Simone Schwarz-Bart

Simone Schwarz-Bart, née Brumant le à Saintes, dans la Charente-Maritime, est une écrivaine française.

Biographie

Simone Brumant est née le à Saintes d'un père militaire et d'une mère institutrice, tous deux natifs de la Guadeloupe[1]. Son parrain fut Léon Bailly (1897-1954), chef du personnel de l'Office commercial pharmaceutique de Saintes. Elle rentre au pays à l'âge de trois mois[2], et fait ses études à Pointe-à-Pitre, à Paris, puis à Dakar. Son œuvre est imprégnée de l'Afrique, de la Caraïbe et de l'Europe.

À 18 ans, alors qu'elle est encore étudiante à Paris, elle fait une rencontre qui est déterminante : André Schwarz-Bart. Celui-ci est en pleine écriture difficile de son livre Le Dernier des Justes (prix Goncourt 1959). Il exhorte Simone à écrire à son tour, car il a décelé en elle le talent d'un grand auteur[1].

C'est d'abord un roman à quatre mains avec son époux : Un plat de porc aux bananes vertes, histoire des exils antillais et juif en miroir[3].

Puis en 1972, Simone écrit seule Pluie et vent sur Télumée Miracle qui, encore aujourd'hui est considéré comme un chef-d'œuvre de la littérature caribéenne. « Un best-seller inépuisé et inépuisable » dit le romancier Patrick Chamoiseau. En 1979 est publié Ti jean l'horizon.

Cette période correspond aux années de nationalisme radical en Guadeloupe. Elle et son mari subissent un quasi-procès politique quand André publie le roman La Mulâtresse Solitude sur cette esclave, ce qui lui vaut des reproches sur sa qualité de Blanc[3]. Ils décident de rester en Guadeloupe mais de ne plus rien publier. Ils ouvrent donc une boutique d'antiquités coloniales[1].

Après ce long silence, Simone écrit Ton beau capitaine, une pièce de théâtre étonnante et ciselée en un seul acte, avant de publier, avec son époux, une encyclopédie en sept volumes Hommage à la femme noire mettant notamment à l'honneur toutes ces héroïnes noires absentes de l'historiographie officielle.

En , elle est promue au grade de commandeur dans l'Ordre des Arts et des Lettres. À la mort de son mari, elle retrouve le manuscrit de L'étoile du matin qu'elle fait publier en 2009[1].

Simone est la mère du saxophoniste de jazz Jacques Schwarz-Bart et de Bernard Schwarz-Bart.

Simone Schwartz-Bart et le féminisme

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Simone Schwartz-Bart va participer, à la suite des avancées théoriques et directes du féminisme historique dont l'une des égéries fut Simone de Beauvoir, à la constitution d'une épistémologie féministe qui identifie la figure de la femme de la marge dans toute sa complexité.

Située dans des champs multiples de la pensée grâce à sa posture hybride, Schwartz-Bart, femme, noire, française et antillaise, prend le bénéfice de sa multiculturalité pour repenser la notion du genre, de classe et de race dans une intersection de plusieurs rapports de pouvoir. De fait, l'articulation de ses diverses appartenances va constituer dans son discours littéraire la clé de voûte pour affaiblir la domination masculine. Pour ce faire, elle se rapproche du courant américain du Black Feminism qui va développer la question de l'intersectionnalité soulignant celle de la spécificité de la femme noire. En plus d'être oubliées dans les travaux des féministes blanches américaines et dans le discours antillais qui va rétablir l'image des Antilles de façon positive pour les femmes antillaises, les femmes noires américaines s'en trouvent encore plus assujetties, privées de droits, du fait de leur statut de femme, de leur couleur et de leur identité américaine. Ce volet est amplement investi par Simone Schwartz-Bart dans l'essentiel de sa production littéraire qui va évoquer le passé de l'esclavage.

Dans une trajectoire d'anamnèse que propose la narratrice de Pluie et vent sur Télumée Miracle, il s'agit en effet d'identifier le processus par lequel la femme devient femme. La fameuse phrase de Simone de Beauvoir, « on ne naît pas femme, on le devient » ne vous aura pas échappé, mais bien plus qu'une formule conceptuelle, Schwartz-Bart met en exergue cette affirmation dans sa production en évoquant la généalogie de son personnel littéraire. Cette évocation va constituer une base de données, comprise comme historique, dans laquelle émergent des éléments caractéristiques de la femme antillaise.

