Élections législatives macédoniennes de 2008

Les élections législatives macédoniennes de 2008 (en macédonien : Македонски парламентарни избори (2008)) se tiennent le dimanche , afin d'élire les 120 députés de la 6e législature de l'Assemblée de Macédoine, pour un mandat de quatre ans.

Élections législatives macédoniennes de 2008
120 sièges de l'Assemblée
(Majorité absolue  : 61 sièges)
Type d’élection Élection législative
Corps électoral et résultats
Inscrits 1 779 116
Votants 1 015 164
57,06%  1,08

Votes exprimés 986 991
Votes blancs et nuls 28 173
VMRO-DPMNE  Nikola Gruevski
Voix 481 501
48,78%
 16,3
Députés élus 63  16
SDSM  Radmila Šekerinska
Voix 233 284
23,64%
 5,7
Députés élus 27  10
BDI/DUI  Ali Ahmeti
Voix 126 522
12,82%
 0,7
Députés élus 18  4
DPA/PDSh  Menduh Thaçi
Voix 81 557
8,26%
 0,8
Députés élus 11
6e législature de l'Assemblée
Président du gouvernement
Sortant Élu
Nikola Gruevski
VMRO-DPMNE
Nikola Gruevski
VMRO-DPMNE

Le scrutin est convoqué avec deux ans d'avance, après que l'OTAN a repoussé la candidature de la Macédoine en raison du débat autour de son nom. Il est remporté par la coalition conservatrice et libérale du président du gouvernement Nikola Gruevski, qui obtient la majorité absolue des sièges. Il se maintient donc au pouvoir, après avoir forgé un gouvernement de coalition avec l'Union démocratique pour l'intégration (BDI/DUI).

Contexte

Aux élections législatives du 5 juillet 2006, la coalition de centre droit conduite par l'Organisation révolutionnaire macédonienne intérieure - Parti démocratique pour l'unité nationale macédonienne (VMRO-DPMNE) de l'ancien ministre Nikola Gruevski détrône l'alliance de centre gauche emmenée par l'Union sociale-démocrate de Macédoine (SDSM) du président du gouvernement Vlado Bučkovski, qui paie ses mauvais résultats en matière économique[1]. Gruevski accède au pouvoir sept semaines plus tard dans le cadre d'une coalition avec le Parti démocratique des Albanais (DPA/PDSh) et le Nouveau Parti social-démocrate (NSDP).

Le DPA/PDSh annonce son retrait de la majorité parlementaire le , afin de protester contre la décision de l'exécutif de ne pas reconnaître l'indépendance du Kosovo, mais y revient dix jours plus tard après avoir obtenu la création de groupes de travail sur la place de la langue albanaise et l'application entière des accords d'Ohrid. Peu après, les et , le sommet de l'OTAN à Bucarest rejette la candidature macédonienne en raison du veto émis par la Grèce en raison du débat autour du nom de la Macédoine. Face à ce camouflet, l'Union démocratique pour l'intégration (BDI/DUI) propose la dissolution de l'Assemblée, approuvée le par 70 voix pour grâce au soutien de la VMRO-DPMNE et du DPA/PDSh, tandis que la SDSM s'y oppose[2].

Système électoral

L'Assemblée de Macédoine (Собрание на Македонија) est un parlement monocaméral composé de 120 sièges pourvus pour quatre ans au scrutin proportionnel plurinominal dans six circonscriptions de 20 sièges chacune. Les électeurs votent pour le candidat d'une liste, et ce vote correspond à une voix pour cette dernière tout en jouant le rôle d'un vote préférentiel pour le candidat en question, lui donnant la possibilité de faire monter sa place dans la liste. Après décompte des suffrages, les sièges sont répartis selon la méthode d'Hondt au quotient simple, sans seuil électoral au niveau national. Toutes les listes reçoivent par conséquent un siège en proportion de leurs part des suffrages exprimées, avec un siège par tranche de 1/20ème de suffrage dans chacune des six circonscription, soit un seuil de facto de 5 % des suffrages exprimés. Les sièges sont répartis, au sein des listes, entre les candidats ayant reçu le plus grand nombre de suffrages en leur nom, par ordre décroissant.

Campagne

Le président du gouvernement Nikola Gruevski juge nécessaire l'organisation de ces élections anticipées, les justifiant par « l'inefficacité du Parlement et l'incapacité de réaliser nos promesses » et affirmant que « La Macédoine a besoin d'une nouvelle majorité qui pourra mener à bien les réformes nécessaires à l'intégration euro-atlantique ». Pour la cheffe de file de l'Union sociale-démocrate Radmila Šekerinska, « Nikola Gruevski est un lâche, il fuit ses responsabilités au moment où il devrait prendre des décisions cruciales », dénonçant à la fois le rejet de la candidature à l'OTAN et l'absence de fixation d'une date pour l'ouverture des négociations d'adhésion à l'Union européenne (UE). Le président de la République Branko Crvenkovski critique également la décision de la majorité parlementaire, car de son point de vue « cela signifie qu'aucun débat sérieux n'aura lieu sur l'enjeu du nom et que nous allons perdre toutes nos chances d'appartenir à l'OTAN ainsi que de commencer les discussions avec [l'UE] »[2].

