules solaires photovoltaïques, une de batteries pour le stockage d'électricité, une de production d'hydrogène vert et une de piles à combustible[40].

De la production à la consommation

Tableau ressources-emplois du système électrique indien[2]
en TWh 1990 % 2000 % 2010 % 2015 2018 % 2018
Production brute289,599,5562,199,8974,899,41 357,61 583,2100,2 %
Importations1,40,51,50,35,60,65,24,70,3 %
Exportations-0,06-0,02-0,2-0,03-0,06-0,01-5,1-8,5-0,5 %
total ressources290,8100563,4100980,31001 357,71 579,4100 %
Conso propre*22,67,839,77,065,46,798,7108,16,8 %
Pertes56,519,4155,127,5194,519,8240,9269,917,1 %
Consommation finale211,872,8368,765,4720,473,51 018,21 201,376,1 %
* consommation propre du secteur énergétique et consommation des STEP (stations de transfert d'énergie par pompage) pour le pompage..

On remarque le taux de pertes très élevé, mais en baisse.

Consommation d'électricité

La consommation d'électricité par habitant était en 2018 de 968 kWh, soit seulement 29,7 % de la moyenne mondiale (3 260 kWh), 19,7 % de celle de la Chine (4 906 kWh) et 13,6 % de celle de la France (7 141 kWh)[s 1].

L’AIE souligne que « des progrès impressionnants » ont été réalisés en Inde ces dernières années pour améliorer l’accès à l’électricité : entre 2000 et 2019, près de 750 millions de nouvelles personnes ont ainsi obtenu un accès à l’électricité dans le pays[6].

Consommations par secteur

Consommation finale d'électricité par secteur[2]
en TWh 1990 % 2000 % 2010 % 2015 2018 % 2018 % var.2018
/1990
Industrie105,649,9158,443,0320,044,4419,8487,740,6 %+362 %
Transport4,11,98,22,213,31,816,618,21,5 %+342 %
Résidentiel32,015,176,120,7158,121,9245,8308,025,6 %+863 %
Tertiaire11,25,323,06,266,79,392,9110,49,2 %+887 %
Agriculture50,323,884,723,0126,417,5173,2211,617,6 %+321 %
Non spécifié8,64,018,35,035,85,069,965,45,4 %+664 %
TOTAL211,8100368,7100720,41001 018,21 201,3100 %+467 %

Mobilité électrique

Amazon annonce le déploiement de 10 000 rickshaws électriques en Inde d’ici 2025 ; ils débuteront dès cette année leurs tournées de livraisons dans une vingtaine de villes, dont Delhi City, Bangalore, Hyderabad, Ahmedabad, Pune, Nagpur et Coimbatore. Cette annonce s'inscrit dans la politique de développement de la mobilité électrique lancée par le gouvernement indien, dont un des actes majeurs est de mailler actuellement le pays en infrastructures de recharge[41].

Impact environnemental

Émissions de gaz à effet de serre

Émissions de CO2 par consommation d'énergie en Inde
source : EIA[42]

L'Inde occupe le troisième rang mondial pour les émissions de CO2 liées à l'énergie, avec 2 307,8 Mt d'émissions en 2018, soit 6,9 % du total mondial (33 513 Mt), derrière la Chine : 9 528 Mt (28,4 %) et les États-Unis : 4 921 Mt (14,7 %)[s 1].

Néanmoins, ses émissions par habitant s'élevaient en 2018 à 1,71 t CO2, très inférieures à la moyenne mondiale : 4,42 t CO2/hab, aux émissions de la France : 4,51 t, a fortiori à celles de la Chine : 6,84 t, et encore plus à celles des États-Unis : 15,03 t[s 1].

Évolution des émissions de CO2 liées à l'énergie
1971 1990 2018 var.
2018/1971
var.
2018/1990
var.Monde
2018/1990
Émissions[h 1] (Mt CO2)180,9530,12 307,8+1176 %+335 %+63 %
Émissions/habitant[h 2] (t CO2)0,320,611,71+434 %+180 %+13,9 %
Source : Agence internationale de l'énergie

L'AIE fournit également les émissions de 2019 : 2 309,1 MtCO2, en progression de 0,06 % par rapport à 2018[h 1].

