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Annexe:Prononciation/français

Français moderne standard

On n’annote plus les voyelles longues dans les transcriptions phonologiques, et on y omet même les voyelles amuïes[1].

Tableau de l’API

Voyelles
API Syllabe ouverte Syllabe fermée
/i/dit \di\dite \dit\
/e/dé \de\
/ɛ/dais \dɛ\dette \dɛt\
/ɛ̃/

Confondu

avec /œ̃/

daim \dɛ̃\plainte \plɛ̃t\
/œ̃/un \œ̃\junte \ʒœ̃t\
/œ/fleuriste \flœ.ʁist\peur \pœʁ\
/ə/œuf \əf\
(non accentuée)
/ø/deux \dø\creuse \kʁøz\
/y/dû \dy\lutte \lyt\
/u/doux \du\douze \duz\
/o/dos \do\dôme \dom\
/ɔ/phonétique \fɔ.ne.tik\bol \bɔl\
/ɔ̃/dont \dɔ̃\monte \mɔ̃t\
/ɑ̃/dent \dɑ̃\lente \lɑ̃t\
/ɑ/ mât \mɑ\âme \ɑm\
/a/ma \ma\mal \mal\
Semi-voyelles
API Initiale Finale
/j/yeux \jø\fille \fij\
/ɥ/huile \ɥil\
/w/oui \wi\
Consonnes
API Initiale Finale
/n/nan \nɑ̃\canne \kan\
/ɲ/gnon \ɲɔ̃\cagne \kaɲ\
/ŋ/ping \piŋ\
/ɡ/gant \ɡɑ̃\bague \baɡ\
/k/quand \kɑ̃\bac \bak\
/m/ment \mɑ̃\dame \dam\
/b/banc \bɑ̃\crabe \kʁab\
/p/pend \pɑ̃\cape \kap\
/v/vent \vɑ̃\cave \kav\
/f/fend \fɑ̃\gaffe \ɡaf\
/d/dans \dɑ̃\fade \fad\
/t/tant \tɑ̃\patte \pat\
/ʒ/gens \ʒɑ̃\cage \kaʒ\
/ʃ/chant \ʃɑ̃\cache \kaʃ\
/z/zen \zɛn\Pise \piz\
/s/sans \sɑ̃\masse \mas\
/ʁ/rang \ʁɑ̃\car \kaʁ\
/l/lent \lɑ̃\cale \kal\
/h/ 1hop \hɔp\
/ʔ/ 2 3 haut \ʔo\
(h aspiré) 3 haut (h aspiré)\o\
  1. Ce phonème est très rare hors des onomatopées (on peut le trouver par exemple dans hop ou ahaner \a.ha.ne\) ; on ne le prononce pas toujours.
  2. Ce phonème existe selon certaines théories de la liaison : on le prononce rarement pour lui préférer le h aspiré ; mais il se rencontre aussi parfois dans des mots commençant par une semi-voyelle normalement non aspirée, ou par une voyelle parfois aspirée, et qui se prononcent sans liaison pour certains (par ex. Io \jo\) et pas pour d’autres où la liaison reste permise (par ex. ouate \wat\).
  3. Dans le Wiktionnaire, il a été décidé de remplacer le signe API /ʔ/ par (h aspiré) de manière à être plus explicite, sur la ligne de forme ou dans le tableau de flexion/prononciation, lorsqu’il s’agit d’une entrée commençant par un h aspiré initial, et seulement dans ce cas. (Est exclu par exemple l’emploi dans de haute volée, le h aspiré ne débutant pas le libellé de l’article).

Liaisons

En général, le français ne prononce pas la consonne terminale d’un mot, sauf (mais pas toujours) lorsque le mot suivant commence par une voyelle ou un h muet, et n’est séparé par aucune ponctuation[2].

Il y a des règles très établies pour dire quand il faut ou non faire la liaison. Un exemple classique (mais sans doute un peu tiré par les cheveux) de cas où la liaison fait une différence de sens :

  • un savant enfant \œ̃ sa.vɑ̃.t‿ɑ̃.fɑ̃\, « un enfant qui est savant » (savant est un adjectif - sauf exceptions, la liaison est obligatoire quand l'adjectif est placé devant le nom) ;
  • un savant enfant \œ̃ sa.vɑ̃ ɑ̃.fɑ̃\, « un savant qui est encore un enfant » (savant est un nom - la liaison est interdite quand le nom singulier précède l'adjectif).

