Union des solidaristes russes

L'Union nationale des travailleurs et des solidaristes russes, en russe : Народно-Трудовой Союз российских солидаристов (НТС) ou Narodno Trudovoï Soyouz (NTS), est une organisation nationaliste et anticommuniste fondée en 1930 par de jeunes Russes blancs émigrés exilés à Belgrade.

Union nationale des travailleurs et des solidaristes russes

Logotype officiel.
Présentation
Leader Conseil de coordination[1]
Fondation
Scission de Union générale des combattants russes
Siège 26e bâtiment, rue Petrovka (en), Moscou, Russie
Enregistrement
Fondateur Sergueï, duc de Leuchtenberg
Journal Posev (ru)
Grani (ru)
Slogan « Dieu n'est pas au pouvoir, mais en vérité ! »
Не в силе Бог, а в правде!
Positionnement Droite à extrême droite
Idéologie Nationalisme russe
Nationalisme révolutionnaire
Solidarisme
Anticommunisme
Corporatisme
Antisoviétisme (en)
Couleurs Blanc, bleu, rouge et jaune
Site web ntsrs.ru

Histoire

Visant le renversement du régime par la force, le mouvement a été créé en réponse des vétérans des Armées blanches découragés résignés à la défaite de la guerre civile russe. Acceptant l'adhésion d'autres nationalités (Polonais, Baltes, Géorgiens, etc.), le mouvement refusait à l'origine les membres de plus de 30 ans, ne désirant pas la participation de personne ayant pris part aux évènements de 1917. Cette restriction fut levée à la fin des années 1930. Il adopta comme symbole le trident identique à celui des armoiries de l'Ukraine, ayant pour double signification les liens historiques unissant Ukrainiens et Russes, ainsi qu'une image révolutionnaire, celle d'une « fourche des peuples en colère ». Le siège du mouvement était situé en exil, à Francfort, en Allemagne.

Dès l'origine, le mouvement a professé des vues anticommuniste, chrétiennes, et corporatistes, préconisant une « troisième voie » entre socialisme et libéralisme. Il adopta officiellement par la suite le terme de solidarisme. À l'inverse des autres mouvements blancs, il ne défendait pas le retour à la monarchie, refusant de se prononcer sur la forme de régime politique, bien que préférant l'idée d'un régime plébiscitaire.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, après le début de l'attaque de l'URSS par l'Allemagne, le mouvement fut interdit dans les territoires russes occupés par l'Axe. Cependant, de nombreux membres s’infiltrèrent dans les camps de formation de Zittenhorst et Wustrau, où des officiers russes prisonniers étaient formés pour administrer les territoires russes occupés. En , le général Andreï Vlassov invita des cadres du NTS au centre de formation de l'Armée de libération Russe, basé à Dabendorf, près de Zossen. À l'été 1944, la Gestapo, se méfiant de leur influence, mena des vagues d'arrestations de suspects (massives après l'attentat raté de juillet), dont le dirigeant du NTS, Victor Baïdalakov, déporté au camp de concentration de Sachsenhausen ; il ne fut libéré qu'en par demande de Vlassov. Après la guerre, Baïdalakov s'exilera aux États-Unis pour devenir professeur de russe à l'Université de Georgetown.

À l'inverse des autres mouvements émigrés blancs, largement infiltrés par des agents soviétiques, le NTS a adopté une stratégie de recrutement dite de la « théorie moléculaire », empêchant l'adhésion d'une personne n'ayant aucune connaissance parmi les membres du mouvement, de même que les actions étaient menées par des cellules de trois personnes, pour rendre plus difficile une éventuelle infiltration. Quant aux solidaristes russes qui venaient à être arrêtés par le KGB, ils risquaient interrogatoires, tortures, et déportation au Goulag. En 1954, l'une des personnalités les plus importantes du mouvement solidariste russe, Alexandre Trouchnovitch, fut enlevé à Berlin-Ouest par la Stasi, et mourut pendant son transfert dans une voiture diplomatique.

Possev (Посев), la revue du NTS

Sa principale activité était la diffusion au sein des populations russes ou à l'étranger de tracts, brochures, disques 33 tours petit format et ouvrages anticommunistes, notamment ceux de Soljenitsyne pendant la guerre froide. Au début, le NTS possédait des émetteurs clandestins embarqués sur des camions qui déployaient leur antenne dans les forêts, au risque et péril des équipes. Il y eut plus tard un poste de radio plus élaboré, appelé « Russie Libre », émettant depuis l'Allemagne de l'Ouest en direction de l'URSS, et bénéficiant du soutien de la CIA. Sous pression des Soviétiques, la station fut fermée par le gouvernement de la RFA. Les disques reproduisent les émissions de l'intérieur de la Russie (notamment les émetteurs d'extrême-Orient entre 309 et 420m cachés dans les forêts sibériennes); rarissimes de nos jours, ils témoignent d'une activité clandestine organisée et audacieuse. Literatournaïa Gazeta (Gazette Littéraire) du affirme que « le NTS, en , imprima 14 millions de tracts qui furent envoyés par ballon en direction de l'Est(...) » Dans les années 1970, des activités communes furent menées en Union soviétique avec des mouvements nationaux-solidaristes français, notamment le Groupe action jeunesse (GAJ).

Les activistes de NTS diffusaient un certain nombre de samizdat et de revues clandestines, la plus connue d'entre elles étant Possev (Посев, ce qui signifie en russe « semences »), qui accueillit la plume d'écrivains dissidents, tels qu'Alexandre Galitch, Boulat Okoudjava, Gueorgui Vladimov, responsable de la section clandestine moscovite d'Amnesty International, ou encore Alexandre Soljenitsyne.

Après la chute du bloc communiste, le NTS a cessé d'exister en tant que mouvement clandestin, devenant un mouvement politique nationaliste et conservateur, marginal sur la scène politique. Possev existe encore, toujours sous forme de journal littéraire, mais aussi en tant que maison d'édition.

Bibliographie

  • Ana Pouvreau, Une Troisième Voie pour la Russie, L'Harmattan, 1996
  • François Bauchpas, L'Émigration blanche, Paris, 1968
  • Roland Gaucher, L'Opposition en URSS 1917-1967, Albin Michel, 1967

Liens externes

Notes et références

  1. http://ntsrs.ru/content/rukovodyashchie-organy-nts Руководящие органы НТС
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