Vinnytsia

Vinnytsia (en ukrainien : Вінниця) ou Vinnitsa (en russe : Винница) est une ville d'Ukraine et le chef-lieu administratif de l'oblast de Vinnytsia. C'est la capitale de la Podolie, région historique. Sa population s'élevait à 372 116 habitants en 2014.

Ne doit pas être confondu avec Vinitsa, municipalité de la République de Macédoine

Vinnytsia
(uk) Вінниця

Héraldique

Drapeau
Administration
Pays Ukraine
Subdivision  Oblast de Vinnytsia
Maire Morhounov Serhiy Anatoliyovych
Code postal 21000 — 21499
Indicatif tél. +380 43
Démographie
Population 372 116 hab. (2014)
Densité 6 110 hab./km2
Géographie
Coordonnées 49° 14′ nord, 28° 29′ est
Superficie 6 090 ha = 60,9 km2
Divers
Fondation 1363
Statut Ville depuis 1795
Localisation
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Vinnytsia
Liens
Site web www.city.vin.com.ua
Sources
Liste des villes d'Ukraine

    Géographie

    Vinnytsia est arrosée par le Boug méridional et se trouve à 198 km  260 km par la route  au sud-ouest de Kiev.

    L'été est généralement long et tiède, avec beaucoup d'épisodes humides. L'hiver est par contre plus court. La température moyenne en janvier est de −5,8 °C, et en juillet de 18,3 °C. Les précipitations annuelles moyennes sont de 638 mm. On peut aussi voir durant six à neuf jours par an des tempêtes de neige.

    Histoire

    Moyen Âge

    L'histoire de Vinnytsia commence en 1363 quand le Grand-Duc de Lituanie Olgierd, exploitant la défaite des Tatars de la Horde d'or, prend le contrôle de la province de Podolie.

    L'histoire de la ville commence par la construction d'une forteresse en 1363 par le duc Koriatovitch pour protéger la Podolie des invasions tatares. Par la suite, Vinnytsia subit plus de trente invasions tatares entre 1400 à 1569 : se trouvant sur une des pistes d'invasion de la horde, la ville est complètement détruite en 1431 et en 1561. Malgré ces conditions difficiles, la ville se développe comme marché régional, centre administratif, tout en conservant sa fonction militaire. Les Cosaques, qui forment eux-mêmes une partie de la population, venaient y écouler leurs produits de pêche, chasse et pillage. En 1545 la ville compte 273 maisons et sept ans après 429 maisons. Une nouvelle forteresse en bois sur l'île de Kamp fut édifiée en 1558, la « nouvelle ville » se construit sur la rive droite du fleuve Boug tandis que la « vieille ville » continue son développement sur la rive gauche du fleuve. La forteresse nouvelle fut néanmoins brûlée par les Tatars en 1580. À la suite de l'Union de Lublin, l'Ukraine est intégrée à la Pologne et Vinnitsa, siège de tribunal et lieu des assemblées des nobles, devient en 1598 la capitale de fait de la province de Bratslav.

    Le musée de Nikolay Ivanovich Pirogov.

    Époque moderne

    La preuve de son rôle significatif dans la vie de la région est l’exonération des taxes du commerce dans tout le territoire lituanien à partir de 1580. Le développement important de la vie culturelle des citoyens s'est produit pendant cette période. Les catholiques ont fini la construction de leurs deux monastères en 1617 et 1624. En 1642, le collégial des Jésuites. Grâce aux efforts de Petro Mohila, célèbre mécène culturel, et de Mikhailo Kropyvnytskiy, le responsable de Bratslav, le collège orthodoxe est ouvert en 1632.

    L'événement important du XVIIe siècle est la défaite de l'armée polonaise en par les troupes cosaques d’Ivan Bohun.

    XIXe siècle

    La ville est devenue le centre de la région après l'établissement du gouvernement de Podolie en 1797. Et au début de 1798 le Gorodovoye Polojeniye (loi sur l’autonomie locale) a été établi à Vinnytsia tandis que sur tout le territoire de la Russie elle ne sera adoptée seulement qu’après 1801. À partir de cette époque, on remarque la croissance constante de la ville. En 1860, il y avait dix mille habitants, cinq écoles, un hôpital, 180 magasins et un théâtre.

    Le développement de la ville a été accéléré par la construction du chemin de fer Kievmer Baltique et l'ouverture de la liaison KozyatynZdolbouniv. Ainsi la connexion directe avec Kiev, Odessa, Moscou, Saint-Pétersbourg et la Pologne devient possible.

