Tohogne

Tohogne est une section de la ville belge de Durbuy située en Région wallonne dans la province de Luxembourg. Tohogne n'était une commune de la province de Luxembourg que depuis 1839. Elle faisait partie avant cela du département de Sambre-et-Meuse. C'était une commune à part entière avant la fusion des communes de 1977.

Tohogne

Le village et son église Saint-Martin vus de l’est
Administration
Pays Belgique
Région  Région wallonne
Communauté  Communauté française
Province  Province de Luxembourg
Arrondissement Marche-en-Famenne
Commune Durbuy
Code postal 6941
Démographie
Gentilé Tohognois(e)
Géographie
Coordonnées 50° 22′ nord, 5° 28′ est
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Province de Luxembourg
Tohogne
Géolocalisation sur la carte : Belgique
Tohogne
Géolocalisation sur la carte : Belgique
Tohogne

    Hameaux

    L'ancienne commune de Tohogne était composée des hameaux de Verlaine-sur-Ourthe, Hinonsart, Hermanne, La Bourlotte, Warre, Longueville, Coquaimont, La Haisse et Houmart (Grand-Houmart et Petit-Houmart).

    Étymologie

    Le nom de Tohogne trouve son origine dans le nom latin Theodonia signifiant habitation de Theodore.

    Histoire

    12 avril 1944 : crash d'un B24 à Longueville

    À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le , un bombardier B24J de l’U.S. Air Force s’écrase le long de la route Tohogne – Ocquier : neuf membres d’équipage périssent dans l’accident. Dans le cadre des cérémonies du 40e anniversaire de la Libération, un mémorial a été inauguré le près du lieu de l’accident. Les neuf victimes sont :

    Mémorial aux aviateurs de l'U.S. Air Force tombés à Longueville
    • Christ E. Caplane Jr.
    • Edward W. Limes
    • Thomas B. Perry
    • Glynn O. Cottrell
    • Girard H. Swanson
    • Edwin J. Hynes
    • John R. Ellis
    • Milton Cantor
    • Benjamin L. Love





    7 septembre 1944 : tragédie de Longueville

    Le , lors du repli de l’armée allemande devant l’avancée de l’armée américaine en Belgique et aux Pays-Bas, une tragédie survient à Longueville. Des francs-tireurs abattent un officier allemand au lieu-dit « La Haisse ». Les représailles sont immédiates : le même jour, des soldats allemands mettent le feu à des hangars et à des meules de foin à « La Haisse », puis en fin de journée bouclent les issues des hameaux de Longueville et Coquaimont et ouvrent le feu. Quatre personnes y laissent leur vie :

    • Alphonse Ramelot (né à Tohogne en 1867)
    • Mathilde Ramelot (née à Tohogne en 1875)
    • Louise Magis (née à Bonsin en 1905)
    • Eugène Dochain (né à Tohogne en 1932).


    Patrimoine : l'église romane Saint-Martin et la paroisse-mère de Tohogne

    L'église Saint-Martin (romane XIe siècle)
    Intérieur
    Peintures murales mises au jour en 1981.
    Peinture murale du XVIIe siècle représentant sainte Aure arborant la croix.

    Tohogne (situé à km de Durbuy) est au centre d'un massif fertile presque totalement contourné par l'Ourthe et le Néblon. D'où que vous veniez, il faut monter pour y arriver à une altitude de 270 m. L'église Saint-Martin du village est la plus grande église romane de la première moitié du XIe siècle du Luxembourg belge. Sa monumentalité atteint les 33 mètres et comporte deux fois quatre gros piliers séparant les trois nefs. La paroisse est l'une des plus anciennes et des plus grandes du Nord-Luxembourg, et ce à partir du VIIe siècle.

