Sergueï Jirnov

Sergueï Olégovitch Jirnov (en russe : Сергей Олегович Жирнов), né le à Moscou[1], est un ancien espion russe, journaliste et spécialiste en relations internationales.

Youri Drozdov avec Sergueï Jirnov dans les locaux du Namakon en 1998.

Il est notamment connu pour avoir poursuivi en justice en 1999 le Service des renseignements extérieurs de la Fédération de Russie pour la non remise du diplôme d'espion de l'Institut du Drapeau rouge du KGB. Il a été également poursuivi en Russie pour la divulgation de secret d'État dans les articles sur Internet, et a été contraint en 2001 de s'exiler en France où il a reçu le statut de réfugié.

Biographie

Jeunesse

Sergueï Jirnov est né le à Moscou.

Son père Oleg Jirnov, moscovite de naissance, dessinateur industriel et ingénieur, est un grand passionné d’alpinisme et de la haute montagne. Sa mère Lydia Jirnova, haute technicienne dans l’industrie, est originaire de la région de Iaroslavl sur la Volga[2],[3].

En 1964 la famille Jirnov déménage à 40 kilomètres du centre de Moscou, dans la ville nouvellement créée de Zélénograd, où Sergueï vivra sa jeunesse avec ses parents, sa grand-mère paternelle Anna Pavlovna et sa sœur [4],[5].

Les parents de Sergueï durant plusieurs années animent pendant les vacances d’été les camps sportifs du comité d’entreprise pour les adolescents de leurs Instituts de recherches dans les montagnes du Caucase du nord. Ils finiront leur carrière professionnelle comme responsables d’une base de loisirs caucasienne pour les étudiants et enseignants de l’Institut de la technique électronique de Moscou (MIET). Sergueï gardera de ces pratiques sportives régulières estivales avec ses parents la passion pour la montagne, le ski et les sports équestres[6],[7]

Formation primaire et secondaire

Timbre commémoratif pour le 50e anniversaire du mouvement des Pionniers soviétiques

De 1968 à 1978 Sergueï Jirnov fréquentera l’École secondaire expérimentale n°609 de Moscou qui, selon le Système éducatif russe, réunie l’école primaire, le collège et le lycée dans le même établissement[8],[9].

À sa sortie Sergueï Jirnov obtient l'équivalent du baccalauréat français avec mention en plusieurs matières. Durant ses études secondaires il participe et gagne régulièrement les Olympiades (concours intellectuels d’élèves), notamment en Anglais. Il est aussi licencié dans le club sportif du ski de fond régional[10].

Dès l’âge de 14 ans, parallèlement à ses études, il est choisi par le Parti communiste pour diriger et animer les organisations locales de la Jeunesse communiste (les Pionniers soviétiques et le Komsomol)[2],[3]. Ses études brillantes et activités politiques ardues lui valent la recommandation officielle du Parti communiste, difficile à obtenir et indispensable pour entrer au prestigieux MGUIMO[4],[5]

MGUIMO

De 1978 à 1983 il suit un cursus d'études supérieures au sein de l'Institut d'État des relations internationales de Moscou près le Ministère des Affaires étrangères d'URSS et de Russie (MGUIMO MID SSSR), à la faculté des relations économiques internationales en obtenant le Diplôme russe d'État[11],[9],[5],[8]

Institut du Drapeau Rouge du KGB

En 1984, la même année que Vladimir Poutine[4], il entre à l'Institut du Drapeau rouge du KGB - établissement secret de formation supérieure aux renseignements extérieurs du KGB, actuellement Académie des renseignements extérieurs du SVR[11]. Ayant suivi pendant trois ans les Études supérieures en espionnage à la faculté principale, il obtient le Diplôme russe d'État en relations internationales. Ce document confidentiel, gardé dans les archives secrètes du KGB, a valu à Sergueï Jirnov en 1997-2001 le scandale suivi des procédures pénales et l'obligation de la fuite définitive de Russie[2],[3].

École Nationale d'Administration

En 1991 – 1992, en tant que premier soviétique admis et en tant que boursier du gouvernement français,[2],[3],[4] il fait ses études post-universitaires (16 mois) à l'École nationale d'administration (France) au Cycle international long et obtient le Diplôme international de l'administration publique[11]. Il a notamment cotoyé lors de ses études à l'ENA, Karin Kneissl, ministre des affaires étrangères de l'Autriche[11] et Nicolas Revel, directeur de cabinet du Premier ministre Jean Castex.

