Fibrose pulmonaire

La fibrose pulmonaire est une lésion des poumons caractérisée par une fibrose, c'est-à-dire la présence d'un excès de tissu conjonctif fibreux. De nombreuses pathologies sont en cause, parmi les pneumopathies interstitielles. La gêne respiratoire (dyspnée) est le principal symptôme. Le plus souvent la présentation clinique et l'aspect du scanner permettent de poser le diagnostic. Le traitement est celui de la cause et consiste à prévenir l'aggravation de la maladie.

Une radiographie du thorax montrant une fibrose pulmonaire

Causes

Article connexe : Pneumopathie interstitielle.

La fibrose pulmonaire est un stade évolutif de plusieurs maladies, la plupart d'entre elles étant classées dans les pneumopathies interstitielles[1].

Les maladies et les conditions qui peuvent causer la fibrose pulmonaire comprennent :

Dans certains cas, la fibrose pulmonaire peut apparaître sans cause connue. Il s'agit de pneumopathie interstitelle diffuse idiopathique, dont la principale forme est la fibrose pulmonaire idiopathique[3].

Pour une partie des patients, il y a un nombre croissant d'indications qui tendent à individualiser la fibrose pulmonaire familiale, avec prédisposition génétique. Par exemple, une mutation dans la protéine surfactante C a été constatée dans certaines familles atteintes[1].

Physiopathologie

Article connexe : Fibrose.

La fibrose pulmonaire implique la transformation progressive du parenchyme pulmonaire normal en tissu fibreux. Le remplacement du poumon normal par le tissu cicatriciel provoque la diminution irréversible de la capacité de diffusion de l'oxygène (hématose)[1]. De plus, la diminution de la compliance pulmonaire fait de la fibrose une maladie pulmonaire restrictive. C'est la principale cause de maladie pulmonaire restrictive liée au parenchyme pulmonaire. A contrario, la tétraplégie[5] et la cyphose[6] sont des exemples de causes de maladie pulmonaire restrictive qui ne passent pas nécessairement par une fibrose pulmonaire.

Clinique

Une dyspnée (essoufflement) progressive à l'effort peut suggérer une fibrose pulmonaire. Les autres symptômes sont principalement[1] :

Dans quelques cas, à l'inspiration, des râles crépitants fins sont audibles à la base des poumons lors de l'auscultation[2].

Examens complémentaires

La radiographie du thorax peut être normale ou anormale, et le scanner thoracique montre fréquemment des anomalies caractéristiques[2].

Lors d'une spirométrie, comme la fibrose est une maladie pulmonaire restrictive, tant le VEMS (Volume expiratoire maximal seconde) que la CVF (Capacité vitale forcée) sont réduits de sorte que le rapport VEMS/CVF est normal, voire augmenté, contrairement aux maladies pulmonaires obstructives pour lesquelles ce ratio est réduit (par exemple, pour la broncho-pneumopathie chronique obstructive)[7].

Diagnostic

Le diagnostic peut être confirmé par une biopsie du poumon[2]. Une thoracoscopie vidéo-assistée sous anesthésie générale peut être nécessaire afin d'obtenir suffisamment de tissu pour faire un diagnostic précis. Ce type de biopsie comprend l'insertion de plusieurs tubes à travers la paroi thoracique, dont l'un est utilisé pour prélever un morceau de poumon[2]. Le tissu prélevé est examiné par microscopie (histopathologie) pour confirmer la présence et les caractéristiques de la fibrose ainsi que la présence d'autres anomalies qui peuvent orienter vers une cause spécifique, par exemple certains types de poussières minérales. Souvent, une telle biopsie n'est pas nécessaire en raison d'une présentation clinique et radiologique évocatrice[2].

Un diagnostic erroné est courant car, alors que la fibrose pulmonaire globale n'est pas rare, chaque type individuel de fibrose pulmonaire l'est. Par conséquent, l'évaluation des patients atteints de ces maladies est complexe et nécessite une approche multidisciplinaire[1]. De plus, bien que la terminologie soit standardisée, des difficultés persistent dans son application[1]. Même les experts peuvent être en désaccord sur le classement de certains cas.

Traitement et prévention

La fibrose pulmonaire crée du tissu cicatriciel. Une fois développée, cette cicatrisation est permanente[2]. Les mesures de prévention ou de ralentissement de la progression dépendent de la cause sous-jacente.

Transplantation pulmonaire

Les options de traitement de la fibrose pulmonaire idiopathique sont très limitées[2]. Des recherches sont en cours, mais il n'y a aucune indication pour le moment, que des médicaments pourraient traiter cette maladie. La transplantation du poumon est la seule option thérapeutique valable pour les cas sévères.

Immunosuppresseurs

Étant donné que certains types de fibrose pulmonaire peuvent répondre aux corticoïdes (comme la prednisone) ou à d'autres médicaments immunosuppresseurs, ces types de médicaments sont parfois prescrits pour tenter de ralentir les processus qui conduisent à la fibrose.

