Église syriaque orthodoxe

L'Église syriaque orthodoxe (syriaque : ܥܺܕܬܳܐ ܣܽܘ̣ܪܝܳܝܬܳܐ ܗܰܝܡܳܢܽܘܬܳܐ ܬܪܺܝܨܰܬ ܫܽܘ̣ܒ̣ܚܳܐ[1]) est une Église orientale autocéphale. Elle fait partie de l'ensemble des Églises des trois conciles. Le chef de l'Église, actuellement Ignace Ephrem II Karim, porte le titre de Patriarche d'Antioche et de tout l'Orient (en syriaque : ܦܛܪܝܪܟܐ ܕܐܢܛܝܘܟܝܐ ܘܕܟܠܗ̇ ܡܕܢܚܐ ; en arabe : بطريرك أنطاكية وسائر المشرق), avec résidence à Damas.

Église syriaque orthodoxe

Fondateur(s) Saint Pierre Apôtre
Autocéphalie/Autonomie 543 (par la consécration épiscopale de Jacques Baradée pour la réorganisation de l'Orthodoxie orientale face aux menées des Byzantins)
Primat actuel Ignace Ephrem II Karim
Siège Damas, Syrie
Territoire primaire Moyen-Orient
Expansion territoriale Amérique, Europe, Australie, Inde
Rite syriaque occidental
Langue(s) liturgique(s) syriaque (araméen)
Calendrier grégorien
Population estimée 4 500 000 (1 600 000 en Inde)
Site internet syriacpatriarchate.org

Elle tire son surnom de « jacobite » du nom d'un de ses fondateurs, Jacques Baradée.

Du fait des querelles « christologiques » et des schismes qui s'ensuivirent, le titre de patriarche d'Antioche se trouve porté également par quatre autres chefs d'Église.

Nom

L'Église syriaque orthodoxe (d'Antioche) est également connue sous d'autres noms :

  • Église orthodoxe syriaque
  • Église orthodoxe syrienne
  • Église syrienne orthodoxe
  • Église jacobite
  • Église syriaque occidentale
  • Église syrienne d'Occident[2]
  • Église syriaque d'Occident

Histoire

Les racines de l'Église syriaque orthodoxe sont à rechercher dans les disputes christologiques qui émaillent l'Antiquité tardive. Le monophysisme d'Eutychès ne reconnaît qu'une seule nature au Christ, la nature divine tellement supérieure à la nature humaine qu'elle a absorbée. Le concile œcuménique, convoqué en 451 à Chalcédoine par l'empereur byzantin, tranche : le Christ est à la fois pleinement homme et pleinement Dieu. Eutychès est condamné. Si cette déclaration satisfait Byzance et l'Occident, elle suscite beaucoup d'opposition aux marges de l'Empire.

En Syrie, l'opposition au concile de Chalcédoine est menée par le patriarche Sévère d'Antioche (512-518) et l'évêque Philoxène de Mabboug. Au VIe siècle, l'impératrice Théodora soutient les Syriaques. Elle fait nommer deux évêques syriaques dont Jacques Baradée qui occupe le siège d'Édesse de 542 à 578. Il parcourt l'Asie Mineure et la Syrie, ordonnant prêtres, diacres, évêques, et constituant ainsi une hiérarchie parallèle qui donne naissance à l'Église syriaque orthodoxe ou Église jacobite[3]. Les villes étant fidèles à la théologie officielle de l'Empire byzantin, l'Église syriaque orthodoxe se développe dans les campagnes de la Syrie intérieure et trouve refuge dans les couvents[3],[4].

Les jacobites, hostiles à la domination de Byzance, favorisent l’entrée victorieuse des arabes musulmans en Syrie. Durant le califat omeyade, ils apprécient d'être gouvernés depuis Damas et savent se rendre indispensables dans l'administration[5]. Mais les jacobites s'arabisent et beaucoup se convertissent à l'islam. Une période moins favorable s'ouvre en 750 avec le califat abasside, centré sur Bagdad et plus perméable à l'influence de l'Église de l'Orient (Nestorienne)[6].

Fête dans un monastère Syriaque Orthodoxe de Mossoul, au début du 20e siècle.

Ancienne juridiction :

Organisation

Siège patriarcal

Membres du Saint Synode devant le Monastère Mor Ephrem de Maaret Saidnaya

Le chef de l'Église porte toujours le titre de Patriarche d'Antioche même si le siège patriarcal a été déplacé à plusieurs reprises :

Organisation territoriale

Église Saint Akhsnoyo de Midyat en Turquie
Église à Lidcombe en Australie
St.-Stephanus-Kirche (église dédiée à saint Étienne) en Gütersloh, Allemagne

Proche-Orient

Reste du monde

Église en Inde

L'Église syro-malankare orthodoxe est une juridiction autonome de l'Église syriaque orthodoxe en Inde sous le nom de Maphrianat-Catholicossat de l'Inde.

