Service des agents illégaux russe et soviétique

Le service des agents illégaux du Service des renseignements extérieurs de la Fédération de Russie et de l'ancienne Première direction générale du KGB regrouperait :

  • les éléments opérationnels de la « Réserve spéciale » et des agents exerçant secrètement à l'étranger les activités d'espionnage sous les couvertures non officielles, dans les antennes dites « illégales » ;
  • la ligne « N » des antennes du SVR (du KGB) à l'étranger dites « légales » ;
  • ainsi que l'appareil central (ancienne Direction « S » de la Pé-Gué-Ou du KGB de l'URSS) chargé du renseignement dit « illégal », de la logistique, du recrutement et de la formation des « illégaux » au sein de l'Administration centrale du SVR de Russie.
Le badge commémoratif : 85 ans INO-PGOU-SVR.

La réserve spéciale

L'expression professionnelle « Réserve spéciale » (en russe : Особый резерв, офицер Особого резерва, оперативный сотрудник Особого резерва) s'utilise pour désigner l'ensemble des officiers de carrière illégaux (russe : нелегалы, разведчики-нелегалы, разведчики Особого резерва, оперативные сотрудники Особого резерва) c'est-à-dire les éléments opérationnels du SVR en activité sous les couvertures profondes.

Les illégaux russes correspondent plus ou moins aux NOC en classification américaine (en anglais : non official cover operatives), mais l'expression américaine est plus large que la russe car elle englobe aussi les agents sous couverture travaillant pour d'autres services spéciaux et même la police, y compris sous les couvertures américaines mais non officielles. En terminologie soviétique un illégal n'était jamais sur le terrain avec les documents de l'URSS.

Le terme professionnel russe « agent illégal » comprend uniquement des étrangers non professionnels du renseignement et sans la citoyenneté de l'URSS ou de la Russie[1] qui ne sont pas les personnels de carrière au sein des services spéciaux, qui exercent leur missions sur le terrain sous les fausses identités étrangères et qui sont dirigés dans leurs activités d'espionnage par les officiers de carrière légaux ou illégaux des services spéciaux russes ou soviétiques appelés les officiers traitants.

Affiliation

Le service des illégaux n’apparaît plus dans l'organigramme officiel de l'administration centrale du SVR de Russie.

Il semble peu probable néanmoins que le SVR ait renoncé à ce genre d’activités, il semblerait au contraire que les opérations clandestines jouent un rôle de plus en plus essentiel au sein du SVR[2].

À l'intérieur de l'administration centrale de l'ancienne Première direction générale du KGB de l'URSS le service des illégaux était concentré dans la Direction « S » (russe : Управление «С»).

Antennes à l'étranger dites « illégales »

Même étant très fragiles en cas de défaillances (n'ayant aucune protection diplomatique), les rézidientouras clandestines, dites illégales, étaient et restent la forme idéale opérationnelle car quasiment indécelables par les services ennemis du contre-espionnage. Ces structures sont complètement autonomes et possèdent le plus souvent l'équipement radio nécessaire qui leur permet les communications codées directes avec le « Centre » (administration centrale à Moscou) sans passer par l'intermédiaire des antennes légales sous le toit des représentations officielles diplomatiques russes à l'étranger.

Toutes les opérations réellement importantes (dont le nombre reste assez limité) passent uniquement par ces réseaux clandestins [réf. souhaitée]. Dans les antennes dites « légales » du KGB à l'étranger le travail pour le compte de la Direction « S » était appelé la ligne « N » (линия « Н »).

Directeur du Département « S »

Le directeur du Service des illégaux avait au KGB le rang du directeur adjoint de la Première direction générale du KGB (Pé-Gué-Ou), le rang et l'appellation du général-major (une étoile moyenne sur de larges épaulettes dorées, ru:Генерал-майор).

Anciens directeurs de la direction « S » du KGB

Youri Drozdov avec Sergueï Jirnov dans les locaux du Namakon en 1998.
  • Alexandre Mikhaïlovitch Korotkov (1954–1956)[3]
  • Alexeï Alexeïevitch Krokhine (1956–1958)[4]
  • Vitali Grigorievitch Pavlov (1958-1961)[5]
  • Mikhaïl Stépanovitch Tsymbal (1961 – 1966)
  • Anatoli Ivanovitch Lazarev (1966–1974)
  • Vadim Alexeïevitch Kirpitchenko, (1974-1979), ensuite le Premier adjoint au Directeur général de la Pé-Gué-OU du KGB (1979-1991), puis chef de groupe des consultants près le Directeur du SVR de Russie (1991-1997), décédé en 2005[6].
  • Iouri Ivanovitch Drozdov, (1979-1991), CEO du cabinet Namakon (« Намакон »)[7]
  • Iouri Ivanovitch Jouravliov (1991)

Le détachement « Vympel » du KGB

Insigne de l'unité Vympel.

