Antoine Martinez (militaire)

Antoine Martinez, né le , est un général puis militant politique d'extrême droite français. Il est le président de Volontaires pour la France (VPF) depuis 2016.

Pour les articles homonymes, voir Antoine Martinez (homonymie) et Martinez.

Antoine Martinez
Fonctions
Président de Volontaires pour la France
En fonction depuis
(5 ans)
Avec Yvan Blot (2016-2018)
Prédécesseur Parti créé
Biographie
Nom de naissance Antoine François Martinez
Date de naissance
Nationalité Français
Parti politique Volontaires pour la France (depuis 2016)
Profession Général de l'armée de l'air
Distinctions Officier de la Légion d'honneur
Officier national du Mérite
Résidence Nice (Alpes-Maritimes)
Site web general-martinez-2022.fr

Général de brigade dans l'armée de l'air à la retraite depuis 2005, il s'engage en politique à partir de 2015. Il cofonde avec l'homme politique Yvan Blot le parti Volontaires pour la France, qui réunit essentiellement des anciens militaires et policiers et défend une ligne radicalement anti-musulmans, anti-migrants et nationaliste. Il gagne en puissance après les attentats du . Des militants plus radicaux scissionnent en 2017 pour former l'Action des forces opérationnelles. En 2020, Martinez déclare sa candidature à l'élection présidentielle de 2022.

Antoine Martinez accède à la notoriété médiatique par sa participation à des « tribunes de généraux », signées notamment aux côtés de Christian Piquemal et Didier Tauzin et qui critiquent la gestion de l'immigration par François Hollande puis Emmanuel Macron. Martinez est aussi membre du Conseil national de la résistance européenne, fondé par l'identitaire Renaud Camus.

Carrière militaire

Antoine François Martinez[1] naît en 1948[2] et passe son enfance à Oran, en Algérie française[3].

Général de brigade de l'armée de l'air[4], il intègre en 2005[5] la deuxième section (réserviste ayant quitté le service actif)[6]. En 2018, il réside à Nice, dans les Alpes-Maritimes[7].

Il figure parmi les cadres de l'Association des officiers de réserve (membre de l'Union nationale des officiers de réserve)[8], une association d'officiers à la retraite dans les Pyrénées-Orientales[9], dont il est reconduit à la présidence en 2013[10].

Militantisme politique

Volontaires pour la France

Aux côtés d'Yvan Blot, cofondateur du Carrefour de l'horloge puis député européen du Front national durant les années 1990, Antoine Martinez cofonde durant l'été 2015 « Volontaires pour la France »[11],[9]. Essentiellement composée d'anciens membres de l'armée et de la police[3],[9], l'objectif de l'organisation politique d'extrême droite[12] est de « combattre » l'« islamisation » et l'« africanisation » de l'Europe pour « défendre l'identité française »[11],[13] et de lutter contre les lobbies internationaux qui auraient « capturés » le pouvoir démocratique[9].

Née sur Internet, elle organise son premier évènement en en région Provence-Alpes-Côte d'Azur[9] et gagne en puissance à la suite des attentats du 13-Novembre[11]. Après le dépôt de marque en [14], l'organisation est constituée en association loi de 1901 en à Ingré (Loiret)[15],[14] par Gérard Hardy[14],[7] (puis en parti politique entre 2017 et 2018[16],[17]). Martinez et Blot en prennent la présidence[7]. Après le décès d'Yvan Blot survenu en 2018, Antoine Martinez assure seul la présidence[4].

Les VPF diffusent un discours antimusulmans virulent. Ils revendiquent 800 membres[14] en 2018, Mediapart en avance seulement 50[7]. Le parti recense une liste de « Volontaires d'honneur », qui témoigne du caractère ethnoculturel de son nationalisme. Elle recense des militants anti-islam, islamophobes, catholiques nationalistes ou homophobes : le père Guy Pagès (en), le frère Thierry, les Américains Steve King et Rosine Ghawji, le général Christian Piquemal, l'ancien député Christian Vanneste[9] et Renaud Camus, propagateur de la théorie conspirationniste du grand remplacement[9],[14],[18], dont Antoine Martinez est membre du Conseil national de la résistance européenne qu'il a fondé en 2017[19].

Antoine Martinez (quatrième en partant de la droite) lors d'une réunion du Conseil national de la résistance européenne en 2018, aux cotés notamment de Christian Piquemal, Christian Vanneste, Renaud Camus, Damien Rieu, Karim Ouchikh et Richard Roudier.

Les Volontaires pour la France cultivent une idée militaire[12] et affirment ne pas être une milice. Ils annoncent sur le site web que « les Volontaires peuvent se former, s'instruire, s'entraîner grâce à des journées, des week-ends ou des séminaires de formation organisés par les cadres de l'organisation et animés par des spécialistes dans tous les domaines »[7].