1983 – 2017 consultations en relations économiques internationales

1982 – 2017 journalisme et communication

  • Producteur et Chef de projet télévisuel « France économie & coopération » sous le haut patronage du Ministère français des affaires étrangères et l'Ambassade de France à Moscou - promotion des entreprises françaises, de la technologie et de l'économie de la France en Russie[11]
  • Membre du Comité de rédaction du magazine mensuel soviétique - « Krestyanka » (tirage à l'époque - 22 millions d'exemplaires)
  • En 2009 pigiste à la rédaction russe de la chaîne de télévision Euronews basée en France à Écully
  • Journaliste indépendant sur Internet animant plusieurs blogs et sites [2],[3],[4]

1982 – 1996 enseignement

1984 – 1992 renseignements extérieurs

Faisant partie de l'élite du renseignement soviétique[11], à la sortie de l’Institut supérieur Andropov du KGB (1984-1987), Jirnov, entre en tant qu’un officier subalterne (au grade militaire de lieutenant en chef) et élément opérationnel auxiliaire au service actif dans l’appareil central (Département géographique n°4 – le continent américain) de la Direction « S » (Service des agents illégaux russe et soviétique) de la Première direction générale du KGB de l'URSS dirigée par le général Youri Drozdov[13],[14]

La carte du KGB de lieutenant en chef Jirnov avec autorisation de porter les armes à feu

En 1988, il est promu au grade militaire de capitaine. En tant qu’un élément opérationnel titulaire il quitte le quartier général de la PGOU et passe dans la Réserve active (service opérationnel sous la couverture sur le terrain).

En 1991, il est promu au grade militaire de commandant (en devenant un officier supérieur) et à l’emploi militaire d’un élément opérationnel supérieur dans la Réserve spéciale (les « illégaux » sous la couverture profonde sur le terrain opérationnel)[2],[3],[4].

Après la liquidation officielle du KGB en , dislocation de l’URSS en et la création du Service des renseignements extérieurs de la Fédération de Russie en 1992, Jirnov donne sa démission, devient un officier supérieur de réserve militaire, rattaché au Ministère de la Défense et à partir de décembre 1992 passe dans la vie civile travaillant comme journaliste de télévision[11], enseignant et consultant international entre la Russie, la France et la Suisse.

Activités associatives

  • De 1989 à 2001 Jirnov était consultant de l'Union internationale des économistes, organisation non-gouvernementale près les Nations Unies dirigée par Gavriil Popov, premier Maire de Moscou démocratiquement élu
  • De 1991 à 2001 Sergueï Jirnov était Président de l’Association d’amitié franco-russe du Zélénograd de la ville de Moscou, organisant de nombreux échanges culturels, écologique, touristiques, économiques et éducatifs.[2],[3]
  • De 1989 à 2001 Sergueï Jirnov faisait partie de l’Association d’amitié « URSS-France », réorganisée en 1992 en Association des amis de la France, dont il est devenu membre du Conseil présidentiel [15].
  • De 1989 à 1992 Sergueï Jirnov était Directeur des relations internationales de la Fondation philanthropique « Krestyanka ». En cette qualité il a participé en 1991 aux Assises de l’Admical à Paris.

Les activités en exil en France

Depuis son départ en exil de la Russie et son installation en France en 2001, en tant qu’ancien officier supérieur du KGB de l’URSS et du Service des renseignements extérieurs de la fédération de Russie, Sergueï Jirnov est souvent[4],[5],[8],[9],[11],[6],[7] invité par les médias à témoigner publiquement de son expérience passée, de sa vie d’espion et de son conflit juridique largement médiatisé avec le SVR au sujet du diplôme de l’Institut Andropov du KGB. Il fait volontairement de cette publicité un moyen de protection contre la vengeance potentielle de ses anciens employeurs russes : « Plus il y a de tapage autour de moi, plus je suis protégé. Pour ne pas être vu, soit vous éteignez toutes les lumières, soit vous mettez la lumière tellement forte qu’elle aveugle »[6].