En API, la liaison est indiquée par le caractère \‿\.

Pour les exceptions, voir la page /disjonction.

Changements historiques

L’API du français traditionnellement utilisé reflète une prononciation vieille de plus d’un siècle[3]. Le français parisien moderne a perdu certaines distinctions phonémiques, et le français québécois a encore toutes les distinctions mais avec des prononciations différentes.

Les distinctions complètement ou partiellement perdues sont :

PhonèmesExemples des paires minimalesNotes
/ɔ/ /o/ cote (avoir la cote, etc.) ; côte (côte de bœuf, grimper une côte)En français parisien, la distinction dans les syllabes non accentuées est déjà perdue. Dans les syllabes ouvertes accentuées et dans les syllabes fermées accentuées avec /z/, on prononce toujours /o/[4]. En français méridional, la distinction est absente dans les syllabes fermées. On trouve également la distinction en français de Belgique et de Suisse.
/a/ /ɑ/ patte (jambe d’un animal) ; pâte (cuisine)En français parisien, la distinction est déjà perdue. Grevisse note /a/ pour les deux. On la trouve cependant en français de Belgique et de Suisse.
/ɛ̃/ /œ̃/ brin (petit morceau) ; brun (couleur)En français parisien, la distinction est déjà perdue, et /œ̃/ se prononce comme /ɛ̃/. La prononciation actuelle est plus ouverte que [ɛ̃], plutôt [æ̃][3][5]. Ce n'est pas le cas dans le sud de la France, en Belgique (sauf région de Tournai et autres régions frontalières), en Suisse et au Québec, où la distinction est nette.
/ɛ/ /e/ fait (chose qui a eu lieu) ; fée (magicienne)En français parisien, la distinction dans les syllabes non accentuées est déjà perdue. Dans les syllabes fermées accentuées, on prononce toujours /ɛ/[4]. À l'inverse, en français méridional, la distinction n'est quasiment plus faite entre les deux phonèmes. En français de Suisse, la distinction est nette.
/œ/ /ø/ jeune ; jeûneLes paires minimales sont très rares. Dans les syllabes ouvertes accentuées et dans les syllabes fermées accentuées avec /z/, on prononce toujours /ø/[4]. De très nombreuses personnes prononcent maintenant jeûne comme jeune.
/ə/ /ø/ de ; deuxEn français parisien, la distinction est purement comportementale : on prononce jeudi /ʒø.di/ toujours comme [ʒø.di], et on prononce je dis /ʒə.di/ comme [ʒø.di] ou [ʒdi][3][4]. → voir e caduc.
/ɲ/ /nj/ gnon ; nions En français parisien, la distinction est en train de se perdre, et certains prononcent les deux comme [nj].
/ɛ/ /aɛ̯/
/ɛː/
mettre ; maître En français parisien, la distinction est déjà perdue. On la trouve cependant en français de Belgique, en français de Suisse et en français québécois, où /ɛ/ est marqué principalement par ai, ei et è alors que /aɛ̯/ (ou /ɛː/) par , et ê. Le Wiktionnaire ne distingue pas les deux.

En français parisien, les qualités de certaines voyelles ont été changées[3][5] :

TraditionnelModerneNotes
[ɑ̃] [ɒ̃] Originairement une voyelle nasale ouverte postérieure non arrondie, elle est devenue une voyelle nasale ouverte postérieure arrondie.
[ɛ̃] [æ̃] Originairement des voyelles nasales mi-ouvertes antérieures, une non arrondie et l’autre arrondie, on prononce maintenant une seule voyelle nasale pré-ouverte antérieure non arrondie.
[œ̃]
[ɔ̃] [õ] Originairement une voyelle nasale mi-ouverte postérieure arrondie, elle est devenue une voyelle nasale mi-fermée postérieure arrondie.
[ə] [ø] Originairement une voyelle moyenne centrale non arrondie, elle est devenue une voyelle mi-fermée antérieure arrondie.

