Élections législatives vénézuéliennes de 2020
Les élections législatives vénézuéliennes de 2020, ont lieu le afin de renouveler les 277 députés de l'Assemblée nationale du Venezuela. Un temps avancées à 2018 puis reportées à une date indéterminée à cause de la pandémie de Covid-19, elles sont finalement organisées l'année prévue, dans le contexte de crise politique entre le gouvernement et l'assemblée sortante, au sein de laquelle l'opposition est majoritaire depuis les élections législatives de 2015.
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Élections législatives vénézuéliennes de 2020 | ||||||||||||||
277 députés de l'Assemblée nationale | ||||||||||||||
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(élections indigènes) |
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Participation | 31 % 43,17 | |||||||||||||
PSUV – Diosdado Cabello | ||||||||||||||
Tupamaro
Alianza para el Cambio Movimiento Somos Venezuela Movimiento Electoral del Pueblo | ||||||||||||||
Voix | 4 317 819 | |||||||||||||
69,25 % | 36,3 | |||||||||||||
Sièges obtenus | 253 | |||||||||||||
AD – José Bernabé Gutiérrez | ||||||||||||||
Alliance démocratique
Action démocratique
Comité d'organisation politique électorale indépendante Esperanza por El Cambio (es) Cambiemos Movimiento Ciudadano (es) Movimiento Ecológico de Venezuela (es) Avanzada Progresista (es) | ||||||||||||||
Voix | 1 101 816 | |||||||||||||
17,68 % | ||||||||||||||
Sièges obtenus | 18 | |||||||||||||
Répartition des sièges | ||||||||||||||
Avec un taux de participation de seulement 31 %, le Parti socialiste unifié du président Maduro remporte une large majorité des sièges[1].
Contexte
Initialement prévues pour 2020[2], le président Nicolás Maduro et le vice-président de l'Assemblée nationale constituante, Diosdado Cabello émettent le souhait de les anticiper et de les organiser le , le jour même de l'élection présidentielle vénézuélienne de 2018[3],[4], et d'organiser en ce jour les élections des conseils législatifs des États et des conseils municipaux[5]. Le , pour des raisons techniques et d'organisation, le Conseil national électoral rejette cette date et annonce qu'il communiquera le calendrier électoral la semaine suivante[6]. Finalement, Maduro, en accord avec une partie de l'opposition, reporta le scrutin[7].
Le , Maduro propose de nouveau des législatives anticipées pour 2019[8]. Il fait de même le [9]. Le , Diosdado Cabello, devenu entretemps président de la Constituante, propose l'organisation du scrutin en 2019 ou le [10].
En raison de la pandémie de Covid-19, le président Maduro annonce en que le scrutin n'aura pas lieu durant l'année[11].
Les partis d'opposition présentent des divisions internes entre partisans du boycott et tenants de la participation. Le Tribunal suprême de justice (TSJ) arbitre ces conflits[12].
L'Assemblée nationale devait sélectionner les membres du Conseil national électoral (CNE) avant les élections législatives, mais les conflits entre les courants de l’opposition qui avaient entrepris de négocier avec les "chavistes" le renouvellement du CNE et ceux qui s'opposent à toute négociation avec le gouvernement empêchent toute majorité des deux tiers de se dégager[13]. Conformément à ce que stipule la Constitution, c’est donc au Tribunal suprême de justice de renouveler la composition du CNE, ce qu'il fait en [13]. Le TSJ nomme ainsi une magistrate ciblée par des sanctions canadiennes à la tête du conseil électoral. L'opposition vénézuélienne accuse la magistrate d'être partisane de l'administration de Maduro qualifie le processus électoral de « farce » et annonce se retirer des élections[14].
Les 16 et , le Tribunal suprême de justice décide de remplacer les dirigeants des partis d'opposition Action démocratique et Primero Justicia[15]. Il fait de même le avec ceux de Volonté populaire[16].
Début , le conseil électoral national annonce finalement l'organisation des élections le suivant[17].
La Haute-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme Michelle Bachelet dénonce dans un rapport sur la situation humanitaire du Venezuela que les décisions du TSJ réduisent « la possibilité de créer les conditions nécessaires à des processus électoraux crédibles et démocratiques ». Bachelet indique que les nouveaux représentants du CNE étaient choisi « sans le consensus de toutes les forces politiques et ont interféré avec l’organisation interne de deux des principaux partis politiques d’opposition »[18].
En , les tendances pro-Guaidó des partis Action démocratique, Justice d'abord, Volonté populaire et Un nouveau temps, annoncent leur boycott du scrutin[19],[20]. Au contraire, Henrique Capriles, le candidat de la droite aux élections présidentielles de 2012 et 2013, a appelé l'opposition à « jouer le jeu de la démocratie » et à prendre part aux élections. Le député Stalin Gonzalez, jusqu'alors le plus proche conseiller de Juan Guaidó, prend ses distances avec ce dernier et se rallie à Capriles[21]. La Conférence épiscopale vénézuélienne, traditionnellement proche de l'opposition, demande à cette dernière de « prendre ses responsabilités » et de rejeter l’abstention[22].