Sergueï Jirnov est aussi sollicité pour les conférences[10] et son expertise orale ou écrite dans les domaines du renseignement, de la géopolitique, de la géostratégie, de l’histoire des services secrets, de l’Union Soviétique, de la guerre froide, des scandales et affaires politico médiatiques (Skripal, Pavlenski-Griveaux, etc.), de la politique de Vladimir Poutine et de la situation actuelle en Russie par les médias français et internationaux tels que : BBC[16],[17], Radio Free Europe[18],[19],[20],[21],[22],[23], New York Times[13], Radio télévision suisse[24],[25], France Inter [26],[27],[28], LCI[29], Mediapart[30],[31],[32],[33], le site Internet Planet.fr[34], les sites Internet de la diaspora russe et ukrainienne à l’étranger et d’autres.

Publications

  • Alexandra Davis, Les oubliés : Portraits d’hommes et de femmes extraordinaires : seize histoires vraies hors du commun, Paris, Éditions Michel Lafon, coll. « Bande dessinée », , 151 p. (ISBN 978-2-7499-3945-2, présentation en ligne, lire en ligne). — La partie consacrée à Sergueï Jirnov (1961), p.119-127

Décorations et distinctions

La médaille du 70e anniversaire des Forces armées de l’URSS

Articles connexes

Notes et références

  1. Curriculum vitae en ligne sur le Site de l'Association des amis de la France
  2. « Le romancier Sergueï Jirnov », sur editionscorpusdelicti.com, (consulté le ).
  3. Sergueï Jirnov, Pourchassé par le KGB : la naissance d’un espion, Canésy, Éditions Corpus Délicti, coll. « KGB », , 336 p. (ISBN 978-2-9565375-4-0)
  4. Nantcy Leone, « Recruté, pourchassé, infilté… La trépidante vie d’un ancien espion du KGB », Site Internet Planet.fr, , p. 1-13 (lire en ligne)
  5. [vidéo] Officier opérationnel pour le KGB pendant 8 ans ! – France-2 - Ça commence aujourd'hui avec Faustine Bollaert – Juin 2020 sur YouTube
  6. Céline Brégand, « Le salon des légendes : dans l'intimité des espions », Site Internet Libération.fr, (ISSN 2262-4767, lire en ligne) — Illustrations Nassim Touati. Cette enquête, avant d’être reprise par le Site Internet Libération.fr en juillet 2019, a été réalisée par Céline Brégand en avril 2019 donnant lieu à l’article « Le salon des légendes : dans l'intimité des espions » p. 32-41 dans : La 40e promotion de l’Institut pratique de journalisme de Paris-Dauphine, Lies : (Leurres, illusions, énigmes, simulacres), Paris, IPJ de Université Paris-Dauphine, coll. « magbook de la 40e promotion », , 122 p. (lire en ligne)
  7. Gilles Debernardi, « À Chamrousse, le blues de l’ex du KGB », Le Dauphiné Libéré Dimanche, (ISSN 0245-7253, lire en ligne)
  8. [vidéo] A quoi ressemble la vie d'un agent secret? – France-2 - Mille et une vies avec Frédéric Lopez –Avril 2017 sur YouTube.
  9. Alexandra Davis, Les oubliés : Portraits d’hommes et de femmes extraordinaires : seize histoires vraies hors du commun, Paris, Éditions Michel Lafon, coll. « Bande dessinée », , 151 p. (ISBN 978-2-7499-3945-2, présentation en ligne, lire en ligne)
  10. « Quand un ancien du KGB vit à Chamrousse : un instant avec Sergueï Jirnov », sur https://lecheveusurlalangue.com, (consulté le )
  11. Louis Milano-Dupont, « VIDEO. L’espion qui venait du froid », sur https://www.francetvinfo.fr/, France 2, (consulté le ) (de 53:52 à 1:07:20) — présentation en ligne : Yann Gonon, « Sergueï, l'ex-espion du KGB réfugié à Chamrousse en Isère “n'a pas peur de mourir », sur https://france3-regions.francetvinfo.fr, France 3, (consulté le )
  12. (ru) « Сведения об юридическом лице «Интерград Консалтинг» », sur https://www.list-org.com, (consulté le )
  13. (en) Sophia Kishkovsky, « Yuri Drozdov, Soviet Superspy Who Planted ‘Illegals’ in Other Countries, Dies at 91 », New York Times, (ISSN 1553-8095, lire en ligne)