Français moderne traditionnel

Ce français, qui contient des voyelles longues, est décrit notamment par le dictionnaire du TLFI.

Voyelles
LettresPhonèmesExemples
a â /a/tache /taʃ/, dégât /de.ɡa/
/ɑ/phrase /fʁɑz/, tâche /tɑːʃ/
e é ê è (ai ei aî eî est et ez) /e/blé /ble/, et (conjonction de coordination) /e/, ai (verbe avoir) /e/, parlez (verbe parler) /paʁ.le/
/ɛ/mettre /mɛtʁ/, crème /kʁɛm/, aie (verbe avoir) /ɛ/, est (verbe être) /ɛ/, minet /mi.nɛ/, prêt, /pʁɛ/
/ɛː/mtre /mɛːtʁ/, tête /tɛːt/, rtre ɛːtʁ/, caisse /kɛːs/, reine ɛːn/, presse /pʁɛːs/, scène /sɛːn/
/ə/le /lə/
/a/sciemment /sja.mɑ̃/, patiemment /pa.sja.mɑ̃/
i/i/lit /li/, signifierait /si.ɲi.fi.ʁɛ/
/j/mien /mjɛ̃/ (Québec : [mjẽ])
o (au eau) oi oin/o/hôte /t/, rose oz/, eau /o/, saut /so/
/ɔ/botte /bɔt/, mauresque /mɔ.ʁɛsk/
/wa/moi /mwa/
/wɑ/trois /tʁ/
/wɛ̃/soin /swɛ̃/ (Québec : [swẽ])
ou/u/mou /mu/
/w/oui /wi/
u/y/lu /ly/
/ɥ/nuit /nɥi/
eu œu/ø/peu /pø/, deux /dø/, tondeuse /tɔ̃.døz/ (Québec : [tõ.døːz]), œufs (pluriel de œuf) /ø/
/œ/peur /pœʁ/, neuf /nœf/, œuf /œf/
/e/cœlacanthe /se.la.kɑ̃t/ (Québec : [se.la.kãːt])
Nasalisations
LettresPhonèmesExemples
on om/ɔ̃/on /ɔ̃/ (Québec : [õ]), ont /ɔ̃/ (Québec : [õ]), observation /ɔp.sɛʁ.va.sjɔ̃/ (Québec : [ɔp.sɛʀ.va.sjõ]), ombre /ɔ̃bʁ/ (Québec : [õːbʀ])
en em an am aon/ɑ̃/sens /sɑ̃s/ (Québec : [sãːs]), sans /sɑ̃/ (Québec : [sã]), empirique /ɑ̃.pi.ʁik/ (Québec : [ã.pi.ʀɪk]), ampère /ɑ̃.pɛʁ/ (Québec : [ã.pɛːʁ]), taon /tɑ̃/ (Québec : [tõ])
in im ain aim en/ɛ̃/vin /vɛ̃/ (Québec : [v]), timbre /tɛ̃bʁ/ (Québec : [tːbʀ]), pain /pɛ̃/ (Québec : [p]), daim /dɛ̃/ (Québec : [d]), agenda /a.ʒɛ̃.da/ (Québec : [a.ʒ.dɑ]), in avant consonne : incertain /ɛ̃.sɛʁ.tɛ̃/ (Québec : [.sɛʀ.t])
/in/in avant voyelle: inapte /i.napt/
un/œ̃/un /œ̃/, nom commun /nɔ̃ kɔ.mœ̃/ (Québec : [nõ kɔ.mœ̃])
Consonnes
LettresPhonèmesExemples
b/b/bout /bu/
c ç/k/cou /ku/
/s/ici /i.si/, ça /sa/ (Québec : /sɑ/)
/ɡ/seconde /sə.ɡɔ̃d/ (Québec : [sə.ɡõːd])
cc/ks/accessoire /ak.se.swaʁ/
/k/accueil /a.kœj/
ch sch sh/ʃ/choux /ʃu/, schéma /ʃe.ma/ (Québec : /ʃe.mɑ/), short /ʃɔʁt/
/k/chronomètre /kʁɔ.nɔ.mɛːtʁ/
d/d/doux /du/
f/f/fou /fu/
g/ɡ/garde /ɡaʁd/, goût /ɡu/
/ʒ/gène /ʒɛːn/
gu/ɡ/guerre /ɡɛʁ/, aiguade
/ɡw/guanine
h(h aspiré)les haricots /le a.ʁi.ko/
(h muet)les hommes /le.z‿ɔm/
j/ʒ/joue /ʒu/
k kh/k/kaki /ka.ki/, khi /ki/
l/l/loup /lu/
/j/billet /bi.jɛ/, écureuil /e.ky.ʁœj/
m/m/mou /mu/
n/n/nous /nu/, automne /o.tɔn/
/ɲ/agneau /a.ɲo/, oignon /ɔ.ɲɔ̃/ (Québec : [ɔ.ɲõ])
/ŋ/parking /paʁ.kiŋ/ (Québec : [/paʁ.kiɲ)
p/p/pou /pu/
ph/f/photographie /fɔ.tɔ.ɡʁa.fi/
q/k/coq /kɔk/
qu/k/quel /kɛl/
/kw/équation /e.kwa.sjɔ̃/ (Québec : [e.kwa.sjõ])
r rh/ʁ/reine /ʁɛːn/, rhinocéros /ʁi.nɔ.se.ʁɔs/[6]
s ss/s/saut /so/, poisson /pwa.sɔ̃/ (Québec : [pwa.sõ])
/z/poison /pwa.zɔ̃/ (Québec : [pwa.zõ])
t th ti/t/tout /tu/, théorie /te.ɔ.ʁi/
/sj/observation /ɔp.sɛʁ.va.sjɔ̃/ (Québec : [ɔp.sɛʀ.va.sjõ])
/si/démocratie /de.mɔ.kʁa.si/
v/v/vous /vu/
w/v/wagon /va.ɡɔ̃/ (Québec : [va.ɡõ])(Belgique : [wa.ɡɔ̃])
/w/wapiti /wa.pi.ti/
x/s/dix /dis/
/z/dixième /di.zjɛm/
/ks/axiome /ak.sjɔm/
/ɡz/xénophobe /ɡze.nɔ.fɔb/, existence ɡ.zis.tɑ̃s/ (Québec : ɡ.zis.tãːs])
z/z/zoo /zo/ (Québec : (Populaire) /zu/)

