Église Sainte-Eugénie de Tresmals

L'église Sainte-Eugénie de Tresmals (en catalan : Santa Eugènia de Tresmals) est une église romane située à Elne, dans le département français des Pyrénées-Orientales[1].

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Le site

La plaine du Roussillon est une plaine alluviale formée de sédiments charriés depuis les Pyrénées par plusieurs cours d'eau dont les principaux sont, du Nord au Sud les fleuves Agly, Têt et Tech. Ces fleuves, soumis au climat méditerranéen, ont un régime torrentiel marqué par de fortes crues pouvant déposer de grandes quantités de limon.

Situation de l'Église Sainte-Eugénie (« St. Eugene ») sur la carte de Cassini en 1779.

L'église Sainte-Eugénie de Tresmals se situe dans cette plaine, à une centaine de mètres du Tech, en rive gauche, et à moins de km de l'embouchure de ce fleuve dans la mer Méditerranée. D'un point de vue administratif, elle est tout au sud du territoire de la commune d'Elne, quasiment sur la limite avec la commune d'Argelès-sur-Mer. Le site de l'église est entouré de champs cultivés, d'habitat dispersé mais se trouve à environ 500 m seulement de la RN 114, une route importante dont le tracé est ancien[2],[3].

Toponymie

Dans le Roussillon, toutes les églises dédiées à sainte Eugénie se trouvent à proximité d'un passage de cours d'eau[4]. Le nom Tresmals provient du latin Tres signifiant « trois » et de la racine pré-latine Mal qui désigne un sommet montagneux ou un tas de pierres artificiel, ici sans doute une borne marquant la limite entre les trois villes d'Elne, Latour-Bas-Elne et Argelès-sur-Mer[5].

Le nom Tresmals est au IXe siècle celui d'une villa (villa Tresmalos)[5].

Ce site pourrait être ad stabulum, lieu mentionné vers la fin du IIIe siècle, où l'antique voie Domitienne aurait franchi ce fleuve par un passage à gué[6]. Le mot latin stabulum désigne un lieu de séjour, qui peut être une auberge, une étape, une écurie[7].

Histoire

Des fouilles archéologiques ont révélé des restes d'occupation humaine du site autour de l'église datant des alentours de l'an 500 après Jésus-Christ[6].

Sainte-Eugénie de Tresmals faisait partie d'un domaine mentionné dans un texte dès le IXe siècle sous le nom Villa Tresmalos qui s'étendait de part et d'autre du Tech et dont la chapelle est le dernier vestige[5]. On trouve une mention d'un domum sancta Eugenia in villa Tresmallos, qui désigne une église, dès le 951[5],[6]. L'église est de nouveau mentionnée dans des textes en 1067 et 1145. Elle est alors paroissiale. Ce statut est perdu en 1347, lorsqu'un nouveau texte en fait mention. Cependant, elle reste un lieu de culte jusqu'à la Révolution française, puis elle est désaffectée et sert de bâtiment à usage agricole[6].

L'architecture de sa voûte date l'édifice actuel du XIIe siècle[1].

Abandonnée, la chapelle a été en partie remplie d'alluvions par des crues du Tech, son sol se trouve environ 1,70 m en dessous du niveau du sol actuel[1],[6].

Description

Le bâtiment est constitué d'une nef unique munie d'une abside semi-circulaire et couverte d'un berceau brisé à doubleau. Désaffectée, les multiples crues du Tech l'ont emplie d'environ 1,50 m d'alluvions[1].

Annexes

Bibliographie

  • Lluís Basseda, Toponymie historique de Catalunya Nord, t. 1, Prades, Revista Terra Nostra, , 796 p.
  • Jean-Michel Carozza, Thierry Odiot, Philippe Valette, Carole Puig, Claire Pequinot, Patrice Alessandri et Olivier Passarius, « Réponse des bassins versants du Roussillon entre le XIIe et le XIXe siècle : un impact du Petit Âge Glaciaire ? », Archéologie du Midi médiéval, t. 27, , p. 207-215 (DOI 10.3406/amime.2009.1898)
  • Jérôme Kotarba, Georges Castellvi et Florent Mazière, Carte archéologique de la Gaule 66 : Les Pyrénées-Orientales, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, , 712 p. (ISBN 978-2-87754-200-5)
    Article sur Sainte-Eugénie de Tresmals rédigé par Georges Castellvi.
  • Aymat Catafau et Olivier Passarius, « Tresmals, lieu d’installation des Hispans à l’époque carolingienne, près d’Elne », sur iec.cat, Institut d’Estudis Catalans
  • Géraldine Mallet, Églises romanes oubliées du Roussillon, Montpellier, Les Presses du Languedoc, , 334 p. (ISBN 978-2-8599-8244-7)
  • Olivier Passarius, Sabine Nadal et Jean-Marc Sanchez, « Église Sainte-Eugénie-de-Tresmals, Diagnostic et fouille archéologique », Bulletin de l'Association archéologique des Pyrénées-Orientales, no 20, , p. 16-20
  • Olivier Passarius, Virginie Teilhol, Jean-Marc Sanchez, Richard Donat, Jean-Michel Carozza et Aymat Catafau, « Elne/Argelès-sur-Mer - Église Sainte-Eugénie de Tresmals », dans Bilan scientifique de la région Languedoc-Roussillon 2004, Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) Languedoc-Roussllon, , 197-199 p.
  • Olivier Passarius, Jean-Michel Carozza, Pauline Illes et Valérie Porra-Kuténi, « Archéologie préventive (diagnostics, fouilles) Fouilles programmées, sondages, prospections », Bulletin de l'Association archéologique des Pyrénées-Orientales, no 24, , p. 9-13
  • (ca) Pere Ponsich, « Santa Eugènia de Tresmals », dans Catalunya romànica, t. XIV : El Rossellò, Barcelone, Fundació Enciclopèdia Catalana, (lire en ligne)
  • Julie Vivier et Sylvain Lapique (préf. Virginie Czerniak), Guide des Pyrénées romanes, Toulouse, Éditions Privat, , 365 p. (ISBN 978-2-7089-6902-5)

Notes et références

  1. Mallet 2003, p. 113
  2. Vivier et Lapique 2011, p. 306
  3. Carte IGN visible sur le site geoportail.fr
  4. Jean-Pierre Comps, « Quelques pistes à suivre pour l’inventaire des chemins anciens aux alentours du Mas Ducup (Perpignan) et de Baho », Bulletin de l'Association archéologique des Pyrénées-Orientales, no 23, , p. 43
  5. Basseda 1990, p. 431
  6. Passarius, Nadal et Sanchez 2004
  7. (la + fr) Félix Gaffiot, Dictionnaire Latin-Français, Paris, Hachette, , 1701 p. (lire en ligne).

Voir aussi

Liste des églises romanes des Pyrénées-Orientales

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