  14. Sergueï Jirnov est cité par "New York Times" pour ses souvenirs du général Drozdov : “It was not a teacher, not a scholar, not a theoretician who spoke with us, but a professional practitioner, an architect and director of operations,” one trainee, Serguei Jirnov, wrote in a blog post. “Magic happened: History came to life.”
  15. Composition du Conseil présidentiel de l’Association des amis de la France en ligne
  16. (ru) Ольга Ившина, « Что известно о подразделении ГРУ, которое обвиняют в сговоре с талибами? », Site Internet de la BBC, Service russe (Русская служба), (lire en ligne)
  17. (fa) اولگا ایوشنا, « معاملهروسیه و طالبان برای قتل نظامیان آمرکایی درافغانستان: گرو چیست », Site Internet de la BBC, Persian service, (lire en ligne)
  18. (ru) Дмитрий Волчек, « Острые чекистские мероприятия. Рицин в роли коронавируса? », Site Internet de la Radio Free Europe, Service russe (Русская служба), (lire en ligne)
  19. (ru) Дмитрий Волчек, « "В путинских спецслужбах бардак". Наблюдения экс-разведчика », Site Internet de la Radio Free Europe, Service russe (Русская служба), (lire en ligne)
  20. (ru) Дмитрий Волчек, « Сергей Жирнов в программе “Итоги недели” 13 октября 2018 года », Site Internet de la Radio Free Europe, Service russe (Русская служба), (lire en ligne)[audio]
  21. (ru) Дмитрий Волчек, « ”Российские спецслужбы убивают”. Бывшие сотрудники КГБ – о деле Скрипаля », Site Internet de la Radio Free Europe, Service russe (Русская служба), (lire en ligne)
  22. (ru) Дмитрий Волчек, « Сергей Жирнов в программе “Итоги недели” 17 марта 2018 года », Site Internet de la Radio Free Europe, Service russe (Русская служба), (lire en ligne)[audio]
  23. (ru) Дмитрий Волчек, « Оружие Андропова и Путина », Site Internet de la Radio Free Europe, Service russe (Русская служба), (lire en ligne)
  24. « Des dizaines d'espions russes infiltrés en Suisse, selon un ex-agent du KGB », RTS info, sur www.rts.ch, Radio télévision Suisse, (consulté le )
  25. « Journal télévisé de RTS de 19h30 du 9 septembre 2019 », RTS info, sur www.rts.ch, Radio télévision Suisse, (consulté le )
  26. « Jeux d’espions, 1ère partie – « Opération SUNBEAM » », Affaires sensibles avec Fabrice Drouelle, sur www.franceinter.fr, France Inter, (consulté le )
  27. « Jeux d’espions, 2ème partie – « Fuir l’URSS » », Affaires sensibles avec Fabrice Drouelle, sur www.franceinter.fr, France Inter, (consulté le )
  28. « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’espionnage, sans jamais oser le demander », Le nouveau rendez-vous avec Laurent Goumarre, sur www.franceinter.fr, France Inter, (consulté le )
  29. Thomas Guien, « "Poutine mise énormément sur ses services secrets" : plongée dans l'espionnage russe avec un ex du KGB », Site Internet LCI.fr, (lire en ligne)
  30. [vidéo] Espionnage russe: « La guerre froide n’a jamais cessé » – MediapartLive – « Le bal des espions » - Claude Blanchemaison, ancien ambassadeur de France en Russie et Sergueï Jirnov ancien espion du KGB réfugié en France depuis la chute de l’Union soviétique, en débattent – le 30 mai 2018 sur YouTube
  31. [vidéo] Ce soir, «le bal des espions» dans Mediapart Live – le 30 mai 2018 sur YouTube
  32. La rédaction de Mediapart, « L’entrisme russe, entre fantasmes et réalités », Mediapart, (ISSN 2100-0735, lire en ligne)
  33. Matthieu Suc et Ellen Salvi, « Ce soir, «le bal des espions» dans Mediapart Live », Mediapart, (ISSN 2100-0735, lire en ligne)
  34. Nantcy Leone, « Affaire Piotr Pavlenski », Site Internet Planet.fr, (ISSN 2490-9610, lire en ligne)
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