Troisième approche

  • Le français possède un alphabet de 26 lettres (plus 13 voyelles accentuées, 1 consonne à cédille et 2 ligatures), un peu moins de 40 sons (ou phonèmes) et... environ 700 manières de les écrire (ou graphèmes).
  • Cette page a pour but de dresser un inventaire de la façon dont s’écrivent les sons en français. On peut déjà faire une première remarque. Les sons ne s’écrivent pas de la même manière suivant qu’ils sont isolés, en position initiale dans un mot, en position médiane ou en position finale.
  • Si l’écriture des noms communs en français relève d’un certain nombre de règles orthographiques (et d’un nombre important d’exceptions), celle des noms propres est par contre plutôt aléatoire. Malgré tout, il est intéressant de citer les différents graphèmes utilisés pour les noms propres, notamment pour des mots courants. Il ne faut donc pas s’étonner d’en voir écrits plusieurs. Par ailleurs, de nombreux mots français proviennent de langues étrangères et ont gardé sinon leur prononciation, au moins leur orthographe, ce qui rajoute de nombreuses autres possibilités.
  • Le français ne différencie pas phonologiquement (ni le plus souvent orthographiquement dans son alphabet) les consonnes affriquées des paires de consonnes composées d’une consonne frontale ou dorsale et d’une consonne fricative. La seule exception est la lettre x qui se prononce habituellement affriquée mais reste alors reconnue phonologiquement comme \ɡz\ ou \ks\. Toutes les autres coarticulations (absentes de la table ci-dessous) sont écrites à l’aide de plusieurs consonnes, et certains phonèmes consonantiques simples (présents dans la table ci-dessous) sont souvent écrits à l’aide de polygrammes.