Répartition par combustible des émissions de CO2 liées à l'énergie
Combustible 1971
Mt CO2
1990
Mt CO2
2018
Mt CO2
% 2018 var.
2018/1990
var.Monde
2018/1990
Charbon[h 3]127,2364,81 628,070,5 %+346 %+78 %
Pétrole[h 4]52,6151,1595,125,8 %+294 %+34 %
Gaz naturel[h 5]1,014,283,43,6 %+487 %+93 %
Source : Agence internationale de l'énergie
Émissions de CO2 liées à l'énergie par secteur de consommation*
Émissions 2018 part du secteur Émissions/habitant Émiss./hab. UE-28
Secteur Millions tonnes CO2 % tonnes CO2/hab. tonnes CO2/hab.
Secteur énergie hors élec.64,22,8 %0,050,41
Industrie et construction1 049,345,5 %0,781,55
Transport323,214,0 %0,241,85
dont transport routier277,512,0 %0,211,71
Résidentiel390,316,9 %0,291,30
Tertiaire138,56,0 %0,100,86
Total2 307,8100 %1,716,14
Source : Agence internationale de l'énergie[h 6]
* après ré-allocation des émissions de la production d'électricité et de chaleur aux secteurs de consommation.

On remarque la faiblesse des émissions indiennes dans tous les secteurs et le poids prépondérant de l'industrie : 45,5 % (contre 17 % en France et 32,5 % en Allemagne, mais 58,4 % en Chine).

La contribution de l'Inde à l'effort mondial de lutte contre le dérèglement climatique, remise à l'ONU le , ne comporte pas d'engagement de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre, qui ont augmenté de 67 % entre 1990 et 2012, mais seulement un engagement de réduction de son « intensité carbone » (taux d'émissions de CO2 par unité de PIB) de 33 à 35 % en 2030 par rapport au niveau de 2005. L'Inde s'engage également à porter à 40 % en 2030 la part des énergies renouvelables ; la production solaire en particulier serait multipliée par trente, à 100 000 MW en 2022. Mais la part du charbon dans la production d'électricité sera encore de 40 % en 2022[43].

Politique énergétique

L'Inde est le troisième émetteur de CO2 au monde, derrière la Chine et les États-Unis, principalement à cause d’une énorme dépendance envers le charbon, source des deux tiers de l’électricité produite par des centrales anciennes et polluantes. Mais un Indien émet seulement 1,7 tonne de CO2 par an, soit dix fois moins qu’un Américain, quatre fois moins qu’un Chinois et trois fois moins qu’un Terrien moyen. Cela est principalement dû au fait que 300 millions d’habitants ne sont pas connectés au réseau électrique. La priorité de l'Inde est de faire profiter cette population rurale des retombées de la croissance (environ 7 % par an). Dans sa contribution à la COP21, le gouvernement ne s’est pas engagé à réduire ses émissions de manière absolue, mais relative : d’ici à 2030, chaque point de croissance devra être obtenu avec 35 % en moins de CO2 rejeté dans l’atmosphère. La demande en charbon devrait doubler d’ici à 2035, alors que l’Inde est déjà le troisième consommateur mondial. Le pays projette cependant une ambitieuse révolution solaire visant à multiplier par 25 les capacités de production photovoltaïque d’ici à 2030 ; avec l’éolien, l’hydraulique et la biomasse, 40 % de l’électricité serait alors produite de manière renouvelable. Les observateurs estiment cette ambition difficile à tenir : le solaire sur les toits, principal levier, est encore naissant et mal organisé, et l’expansion du photovoltaïque au sol nécessite l’achat de terres, ce qui est difficile dans un pays agricole et densément peuplé[44].

Le gouvernement indien a annoncé en d’ambitieux objectifs de déploiement d’énergies renouvelables, visant un total de 150 GW de capacité installée d’ici à 2022. En 2014, avec 34 GW installés, les énergies renouvelables fournissent 6,5 % de l’électricité du pays. Le solaire se taille la part du lion, avec un objectif de 100 GW, alors que seuls GW sont actuellement exploités. L’éolien devra atteindre 60 GW en 2022, contre 22 465 MW installés fin 2014. Biomasse (10 GW) et petite hydraulique (GW) complèteront le dispositif. Pour financer ces déploiements, qui apparaissent difficilement atteignables, le gouvernement a notamment annoncé le doublement, pour la deuxième année consécutive, de la taxe sur le charbon[45].

