Élection présidentielle allemande de 2012

L'élection présidentielle allemande de 2012 (en allemand, Wahl des deutschen Bundespräsidenten 2012) s'est tenue le [1], lors de la réunion de la quinzième Assemblée fédérale, présidée par le président du Bundestag, Norbert Lammert, au palais du Reichstag à Berlin, dans le dessein de désigner le onzième président fédéral d'Allemagne.

Élection présidentielle allemande de 2012
Type d’élection Élection présidentielle
Corps électoral et résultats
Inscrits 1 232
Votants 1 228
Joachim Gauck Ind.
Voix 991
88,44%
Beate Klarsfeld Ind.
Voix 126
11,20%
Président fédéral
Sortant Élu
Christian Wulff
CDU
Joachim Gauck
Ind.

Cette élection présidentielle anticipée fit suite à la démission du président fédéral Christian Wulff, impliqué dans une affaire de corruption.

Contexte

Cette élection présidentielle est la seconde qui se tient en Allemagne, en seulement deux ans : le , les grands électeurs allemands, membres de l'Assemblée fédérale, étaient appelés à élire le successeur du président Horst Köhler, qui venait de démissionner de ses fonctions présidentielles après une polémique déclenchée quant à des propos parus dans la presse, concernant le rôle de la Bundeswehr en Afghanistan ; le vainqueur de cette élection fut le conservateur Christian Wulff, ministre-président de la Basse-Saxe, candidat de la droite conservatrice au pouvoir, élu au troisième tour de scrutin face à l'indépendant Joachim Gauck, soutenu par le SPD et l'Alliance 90 / Les Verts. Moins de deux ans plus tard, c'est le président Wulff lui-même qui, à la suite d'un scandale financier le concernant, démissionne de ses fonctions de chef de l'État le , estimant avoir « perdu la confiance de [ses] concitoyens »[2]. La chancelière fédérale, Angela Merkel, annule alors une visite officielle en Italie, et annonce, lors d'une conférence de presse tenue à la Chancellerie fédérale, vouloir « trouver, avec l'opposition, un candidat de consensus pour la présidence de la République ».

Cette élection présidentielle intervient dans un contexte de crise économique importante, alors que l'Allemagne est considérée, avec la France, comme un pilier de l'Union européenne.

Composition de l'Assemblée fédérale

L'Assemblée fédérale est composée à parts égales des députés du Bundestag et de délégués des Länder comme le prévoit la Loi fondamentale allemande. Comme le Bundestag compte 620 députés, 620 délégués des Länder sont également appelés à siéger à la quinzième Assemblée fédérale, pour un total de 1 240 membres.

Les délégués des Länder sont élus par les parlements régionaux entre le et le . La composition par parti politique et par Land est la suivante[3] :

Quinzième Assemblée fédérale allemande, Berlin,
LandDie LinkeSPDDie GrünenFDPCDU/CSUAutresTotal
Bade-Wurtemberg02020435079
Basse-Saxe4195528061
Bavière02198471094
Berlin38507225
Brandebourg67115020
Brême0310105
Hambourg17113013
Hesse2116818045
Mecklembourg-P.-Occ.35103113
Rhénanie-du-N.-Westph.850179490133
Rhénanie-Palatinat0135013031
Sarre2200408
Saxe752314234
Saxe-Anhalt55108019
Schleswig-Holstein16338122
Thuringe64116018
Total des Länder48186784324916620
Élus du Bundestag7614668932370620
Assemblée fédérale124332146136486161240

Candidats

N'importe quel membre de l'Assemblée fédérale peut présenter un candidat, pourvu qu'il soit citoyen allemand, âgé d'au moins quarante ans, et dispose du droit de vote. Le candidat doit cependant consentir à sa candidature de manière écrite.

Choix des candidats et campagne

Dès le 18 février, le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) avance la candidature du pasteur Joachim Gauck, 72 ans, ancien commissaire fédéral pour la documentation du service de sécurité de l'État de l'ex-République démocratique allemande, défait par Wulff en 2010[4]. Le lendemain, les Unions chrétiennes (CDU/CSU), le Parti libéral-démocrate (FDP) et l'Alliance 90 / Les Verts apportent leur soutien à Gauck[5]. Ce choix ne se fait pas sans difficulté, créant des remous dans la coalition conservatrice-libérale au pouvoir, un vice-président du groupe CDU/CSU au Bundestag affirmant que le FDP avait « couché » avec le SPD et Les Verts, tandis que l'écologiste historique Hans-Christian Ströbele, député fédéral, rappelle que Gauck avait qualifié l'anticapitalisme de « stupide » et critiqué le Occupy movement en 2011[6].

Le 27 février, comme l'annonçait la presse depuis quelques jours[7], Die Linke, le parti d'extrême-gauche, annonce son intention de soutenir la candidature de Beate Klarsfeld[8], une « chasseuse de Nazis » célèbre en Allemagne pour avoir giflé le chancelier Kurt Georg Kiesinger en 1968, en raison de son passé nazi. Bien que cette candidature soit considérée comme symbolique, Beate Klarsfeld n'ayant aucune chance de devenir la prochaine présidente fédérale du pays, elle est regardée comme la récompense, selon l'intéressée, du couronnement d'une vie entière dédiée à la « chasse aux Nazis ».

Le 5 mars, le NPD déclare soutenir la candidature de l'historien Olaf Rose.

Résultats

  • La majorité requise est de 621 voix aux deux premiers tours de scrutin, puis la majorité relative pour le troisième tour.
Premier tour
Nombre% des
inscrits
% des
votants
Inscrits1 240
Abstentions1169,35 %
Votants1 12490,65 %
Blancs ou nuls40,32 %0,35 %
Suffrages exprimés1 12099,68 %99,65 %
Candidat
Parti politique
Voix% des
inscrits
% des
exprimés
Joachim Gauck
Indépendant
Soutenu par la CDU/CSU, le SPD, le FDP et Les Verts
99179,91 %88,48 %
Beate Klarsfeld
Indépendante
Soutenue par Die Linke
12610,16 %11,25 %
Olaf Rose
Indépendant
Soutenu par le NPD
30,24 %0,27 %

Défait en 2010 après trois tours de scrutin, Joachim Gauck est cette fois-ci élu président fédéral dès le premier tour, remportant 991 voix, un record absolu dans l'histoire de la République fédérale. Il s'impose donc sans difficulté face à Beate Klarsfeld, qui obtient toutefois trois voix de plus que le total de Die Linke, et Olaf Rose, qui se contente des suffrages des seuls élus du Parti national-démocrate d'Allemagne. Plus d'une centaine de délégués ont fait le choix de l'abstention, expliquant le fait que Gauck n'ait pas fait le plein de voix des partis le soutenant.

Dans son discours d'investiture, le 23 mars suivant, le président Gauck déclara que l'Union européenne était la « chance d’une société ouverte, offrant une opportunité nouvelle » ; il pourfendit par ailleurs, l'extrémisme, adressant un message « à ceux qui haïssent la démocratie […] : votre haine même nous interdit d'abandonner notre pays. Nous ne vous ferons pas cadeau de notre peur ».

Notes et références

Annexes

Articles connexes

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