Sidi Larbi Cherkaoui

Sidi Larbi Cherkaoui, né à Anvers le [1], est un danseur et chorégraphe belge néerlandophone de danse contemporaine. Il fait partie de la nouvelle génération émergente des chorégraphes flamands formés autour notamment d'Alain Platel et des Ballets C de la B et d'Anne Teresa De Keersmaeker à la fin des années 1990. Adepte d'une danse relativement physique notamment en termes de capacités de souplesse des membres, il collabore fréquemment avec de nombreux autres chorégraphes tels que Akram Khan et son complice de longue date Damien Jalet.

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Sidi Larbi Cherkaoui
Sidi Larbi Cherkaoui à la fin du spectacle Apocrifu à Tivoli en juin 2009
Naissance
Anvers (Belgique)
Activité principale Chorégraphe et danseur
Style Danse contemporaine
Activités annexes Directeur artistique
Lieux d'activité Anvers
Années d'activité Depuis 1995
Collaborations Damien Jalet, Akram Khan, María Pagés
Formation P.A.R.T.S.
Enseignement Anne Teresa De Keersmaeker
Récompenses Prix Nijinski 2002

Œuvres principales

Rien de rien
Foi
Tempus fugit et In memoriam
Zero Degrees
Origine

En résidence à la Toneelhuis d'Anvers depuis 2007, Sidi Larbi Cherkaoui y a fondé en la compagnie Eastman. Il a dirigé le ballet royal des Flandres de 2015 à 2022 puis a pris la tête du ballet du Grand Théâtre de Genève.

Biographie

Sidi Larbi Cherkaoui est d'origine marocaine par son père, arrivé de Tanger dans la vague de l'immigration des années 1960 et flamande par sa mère. Enfant, il va à l'école coranique, pratique le dessin et reproduit les toiles des maîtres flamands[2],[3]. C'est sous l'influence de vidéos de Kate Bush qu'il déclare avoir commencé à s'intéresser à la danse[4]. Ouvert à toutes les formes d'expression chorégraphique, il ne commence la danse qu'à l'âge de seize ans, alors que la plupart des danseurs ont déjà plusieurs années de pratique derrière eux. En 1995, le danseur reçoit le premier prix pour le meilleur solo de danse belge à Gand[2], un concours lancé par Alain Platel.

Après des débuts de danseur et chanteur dans des spectacles de variété à la télévision belge[5], il fait sa formation professionnelle de danse contemporaine aux P.A.R.T.S. de 1996 à 1999, fondés par la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker[6],[7]. Parallèlement à sa formation contemporaine, il travaille avec des compagnies de hip-hop et de modern jazz en Belgique. Son style reste marqué par cette époque, notamment en raison de ses capacités peu ordinaires de souplesse voire de réel contorsionniste[3].

Sidi Larbi Cherkaoui fait partie de cette jeune génération d'artistes néerlandophones et francophones qui représente une nouvelle vague dans le milieu de l'art chorégraphique belge et européen. Membre de Les Ballets C de la B (les Ballets Contemporains de la Belgique), compagnie de danse située à Gand en Belgique, Cherkaoui y participe en tant que danseur mais également en tant que chorégraphe. Sa première pièce en tant que chorégraphe est intitulée Anonymous Society et s'apparente à une comédie musicale où il danse sur des chansons de Jacques Brel. Il recevra pour cette création trois prix internationaux et verra sa carrière lancée auprès des institutions européennes qui décident rapidement de le programmer. Sidi Larbi Cherkaoui se révèle alors réellement au grand public en 2000, avec un pièce d'envergure, Rien de rien, qui l'imposera immédiatement sur la scène de la danse contemporaine[2],[8],[9]. Dès lors son travail s'attache aux notions de multiculturalité et de différence[3],[9].

Très apprécié par la critique internationale, surtout européenne[3], Sidi Larbi Cherkaoui travaille avec les plus grandes compagnies et les plus grands théâtres qui lui commandent des chorégraphies. Peuvent être cités le Grand Théâtre de Genève ou encore les Ballets de Monte-Carlo. Par son ouverture à toutes les formes d'art scénique, le répertoire de Cherkaoui est fortement personnel, théâtral et éclectique, avec par exemple l'utilisation fréquente du plain-chant avec son complice Damien Jalet qu'il a rencontré lors de Rien de rien[3]. Les créations de Cherkaoui sont presque toujours en relation avec l'exploration de l'identité qu'elle soit culturelle, religieuse, ethnique, ou sexuelle[2],[3]. De même, pour certaines chorégraphies, dont Ook, il travaille avec des danseurs et des comédiens handicapés psychiques et mentaux issus du Theater Stap. Le comédien trisomique Marc Wagemans intègre ensuite sa troupe[10]. Une autre constante de Cherkaoui est l'humour, utilisé dans les mots, les gestes, et la musique[3],[11].

En 2005, Sidi Larbi Cherkaoui crée et danse un duo important avec Akram Khan, Zero Degree, qui rencontrera un succès mondial pour les deux chorégraphes montants des années 2000[6],[12],[13]. Il s'autonomise alors en 2006 des Ballets C de la B en s'installant en résidence à la Toneelhuis d'Anvers. En 2007, il travaille avec le plasticien Gilles Delmas sur une installation intitulée La Zon-Mai et créée pour la Cité nationale de l'histoire de l'immigration, qui consiste en une maison de toile sur les faces de laquelle est projetée en boucle une mosaïque de performances chorégraphiques de vingt-un danseurs[14] filmées dans leurs propres maisons. L'esprit de ce travail est repris en partie l'année suivante dans le spectacle Origine de 2008 mettant en scène les thèmes de l'immigration et du départ, des gestes du quotidien et du chez-soi. Également 2007, il part dans le sud de la Chine travailler avec des moines du monastère Shaolin, pour l'écriture de son spectacle Sutra[15] qu'il crée en collaboration avec le sculpteur Antony Gormley.