Les consonnes

mv · f - b · p - d · tn · ɲ · ŋ - ɡ · kʒ · ʃ - z · s - ʁ · l
API Son isolé Position initiale Position médiane Position finale
Premier groupe alternatif d’articulations premières : consonnes frontales (labiales et dentales)
[m]
[v]

[f]

[b]

[p]

[d]
[t]
Second groupe alternatif d’articulations premières (peuvent parfois suivre celles du premier groupe) : consonnes dorsales (ou vélaires)
[n]
[ɲ]

[ŋ]

[ɡ]

[k]
Groupe d’articulations isolées ou d’articulations dernières (après un des deux groupes d’articulations premières) : consonnes spirantes et fricatives
[ʒ]
[ʃ]

[z]

[s]
[ʁ]

[l]

Consonnes simples prononcées comme plusieurs phonèmes consonantiques

Les semi-voyelles (ou semi-consonnes)

j - w - ɥ
API Son isolé Position initiale Position médiane Position finale
[j]
[w]

[ɥ]

Les voyelles

i - e - ɛ - ɛ̃ - œ̃ - œ - ə - ø - y - u - o - ɔ - ɔ̃ - ɑ̃ - ɑ - a
On dénombre seize voyelles en français dont quatre voyelles nasales. Voici quelques précisions concernant certaines d’entre elles.
  1. On distingue deux sons « a » assez proches : \a\ a » ouvert ou antérieur, que l’on transcrit généralement par « a ») et \ɑ\ a » fermé ou postérieur, que l’on transcrit généralement par « â »). Suivant les régions de France, ces sons sont distingués ou non, et il est souvent difficile de faire la différence entre les deux. De ce fait, ils sont traités ensemble pour simplifier.
    Note : Le français québécois se distingue entre autres par une nette discrimination entre ces deux sons. Ainsi, la différence de prononciation entre pâte et patte est sans équivoque au Québec (le « a » fermé de pâte étant même presque prononcé [ɑɔ̯] parfois), alors que ces deux termes sont pratiquement homophones dans la plupart des régions de France.
  2. Les phonèmes \o\ (o fermé) et \ɔ\ (o ouvert) sont relativement proches en français. Une prononciation soignée les distingue, même si dans certaines régions cette distinction n’est pas faite. Ils seront traités ici séparément parce qu’ils ont chacun des graphèmes très spécifiques (à l’inverse du doublet [a]-[ɑ]). Grevisse note d’ailleurs qu’« en dehors de la syllabe tonique, l’opposition [e]/[ɛ], [o]/[ɔ] n’est pas phonologique ; elle ne permet pas de distinguer des mots »[2].
  3. Les phonèmes \e\ : e fermé) et \ɛ\ : e ouvert) sont généralement bien distingués en français. Il reste cependant des variations régionales assez importantes, y compris lorsque la distinction est clairement faite. Ainsi les mots les, des, mes, tes, ses, ces, quai, gai, les conjugaisons sais, sait et vais, certaines conjugaisons du verbe avoir comme ai, des terminaisons du futur simple comme donnerai ou du passé simple comme donnai, seront prononcés suivant les lieux avec un é /e/ ou un è /ɛ/.
  4. Les phonèmes \ø\ eu » fermé) et \œ\ eu » ouvert) sont distingués en français. Il reste cependant des variations régionales importantes, et la distinction n’est pas faite partout.
    Le phonème \ə\ e » muet) se rapproche du son [œ] eu » ouvert), mais est souvent sourd, et peut ne pas être clairement prononcé, notamment dans la langue familière.
  5. Enfin, les phonèmes \ɛ̃\ in » ouvert ou antérieur) et \œ̃\ un » fermé ou postérieur) sont normalement distingués en français, mais la distinction n’est pas faite partout.
API Son isolé Position initiale Position médiane Position finale
[i]
[e]
[ɛ]
[ɛ̃]
[œ̃]
[œ]

[ə]

[ø]
[y]
[u]
[o]
[ɔ]

[ɔ̃]
[ɑ̃]
[ɑ] ou [ɑː]

[a]
Notes
Il y a aussi l’inclassable fuel \fjul\, c’est-à-dire le son \ju\ donné par la graphie ue venue de l’anglais.

Structure syllabique

La structure syllabique en français est relativement simple. Pour voir la simplicité, la sonorité, l’intensité relative phonétique, a une grande importance[7].