    Durant les quarante dernières années du XIXe siècle, Vinnytsia s'agrandit. Elle occupe la première place dans le gouvernement de Podolie en termes de facilité des communications.

    Début du XXe siècle

    Au début du XXe siècle, la ville va considérablement changer. En 1911, la première ligne d’approvisionnement en eau fut construite, l’électricité fut installée. En 1912 la connexion du tramway entre Zamostya et le centre-ville est ouverte, la construction de l’usine de phosphate est achevée. Depuis 1914, Vinnytsia devint le centre administratif du gouvernement de Podolie.

    Le gouvernement de la république populaire d'Ukraine s'y installa temporairement, dans l'hôtel Savoy, situé au centre-ville en 1917-1918.

    Intégrée à l'Union soviétique en 1922, la ville est devenue le centre de la région en 1923, et depuis 1932, le centre administratif de l'oblast de Vinnytsia.

    Les massacres de 1937-1938

    La ville subit d'irremplaçables pertes humaines dues aux répressions staliniennes. Le , une réunion à la Maison du Parti communiste, boulevard Lénine, décide de faire de Vinnytsia le centre de la répression en Ukraine. Trente mille hommes de la région âgés de 17 à plus de 50 ans furent arrêtés ; 18 000 prisonniers furent internés dans la prison municipale (300 personnes dans des cellules prévues pour 18) et 12 000 dans des carrières voisines. Plus de 10 000 furent massacrées dans les locaux du NKVD et enterrés dans plusieurs fosses communes : parc de la Civilisation, cimetière militaire chaussée de Litine et plantation d'arbres fruitiers de Dolinki. Ils construisirent une piste de danse sur l'un des charniers… Trois charniers furent exhumés par les occupants allemands en 1943[1].

    Le massacre fut planifié par Lavrenti Beria, Lazare Kaganovitch, Levitski (commissaire de l'oblast de Vinnytsia), le général Kharitonov (commandant le district militaire du sud-ouest) et Tcheremych, statisticien de l'oblast. Il fut mis à exécution par la direction locale du NKVD : le commandant Sokolinski (chef du NKVD local), Abramovitch (chef de la prison), Rosenbaum (adjoint du précédent), Chyrin (chef de la section de sûreté du NKVD) et Tomtchynski (chef des sections spéciales du NKVD). Lors de cette réunion, Kaganovitch déclara : « Que fais-je de mon peuple s'il trahit les doctrines de nos chefs ? Je l'extermine ! » « Il faut que justice soit faite, quand même il se chiffrerait à 100 millions ». « Pour exterminer 40 millions d'individus, il suffit de détruire les forces qui de ces 40 millions ont fait précisément un peuple »[réf. souhaitée]. « On a pu reconstituer le scénario de ce qui s'était passé. En 1937 et 1938, des équipes du NKVD écumèrent les villes et les villages de la région, arrêtant les gens. L'épouse d'une des victimes témoigna des paroles adressées à son mari par les agents du NKVD lors de son arrestation : « Eh, toi, chien ! Tu as assez vécu… » D'autres témoins rapportèrent que des vengeances personnelles semblent avoir été les causes de certaines arrestations, comme la convoitise d'une maison ou d'un appartement ou encore une menace verbale proférée à un simple membre du parti communiste. Il apparaît donc que la majorité des arrestations le fut pour des motifs personnels mais souvent liés au caractère ethnique. Pour les Ukrainiens cela n'était pas à proprement parler nouveau, depuis plus de vingt ans déjà ils étaient regardés avec suspicion par les citadins, essentiellement russes ou juifs et membres du parti communiste, et leur opposition à la collectivisation les avait à jamais mis au ban de la société soviétique. »[réf. souhaitée]

    L'occupation allemande

    Hitler installe en 1942 à proximité de la ville son quartier général le plus à l'est, appelé Werwolf (loup-garou). et Göring visite le théâtre de la ville à cette occasion. En 1943 les Allemands, informés par des survivants ukrainiens des massacres, entreprennent de fouiller les charniers. Ils rassemblent un comité international d'experts (y compris de pays neutres comme la Suède) qui découvre l'ampleur et les modalités des massacres commis par les communistes. Cette découverte est amplement exploitée par la propagande nazie, tout comme l'exhumation des charniers de Katyn où le NKVD a massacré plus de 25.000 officiers polonais.