Sous le coup d'une enquête de la Direction générale de la Sécurité intérieure, les Volontaires pour la France se constituent en association en 2016[7]. Une fracture se tend entre les dirigeants, qui souhaitent inscrire leur militantisme dans un cadre légal, et des militants qui souhaitent passer à l'acte[7]. L'année suivante, mené par les recruteurs Guy Siba (qui siège au conseil d'administration) et Dominique Copain, un groupe de militants fait scission pour fonder l'Action des forces opérationnelles[7],[14],[20]. Le groupe est démantelé et arrêté en 2018, accusé de projeter un attentat contre les musulmans[3],[4].

Antoine Martinez présente sa candidature à l'élection présidentielle de 2022 le . Dans sa déclaration, il estime la France « fracturée, défigurée, martyrisée », dans un « combat » qui « ne peut être que souverainiste, identitaire, et culturel »[4] et souhaite « provoquer le sursaut national indispensable au rétablissement d'un État fort », « hors des partis politiques »[13]. Il bénéficie du soutien du général Christian Piquemal[3].

Les VPF présentent des listes aux élections régionales de 2021 en Bretagne, conduites par Yves Chauvel[21] et étiquetées souverainistes[21],[22]. Elle obtiennent 0,07 % des voix exprimées à l'échelle régionale[22].

Pétitions médiatiques anti-immigration et anti-islam

Antoine Martinez se fait remarquer en signant en 2016 une lettre ouverte à destination du président de la République François Hollande critiquant la gestion de la crise migratoire à Calais[4], aux cotés d'Yvan Blot et des généraux Pierre Coursier et de Jean du Verdier[6]. Ils affirment que Calais serait devenue une zone de non-droit « abandonnée de facto par les autorités de la République » face à l'entrée « massive » de « migrants illégaux »[23] qui feraient subir aux Calaisiens « une situation existentielle désastreuse » « dans la terreur des bandes mafieuses », alors qu'ils devraient bénéficier de la protection du président, « garant de l'intégrité du territoire ». Ils demandent des modifications des traités sur les frontières du Touquet et de Schengen[6]. Cette sortie de son devoir de réserve vaut à Martinez des menaces de sanction du ministère de la Défense. Elle a pour origine la participation polémique du général de deuxième section Christian Piquemal à une manifestation anti-immigration de Pegida France à Calais, pour laquelle il sera radié des cadres de l'armée[23]. Martinez fonde[24] et préside son comité de soutien[11].

Après avoir appelé à manifester au sein du mouvement des Gilets jaunes le [25], il est à l'initiative d'une lettre ouverte au président Emmanuel Macron écrite par le général Didier Tauzin[24]. La lettre dénonce le pacte mondial sur les migrations, dit « pacte de Marrakech »[4],[9], qui établit un cadre de coopération international juridiquement non contraignant, en affirmant que le pacte causerait plutôt une perte de souveraineté nationale sur les politiques de migration et accuse le président de la République de « trahison ». Elle reçoit les signatures d'une douzaine de militaires haut gradés, dont Christian Piquemal, ainsi que de l'ancien ministre de la Défense Charles Millon ; la tribune est massivement relayée par plusieurs groupes de Gilets jaunes[26].

En , Antoine Martinez signe une tribune avec dix-sept autres généraux publiée par Valeurs actuelles (dont Christian Piquemal et plusieurs signataires de sa lettre ouverte de 2018 et un second membre des VPF, le général Roland Dubois[13]). Ils y dénoncent un « délitement » de la nation, pour laquelle il faudrait « l'éradication » immédiate de « l'islamisme et les hordes de banlieue », à défaut de quoi « la guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant » par une « intervention de nos camarades d'active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles »[3],[5].

Idées politiques

Antoine Martinez récuse l'étiquette de radical ou d'ultradroite pour celle de patriote[3] ou de « droite sans complexe ». Il affirme défendre l'« héritage culturel » de la France, issu de la « culture gréco-latin et la religion chrétienne », pour que le pays « retrouve sa grandeur et sa puissance » et « redevienne un phare de l'humanité »[27].

Il affirme des idées hostiles à l'immigration et l'islam[3], qu'il ne considère « absolument pas » compatible avec la République française[27]. Il considère les migrants comme une « menace » pesant sur la « nation »[23], évoquant une « submersion migratoire »[13] et déclarant qu'« il y a dans notre pays plus de deux millions de musulmans radicalisés prêts à basculer au signal djihadiste »[3]. Il se considère comme « lanceur d'alerte » pour ses déclarations publiques sur ce sujet ; d'après lui, le « devoir d'expression prime sur le devoir de réserve » et il accuse l'État de ne respecter ni la Constitution ni les lois républicaines[23].

Dans son projet présidentiel pour 2022, Antoine Martinez prévoit l'interdiction du hidjab dans l'espace public et la « fermeture immédiate des mosquées fréristes, salafistes, tablighs, wahhabites et turques ». Il souhaite la déchéance de nationalité et l'expulsion pour les binationaux auteurs de délit, avec leurs familles, « car tout est lié »[3] ainsi que la préférence nationale pour les prestations sociales et la suppression de la double nationalité hors pays européens. Il prévoit aussi l'arrêt total de l'immigration en-dehors de l'Europe et l'expulsion des clandestins dans leur pays d'origine[27].