Le Venezuela demande en septembre à l'Organisation des nations unies et à l'Union européenne de dépêcher des observateurs électoraux pour surveiller le déroulement du scrutin[23]. L'UE exprime son refus, estimant que « les conditions pour des élections transparentes ne sont pas réunies »[22].
Réactions internationales avant les élections
Les États-Unis annoncent qu'ils ne reconnaîtront pas les résultats des élections et l'Union européenne demande qu'elles soient reportées, considérant que les conditions d'un scrutin transparent et juste ne sont pas réunies. Une trentaine de pays demande dans une déclaration commune, publiée le 21 aout 2020, la création au Venezuela d'un gouvernement de transition qui conduirait à « une élection présidentielle libre et juste le plus tôt possible »[24].
Washington commence à émettre certaines réserves à l'égard de Juan Guaido. Donald Trump déclare en n’avoir « pas beaucoup confiance » en celui-ci, dont l’adoubement par son gouvernement, estime-t-il, n’a pas « eu une grande signification »[12]. Elliott Abrams, le représentant spécial des États-Unis au Venezuela, a toutefois affirmé que Washington maintiendrait son soutien à Juan Guaido quelle que soit l'issue du scrutin. Il a également fait savoir qu'il était en discussion avec quelque 60 pays afin de s'assurer qu'ils s'associeraient à la position américaine sur le Venezuela[25].
Le gouvernement américain annonce le des sanctions contre cinq dirigeants de l’opposition ayant décidé de se présenter aux élections « pour leur complicité dans les tentatives de Maduro de déposséder le peuple du Venezuela de son droit de choisir ses dirigeants lors d’élections libres et équitables (…) En agissant de la sorte, ces individus concourent aux tentatives grossières d’un dictateur désespéré et illégitime pour s’emparer du pouvoir de facto et de le conserver »[22].
Système électoral
L'assemblée est composée de 277 sièges pourvus pour cinq ans selon un mode de scrutin parallèle. Sur ce total, 133 le sont au scrutin majoritaire plurinominal dans 87 circonscriptions, dont trois sièges réservés aux communauté indigènes. Dans chaque circonscription, les candidats ayant recueillis le plus de suffrages sont élus, à hauteur du nombre de sièges à pourvoir. Les 144 sièges restants sont quant à eux pourvus au scrutin proportionnel plurinominal, dont 96 répartis dans 24 circonscriptions de trois à dix sièges correspondant aux 23 États du pays plus le district de la capitale, Caracas, auxquels s'ajoutent 48 sièges pourvus dans une unique circonscription nationale. Après décompte des suffrages, les sièges sont répartis à la proportionnelle selon la méthode d'Hondt[26],[27],[28].
Au scrutin précédent, l'Assemblée comportait 167 députés, dont 113 élus au scrutin majoritaire, tandis que 51 députés étaient élus au scrutin proportionnel plurinominal de liste dans une unique circonscription nationale. Enfin, trois sièges étaient réservés aux indigènes[29],[30].
Résultats
Parti | Voix | % | Sièges | +/- | |||||
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Parti socialiste unifié du Venezuela | 3 906 243 | 62,72 | 253 | 198 | |||||
Autres partis | 411 576 | 6,60 | 0 | - | |||||
Total Grand Pôle patriotique Simón Bolívar | 4 317 819 | 69,32 | 253 | 198 | |||||
Action démocratique | 433 113 | 6,95 | 11 | 14 | |||||
Espoir pour le changement | 284 161 | 4,56 | 3 | Nv | |||||
Copei | 175 771 | 2,82 | 1 | 1 | |||||
Avancée progressiste | 156 207 | 2,51 | 3 | Nv | |||||
Changeons - Mouvement citoyen | 52 564 | 2,84 | 0 | Nv | |||||
Total Alliance démocratique | 1 101 816 | 17,68 | 18 | Nv | |||||
Venezuela d'abord | 187 187 | 3,01 | 2 | Nv | |||||
Volonté populaire | 44 254 | 0,71 | 0 | 14 | |||||
Venezuela uni | 29 163 | 0,47 | 0 | Nv | |||||
Total Venezuela uni | 260 604 | 4,19 | 2 | Nv | |||||
Parti communiste du Venezuela | 170 227 | 2,73 | 1 | 1 | |||||
Autres partis | 377 224 | 6,05 | 0 | - | |||||
Sièges réservés aux indigènes | 3 | ||||||||
Votes valides | |||||||||
Votes blancs et nuls | |||||||||
Total | 100 | 277 | 110 | ||||||
Abstentions | |||||||||
Inscrits / participation | 31 |
Réactions internationales
Les États-Unis et l'Union européenne ne reconnaissaient pas le résultat[32]. Le secrétaire d'État des États-Unis, Mike Pompeo réaffirme le soutien des États-Unis à Guaidó et appelle à la communauté internationale à ne pas reconnaître une « seconde élection volée » après l'élection présidentielle vénézuélienne de 2018[32]. Le Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, déclare « Le manque de respect du pluralisme politique, la disqualification et la poursuite des dirigeants de l’opposition ne permettent pas à l’UE de reconnaître ce processus électoral comme crédible, inclusif ou transparent, et ses résultats comme représentatifs de la volonté du peuple vénézuélien »[32].