Selon les connaissances actuelles, il semblerait que le système immunitaire joue un rôle central dans le développement de nombreuses formes de fibrose pulmonaire. Le but du traitement avec des agents immunosuppresseurs tels que les corticoïdes est de diminuer l'inflammation pulmonaire et par conséquent, la formation de tissu cicatriciel. Les réponses au traitement sont variables. Les patients dont l'état s'améliore avec le traitement immunosuppresseur n'ont probablement pas la fibrose pulmonaire idiopathique, cette dernière n'ayant pas de traitement significatif ou de guérison possible[2]. Certains agents pharmacologiques destinée à prévenir la formation de tissu cicatriciel sont en phase expérimentale[1].

Parmi les autres types de fibrose, certains peuvent répondre à un traitement immunosuppresseur à base de corticoïdes[2]. Cependant, comme seule une minorité de patients répond aux seuls corticoïdes, il peut être nécessaire de rajouter un autre traitement tel que le cyclophosphamide, l'azathioprine, le méthotrexate, la pénicillamine ou la ciclosporine[2]. La colchicine a également été utilisée avec un succès limité. Des essais sont en cours avec de nouveaux médicaments tels que l'interféron gamma, le mycophénolate mofétil et le pirfénidone.

Éviction de la cause

L’aggravation de la pneumopathie d'hypersensibilité, une forme moins sévère de fibrose pulmonaire, peut être empêchée en évitant tout contact avec la source de la maladie (poussières contaminées par des sources bactériennes, fongiques ou animales, par exemple).

Oxygénothérapie en cas d'insuffisance respiratoire

L'oxygénothérapie améliore la qualité de vie et la capacité à l'effort[1]. La transplantation du poumon peut être envisagée pour certains patients[1].

Évolution

L'hypoxie causée par la fibrose pulmonaire peut conduire à une hypertension artérielle pulmonaire qui, à son tour, peut conduire à une insuffisance ventriculaire droite. L'oxygénothérapie permet de prévenir cette évolution[2].

La fibrose pulmonaire peut également entraîner un risque accru d'embolie pulmonaire, qui peut être prévenue par la prise d'anticoagulants[2].

Épidémiologie

Dans le monde, cinq millions de personnes souffrent de fibrose pulmonaire[1].

Une large gamme de taux d'incidence et de prévalence ont été reportés pour la fibrose pulmonaire aux États-Unis.

Auteurs de l'étudeSexeIncidenceA, BPrévalenceA, BPopulationPériode
Raghu et al.[8]-6,8-16,314,0-42,7Système de soins national1996–2000
Fernandez Perez et al.[9]-8,8-17,427,9-63,0Comté d'Olmsted1997–2005
Coultas et al.[10]Homme27,530,3Comté de Bernalillo1988–1990
Femme11,514,5

A : En centaines de milliers de personnes. B : Critères d'inclusion étroits et larges

Sur la base de ces chiffres, la prévalence de la fibrose pulmonaire aux États-Unis pourrait varier de plus de 29 000 à près de 132 000 (population de plus de 18 ans en 2000).

Les chiffres actuels pourraient être plus élevés à cause des mauvais diagnostics[1]. C'est typiquement le cas pour les patients diagnostiqués entre quarante et cinquante ans, alors que l'incidence de la fibrose pulmonaire idiopathique augmente considérablement après l'âge de cinquante ans. Dans ce cas, la perte de la fonction pulmonaire est généralement attribuée à la vieillesse, à une maladie cardiaque ou des maladies pulmonaires plus courantes.

Notes et références

  1. (en) Pulmonary Fibrosis Foundation> Qu'est la fibrose pulmonaire?
  2. (en) MedicineNet.com> Fibrose pulmonaire
  3. MedlinePlus> Fibrose pulmonaire
  4. (en) Goemaere NN, Grijm K, van Hal PT, den Bakker MA, « Nitrofurantoin-induced pulmonary fibrosis: a case report », J Med Case Reports., vol. 2, , p. 169 (PMID 18495029, PMCID 2408600, DOI 10.1186/1752-1947-2-169, lire en ligne)
  5. (en) Walker J, Cooney M, Norton S, « Improved pulmonary function in chronic quadriplegics after pulmonary therapy and arm ergometry », Paraplegia, vol. 27, no 4, , p. 278–83 (PMID 2780083)
  6. (en) eMedicine Specialties> Pulmonology> Interstitial Lung Diseases> Restrictive Lung Disease Auteur : Lalit K Kanaparthi, MD, Klaus-Dieter Lessnau, MD, Sat Sharma, MD.
  7. « www.spirXpert.com »
  8. (en) Raghu G, Weycker D, Edelsberg J, Bradford WZ, Oster G. « Incidence and Prevalence of Idiopathic Pulmonary Fibrosis » Am J Respir Crit Care Med. 2006;174:810-6.
  9. (en) Fernandez Perez ER, Daniels CE, Schroeder DR, St Sauver J, Hartman TE, Bartholmai BJ, Yi ES, Ryu JH. « Incidence, Prevalence, and Clinical Course of Idiopathic Pulmonary Fibrosis: A Population-Based Study » Chest. Jan 2010;137:129-37.
  10. (en) Coultas DB, Zumwalt RE, Black WC, Sobonya RE. « The Epidemiology of Interstitial Lung Diseases » Am J Respir Crit Care Med. Oct 1994;150(4):967-72. cited by Michaelson JE, Aguayo SM, Roman J. « Idiopathic Pulmonary Fibrosis: A Practical Approach for Diagnosis and Management » Chest. Sept 2000;118:788-94.
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