Élections législatives croates de 2015

Les élections législatives croates de 2015 (en croate : Hrvatski parlamentarni izbori 2015) se tiennent le dimanche , afin d'élire les 151 députés de la 7e législature du Parlement pour un mandat de quatre ans.

Élections législatives croates de 2015
151 sièges du Parlement
(Majorité absolue : 76 sièges)
Type d’élection Élection législative
Corps électoral et résultats
Inscrits 3 592 341
Votants 2 265 290
63,06%  6,77

Votes exprimés 2 225 923
Votes blancs et nuls 39 367
HDZ  Tomislav Karamarko
Voix 771 070
34,64%
 1,8
Députés élus 59  13
SDP  Zoran Milanović
Voix 742 909
33,75%
 12,1
Députés élus 56  28
Most  Božo Petrov
Voix 303 564
13,64%
Députés élus 19  19
Premier ministre
Sortant Élu
Zoran Milanović
SDP
Tihomir Orešković
Ind.
izbori.hr

Auteure d'une campagne conservatrice, la Coalition patriotique (DK) s'impose de justesse face à l'alliance La Croatie grandit (HR) du Premier ministre social-démocrate Zoran Milanović, victime de la mauvaise conjoncture économique. Le Pont (Most), qui décroche la troisième place sur un message favorable à la réduction de la dépense publique, choisit de s'associer avec la DK pour former une majorité. Deux mois et demi après le scrutin, l'entrepreneur sans appartenance partisane Tihomir Orešković prend la tête d'un gouvernement de coalition dont le véritable homme fort est le conservateur Tomislav Karamarko.

Contexte

Lors des élections législatives du 4 décembre 2011, la Coalition Cocorico (KK) de centre gauche remporte la majorité absolue des sièges avec plus de 80 députés. Elle met ainsi un terme à 20 ans de pouvoir quasi-ininterrompu de l'Union démocratique croate (HDZ)[1]. Le gouvernement formé par le Premier ministre social-démocrate Zoran Milanović obtient le suivant la confiance du Parlement[2].

Le , la Croatie devient le 28e État membre de l'Union européenne (UE). Elle est alors le deuxième pays de l'ancienne Yougoslavie à rejoindre l'UE après la Slovénie[3].

Lors de l'élection présidentielle de 2014-2015, le président de la République Ivo Josipović, soutenu par le Parti social-démocrate de Croatie (SDP), est battu au second tour par la candidate de l'Union démocratique croate, Kolinda Grabar-Kitarović. Bien qu'il ne gouverne pas, le chef de l'État sortant doit sa défaite au mauvais bilan économique de Zoran Milanović, le pays étant toujours en récession tandis que le chômage touche 20 % de la population active et la moitié des jeunes. Le premier tour a été marqué par le score à deux chiffres de l'anarchiste Ivan Vilibor Sinčić et la campagne par la rhétorique nationaliste employée par Grabar-Kitarović[4].

Mode de scrutin

Salle des séances du Parlement.

Le Parlement (Sabor) est le parlement monocaméral de la république de Croatie. Il se compose de 151 députés, élus pour une législature de quatre ans :

  • 140 députés élus au scrutin proportionnel d'Hondt dans dix circonscriptions de 14 sièges, avec un seuil électoral de 5 % ;
  • 8 députés élus pour représenter les minorités ethniques au scrutin majoritaire à un tour plurinominal ou uninominal :
    • 3 représentants des Serbes ;
    • 1 représentant des Italiens ;
    • 1 représentant des Hongrois ;
    • 1 représentant des Tchèques et Slovaques ;
    • 1 représentant des Albanais, Bosniaques, Macédoniens, Monténégrins et Slovènes ;
    • 1 représentant des Autrichiens, Bulgares, Allemands, Juifs, Polonais, Roms, Roumains, Ruthènes, Russes, Turcs, Ukrainiens et Valaques
  • 3 députés élus au scrutin proportionnel d'Hondt représentant la diaspora croate.

Campagne

La campagne est dominée par les enjeux économiques. La Croatie, pays le plus pauvre de l'Union européenne (UE), sort en effet de six années de récession, mais le chômage touche encore 16,2 % de la population active, et atteint 40 % chez les jeunes. Le Premier ministre Zoran Milanović espère profiter aussi bien de la reprise de l'économie que de sa bonne gestion de la crise migratoire, 300 000 migrants étant passés à travers le pays entre la mi-septembre et fin octobre, après que la Hongrie avait fermé sa frontière avec la Serbie. Critique à l'égard de cette politique, le chef de file de la Coalition patriotique (DK) Tomislav Karamarko, ancien ministre de l'Intérieur, renonce à la remettre en cause en raison du soutien massif des Croates aux choix de Milanović. Il choisit de porter un message conservateur, en défendant les « valeurs chrétiennes » de la Croatie et se disant opposé au mariage pour les couples de personnes de même sexe[5].

