Plain-chant

Le plain-chant est un genre musical sacré. Dans la musique occidentale médiévale, le plain-chant est :

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Le terme est l'équivalent français du latin Cantus Planus. Ici, le terme plain (attention à ne pas écrire « plein ») est de la même famille que plaine, et désigne quelque chose qui n'a pas de rupture, d'accident ou d'altération (« planus » a donné l'anglais « plain », voir Plainsong).

Le plain-chant est un type de musique vocale traditionnel, apparaissant généralement dans un contexte religieux. Ce style musical est ancien et répandu. Il n'est pas propre aux rites catholiques, mais on en trouve également des exemples dans les cantillations et les pièces de rites hébreux, musulmans ou bouddhistes. Bien que les termes soient souvent pris l'un pour l'autre, il convient de distinguer le plain chant (un style musical) du chant grégorien (un répertoire liturgique modifié dans ce style après la Renaissance)[1].

Plain-chant occidental

Le plain-chant occidental (chrétien) a son origine dans le chant des psaumes et des hymnes déjà présent dans la liturgie de la synagogue, à la naissance de l'ère chrétienne. Ce chant primitif comprend initialement deux genres principaux :

S'y ajoutent rapidement des hymnes, dans la liturgie catholique, dont un grand créateur a été Saint Ambroise, à l'origine du répertoire ambrosien.

En tant que genre de la musique occidentale, le plain-chant classique apparaît au haut Moyen Âge (entre les Ve et IXe siècles, et principalement du VIe au VIIIe siècle), dans la musique sacrée. Ces pièces forment le fond « classique » du chant grégorien.

Exemple de plain-chant non liturgique.

Au Moyen Âge, le plain-chant désigne l'ensemble des mélodies en langue latine, essentiellement présentes dans la liturgie chrétienne d'Occident (mais ce genre accueille également des pièces profanes). À cette époque-là, le chant grégorien s'opposait aux musiques mesurées et polyphoniques caractéristiques de la fin du Moyen Âge. Alors que les chants syllabiques grégoriens étaient normalement réservés aux célébrants et fidèles, la schola et les chantres exécutaient les chants très développés et mélismatiques. Toutefois, comme ces derniers provoquaient parfois une difficulté de formation de chantres, un nouveau genre du chant syllabique, séquence, fut établi auprès de l'abbaye de Saint-Gall au IXe siècle.

À la suite du Concile de Trente, le plain-chant subit une première évolution : simplification et modification des mélodies, déplacement des accents sur les notes longues. Ces modifications ont conduit à un remaniement du fonds primitif.

Parallèlement, le répertoire grégorien lui-même fut modifié : suppression de pièces (notamment la quasi-totalité des séquences), et ajout de compositions originales de l'ère baroque (messes, offices et hymnes).

Ce répertoire sera en usage jusqu'à la restauration de Solesmes et à l'édition de la Vaticane (début XXe siècle). À l'époque moderne, le plain-chant reste une musique sacrée essentiellement vocale et inspirée du chant grégorien, mais ayant subi l'influence des nouvelles techniques musicales avec l'Organum : la mesure, et parfois, l'harmonie. Ce second type de plain-chant donnera naissance au genre du choral, en Allemagne. Ce « plain-chant mesuré » ou « plain-chant figuré » est généralement considéré par les puristes comme une grave altération du plain-chant originel. C'est en réaction à ce plain-chant tardif qu'a été entrepris, dès la fin du XIXe siècle, un mouvement de restauration du plain-chant médiéval par l'école Niedermeyer.

Emploi dans la liturgie

Le plain-chant est pratiquement toujours chanté en latin, pour des chants destinés à accompagner des liturgies religieuses.