    L'église de Tohogne a été construite sur un site gallo-romain et franc, dans un quadrillé remarquable, au centre de l'agglomération. À cette époque, Ocquier, Tohogne et Xhignesse restèrent, jusqu'à la fin de l'ancien régime, tributaires directs de Stavelot, Tohogne étant perdue très tôt par l'abbaye quant au droit de collation. La région Durbuy-Tohogne, autrefois terre « fiscale » des Carolingiens, faisait partie au IXe siècle d'un « alleu » appartenant à la Maison d'Ardenne-Verdun et passa à la Maison de Namur.

    La plus importante fille aînée de Tohogne est certainement Wéris. La séparation remonterait au VIIIe siècle. À elles deux, Tohogne et Wéris ont couvert tout un temps à peu près l'espace-noyau du futur comté de Durbuy. Wéris engendra à son tour de nouvelles chapelles et églises paroissiales. Heyd, dont l'église primitive date d'avant 1497, en aurait été démembrée. À partir du XIIIe siècle, on essarta beaucoup dans la région, à l'est de Wéris, du côté d'Érezée. Quant à Mormont, il avait une chapelle en 1580 (paroisse en 1836). Le curé Léonard Poncin de Tohogne, doyen du Concile d'Ouffet, assure dans les registres paroissiaux que Grandmenil relevait autrefois de l'ancienne paroisse de Tohogne.

    Plus près de Tohogne, le jeu des filiations est plus clair. Borlon, chapelle en 1497, est encore dépendance de Tohogne en 1558. Bomal (avec Herbet et Boclinville, disparu) est paroisse très tôt (déjà en 1184). En 1325, il y existait à Durbuy une chapelle Saint-Nicolas ; néanmoins elle releva directement de Tohogne jusqu'en 1611. À ce moment, Palange et sa dîme, dépendant de Tohogne, furent attribuées à Durbuy. Barvaux posséda longtemps une chapelle. En 1611, il fut érigé en vicariat perpétuel. Verlaine-sur-Ourthe releva de tout temps de Tohogne. C'est seulement en 1843 que l'église castrale devint succursale indépendante. Quant à Houmart, sa première chapelle date de 1850. Elle fut chapellenie de Tohogne en 1856 et ensuite succursale en 1872. Quant à l'église de Warre, elle fut construite par le pieux et mystique Michel Cosme en 1888. L'église la plus proche qui ait eu semblable aire paroissiale est Xhignesse.

    L'église Saint-Martin est orientée vers l'est et possède toutes les caractéristiques du roman-mosan primitif de la première moitié du XIe siècle. Sévère jeu des lignes et des volumes selon les traditions carolingiennes, pas de transept, trois nefs, moellonnage grossier, « opus incertum » dit Courtens (« La Belgique romane ») avec mortier très varié, parfois brique pilée rose et dure, traces d'anciens crépis et de joints en pré-roman.

    Les toitures ne sont pas primitives. Le haut toit était primitivement plat. Apparaissent les bouts de grosses poutres qui supportaient le plafond de chêne. Les murs gouttereaux furent surhaussés de 60 à 70 cm. Les fenêtres hautes ont encore leur cintre rudimentaire sans vrai claveau.

    À l'étage inférieur, les murs visiblement bombés, appuyés sur un chaînage pas très rectiligne, sont d'un appareil grossier sans horizontale. Les fenêtres actuelles sont des XVIIe et XVIIIe siècles sauf celle du côté nord, une grande fenêtre flamboyante (XVe siècle) près de l'ancienne chapelle Saint-Pierre. On peut apercevoir quelques traces des anciennes ouvertures, assez hautes et petites, qui n'étaient pas dans l'axe des travées intérieures. On peut découvrir aussi, au côté sud, le remplage de l'ancienne porte dite « in paradisum » ; même chose côté nord plus près de la tour. Ce sont sans doute les portes primitives.