Chaque phonème a un certain niveau de sonorité : la sonorité est la plus haute dans les voyelles et la plus basse dans les occlusives, entre lesquelles il y a semi-voyelles, liquides, nasales et fricatives. La sonorité peut se montrer par un graphique à barres comme ci-dessous :

haute

Sonorité

basse
voyelle
semi-voyelle
liquide
nasale
fricative
occlusive






























Phonèmes a j l n s t

La syllabe est une séquence de phonèmes dont le noyau est un pic de sonorité, qui est en français toujours une voyelle. Dans la syllabe, la sonorité augmente du début au noyau et diminue du noyau à la fin en forme de montagne, à l’exception des fricatives coronales devant l’occlusive. L’ensemble des consonnes devant le noyau, s’il existe, s’appelle l’attaque et celui après le noyau la coda. Le tableau suivant montre des exemples de syllabes :

eau France liberté esprit
haute

Sonorité

basse
voyelle
semi-voyelle
liquide
nasale
fricative
occlusive




































































































Phonèmes o f ʁ ɑ̃ s l i . b ɛ ʁ . t e ɛ s . p ʁ i

Parmi ces syllabes, /li/, /te/ et /i/ ont une attaque ; s/ a une coda ; /ɑ̃s/ et /bɛʁ/ ont les deux. Chaque syllabe, par définition, a un seul noyau.

Attaques

Dans l’attaque, on peut distinguer les consonnes séparables et inséparables. La séquence /st/ fonctionne comme attaque dans style /stil/, mais ce n’est possible qu’au début de mot : elle est séparée en deux syllabes dans distille /dis.til/. Il est à noter que les fricatives coronales /s/, /ʃ/ et /ʒ/ peuvent exceptionnellement précéder une occlusive dans l’attaque, même si leurs sonorité est plus haute que celle des occlusives. La séquence plus exotique /ɡn/ est aussi différente dans gnome /ɡnom/ et dans diagnose /djaɡ.noz/. Le /s/ dans /st/ et le /ɡ/ dans /ɡn/ sont donc consonnes séparables.

style distille gnome diagnose
haute

Sonorité

basse
voyelle
semi-voyelle
liquide
nasale
fricative
occlusive



















































































































Phonèmes s t i l d i s . t i l ɡ n o m d j a ɡ . n o z

En revanche, la séquence /ɡʁ/ est inséparable parce qu’elle fonctionne également dans gré /ɡʁe/ et dans degré /də.ɡʁe/. On ne la sépare jamais.

gré degré
haute

Sonorité

basse
voyelle
semi-voyelle
liquide
nasale
fricative
occlusive













































Phonèmes ɡ ʁ e d ə . ɡ ʁ e

Cette distinction est stricte, n’ayant pas d’exception. Les attaques suivantes sont inséparables :

  • Une consonne :
    • Une occlusive : /p/, /b/, /t/, /d/, /k/ et /ɡ/ ;
    • Une fricative : /f/, /v/, /s/, /z/, /ʃ/ et /ʒ/ ;
    • Une nasale : /m/, /n/ et /ɲ/ ;
    • Une liquide : /l/ et /ʁ/ ;
    • Une semi-voyelle : /j/, /ɥ/ et /w/ ;
  • Une consonne non semi-voyelle + une semi-voyelle : /Cj/, /Cɥ/ et /Cw/, dont le /C/ signifie n’importe quelle consonne non semi-voyelle ;
  • Une obstruante + une liquide : /pl/, /bl/, /fl/, /vl/, /kl/, /ɡl/, /pʁ/, /bʁ/, /fʁ/, /vʁ/, /tʁ/, /dʁ/, /kʁ/ et /ɡʁ/.

Dans toutes les autres attaques, la première consonne est séparable, et le reste est inséparable. Par exemple, spleen /splin/ a l’attaque /spl/, dont le /s/ est séparable et le /pl/ inséparable. L’attaque de trois consonnes comme cela comprend toujours une consonne séparable qui est fricative coronale et deux consonnes inséparables. Cela explique pourquoi on peut prononcer louer /lwe/ en une syllabe mais clouer /klu.e/ uniquement en deux syllabes : le français permet /lw/ comme attaque mais non pas */klw/.