Église au Brésil

Issue de la volonté missionnaire de Mar Chrysostome (Rabban Moussa Matanos Salama), auprès des Brésiliens depuis 1959, elle regroupe aujourd’hui plus d'une quarantaine de communautés[10] au sein de :

Il y a aussi quatre paroisses de langue syriaque :

Mouvements centrifuges et schismes

Relations avec les autres Églises

L'Église est membre du Conseil œcuménique des Églises (depuis 1955) ainsi que du Conseil des Églises du Moyen-Orient.

Relations avec les autres Églises orthodoxes orientales

Le patriarche participe chaque année à la Rencontre des Primats des Églises orthodoxes orientales du Moyen-Orient.

Relations avec les autres Églises de tradition syriaque

Église syro-malankare de Fort Cochin.

Depuis 1994, l'Église syriaque orthodoxe participe à une série de discussions œcuméniques avec les autres Églises de tradition syriaque, à l'initiative de la Fondation Pro Oriente, fondation œcuménique fondée par le cardinal König, archevêque de Vienne en 1964. Ces discussions rassemblent des représentants d'Églises de tradition syriaque occidentale (Église syriaque orthodoxe, Église catholique syriaque, Église malankare orthodoxe, Église catholique syro-malankare, Église maronite) et de tradition syriaque orientale (Église apostolique assyrienne de l'Orient, Ancienne Église de l'Orient, Église catholique chaldéenne, Église catholique syro-malabare).

Relations avec l'Église catholique

Le dialogue entre l'Église syriaque orthodoxe et l'Église catholique a été lancé sous les auspices de la fondation œcuménique Pro Oriente qui a organisé des consultations officieuses entre théologiens orthodoxes orientaux et catholiques à Vienne en 1971, 1976 et 1988. Ces consultations se sont concentrées en particulier sur les formulations christologiques. Elles ont abouti à ce qui est connu aujourd'hui comme la formulation christologique de Vienne qui a ouvert la voie aux accords bilatéraux christologiques entre les chefs des Églises.

Accord bilatéraux

Le premier d'entre eux, sous le règne du patriarche Ignace Jacques III d'Antioche et du pape Paul VI aboutit à une déclaration commune publiée au Vatican le signée par les deux responsables religieux[11] :

« La période de récrimination et de condamnation mutuelles a fait place à une volonté de s’efforcer ensemble, sincèrement de diminuer et, éventuellement de supprimer le fardeau de l’histoire qui pèse encore lourdement sur les chrétiens.
Un progrès a déjà été fait, et le pape Paul VI et le patriarche Ignace Jacques III d'Antioche sont d’accord sur le fait qu’il n’y a pas de différences dans la foi qu’ils professent, concernant le mystère du Verbe de Dieu, fait chair et devenu réellement homme même si, au cours des siècles, des difficultés ont surgi des différentes expressions théologiques par lesquelles cette foi était exprimée. »

Ce dialogue a été poursuivi par le patriarche Mar Ignace Zakka Ier Iwas et le pape Jean-Paul II et a abouti à une déclaration commune le à Rome[12] :

« Tout d’abord, Leur Saintetés confessent la foi des deux Églises, formulée par le premier concile de Nicée en 325, exprimée dans le Credo de Nicée. Les mésententes et les schismes qui sont survenus dans les siècles suivants entre les deux Églises, — ils le reconnaissent aujourd’hui — n’atteignent pas la substance de leur foi, étant donné que ces difficultés ont surgi seulement pour des raisons de divergences dans la terminologie, de différences culturelles, de formulations variées préconisées par diverses écoles théologiques pour exprimer la même réalité. C’est pourquoi, ils estiment qu’aujourd’hui il n’y a pas de fondement réel aux tristes divisions et schismes qui se sont produits par la suite entre les deux Églises en ce qui concerne la doctrine de l’Incarnation. En paroles et en actes, ils confessent la vraie doctrine au sujet du Christ Notre Seigneur en dépit des différences dans l’interprétation de cette doctrine qui ont eu lieu au temps du Concile de Chalcédoine.
Nous voulons donc réaffirmer solennellement notre profession de foi en l’Incarnation de notre Seigneur Jésus-Christ, telle que l’ont déjà déclarée en 1971 le pape Paul VI et le patriarche Ignace Jacques III. Ils ont nié qu’il existe une différence dans la foi qu’ils confessent dans le mystère du Verbe de Dieu fait chair et devenu réellement homme. À notre tour nous confessons qu’il s’est incarné pour nous, en prenant pour lui-même un corps réel avec une âme raisonnable. Il a partagé en toutes choses notre humanité à l’exclusion du péché. Nous confessons que notre Seigneur et notre Dieu, notre Sauveur et Roi de l’univers, Jésus-Christ, est Dieu parfait pour ce qui est de sa divinité et homme parfait pour ce qui est de son humanité. En lui sa divinité est unie à son humanité. Cette union est réelle, parfaite, sans mélange, sans commixtion, sans confusion, sans altération, sans division, sans la moindre séparation. Lui qui est le Dieu éternel et indivisible est devenu visible dans la chair et a pris la forme du Serviteur. En lui sont unies de façon réelle, parfaite, indivisible et inséparable l’humanité et la divinité et toutes leurs propriétés sont en lui présentes et agissantes.
Ayant donc une même conception du Christ, nous confessons aussi une même conception de son mystère. Incarné, mort et ressuscité, notre Seigneur, Dieu et Sauveur a vaincu le péché et la mort. Par lui, durant le temps entre la Pentecôte et la seconde venue, période qui est aussi la fin des temps, il est donné à l’homme de faire déjà l’expérience de la nouvelle création, royaume de Dieu, ferment transformant (cf. Mt 13,33) déjà présent parmi nous. Pour cela Dieu s’est choisi un peuple nouveau, son Église sainte qui est le Corps du Christ. Par la Parole et les sacrements, l’Esprit-Saint agit en elle pour appeler tous les hommes et en faire des membres de ce Corps du Christ. Ceux qui croient sont baptisés dans l’Esprit au nom de la Sainte Trinité pour former un seul corps et, par le sacrement de l’onction de la confirmation, leur foi est accomplie et fortifiée par ce même Esprit-Saint. »
Église orthodoxe syrienne malankare