Gruevski, qui lance sa campagne dans la ville d'Ohrid, promet d'améliorer la qualité de vie des Macédoniens, de réduire les cotisations sociales et affirme qu'il n'acceptera aucune forme de compromis sur le nom du pays. Il s'engage même à tenir un référendum sur ce sujet. Šekerinska assure qu'elle obtiendra en six mois le statut de candidat à l'OTAN sans rien céder sur la dénomination de l'État, comme elle l'avait fait en 2005 pour l'adhésion à l'Union européenne[3].

Principales forces politiques

Parti/coalition Idéologie Chef de file Score en 2006
Pour une Macédoine meilleure (VMRO-DPMNE)
За подобра Македонија (ZPM)
Centre droit
Libéral-conservatisme, démocratie chrétienne, europhilie
Nikola Gruevski
(Président du gouvernement)
32,5 % des voix
47 députés
Soleil. Coalition pour l'Europe (SDSM)
СОНЦЕ. Коалиција за Европа (SONCE)
Centre gauche
Social-démocratie, libéralisme, europhilie
Radmila Šekerinska 29,4 % des voix
37 députés
Union démocratique pour l'intégration
Демократска унија за интеграција (DUI)
Bashkimi Demokratik për Integrim (BDI)
Centre droit
Conservatisme social, europhilie, intérêts des Albanais
Ali Ahmeti 12,1 % des voix
14 députés
Parti démocratique des Albanais
Демократска партија на Албанците (DPA)
Partia Demokratike Shqiptare (PDSh)
Centre droit
Conservatisme social, intérêts des Albanais
Menduh Thaçi 7,5 % des voix
11 députés

Résultats

Résultats des élections législatives macédoniennes de 2008[4]
Parti/coalition Voix % +/- Sièges +/-
Pour une Macédoine meilleure (ZPM) 481 501 48,78 16,28 63 16
VMRO-DPMNE 53 15
Parti socialiste de Macédoine (SPM) 3
Renouveau démocratique de Macédoine (DOM) 1
Parti démocratique des Serbes de Macédoine (DPS) 1
Parti démocratique des Turcs de Macédoine (DPT/TDP) 1 1
Union démocratique (DZ) 1
Parti uni des Roms de Macédoine (OPR) 1
Parti d'action démocratique de Macédoine (SDA) 1 1
VMRO-Macédoine 1 1
Soleil. Coalition pour l'Europe (SONCE) 233 284 23,64 5,71 27 10
Union sociale-démocrate de Macédoine (SDSM) 18 5
Parti libéral-démocrate (LDP) 4 1
Nouveau Parti social-démocrate (NSDP) 3 4
Parti libéral de Macédoine (LPM) 1 1
Nouvelle Alternative (NA) 1 1
Union démocratique pour l'intégration (BDI/DUI) 126 522 12,82 0,70 18 4
Parti démocratique des Albanais (PDSh/DPA) 81 557 8,26 0,76 11
Parti pour l'avenir européen (PEI) 14 474 1,47 0,27 1
Autres[alpha 1] 49 653 5,03 0 10[alpha 2]
Suffrages exprimés 986 991 97,22
Blancs et nuls 28 173 2,78
Total 1 015 164 100 120
Abstention 763 952 42,94
Inscrits / participation 1 779 116 57,06

Analyse

La coalition constituée autour de l'Organisation révolutionnaire macédonienne intérieure - Parti démocratique pour l'unité nationale macédonienne (VMRO-DPMNE) remporte le scrutin à la majorité absolue. Le scrutin est marqué par plusieurs incidents, dans un quartier albanais de Skopje ainsi que dans le village d'Aratchinovo, où une personne trouve la mort. Si Nikola Gruevski estime que « le vote a été honnête et démocratique », le président de la commission électorale évoque « de mauvaises élections, avec un grand nombre d'incidents »[5].

Conséquences

Après avoir formé une coalition gouvernementale avec l'Union démocratique pour l'intégration (BDI/DUI), Nikola Gruevski est reconduit au pouvoir.

Notes

  1. Partis ayant reçu moins de 1 % des voix.
  2. 6 issus de la VMRO-NP, 3 du PDP et 1 de l'SRM.

Références

  1. Christophe Châtelot, « L'opposition de droite remporte les élections législatives en Macédoine », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
  2. Corinne Deloy, « Elections législatives en Macédoine, 1er juin 2008 », sur robert-schuman.eu (consulté le ).
  3. Corinne Deloy, « Elections législatives en Macédoine, le point à une semaine du scrutin », sur robert-schuman.eu (consulté le ).
  4. (en) European Election Database, « Macedonia: Parliamentary Election 2008 », sur eed.nsd.uib.no (consulté le ).
  5. « En Macédoine, les conservateurs remportent des législatives émaillées de violences », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

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