Le chant grégorien est le plus connu et le plus diffusé des répertoires du plain-chant, à tel point qu'on finit par confondre les deux concepts. Mais le plain-chant comprend également des répertoires autres que le grégorien : citons le chant vieux-romain (plus sobre), le chant ambrosien (ou milanais), le mozarabe (plus exubérant) appelé également hispanique ou wisigothique, le gallican (plus coloré et dramatique), le bénéventain (dans le sud de l'Italie).

Le répertoire grégorien est un mélange des traditions romaines et gallicanes, qu'il a supplantées. Cette création date de l'époque carolingienne, et a fait partie de la politique d'alliance entre l'empire de Charlemagne et la papauté. Une légende tardive (rédigée par un moine du Mont Cassin en 872) rattacha ensuite cette réforme musicale à la réforme liturgique qu'avait entreprise le pape saint Grégoire, donnant le nom de « grégorien » à ce qui n'était initialement que le « chant messin » (de l'école de Metz). Cette légende subsiste jusque dans le frontispice de l'édition vaticane du graduel.

Il faut remarquer que le chant grégorien était un chant effectivement mélodique et rythmique, avant la Renaissance. Cette dernière et la réforme protestante firent modifier considérablement la caractéristique du chant grégorien. Notamment, les livres de chant de Luthériens et d'Anglicans[2] étaient assez syllabiques. Enfin, le Vatican sortit entre 1614 et 1615 l'Édition médicéenne, plus simple et plus syllabique[3]. C'est la raison pour laquelle le chant grégorien s'appelait dorénavant très fréquemment le plain-chant.

En raison de cette confusion historique, de nos jours, selon les études sémiologiques du chant grégorien qui rétablirent la nature du chant, il est fortement déconseillé que le terme plain-chant soit employé pour celui-ci[1],[4].

Styles d'ornementation

Suivant leur ornementation, les pièces de plain-chant grégorien (ou les passages de ces pièces) se répartissent en quatre styles (qui font l'objet d'articles séparés) :

  • le style psalmodique, une note = plusieurs syllabes ;
  • le style syllabique, une syllabe = une note ;
  • le style neumatique, une syllabe = un (parfois deux) neume(s) de deux ou trois notes ;
  • le style mélismatique, un mélisme = plusieurs neumes sur une seule syllabe.

N.B. : les styles psalmodiques et syllabiques sont souvent regroupés dans la mesure où les pièces de style psalmodique sont traditionnellement notées à raison d'un punctum par syllabe. Cependant, cette notation est évidemment superflue.

Bibliographie

  • Xavier Bisaro, Guide historique et pratique du plain-chant et du faux-bourdon : France, XVIIe-XVIIIe siècles, Editions du Centre de musique baroque de Versailles, , 151 p. (lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Dom Robert Le Gall, Dictionnaire de liturgie, 3e édition, p. 199 « Ce mot n'est pas tout à fait synonome de Chant grégorien. », C.L.D., Chambray 1997 http://www.liturgiecatholique.fr/Plain-chant
  2. (en) Charles Hefling et Cynthia Shattuck, The Oxford Guide to The Book of Common Prayer : A Worldwide Survey, , 640 p. (ISBN 978-0-19-972389-8, lire en ligne), p. 41.
  3. https://archive.org/stream/palographiemus1892gaja#page/36/mode/2up Abbaye Saint-Pierre de Solesmes, revue Paléographie musicale, tome III (1892), exemples du chant grégorien original et de l'édition de Ratisbonne (néo-médicéenne au XIXe siècle)
  4. Dom Eugène Cardine (ancien professeur de l'Institut pontifical de musique sacrée), Sémiologie grégorienne, p. 2 « l'on en vint rapidement à écrire toutes les notes de façon identique. En raison de ce nivellement extérieur, le chant grégorien parut être — et devint, en fait — un « cantus planus », c'est-à-dire un chant privé de toute valeur expressive. Ce nom de « plain-chant » qui, aujourd'hui encore, désigne si souvent le chant grégorien, est à écarter, car il est l'expression d'un a priori faux. » Abbaye Saint-Pierre de Solesmes, 1978
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