Il affirme se retrouver dans la vision politique du groupe de Visegrád, une organisation intergouvernementale d'Europe de l'Est, et en particulier du chef du gouvernement hongrois Viktor Orbán, dont il est « parfaitement d'accord avec les décisions [...] sur cette affaire du genre et des LGBT. Il faut protéger nos enfants de ces dérives délirantes[27]. »

Publications

  • Devoir d'expression d'un citoyen (pas) ordinaire, Nantes, Éditions Amalthée, , 237 p. (ISBN 978-2-310-01314-7)
  • Quand la Grande Muette prendra la parole (préf. Ivan Rioufol), Éditions Apopsix, , 400 p. (ISBN 978-2-3597-9135-8)

Décorations

Notes et références

  1. Décret du portant promotion et nomination.
  2. « Martinez, Antoine (1948-....) », sur BnF Catalogue général, (consulté le ).
  3. Étienne Girard, « Antoine Martinez, le général qui veut durcir le programme de Marine Le Pen », sur L'Express, (consulté le ).
  4. Juliette Pousson, Marion Prudhomme, Aubin Laratte, Ronan Tésorière, Anissa Hammadi et la cellule Data, « « Guerre civile » et tribune d'ex-militaires : qui sont les signataires ? », sur Le Parisien, (consulté le ).
  5. Maxime Vaudano et Agathe Dahyot, « Présidentielle 2022 : qui sont les candidats déclarés et pressentis ? », sur Le Monde, (consulté le ).
  6. Delphine de Mallevoüe, « Migrants : la lettre ouverte de trois généraux à François Hollande », sur Le Figaro, (consulté le ).
  7. Matthieu Suc, Marine Turchi et Jacques Massey, « Coup de filet au sein d'une cellule clandestine de l'ultra-droite », sur Mediapart, (consulté le ).
  8. « L'Association des officiers de réserve 66 a tenu à Prades son assemblée générale », sur Midi libre, (consulté le ).
  9. (en) Nicolas Lebourg, « Extreme-Right Terrorist Radicalization in France since November 13, 2015 », Illiberalism Studies Program Working Papers, no 3, (lire en ligne).
  10. M. M., « Le général Martinez reste à la tête de l'association des officiers de réserve », sur L'Indépendant, (consulté le ).
  11. Willy Le Devin, « Projet d'attentats : un groupuscule d'ultradroite franchit un palier », sur Libération, (consulté le ).
  12. Stéphane Munka et Jean-Michel Décugis, « Ultradroite : que préparait l'Action des forces opérationnelles ? », sur France Info, (consulté le ).
  13. V. M., « Qui trouve-t-on parmi les signataires de la tribune polémique de militaires adressée à Macron ? », sur LCI, (consulté le ).
  14. Boris Thiolay, « AFO, les inquiétants Pieds nickelés de l'ultradroite », sur L'Express, (consulté le ).
  15. « Volontaires pour la France », sur Journal-officiel.gouv.fr, (consulté le ).
  16. Avis relatif à la publication générale des comptes des partis et groupements politiques au titre de l'exercice 2017.
  17. Avis relatif à la publication générale des comptes des partis et groupements politiques au titre de l'exercice 2018.
  18. Jade Toussay, « Des chefs militaires menacés de sanctions disciplinaires pour avoir accusé Macron de « trahison » », sur Le HuffPost, (consulté le ).
  19. Jean-Yves Camus interrogé par Camille Vigogne Le Coat, « Jean-Yves Camus : « Marine Le Pen est en tournée électorale des casernes » », sur L'Express, (consulté le ).
  20. Valentin Pacaud, « Qui est vraiment Guy Sibra, l'ex-flic chef présumé du groupe antimusulman AFO ? », sur Les Inrockuptibles, (consulté le ).
  21. Olivier Mélennec, « Élections régionales. Des dissidents du RN sur une liste « souverainiste » en Bretagne », sur Ouest-France, (consulté le ).
  22. « Bretagne : Résultats de la région au 1er tour », sur Élections régionales et des assemblées de Corse, Guyane et Martinique 2021, Ministère de l'Intérieur, (consulté le ).
  23. Delphine de Mallevoüe, « Affaire Piquemal : un autre officier de haut rang menacé de sanctions », sur Le Figaro, (consulté le ).
  24. Lucie Delaporte, « Marine Le Pen salue les apprentis putschistes: le retour du refoulé », sur Mediapart, (consulté le ).
  25. « Conduite à l'extrême droite », Charlie Hebdo, no 1372, (lire en ligne).
  26. C. P., « Pacte de Marrakech : ces généraux qui accusent Macron de « trahison » », sur Le Parisien, (consulté le ).
  27. Sandrine Mangenot, « Rochetaillée-sur-Saône. Candidat à la Présidentielle, le général Martinez fait étape dans le Rhône », sur Le Progrès, (consulté le ).
  28. Décret du portant promotion et nomination.

Liens externes

  • Armée et histoire militaire françaises
  • Portail de la politique française
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.