L'année 2010, marque une importante transition dans la carrière de Sidi Larbi Cherkaoui avec la fondation en janvier de sa nouvelle compagnie dénommée Eastman qui est en résidence à la Toneelhuis d'Anvers. Il complète également cette même année avec un spectacle rempli d'humour intitulé Babel (Words) créé en collaboration avec Damien Jalet, qui remporte un vif succès[11], un triptyque informel initié en 2003 avec Foi et continué en 2007 avec Myth sur « la quête du salut » et le lien entre l'homme et Dieu[16],[3]. En 2011, le réalisateur britannique Joe Wright fait appel à lui pour chorégraphier les scènes de danse du film Anna Karénine. Pour 2013, il reçoit la commande du ballet de l'Opéra de Paris de revisiter le Boléro de Maurice Ravel[9].

Sidi Larbi Cherkaoui prend la direction artistique du Ballet royal de Flandre à Anvers en tout en conservant celle de sa compagnie Eastman[17]. En 2016, il présente, avec Damien Jalet, dans le cadre du 70e Festival d'Avignon (cour d'honneur), la reprise du spectacle Babel 7.16[18].

Après sept années à la direction de l'institution flamande, le ballet du Grand Théâtre de Genève annonce, le , que Sidi Larbi Cherkaoui est nommé à sa tête, en succession de Philippe Cohen, à partir de 2022[19].

Chorégraphies

Lors des applaudissements d'Apocrifu avec les membres du groupe A Filetta sur la droite.

Prix et distinctions

Notes et références

  1. (de) Biographie Sidi Larbi Cherkaoui sur Muzinger.de
  2. Rosita Boisseau, Panorama de la danse contemporaine. 90 chorégraphes, éditions Textuel, Paris, 2006 (ISBN 2-84597-188-5), pp. 102-103.
  3. « Interview de Sidi Larbi Cherkaoui » par Vincent Josse, Esprit critique, France Inter, 21 juin 2010
  4. Andrew Dickson, « Sidi Larbi Cherkaoui, dancer: why I love Kate Bush », The Guardian, (lire en ligne) :
    « I wasn't really into dance when I was younger. It's partly because of her that I began to care about it. »
    .
  5. « Autobiographie à personnages multiples », L'Humanité, 21 juillet 2004
  6. Frédérique Doyon, « Deux génies du geste se rencontrent », Le Devoir, 7 octobre 2006.
  7. (en) Sidi Larbi Cherkaoui sur le site de P.A.R.T.S..
  8. « Cherkaoui, double origine assumée », Libération, 28 novembre 2008.
  9. Philippe Noisette, « Sidi Larbi Cherkaoui, chorégraphe forte tête », Paris Match, 4 mai 2012.
  10. Un livre a été tiré de ces créations et rencontres avec le monde du handicap : Joël Kéouanton, Sidi Larbi Cherkaoui, rencontres, Paris, éditions L'Œil d'or, 2005.
  11. Rosita Boisseau, « Babel (words) fait un tabac », Le Monde, 3 juillet 2010.
  12. (en) « A World of Dancers, Stranded in a Transportation Limbo », The New York Times, 25 avril 2008.
  13. (en) « Humiliation and Death on a Fateful Journey », The New York Times, 28 avril 2008.
  14. Comprenant notamment Akram Khan, des danseurs du Ballet Cullberg et du Ballets de Monte-Carlo.
  15. « Sidi Larbi Cherkaoui à fond la caisse », L'Humanité, 11 juillet 2008.
  16. « Cherkaoui signe son triptyque », Le Figaro, 15 juin 2010.
  17. « Sidi Larbi Cherkaoui directeur artistique du Ballet de Flandre dès septembre 2015 », RTBF, 4 février 2015.
  18. « Babel 7.16 - Festival d'Avignon »
  19. Rosita Boisseau, « Sidi Larbi Cherkaoui nommé à la tête du Ballet de Genève », Le Monde, 17 juin 2021.
  20. En hommage au dessinateur japonais de mangas Osamu Tezuka.
  21. « «生长genesis» de Sidi Larbi Cherkaoui et Yabin Wang », sur Danser,
  22. « Iolanta / Casse-Noisette - Piotr Ilyitch Tchaikovski », sur Opéra national de Paris (consulté le )
  23. Opera Ballet Vlaanderen
  24. Le danseur belge Sidi Larbi Cherkaoui a été récompensé dans La Tribune de Genève le 2 décembre 2008.
  25. (nl) « Commandeur in de Kroonorde, Cherkaoui », Mondiaal Nieuws, 22 avril 2014.

Annexes

Bibliographie

  • Joël Kéouanton, Sidi Larbi Cherkaoui, rencontres, Paris, éditions L'Œil d'or, 2005 (ISBN 2-913661-13-0).
  • Sidi Larbi Cherkaoui avec Justin Morin, Pèlerinage sur soi, Arles, Actes Sud, collection « Le Souffle de l'esprit », 2006 (ISBN 978-2742764990).

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