Dans la même démarche que Édouard Glissant de repenser l'histoire des Antilles, portée par des représentations négatives des occidentaux, véhiculées aussi bien par les philosophes des Lumières à l'image de Diderot, d'Alembert, ou encore des romantiques comme Lamartine, Schwarz-Bart tente de réhabiliter les figures féminines dans ce discours antillais en leur donnant une place déterminante. Ainsi, elle relie à l'héritage du féminisme qui participe de la réflexion au discours antillais qu'elle projette comme une réalité sociale et historique qui viendrait légitimer ce dernier.

La réinsertion de la femme dans l'historicité générale des Antilles aura permis au lecteur de Simone Schwarz-Bart de repositionner la femme dans les rapports sociaux de pouvoirs, à la fois assujettie par le dispositif colonial et celui d'un « hérocentrisme » obligatoire. Dans ce positionnement, la femme se montre, humble, modeste et courageuse, caractéristique que l'on retrouve dans la théorie queer.

Traversée aussi par les questionnements de Michel Foucault sur le pouvoir et de Monique Wittig sur l'hétérosexualité, Schwarz-Bart rediscute ses positions en indiquant qu'il ne s'agit pas d'ébranler la catégorie masculine pour soustraire l'hétérosexualité comme le préconise Wittig mais, bien au contraire, l'hétérosexualité est le lieu de la défaillance masculine, un lieu à explorer par les femmes pour entretenir un rapport de pouvoir.

Œuvres principales

Romans
Théâtre
Essai
  • Hommage à la femme noire (avec André Schwarz-Bart), Éditions Consulaires, 1989, 7 vol., (OCLC 23833852)
Nouvelles
  • Au fond des casseroles, Espoir et déchirements de l'âme créole, Autrement 41, 1989, p. 174-177.


Souvenirs

  • Nous n'avons pas vu passer les jours (avec Yann Plougastel), Grasset, 2019.

Bibliographie

  • Mariella Aïta, Simone Schwarz-Bart dans la poétique du réel merveilleux : essai sur l'imaginaire antillais, L'Harmattan, (OCLC 288915424)
  • Monique Bouchard, Une lecture de Pluie et vent sur Télumée Miracle de Simone Schwarz-Bart, Presses universitaires créoles/Gerec ; L'Harmattan, coll. « Annou li. », (OCLC 24469015)
  • (en) Jeanne Garane, A Politics of Location in Simone Schwarz-Bart's "Bridge of Beyond", coll. « Annou li. », (ISSN 0093-3139, OCLC 5543966630)
  • Kathleen Gyssels, Filles de solitude : essai sur l'identité antillaise dans les (auto-) biographies fictives de Simone et André Schwarz-Bart, (OCLC 872468585)
  • Kathleen Gyssels, Le folklore et la littérature orale créole dans l'œuvre de Simone Schwarz-Bart (Guadeloupe), Bruxelles, Academie royale des sciences d'outre-mer, (OCLC 38522141)
  • Bénédicte Rosa-Arsène (sous la direction de Jean-Yves Debreuille), Mythes et quête de l'identité dans l'œuvre de Simone Schwarz-Bart, Université Lumière (Lyon), (OCLC 494207333)
  • C W Scheel, Realisme magique et realisme merveilleux dans l'œuvre d'Andre et de Simone Schwarz-Bart, (OCLC 828701943)
  • Buata. B Malela, "Discours littéraire et pensée féministe de Simone de Beauvoir à Simone Schwartz-Bart", Romanica Silesiana. Nov. 2013, n°8, Constructions genrées/ Genders Constructions.
  • Fanta Toureh, L'imaginaire dans l'œuvre de Simone Schwarz-Bart : approche d'une mythologie antillaise, L'Harmattan, (OCLC 21760283)

Notes et références

  1. Juste retour des choses - Natalie Levisalles, Libération, 20 octobre 2009
  2. « Simone Schwarz-Bart, restez ! », France inter - L'Heure bleue par Laure Adler, (consulté le )
  3. Annick Cojean, « Épouser quelqu’un hors de sa culture, ça dessille votre regard », sur lemonde.fr, (consulté le )

Liens externes

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