Principales forces politiques

Parti/coalition Chef de file Idéologie Résultat en 2011
La Croatie grandit (SDP, HNS, HL-SR, HSU, A-HSS, ZS)
Hrvatska raste (HR)
Zoran Milanović
(Premier ministre)
Centre gauche
Social-démocratie, social-libéralisme, régionalisme
45,9 % des voix
84 députés[alpha 1]
Coalition patriotique (HDZ, HSS, HSP-AS, HSLS)
Domoljubna koalicija (DK)
Tomislav Karamarko Centre droit à droite
Libéral-conservatisme, démocratie chrétienne, nationalisme
32,9 % des voix
46 députés[alpha 2]
Le Pont
Most nezavisnih lista (Most)
Božo Petrov Centre droit
Conservatisme fiscal, libéralisme, attrape-tout
Inexistant

Résultats

Résultats des élections législatives croates de 2015
Parti/coalition Voix % +/- Sièges +/-
Coalition patriotique (DK) 771 070 34,64 1,76 59 13
Union démocratique croate (HDZ) 49 5
Parti croate du droit – Ante Starčević (HSP-AS) 3 2
Parti social-libéral croate (HSLS) 2 2
Parti paysan croate (HSS) 2 1
Bloc des retraités ensemble (BUZ) 1 1
Parti chrétien-démocrate croate (HDS) 1 1
Croissance (Hrast) 1 1
Parti démocrate de Zagorje (ZDS) 0
La Croatie grandit (HR) 742 909 33,75 12,14 56 28
Parti social-démocrate de Croatie (SDP) 42 19
Parti populaire croate - Démocrates libéraux (HNS) 9 4
Travaillistes croates - Parti du travail (HL-SR) 3 3
Parti croate des retraités (HSU) 2 2
Véritable Parti paysan croate (A-HSS) 0
Parti de Zagorje (ZS) 0
Le Pont des listes indépendantes (Most) 303 564 13,64 Nv 19 19
Bouclier humain (ZZ) 94 877 4,26 Nv 1 1
Coalition du travail et de la solidarité (KRS) 75 527 3,39 Nv 2 2
Bandić Milan 365 (hr) (BM365-SRS) 2 2
Alliés 0
Le droit à nous-mêmes (PnS) 42 193 1,90 Sép 3
Diète démocrate istrienne 3
Alliance de Primorje-Gorski Kotar (PGS) 0
Liste pour Rijeka (RI) 0
Développement durable croate (ORaH) 38 830 1,74 Nv 0
Croatie triomphante (UH) 34 573 1,55 Nv 1 1
Parti populaire - Les Réformistes (NS-R) 1 1
En avant la Croatie - Alliance progressiste (NH-PS) 0
Alliés 0
Alliance démocratique croate de Slavonie et Baranya (HDSSB) 30 443 1,37 1,56 2 4
Au nom de la famille - Projet patrie (UiO-PD) 23 429 1,05 Nv 0
Minorités nationales 8
Parti démocratique indépendant serbe (SDSS) 3
Autres 5 1[alpha 3]
Autres[alpha 4] 68 508 3,08 0 5[alpha 5]
Suffrages exprimés 2 225 923 98,26
Votes blancs et invalides 39 367 1,74
Total 2 265 290 100 151
Abstention 1 327 051 36,94
Inscrits / participation 3 592 341 63,06

Analyse

La Coalition patriotique (DK) de Tomislav Karamarko l'emporte sur La Croatie grandit (HR) du Premier ministre Zoran Milanović, mais ce dernier peut espérer se maintenir au pouvoir avec le soutien des petits partis. La DK, auteure d'une campagne nationaliste et critique des résultats économiques du gouvernement, tire profit de sa position plus ferme que la HR sur la question des contrôles frontaliers pour gérer les flux migratoires. Portant un message de réforme du secteur public et favorable aux entreprises, Le Pont (Most) décroche la troisième place et devient l'objet de toutes les attentions[6].

Conséquences

Après plusieurs semaines de négociations, la Coalition patriotique et Le Pont concluent le un accord de coalition. Ils proposent le lendemain la désignation de l'entrepreneur croato-canadien Tihomir Orešković, sans appartenance partisane, au poste de Premier ministre[7]. Son gouvernement obtient la confiance du Parlement le , par 83 voix favorables[8]. Véritable homme fort de l'exécutif en tant que vice-Premier ministre, Tomislav Karamarko choisit de confier  au titre de la HDZ  le ministère de la Culture à Zlatko Hasanbegović, personnalité controversée pour sa proximité avec l'idéologie oustachie, et celui des Anciens combattants à Miro Crnoja, contraint à la démission au bout de six jours pour fraude fiscale et qui avait défendu la création d'un « registre des traîtres à la Nation »[9].

Notes

  1. Addition des résultats de la KK et des HL-SR, qui concouraient séparément.
  2. Addition des résultats de la HDZ, du HSS, du HSP-AS et du HSLS, qui concouraient séparément.
  3. En 2011, un député du HSU a été élu au titre des minorités tchèque et slovaque. Le nombre total des députés des minorités reste donc inchangé.
  4. Partis ayant recueilli moins de 1 % des voix.
  5. 2 issus du Parti civique croate (HGS), 2 de la Liste indépendante d'Ivan Grubišić et 1 du Centre démocratique (DC).

Références

  1. Benoît Vitkine, « Croatie : Zoran Milanovic, un diplomate pour affronter l'UE », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
  2. « Croatie:le nouveau gouvernement investi », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le )
  3. « La Croatie célèbre son entrée dans l'UE », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
  4. Benoît Vitkine, « En Croatie, le parti conservateur remporte la présidentielle », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
  5. Jean-Baptiste Chastand, « En Croatie, la droite en voie de remporter les législatives », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
  6. « Croatie : les conservateurs remporteraient les élections législatives », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
  7. « Croatie: un nouveau premier ministre désigné », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le )
  8. « Un nouveau gouvernement pour la Croatie », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
  9. Jean-Baptiste Chastand, « En Croatie, le retour des ultranationalistes », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

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