Les affriquées, quant à elles, n’existent qu’en début ou fin de mot mais deviennent séparables en milieu de mot : /ps/, /bz/, /pʃ/, /bʒ/, /ts/, /dz/, /tʃ/, /dʒ/, /ks/, /ɡz/, /kʃ/ et /ɡʒ/ ; dans ce cas, la partie occlusive termine la syllabe précédente, et la partie fricative peut soit former l’attaque de la syllabe suivante, soit rester extrasyllabique si l’affriquée n’est pas suivie immédiatement d’une voyelle.

Les consonnes séparables ne peuvent se placer qu’en début de mot, excepté /s/, qui peut se placer dans des attaques en milieu de mot comme /stʁ/ dans extra /ɛk.stʁa/. Cette limitation indique qu’elles sont extrasyllabiques — consonnes hors de la vraie syllabe.

Noyaux

Les voyelles fermées /i/, /u/ et /y/ se transforment habituellement en semi-consonnes /j/, /w/ et /ɥ/ devant une autre voyelle s’ils ne sont pas précédés par une attaque à deux consonnes. On peut comparer les exemples suivants :

Une consonneDeux consonnes
/i/ lien
/ljɛ̃/
client
/kli.jɑ̃/
/u/ louer
/lwe/
clouer
/klu.e/
/y/ tuait
/tɥɛ/
cruel
/kʁy.ɛl/

On insère un yod /j/ devant une voyelle qui suit un /i/ de la syllabe précédente, comme dans client /kli.jɑ̃/.

Dans certaines régions, notamment en Belgique, certains de ces mots monosyllabiques sont prononcés en deux syllabes : louer /lu.e/, tuait /ty.ɛ/.

Comme expliqué ci-dessus, le français interdit */tʁw/ comme attaque. Mais pourquoi donc prononce-t-on trois /tʁwa/ ? La structure stricte des attaques nous dirige vers la conclusion suivante : le /wa/ dans trois /tʁwa/ est une voyelle, plus précisément une diphtongue[8]. Dans certains cas cette voyelle réapparaît phonétiquement comme telle (en créant une syllabe supplémentaire) quand il est nécessaire de faire apparaître des distinctions entre des quasi-homophones habituellement considérés comme allophones : la consonne /w/ amuit alors dans le discours usuel une voyelle habituellement muette, mais qui peut influencer subtilement sa prononciation effective comme [əw], [ɔw] ou [ow] dans oi, ou comme [uw] dans oua (voire avec une prononciation distinguée excessivement par cette seule voyelle prononcée alors sans diphtongue, ce qui peut aller jusqu’à la disparition complète de la consonne [w]).

C’est vrai que l’on ne distingue pas phonétiquement (la plupart du temps), oi d’avec oua, ni oin d’avec ouin, mais ils ont des comportements différents après une double consonne d’attaque :

  oi oua
/ʁ/ roi
/ʁwa/
roua
/ʁwa/
/tʁ/ trois
/tʁwa/
troua
/tʁu.a/
  oin ouin
/f/ foin
/fwɛ̃/
fouin
/fwɛ̃/
/ɡʁ/ ou /tʁ/ groin
/ɡʁwɛ̃/
Duguay-Trouin
/dy.ɡɛ.tʁwɛ̃/ ou
/dy.ɡɛ.tʁu.ɛ̃/

On peut constater que oi /wa/ ou oin /wɛ̃/ ne se sépare (presque) jamais et que c’est plutôt une diphtongue, tandis que le /w/ dans oua ou ouin vient de ou /u/, lequel est facilement séparable de la voyelle qui le suit :

  roi trois roua troua
haute

Sonorité

basse
voyelle
semi-voyelle
liquide
nasale
fricative
occlusive
 









   














   














   
























 
Phonèmes   ʁ wa     t ʁ wa     ʁ w a     t ʁ u . a  

Selon cette analyse, le français aurait alors seulement trois vraies diphtongues (que l’on ne sépare qu’exceptionnellement et difficilement, d’une façon considérée comme incorrecte dans le discours courant) : /wa/ (oi), /wɛ̃/ (oin) et /ɥi/ (ui), trouvées respectivement dans trois /tʁwa/, dans groin /ɡʁwɛ̃/ et dans pluie /plɥi/.

