heurter

Français

Étymologie

(XIVe siècle) De l’ancien français hurter (1160), peut-être du vieux-francique *hurt apparenté au vieux norrois hrütrbélier ») et aussi au gallo hourd, de sens identique, auquel on aurait rajouté le suffixe -er pour le transformer en verbe. Ainsi, littéralement heurter signifie "frapper comme un bélier". Mais on trouve une autre étymologie possible dans le latin populaire, influencé par le gaulois, *uritare (« frapper comme un taureau sauvage ») du latin urus. Au XVIe siècle le \u\ s’est ouvert en \œ\ devant le \r\, surtout en Picardie, mais aussi à l’Est et à l’Ouest de la France, et alors, cette prononciation, et donc cette orthographe, s’est imposé.

Verbe

heurter (h aspiré)\œʁ.te\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se heurter)

  1. Entrer brusquement en contact.
    • Un monsieur, courant, une serviette sous le bras, le heurta sans ménagements et l’arracha à son hébétude.  (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 21)
    • Le para était à côté de moi : le canon de sa mitraillette me heurtait les côtes : […]  (Henri Alleg, La Question, 1957)
  2. (Spécialement) Entrer en collision avec un corps.
    • Le bateau heurta le récif et sombra.
    • Jean a heurté la voiture de son voisin.
  3. (Absolument) Frapper à une porte pour que l’on vous ouvre.
    • On heurte à la porte.
    • Heurter doucement.
  4. (Figuré) Contrecarrer.
    • On ne peut agir ainsi sans heurter beaucoup de gens.
    • Heurter les intérêts, heurter l’amour-propre de quelqu’un.
    • Cela heurte la raison, le sens commun, les préjugés.
  5. (Pronominal) Entrer brusquement en contact.
    • À toute allure les autobus, les omnibus et les charrettes de commissionnaires voituraient malles et valises vers la gare ; sur les quais envahis, l’exode des hiverneurs d’élite se heurtait à la bousculade des voyageurs de toute espèce.  (Paul Margueritte, Jouir, 1918, T.2, p.260)
    • Lorsque la bourgeoisie embryonnaire eut à affronter le Pérou et la Bolivie, en 1879, pour décider de la propriété des mines de nitrate (monopole naturel sur l'une des plus grande richesse de l'époque), elle se heurta pourtant aux États-Unis.  (Armando Uribe, Le livre noir de l’intervention américaine au Chili, traduction de Karine Berriot & Françoise Campo, Seuil, 1974)
    • En général, la vue se heurte à des rochers serrés, à des amoncellements de prisons. Cette concentration trahit un désespoir paralysant comme une crampe : une sorte d’agoraphobie caractérise ces gravures.  (Carl Einstein, Gravures d’Hercules Seghers (1585-1645), Revue Documents n°4, septembre 1929)
  6. (Pronominal) (réfléchi) (Figuré) Rencontrer une difficulté majeure.
    • En 1240, ce jeune vicomte Raymond de Trincavel, dernier des vicomtes de Béziers, […] s’empare, sans se heurter à une sérieuse résistance, des châteaux de Montréal, des villes de Montolieu, de Saissac, de Limoux, d’Azillan, de Laurens et se présente devant Carcassonne.  (Eugène Viollet-le-Duc, La Cité de Carcassonne, 1888)
    • Je me heurtai à une impasse.
    • Les soldats pourraient se heurter à une résistance civile imprévue.

Synonymes

Pour le premier sens transitif (1) :
Pour le deuxième sens transitif (2) :
Pour le sens pronominal réciproque (3) :

Dérivés

Traductions

Hyperonymes

Prononciation

  • (Région à préciser) : écouter « heurter [u] »
  • France (Massy) : écouter « heurter »
  • France (Paris) : écouter « heurter »
  • France (Toulouse) : écouter « heurter »

Anagrammes

Prononciation

Références

  • Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (heurter)
  • Le Petit Robert Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, page 1220, 2001
  • « heurter », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971-1994 → consulter cet ouvrage
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