Le Canada, la Colombie, le Costa Rica et Panama ne reconnaissaient non plus les résultats des élections[32].
Le gouvernement russe a qualifié les élections de « transparentes »[32].
Suites
Après la tenue des législatives, la législature sortante annonce se maintenir sous la forme d'une commission déléguée pour assurer la continuité législative jusqu'à la tenue d'élections libres. La nouvelle législature, dominée par le chavisme, s'installe cependant le [33].
Notes et références
- (en) "Maduro claims sweep of boycott-tainted poll, wins control of Venezuelan Congress", France 24, 7 décembre 2020
- « Venezuela: les législatives seront elles aussi avancées », sur La Presse (consulté le )
- Le Point, magazine, « Venezuela : l'élection présidentielle aura lieu le 20 mai », sur Le Point (consulté le )
- « Le numéro deux vénézuélien va proposer des législatives anticipées », sur Le Figaro (consulté le )
- « Venezuela: l'opposition boycottera la présidentielle du 22 avril - Amériques - RFI », sur RFI (consulté le )
- Reuters, « Venezuela: Difficile d'organiser des élections groupées, selon la commission électorale », Challenges, (lire en ligne, consulté le ).
- (en) Republic World, « Venezuela's Maduro urges top court to postpone elections due to coronavirus outbreak - Republic World », sur Republic World (consulté le ).
- « Venezuela: Maduro ferme sur ses positions, l'ultimatum d'Européens expire », sur Courrier international (consulté le )
- « Venezuela: Nicolas Maduro veut des élections législatives au plus vite - RFI », sur RFI (consulté le )
- « Venezuela : l'Assemblée constituante envisage des législatives anticipées », sur FIGARO (ISSN 0182-5852, consulté le ).
- (en) Fabiola Zerpa, « Maduro Says Elections in Venezuela Not a Priority Amid Virus », sur Bloomberg News,
- « Venezuela. Trump se dit prêt à discuter avec Maduro », sur L'Humanité,
- « La Nausée », sur Médelu,
- « Venezuela: l'opposition se retire des prochaines législatives », sur Le Figaro, (consulté le )
- « Venezuela: un nouveau parti d'opposition décapité par le tribunal suprême », sur Le Figaro.fr, lefigaro, (ISSN 0182-5852, consulté le ).
- « Venezuela: la Cour suprême suspend la direction du parti de l'opposant Guaido », sur Le Figaro.fr, lefigaro, (ISSN 0182-5852, consulté le ).
- (es) « Prensa Latina - Agencia Latinoamericana de Noticias », sur www.prensa-latina.cu (consulté le ).
- « Au Venezuela, la Covid-19 exacerbe la crise socio-économique (ONU) », sur ONU Info, (consulté le )
- (en) Reuters Editorial, « Venezuela's major opposition parties pledge to boycott December election », sur U.S., Reuters, (consulté le ).
- (en) SCOTT SMITH THE ASSOCIATED PRESS, « Coalition to shun election in Venezuela », sur Arkansas Online, (consulté le ).
- Rosa Moussaoui, « Au Venezuela, l’opposition n’en finit plus de se fracturer », sur L'Humanité,
- « Venezuela : Contes et mécomptes de curieux « défenseurs des droits humains » », sur Médelu,
- « Caracas invite l'ONU et l'UE à envoyer des observateurs à l'occasion des prochaines législatives », sur RT,
- « Venezuela: l'Assemblée constituante cessera son activité en décembre », sur Le Figaro.fr, (consulté le )
- « Quel que soit le résultat des législatives au Venezuela, Washington continuera de soutenir Guaido », sur RT,
- « Le Venezuela annonce des élections législatives en décembre », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
- (es) « CNE divulga cronograma electoral y número de diputados por estados », sur Efecto Cocuyo, https:es-la.facebook.comefectococuyo, (consulté le ).
- (es) « CNE aumentó cantidad de diputados a elegir de 167 a 277 », sur Crónica Uno, cronica.uno, (consulté le ).
- (en) « IFES Election Guide », sur electionguide.org (consulté le )
- (es) « :: Consejo Nacional Electoral :: », sur cne.gob.ve (consulté le )
- (es) « Divulgaciones », sur www2.cne.gob.ve (consulté le ).
- « Venezuela : la coalition soutenant Maduro remporte les législatives, l’UE et les Etats-Unis ne reconnaissent pas le résultat », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Venezuela : Nicolas Maduro installe son pouvoir au Parlement, Juan Guaido promet de résister », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
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