Codas

La syllabe forme une montagne de sonorité, mais rythme /ʁitm/ ne parait pas suivre cette règle, parce que la sonorité dans la coda augmente du /t/ au /m/ ; son dérivé avec un suffixe ne pose pas ce problème :

  rythme rythmique
haute

Sonorité

basse
voyelle
semi-voyelle
liquide
nasale
fricative
occlusive
 



















   


































 
Phonèmes   ʁ i t m     ʁ i t . m i k  

isthme et asthme présentent la même particularité, bien qu'il s'agisse là de fricatives /z/.

En fait, les codas comme cela ne se trouvent qu’à la fin de mot (la plupart du temps avant un e muet, qui dans certains cas peut et parfois doit se prononcer comme une véritable voyelle pour former alors une syllabe complète, séparée de la précédente qui devient une syllabe normale, notamment si le mot suivant débute par une consonne interdisant son assimilation parmi ses consonnes d’attaque), justement comme les consonnes extrasyllabiques au début de mot. On peut donc conclure que le /m/ dans rythme /ʁitm/ est extrasyllabique. Certains l’appellent semisyllabe[9]. La semisyllabe se comporte comme si elle était l’attaque de la syllabe suivante sans voyelle.

La semisyllabe peut comprendre plus d’une consonne :

  libre librement
haute

Sonorité

basse
voyelle
semi-voyelle
liquide
nasale
fricative
occlusive
 



















   












































 
Phonèmes   l i b ʁ     l i . b ʁ ə . m ɑ̃  

Puisque la semisyllabe fonctionne comme attaque et que /bʁ/ est inséparable comme telle, on peut constater que libre /libʁ/ a la vraie syllabe /li/ et la semisyllabe /bʁ/. Cette structure devient claire dans librement /li.bʁə.mɑ̃/.

Pour ces raisons, certains dictionnaires préfèrent présenter ces semisyllabes explicitement comme des syllabes normales, en mentionnant leur séparation possible et l’élision du e muet final quand la séparation n’est pas nécessaire. En effet, cette voyelle finale muette doit se prononcer, souvent de façon alors très amuïe, avant certains mots : libre /li.bʁ(ə)/ se réalisera alors plus aisément dans libre de /li.bʁə.də/ (puisque la succession /bʁd/ est interdite et nécessite la séparation syllabique). Si l’on tient compte de cette analyse de la structure syllabique du français, une telle explicitation n’est pas nécessaire mais s’en déduit.

L’introduction de semisyllabes nous permet de voir la simplicité de la structure syllabique en français. La vraie attaque a au plus deux consonnes, et la vraie coda a seulement une consonne. Les syllabes ci-dessous sont moins compliquées que leurs apparences :

  Extra-
syllabique
Vraie syllabe Semisyllabe
AttaqueNoyauCodaExtra-
syllabique
AttaqueNoyau
vide
cloitre   klwa   (ə)
dextre   dɛk s(ə)
marbre   maʁ  (ə)
schtroumpf ʃ um  f(ə)
strict s ik  t(ə)

La structure syllabique française est donc (C)(C)V(C), (consonne)-(consonne)-voyelle-(consonne), avec des consonnes extrasyllabiques au début et à la fin du mot.

Voir aussi

Sur Wikipédia :

Références

  1. API sur l’encyclopédie Wikipédia
  2. Maurice Grevisse, Le Bon Usage, 1936
  3. L. Canepari, A Handbook of Pronunciation, 2005
  4. François Dell, Les Règles et les sons, 1985, ISBN 978-2705660178
  5. Véronique Delvaux, Thierry Metens et Alain Soquet, Propriétés acoustiques et articulatoires des voyelles nasales du français, 24es Journées d’étude sur la parole, Nancy, 1, 2002, pp. 348-352
  6. La transcription du r standard en français est /ʁ/, mais la prononciation exacte peut varier selon la place de la lettre dans le mot, selon la région, l’accent, etc.
  7. Marie-Hélène Côté, Phonologie française, 2005
  8. Jacques Durand et Chantal Lyche, Regard sur les glissantes en français : français standard, français du Midi, Cahiers de grammaire 24, 1999, pp. 39-65
  9. Caroline Féry, Markedness, Faithfulness, Vowel Quality and Syllable Structure in French, Journal of French Language Studies 13, 2003, pp. 247-280
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