Le détachement Spetsnaz Vympel (russe : « Вымпел ») du KGB, créé par Iouri Andropov et Youri Drozdov en et dépendant jusqu'à la chute de l'URSS du 8e Département de la Direction « S » de la Première direction générale du KGB (le prédécesseur du SVR), a ensuite été rattaché au MVD puis au FSB à partir de 1995. Au SVR le groupe « Vympel » a été remplacé en 1998 par le détachement Zaslon.

Le recrutement des « illégaux »

Le recrutement et la formation opérationnelle des futurs illégaux se font selon un protocole particulier, la plus grande spécificité étant leur caractère strictement individuel (les illégaux ne sont pratiquement jamais entraînés en groupe).

Célèbres « illégaux »

On appelait hirondelles les espionnes chargées d'utiliser la séduction pour accomplir leur mission ; c'était par exemple le cas d'Anna Chapman.

Personnages mythiques

Les « illégaux » du SVR après la fin de l'URSS

L'homme qui se faisait appeler en:Paul William Hampel a été arrêté le à l'aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal au Canada alors qu'il s'apprêtait à quitter le pays pour aller à Moscou. Un certificat de sécurité à son nom avait été délivré quelques jours avant par les autorités canadiennes. Au moment de son arrestation, Hampel avait en sa possession un faux certificat de naissance, un passeport canadien et l'équivalent de 7 800 $ en cinq devises. Le Service canadien du renseignement de sécurité a affirmé que le prévenu est un membre de la Sluzhba Vneshney Razvedki, une section du service de renseignement russe qui a succédé au KGB soviétique. Les autorités canadiennes ont jugé que Hampel constituait une menace pour la sécurité nationale. Après avoir séjourné plus d'un mois en prison, l’espion russe connu sous le nom d'emprunt de Paul William Hampel a été expulsé du Canada le jour de Noël 2006. Selon toute apparence il s'agirait d'un illégal du SVR.

Aux États-Unis, dix illégaux du SVR (neuf Russes dont Anna Chapman et une Américano-péruvienne) sont arrêtés le 27 juin 2010 par le Federal Bureau of Investigation[8],[9] et échangés le à l'aéroport de Vienne contre quatre Russes accusés d'espionnage au profit des États-Unis et du Royaume-Uni[10],[11]. Le cerveau du groupe, Christopher Robert Metsos[12] ayant la nationalité canadienne, arrêté à Chypre le [13] a disparu après sa mise en liberté sous caution[14].

Dans la culture populaire

Dans la série The Americans, Philip et Elisabeth Jennings espions au sein du KGB dans les années 80 font partie des illégaux de la section S. Ils vivent au début de la série depuis 15 ans sous une fausse identité à Washington avec leurs deux enfants nés sur le sol américain.

Notes et références

  1. (ru)Voir : "агент-нелегал" dans le Léxique du renseignement soviétique et russe
  2. (ru) Антитеррор – дело нелегалов
  3. (ru) « Biographie de Korotkov ».
  4. (ru) « Biographie de Krokhine ».
  5. (ru) « Biographie de Pavlov ».
  6. (ru) « Biographie de Kirpitchenko ».
  7. (ru) « Biographie de Drozdov ».
  8. Espionnage : Burn After Reading à Washington ?, Pierre Lorrain, 1er juillet 2010
  9. « Les "espions" russes arrêtés aux Etats-Unis, des citoyens sans histoires ? », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  10. (en) « Operation Ghost Stories Inside the Russian Spy Case », sur FBI, (consulté le )
  11. Zone Aucun thème sélectionné- ICI.Radio-Canada.ca, « L'échange d'espions a eu lieu », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  12. FBI wanted : Christopher Robert Metsos
  13. « Chypre: la police recherche un espion présumé disparu après son arrestation », Le Point, (consulté le )
  14. (fr) Échange… de vieux procédés, Pierre Lorrain, 9 juillet 2010

Articles connexes

Liens externes

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