Style Beaux-Arts

Le style Beaux-Arts, conception due aux historiographes de l'architecture américaine (sous le nom de Beaux-arts style)[1], est une forme tardive d'éclectisme.

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Le monumental portail du Petit Palais, Paris, 1900.

Il obtient un grand retentissement aux États-Unis à partir des années 1860 et jusqu'au milieu du XXe siècle. En Angleterre, on parle d’architecture victorienne, le règne de la reine Victoria couvrant les périodes françaises du style Napoléon III et du style Beaux-Arts. Pour les mêmes raisons, on parle pour l'Allemagne de style wilhelmien et pour l'Italie d'architecture humbertienne.

En France, il est issu en droite ligne du style Napoléon III, mais caractérise avant tout les réalisations architecturales du début de la Troisième République.

Il doit son nom à l’École des beaux-arts et à l’Académie des beaux-arts qui sont les institutions-clefs de l’enseignement et de la reconnaissance artistiques à Paris. Ce style a prédominé des années 1860 jusque vers la Première Guerre mondiale.

Le concours du grand prix de Rome d'architecture, durant la même période, entérine les codes de cette esthétique.

Caractéristiques

La caractéristique du style Beaux-Arts est la référence plus ou moins explicite à un ensemble de styles passés reconnus comme compatibles, que ce soit le néo-classique, le néo-renaissance, le néo-baroque, voire le néo-roman et le néo-byzantin, avec une tendance constante à rechercher un équilibre des volumes inspiré du style louis-quatorzien. Les architectes Beaux-Arts ont puisé à volonté dans les solutions constructives et les formes ornementales héritées directement ou non de l'Antiquité, mais sans se soucier de respecter la codification des ordres gréco-romains (c'est précisément ce qui fait la différence avec le néo-classicisme). Dans ses formes les plus poussées, ce libre mélange des époques a donné naissance à l'architecture éclectique.

La profusion des détails architectoniques est typique : balustrades, statues, colonnes, guirlandes, pilastres entre portes et fenêtres, grands escaliers ou emmarchements, larges arches. La polychromie est souvent présente dans le décor des façades. Il se caractérise aussi par la conception monumentale et grandiose réservée aux grands bâtiments publics ou privés. La symétrie est habituellement constatée dans plusieurs bâtiments typiques du style Beaux-Arts.

Les canons de l'esthétique Beaux-Arts ont été fixés dès le règne de Napoléon III lors des extensions apportées au palais du Louvre par Visconti et Hector-Martin Lefuel, tous deux formés à l'École des beaux-arts de Paris et lauréats du prix de Rome. Le fait de devoir prolonger sans solution de continuité flagrante des bâtiments édifiés au fil des trois siècles précédents a donné l'impulsion à un éclectisme de bon ton, lequel a été vulgarisé à travers le style haussmannien et ses évolutions ultérieures, ainsi que dans les transcriptions vernaculaires qu'en a donné l'habitat bourgeois de la fin du XIXe siècle.

Éclipse et second souffle

Alors que la concurrence du style Art nouveau a été très marginale autour de 1900, l'architecture Beaux-arts a évolué sous l'effet de l'introduction de nouvelles techniques. À Paris, les grandes réalisations de Victor Baltard (comme les pavillons des Halles ou l'église Saint-Augustin) portaient déjà témoignage des possibilités ouvertes par les structures métalliques sans pour autant rompre avec le vocabulaire ornemental Beaux-arts. L'architecture ferroviaire de la fin du XIXe siècle poursuit cette évolution, qui conduira à des réalisations toujours plus audacieuses, comme le Grand Palais ou le pont Alexandre-III de Paris, emblématiques de l'éclectisme fin de siècle.

Mais bientôt, plus particulièrement après 1918, les innovations techniques vont retentir sur l'aspect même des bâtiments. Arrivent alors l'Art déco et ses suites (style international et style paquebot notamment). La nouvelle génération des Auguste Perret, Robert Mallet-Stevens ou Le Corbusier, concurremment avec l'influence du Bauhaus, s'inscrivent explicitement en rupture avec l'esthétique Beaux-arts, considérée comme insupportablement démodée et n'ayant pas l'excuse de la fonctionnalité.

Toutefois, grâce à l'influence de l'Académie et au prestige de l'École, le style Beaux-Arts trouve un second souffle à l'occasion de la Reconstruction, notamment en raison de la nécessité de reconstituer les bâtiments endommagés ou de compléter le tissu urbain sans jurer avec le bâti existant (on parle alors d'« architecture d'accompagnement »). C'est encore une époque où tout futur architecte doit passer obligatoirement par le filtre d'un enseignement qui n'a que peu évolué depuis le XXe siècle. On continue à étudier les antiques du palais des Études ou du musée du Louvre, à pratiquer les « analos » (analyses consistant à reproduire des modèles de l'architecture grecque ou romaine), à mettre en exergue les seuls bienfaits de la « composition architecturale » et de l'étude du « poché », à concourir dans l'espoir de partir pendant quatre ou cinq années à l'Académie de France à Rome (villa Médicis) pour y réaliser les traditionnels « envois de Rome ».

À partir des années 1980 s'est manifestée dans le monde entier une certaine lassitude devant la rigidité répétitive de la construction industrielle rationalisée, ce qui a donné lieu à l'émergence progressive de l'architecture postmoderne. Ses promoteurs, en multipliant les citations néo-classiques (comme Ricardo Bofill) et en recyclant les éléments formels des siècles passés, ont contribué à une certaine réhabilitation de l'esprit Beaux-Arts.

Les principales œuvres en architecture par pays

Autriche

Belgique

Canada

Édifice de l'Assemblée législative de l'Alberta, 1913
  • Edmonton
    • Édifice de l'Assemblée législative de l'Alberta (en)

États-Unis

France

Laos

Notes et références

  1. Pascal Ory, « Comme si de rien ne fut », ou la gloire des Pompiers : contribution à l'histoire du goût », Revue d'histoire moderne et contemporaine / Société d'histoire moderne , Paris, Belin, janvier-mars 1992, p. 143 (en ligne sur Gallica).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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