    La tour-donjon n'avait pas de porte donnant vers l'extérieur. Le portail actuel provient probablement du petit pignon jouxtant. Il porte une belle croix pattée, emblème des Templiers. De la tour ancienne, il reste le noyau ; de l'intérieur, on voit encore le cintre de la première chambre donnant dans le grand vaisseau au niveau de l'ancien jubé (datant du XIXe siècle et supprimé en 1975). La tour a été reconstruite fin du XVIIe siècle.

    Le chœur a été refait à neuf, en 1682, dans un style différent.

    L'intérieur est constitué de cinq travées sur gros piliers carrés, massifs et sans base. Deux ont été remplacés en sous-œuvre, au XVIIe siècle, par des colonnes rondes, sans doute pour faciliter la vue du chœur. Les absidioles des deux petites nefs sont semi-circulaires empâtées et couvertes d'une voûte en cul-de-four. À l'entrée du chœur, on a taillé dans le bas des montants (anciennes bases de l'arc triomphal), pour assurer plus de visibilité vers l'autel ; on y a placé deux colonnettes (de remploi) dont l'une est du roman rhénan cubique. Celle de gauche, simple dé (dorique ?). Il y a une nette coupure entre les nefs où règne le plein cintre et le chœur qui apparaît dans son style du XVIIe siècle avec ses deux grandes fenêtres rectangulaires et avec son retable monumental baroque.

    Bien des pièces remarquables de mobilier ont droit de cité dans l'église. Peu d'églises rurales possèdent, en effet, une telle diversité d'œuvres d'art. Citons-en quelques-unes : le calvaire (XIVe siècle), les fonts baptismaux (XIIIe – XIVe siècle), la chaire de vérité (XVIIIe siècle) ; une remarquable statuaire dont trois statues moyenâgeuses : la Charité de saint Martin (1520-1540), sainte Anne trinitaire et saint Nicolas de Myre (ces deux dernières œuvres ayant été dérobées en 1994).

    Une restauration très importante eut lieu en 1975. Lors de ces travaux, une petite cave voûtée fut découverte dans la nef centrale et l'on s'aperçut que de vastes peintures murales datant des XVIe et XVIIe siècles étaient conservées dans le vaisseau central sous bien des couches de badigeon. Elles furent dégagées en 1981 par M. Jacques Folville.

    Une peinture murale du XVIIe siècle représente Aure de Paris, première abbesse du monastère colombaniste de Saint-Martial de Paris fondé par Saint Éloi[1].

    Autre patrimoine

    La rue de Presseux compte de nombreuses anciennes constructions érigées en pierre calcaire le plus souvent au cours du XVIIIe siècle. Parmi celles-ci, la ferme en U située au no 19 possède un remarquable corps de logis à un étage sous une toiture à quatre pans[2]. Cette ferme datée de 1722, ancienne propriété des comtes de Presseux, est reprise sur la liste du patrimoine immobilier classé de Durbuy.

    Économie

    Au départ, l'économie du village était axée sur l'agriculture. Au fil du temps, la part de l'agriculture dans l'économie s'est réduite comme dans le reste du pays et de l'Europe. Faisant partie de Durbuy, la localité de Tohogne a pu profiter de l'afflux touristique et des habitants de Tohogne ont créé gîtes ruraux et maisons d'hôtes pour répondre à la demande des touristes.

    La reconversion de l'agriculture vers le tourisme rural a ainsi eu lieu.

    L'activité agricole y fut très développée au siècle dernier : Tohogne possédait une laiterie dans laquelle y était fabriqué du beurre distribué en plaques de 250 grammes dans la petite et grande distribution.

    Aujourd'hui, l'ancienne laiterie a été transformée en une salle polyvalente pouvant accueillir des fêtes ou des concerts notamment.

    Notes et références

    1. Germain Ninane (abbé), L'Avenir du Luxembourg, mai 1970
    2. « Inventaire du patrimoine culturel immobilier : Rue de Presseux, 19 », sur http://spw.wallonie.be (consulté le )

    Liens externes

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