    En raison de la proximité du Werwolf, la Wehrmacht installe un régime spécial à Vinnytsia.[2]

    C'est à Vinnytsia qu'est notamment prise en août 1942 la décision de l'incorporation de force des Alsaciens-Mosellans dans la Wehrmacht.

    L’Einzatsgruppe C extermine la totalité de la population juive de la ville et aurait assassiné jusqu'à 28 000 personnes. En 1942 le quartier juif de Yerusalimka est détruit. Une photo intitulée Le dernier Juif de Vinnytsia montre un membre de l’Einzatsgruppe D juste avant qu'il abatte un homme à genoux devant un charnier plein de corps[3]. Le titre provient d'une inscription au dos de la photo trouvée dans l'album d'un soldat allemand.

    La ville a été libérée par l'Armée rouge le . Redevenus maîtres du pays, les Soviétiques enterrent tout souvenir des massacres de 1937-1938 de Vinnytsia, voués à un oubli total, tandis que les massacres de Juifs par les nazis et leurs supplétifs sont englobés dans une mémoire générale des victimes du fascisme – les Juifs devenant eux-mêmes entre-temps des cibles de la répression soviétique. C'est seulement après l'effondrement du communisme, dans les années 1990, que les Ukrainiens pourront apprendre ce qui s'est passé[4].

    De 1944 à nos jours

    Pendant la Seconde Guerre mondiale, le nombre d'habitants est passé de 100 000 à 27 000. Sur les cinquante usines, seulement dix avaient survécu, 1880 maisons ont été totalement détruites. Grâce aux efforts des habitants de la ville et d'habitants des autres régions du pays, l'industrie de la ville était pratiquement reconstituée vers la fin de 1948. Et bientôt, après l’électricité, la radio et la métallurgie, d'autres industries se développaient au centre de la région. Le trolleybus est inauguré en 1964, dotant ainsi la ville d’un moyen moderne de circulation urbain.

    Population

    Recensements (*) ou estimations de la population[5] :

    Évolution démographique
    1897 1923 1926 1939 1959 1970
    30 56345 58552 45493 032121 854211 572
    1979 1989 2001 2012 2013 2014
    314 446374 304356 665370 814371 698372 116

    Tourisme

    Nikolaï Pirogov, le célèbre chirurgien, fondateur de la Croix-Rouge russe, passa les vingt dernières années de sa vie à Vinnytsia. Il sauva Giuseppe Garibaldi de la gangrène. La ville lui a consacré un musée.

    Sous le patronage de l'UNESCO, la plus grande collection d'icônes de Podilla est exposée dans le musée des études régionales.

    La ville possède un aéroport, l'Aéroport de Vinnitsia.

    Patrimoine

    Transports

    Tramway de Vinnytsia.

    La ville possède un réseau de tramways, composé de cinq lignes.

    Personnalités

    • Alexander Lerner (1913-2004), dissident soviétique.
    • Mykhaïlo Kotsioubynsky (1864-1913), auteur ukrainien de romans et de nouvelles.
    • Nikolaï Pirogov (1810-1881), médecin, fondateur de la Croix rouge russe, qui y passa sa retraite.
    • Pavlo Khnykin, nageur, champion olympique à Barcelone en 1992.
    • Donatas Piskun, lutteur, qui remporta la médaille de bronze sur le Championnat du monde 2008 au Universal Fight.
    • Iouri Zavalniouk, acteur, formé au conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris, entame par la suite une carrière nationale et internationale au théâtre et au cinéma.

    Jumelages

    La ville de Vinnytsia est jumelée avec[6] :

    Notes et références

    1. (en) « Vinnytsia-The Katyn of Ukraine (a Report From an Eye Witness) »
    2. (en) Speer Albert, Inside the Third Reich, Londres, Hachette UK, , 832 p. (ISBN 978-1-84212-735-3), p. 328-329
    3. (en) « The last Jew in Vinnitsa [1941 »] (version du 30 avril 2010 sur l'Internet Archive), World's famous photos
    4. (en) « Vinnytsia Massacre »
    5. « Recensements et estimations de la population depuis 1897 », sur pop-stat.mashke.org(uk) « Office des statistiques d'Ukraine : population au 1er janvier 2010, 2011 et 2012 », sur database.ukrcensus.gov.ua« Office des statistiques d'Ukraine : population au 1er janvier 2011, 2012 et 2013 », sur database.ukrcensus.gov.ua
    6. Міста-побратими

    Liens externes


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