Setos

Les Setos sont un peuple autochtone du Sud de l'Estonie et de la Russie parlant le seto, une langue sud estonienne, l'estonien et souvent le russe.

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Cet article concerne le peuple seto. Pour la langue seto, voir Seto (langue).

Distribution des langues sud-estoniennes, dont le seto.

Ils sont environ 10 000 de confession orthodoxe, liés au Église orthodoxe d'Estonie contrairement à la majorité des Estoniens qui sont luthériens, et habitant pour leur quasi-totalité en Estonie (Põlvamaa et Võrumaa) et en Russie (Oblast de Pskov).

Leur territoire historique est appelé Setomaa et couvre environ 2 000 km2 (dont 420 en Estonie et 1 582 en Russie).

Histoire

Les Setos se sont probablement installés avant l'an 600 de notre ère dans la région aujourd'hui appelée Setomaa. Dans les anciennes chroniques russes, ils sont regroupés sous l'appellation de Tchoudes avec d'autres peuples finno-ougriens de la région[1]. À partir du début du Moyen Âge, la poussée des tribus slaves s'est faite toujours plus forte en direction du nord-est. Ceci entraîna un mélange avec divers groupes de populations et leurs cultures. Les Estoniens, dont la langue est finno-ougrienne, furent convertis au christianisme entre le Xe et le XIIIe siècle, alors que le Danemark catholique et l'Ordre Teutonique exerçaient le pouvoir en Livonie. L'Évêché de Dorpat en particulier, dont le centre était Tartu, exerçaient une pression sur les Setos pour les convertir à la foi catholique.

Les Setos, qui vivaient dans la zone d'influence de Novgorod, restèrent d'abord païens. Ce n'est qu'au XVe siècle qu'ils se convertirent définitivement à la religion orthodoxe. Ils conservèrent toutefois nombre d'usages païens, de sorte que la culture religieuse orthodoxe resta d'abord superficielle. Les contacts entre Estoniens et Setos entraînèrent néanmoins une importante influence catholique sur la culture seto.

Le Setomaa (en vert), à cheval sur l'Estonie et la Russie

Les Setos eux-mêmes décrivent leur situation, à la frontière à la fois de deux religions rivales et de deux puissances politiques, par la fameuse expression katõ ilma veere pääl à la frontière de deux mondes »)[2]. De 862 à 1920, la majeure partie de la zone occupée par les Setos a appartenu à l'Empire russe. Le , lors des troubles de la Première Guerre mondiale et de la Révolution russe, l'Estonie se déclara indépendante de la Russie. Par le Traité de Tartu (Dorpat en allemand), le Setomaa revint à l'Estonie. Il fut incorporé au nouvel état estonien. Toutefois le Setomaa orthodoxe resta une sorte de corps étranger dans l'Estonie luthérienne.

Les trois premières décennies du XXe siècle peuvent être décrits comme un âge d'or de la culture seto. C'est vraisemblablement en 1905 que le chiffre de la population seto atteignit son maximum. Lors du recensement ethnique de 1934, 15 000 personnes se déclarèrent Setos. Mais au cours des années 1930, l'état estonien, de plus en plus centralisateur et autoritaire, commença à exercer sur les Setos une politique d' « estonisation» et une pression grandissante visant à les assimiler à la majorité estonienne.

En 1940, l'Union soviétique occupa l'Estonie et entama une phase de répression qui allait durer 50 ans, et qui devait toucher toutes les minorités. La culture seto commença à subir de nombreuses restrictions de la part du régime communiste. Les bijoux d'argent traditionnels en possession des familles furent confisqués, l'usage de langue seto aboli dans les écoles. Les fermes seto furent reconverties en kolkhozes, et l'économie planifiée instaurée. Nombreux furent les Setos (tout comme une partie significative de la population estonienne) à être déportés vers l'intérieur de l'URSS à l'époque stalinienne. En 1944, la frontière entre la République socialiste soviétique d'Estonie et la République socialiste fédérative soviétique de Russie fut redessinée par Moscou ; elle coupait pour la première fois en deux la zone habitée par les Setos. Toutefois la frontière intérieure à l'Union soviétique ne joua guère de rôle dans la vie quotidienne des Setos.

Depuis l'éclatement de l'Union soviétique et la réobtention de l'indépendance estonienne en , la frontière entre l'Estonie et la Russie divise la zone d'habitation traditionnelle des Setos. Elle complique les contacts entre Setos des deux côtés de la frontière et le retour aux lieux de culture et aux cimetières. La République d'Estonie a reconnu de facto la délimitation frontalière de 1944. Une adaptation prévue du tracé de la frontière avec la Russie n'a toutefois pas encore été ratifiée par le Parlement russe. Lors de l'adhésion de l'Estonie à l'Union européenne, sa frontière orientale est devenue de fait une frontière de l'Espace Schengen.

De nos jours, les droits culturels et politiques des Setos au sein de la République d'Estonie sont pleinement garantis. Les défis majeurs que doit aujourd'hui affronter la culture seto sont la globalisation grandissante et l'exode rural de la population la plus jeune, qui vide de plus en plus les villages setos. Une part importante des Setos vit aujourd'hui dans les deux plus grandes villes d'Estonie, Tallinn et Tartu.

Culture

Costumes traditionnels estoniens : le 3e à partir de la gauche est seto.
Femme seto en costume traditionnel.

Les Setos sont l'un des derniers peuples maintenant des traditions folkloriques en Europe.

Les femmes portent un costume multicolore.

Le chant est un élément très important dans la vie des Setos et est utilisé tant pour le travail que pour les cérémonies de mariages.

Le village d'Obinitsa, dans la commune de Meremäe, accueille le Musée de la culture seto.

Le groupe estonien Zetod, originaire de Värska, perpétue aujourd'hui la tradition en s'inspirant de chants setos dans ses compositions ethno-folk.

Tradition brassicole

La bière Seto Õlu est faite à partir de pain de seigle brûlé, technique héritée du kvas (boisson gazeuse russe)[3].

Drapeau

Drapeau (non officiel) des Setos

Bibliographie

  • Chalvin, Antoine, Les Setos d'Estonie, coll. "Peuples en péril", vol. 6, Crozon, Armeline, 2015 (ISBN 978-2-910878-45-0)
  • L'Esprit de la forêt : contes estoniens et seto, traduction de l'estonien par Eva Toulouze, sélection et commentaires de Risto Järv, José Corti, 2011 (ISBN 978-2-7143-1066-8)

Notes et références

  1. Dominique Cambron-Goulet, « La microchronique: Seto Õlu de Oshlag », Métro, (lire en ligne, consulté le ).

Liens externes


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