En , la Commission mixte de théologie de l'Église catholique et de l’Église orthodoxe syrienne malankare a rédigé un accord sur les mariages inter-religieux. Cet accord a été approuvé par le pape Jean-Paul II et le patriarche le . Un ensemble de directives pastorales accompagne cet accord.

Notes et références

  1. (hy) « ܣܘܪܓܕܐ ܕܥܕܬܐ ܣܘܪܝܝܬܐ ܐܪܬܕܘܟܣܝܬܐ ܕܐܢܛܝܘܟܝܐ 2019 », sur ܚܘܓܬܐ ܕܗܘ̈ܓܝܐ ܣܘܪ̈ܝܝܐ, (consulté le )
  2. Raymond Le Coz, Histoire de l'Église d'Orient, Cerf, Paris, 1995, p. 60
  3. Catherine Saliou, Le Proche-Orient : De Pompée à Muhammad, Ier s. av. J.-C. - VIIe s. apr. J.-C., Belin, coll. « Mondes anciens », , 608 p. (ISBN 978-2-7011-9286-4, présentation en ligne), chap. 3 (« Polythéisme, monothéismes : multiplicité des cultes et innovations religieuses »), p. 194
  4. Françoise Briquel-Chatonnet, Tout commence à Édesse, L'histoire no 337, décembre 2008, p. 48.
  5. J.-P. Valognes, op. cit., p. 341.
  6. J.-P. Valognes, op. cit.
  7. http://www.orthodoxia.ch/en/name/1303/show
  8. http://www.adiyamanmetropolitligi.org/default.asp
  9. http://ortodoxia-digital.blogspot.fr/2015/08/conozcamos-nuestros-obispos-se-mor.html
  10. http://igrejasirianortodoxa.com/paroquiascomunidades/
  11. http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/chrstuni/anc-orient-ch-docs/rc_pc_christuni_doc_19711025_syrian-church_fr.html
  12. http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/chrstuni/anc-orient-ch-docs/rc_pc_christuni_doc_19840623_jp-ii-zakka-i_fr.html
  13. http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/chrstuni/sub-index/index_ancient-oriental-ch_fr.htm

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Christine Chaillot, Vie et spiritualité des Églises orthodoxes orientales des traditions syriaque, arménienne, copte et éthiopienne, Paris, Le Cerf, 2011 (ISBN 978-2-204-08979-1)
  • Sébastien de Courtois, Le Génocide oublié : Chrétiens d’Orient, les derniers Araméens, Paris, Ellipses, 2002 (ISBN 272981230X)
  • Sébastien de Courtois / Douchane Novakovic, Les Derniers Araméens, le peuple oublié de Jésus, Paris, La Table Ronde, 2004 (ISBN 2710327171)
  • Claude Guérillot L’Église d’Antioche syriaque orthodoxe, t. I : Une Église martyre, Paris, Véga, 2008 (ISBN 978-2-85829-503-6)
  • Claude Guérillot L’Église d’Antioche syriaque orthodoxe, t. II : Une Église trinitaire, Paris, Véga, 2008 (ISBN 978-2-85829-504-3)
  • Jacques Rhétoré, Les Chrétiens aux bêtes, Paris, Le Cerf, 2005 (ISBN 2204072435)
  • Claude Sélis, Les Syriens orthodoxes et catholiques, Turnhout, Brepols (col. « Fils d’Abraham »), 1988 (ISBN 2503823629)
  • Vahé Tachjian, La France en Cilicie et en Haute-Mésopotamie : aux confins de la Turquie, de la Syrie et de l’Irak (1919-1933), Paris, L’Harmattan (col. « Hommes et Sociétés »), 2004 (ISBN 2845864418)
  • Jean-Pierre Valognes, Vie et Mort des Chrétiens d’Orient, Fayard, Paris, 1994 (ISBN 2213030642)

Filmographie

  • Nahro Beth-Kinne et Robert Alaux, Seyfo l'élimination, Bruxelles, 2006 (film documentaire de 52 minutes)
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