Le premier ministre Narendra Modi élu en est un fervent partisan des énergies renouvelables, qu'il avait promues lorsqu'il était premier ministre du Gujarat, au point que cet État rassemblait plus du tiers de la capacité installée solaire de l'Inde à la fin 2013. Le ministre indien de l'Énergie a déclaré début au journal britannique The Guardian que son gouvernement s'engage à donner accès à l'électricité à chaque foyer indien d'ici à 5 ans (au moins une ampoule électrique par foyer), et à supprimer l'usage des générateurs au diesel, alors qu'actuellement plus de 300 millions indiens ne sont pas reliés au réseau électrique. Pour cela, l'objectif de 20 GWc solaires installés en 2020 fixé par le gouvernement précédent sera largement dépassé, le nouveau gouvernement envisageant de passer rapidement à un rythme de 10 GWc solaires installés par an, plus 6 à GW/an d'éolien. Les analystes de Bloomberg Energy Finance prévoient que l'Inde pourrait compter plus de 200 GWc de photovoltaïque installés en 2030, presque autant que la capacité actuelle des centrales à charbon et estiment que, dès 2020, l'électricité des centrales solaires pourrait coûter moins cher que celle des centrales à charbon. Le gouvernement Modi a doublé la taxe sur le charbon et propose des aides pour fermer les centrales à charbon de plus de 25 ans. Cependant, le ministre ne cache pas que la production électrique issue du charbon continuera néanmoins à croître pour répondre à la double exigence d'amener l'électricité à tous les Indiens tout en répondant aux besoins d'une économie en plein développement[46].

L'État indien a vendu en Bourse, le , 10 % du capital de Coal India pour 3,2 milliards d'euros, le plus gros appel au marché jamais effectué à la Bourse de Bombay ; l'État conserve près de 80 % du capital ; il prépare la cession de 5 % du grand groupe pétrolier et gazier ONGC pour environ 2,5 milliards de dollars[47].

Notes et références

Notes

  1. BP prend comme source le rapport 2020 de l'Institut fédéral allemand pour les géosciences et les ressources naturelles.
  2. y compris condensats et liquides de gaz naturel.

Références

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    6. p. 25
    7. p. 31
    8. p. 33
    1. tab.FC
    2. tab.CO2-POP
    3. tab.CO2 FC-Coal
    4. tab.CO2 FC-Oil
    5. tab.CO2 FC-Gas
    6. tab.SECTOREH
    1. p. 44
    2. p. 40-41
    3. p. 47
    4. p. 49
    5. p. 14
    6. p. 16-17
    7. p. 21-22
    8. p. 30-31
    9. p. 28
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    11. p. 34-35
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    14. p. 50
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    • Autres références
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    5. (en)données sur l'énergie en Inde, sur le site de l'EIA.
    6. La situation énergétique de l'Inde décryptée par l'AIE, connaissancedesenergies.org, 14 janvier 2020.
    7. (en)Data and statistics - India : Renewables and Waste 2018, AIE, 12 septembre 2020.
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    40. L'homme le plus riche d'Asie se lance dans les énergies vertes, Les Échos, 4 juillet 2021.
    41. 10.000 rickshaws électriques pour Amazon en Inde d’ici 2025, automobile-propre.com, 27 janvier 2020.
    42. (en)Total Carbon Dioxide Emissions from the Consumption of Energy, EIA.
    43. L’Inde mise tous ses efforts sur le solaire, Le Monde du 2 octobre 2015.
    44. Les frileux de la lutte contre le réchauffement, Libération, 30 novembre 2015.
    45. L'Inde accélère sur les énergies renouvelables, La lettre des énergies renouvelables (Observ'ER) du 31/03/2015.
    46. Inde - L'objectif de 20 GWc en 2020 sera pulvérisé, Observ'ER, 15 octobre 2014
    47. L'Etat indien entame le bal des privatisations partielles, Les Échos, 3 février 2015.

    Voir aussi

    Sources et bibliographie

    • (en)International Energy Agency (IEA), IEA Key World energy statistics 2012, International Energy Agency (IEA) - Agence Internationale de l’Énergie, (lire en ligne)

    Articles connexes

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