Sculpture grecque archaïque

La sculpture grecque archaïque désigne l'ensemble de la sculpture grecque produite pendant la période archaïque (entre le dernier quart du VIIe et le début du Ve siècle av. J.-C.).

Les débuts de la sculpture archaïque

La Dame d'Auxerre (640/630 av. J.-C.) est l'illustration la plus courante du style dédalique, elle est peut-être originaire de Crète qui joue un grand rôle dans ce style, mais elle n'est pas son seul lieu d'origine. Ce style essentiellement décoratif s'est développé dans la seconde moitié du VIIe siècle av. J.-C.[1].

La statuaire jusqu'en 570 av. J.-C.

L'inspiration principale du renouveau de la statuaire grecque dans la première moitié du VIIe siècle av. J.-C. est le Proche-Orient. On a peu de témoignage des relations de la Grèce et de l'Égypte mais l'on peut présumer que l'Égypte est le moteur de ce renouveau. La ressemblance de la statuaire égyptienne et de la première statuaire grecque tend à prouver une influence notable[2]. D’après Diodore (I,98), deux sculpteurs samiens, Rhoikos et Théodoros (milieu du VIe siècle av. J.-C.), avaient réalisé, à partir de la technique égyptienne de la grille, deux parties d'une sculpture indépendamment.

Le pas en avant de la Grèce se trouve dans l'indépendance que prennent les groupes sculptés par rapport à l'architecture[3],et aussi l'affirmation de la personnalité du sculpteur.

Œuvres par région

Kouros de New-York (Met .32.11.1).
Corcyre, Temple d'Artémis, fronton de la Gorgone.
Athènes
Vers 600, Athènes entre dans l'histoire de la sculpture monumentale avec :
  • La tête du Dipylon, vers 600, d'une hauteur de 44 cm ; elle faisait donc partie d'un colosse géant. Elle est exécutée en marbre des îles[4]. De par son caractère monumental elle est l'expression aristocratique du culte funéraire.
  • On peut mettre en parallèle le Kouros de New-York, vers 600, 1,80 m. Ici le dessin se fait plus sec, moins vivant, plus géométrique ; on a sûrement affaire au travail d'un disciple[5].
  • Le cap Sounion, plus récent que les œuvres attiques mais de moins bonne qualité. Deux colosses (conservés au musée national d'Athènes) y ont été découverts.
  • Kouros 1 (moulage) vers 600, hauteur 3,05 m (conservé à Athènes).

Delphes , dans le sanctuaire d'Apollon : Cléobis et Biton, 590-580, marbre de Paros, hauteur 2,16 m. Cette œuvre est attribuée à Polymédès d'Argos. Les statues ont été saluées pour leur volume réel, leur action et l'adaptation à l'iconographie : le mouvement de course[6].

Sparte : La tête d'Héra, attribuée à Redon et Dorycleias, 600/580, pour l'Héraion d'Olympie, hauteur 0,52 cm soit deux fois la grandeur nature[7].

Corinthe, l'un des plus importants centres d'art de l'époque archaïque : dans la colonie de Corfou, le tympan du Temple d'Artémis à Corfou, vers 590, Gorgone, H : 2,79 m[8]

Des particularismes régionaux sont ainsi à observer. Les kouroï argiens sont très massifs, robustes, et graphiques. Les kouroï pariens sont plus ronds et souriants, avec une structure générale en T. Les kouroï ioniens sont vêtus et plus en chairs. Leurs yeux sont fins et étirés, et leur nez est large. Les kouroï béotiens ont la mèche en fourchette sur le front, l'arcade sourcilière très étendue et haute, les yeux larges, et les commissures du sourire très nettes.

Les Kouroï

Les kouroï primitifs se caractérisent par leur attitude statique et leur verticalité. Les groupes colossaux reviennent progressivement à la taille naturelle. Les muscles sont graphiques et divisés arbitrairement, sans volume particulier. L'ossature est très nette, l'aine est étroite et conventionnelle. Le visage, traité en trois plans et encadré par une chevelure perlée, s'anime peu à peu avec l'apparition du sourire archaïque, et l'angle interne de l’œil est traité.

Les îles des Cyclades nous fournissent beaucoup d'exemples de kouroï archaïques ; elles inspirent d'ailleurs les autres parties de la Grèce (voir le fameux sourire originaire des îles).

Apogée de la sculpture grecque archaïque

À l'époque archaïque la sculpture servait principalement à orner les sanctuaires ou à commémorer les morts. On retrouve les plus beaux exemples de statues dans les sanctuaires panhelléniques, par exemple à Delphes ou à Olympie.

La sculpture de cette époque s'est développée principalement dans deux cités sous le contrôle de tyrans[9] :

  • le sanctuaire d'Héra à Samos, Samos où régnait le tyran Polycrate.
  • à Athènes, où l'Acropole (lieu développé depuis 565-560) prit une place importante durant le VIe siècle av. J.-C. Le tyran Pisistrate y régna avec ses fils de 560 à 510 et dota l'Acropole de beaux monuments et de beaucoup de statues (surtout après la mort du père en 527). En 480 les Perses détruisirent l'Acropole : les Athéniens eurent l'heureuse idée d'ensevelir les statues brisées (d'ailleurs la profusion de statues pour l'Attique peut nous induire en erreur sur sa place pour cette période).

La diaspora des artistes de Grèce orientale est très importante pour le développement de la statuaire en Grèce continentale (les Grecs de l'Orient fuient alors les côtes ioniennes sous les invasions des Lydiens puis des Perses).

À cette époque l'art grec s'est libéré des servitudes orientales ; les principaux types statuaires et les éléments primordiaux du décor architectural sont en place. Les statues sont désolidarisées du volume architectural, ce qui permet le mouvement des organes. On peut noter aussi la disparition du gigantisme qui est un fait esthétique majeur.

Les porteurs d'animaux

Les deux plus vieilles statues attiques de l'Acropole sont le Moscophore et le cavalier Payne-Rampin.

Le Moscophore est dédié vers 550 par Rhombos, il est en marbre et la hauteur jusqu'aux genoux est de 96 cm. Il est vêtu, ce qui est rare, d'un manteau qui couvre ses épaules et ses cuisses. Partiellement peint, ses yeux étaient rapportés. Il porte un veau sur ses épaules pour le sacrifice ; les pattes sont croisées sur sa poitrine et la tête de l’animal est parallèle à la sienne.

Le Cavalier Rampin, lui aussi daté de 550, est en marbre ; sa hauteur conservée est de 1.105 m[10]. La tête est conservée au Louvre tandis que le haut du corps se trouve au musée de l'Acropole à Athènes. La statue commémore peut-être une victoire à la course à cheval, et probablement le statut aristocratique du dédicant.

Le « Cavalier Rampin » (la tête restaurée, Louvre 2014)

Les Kouroï

Si le type du kouros continue à dominer la sculpture grecque, celle-ci s'achemine tout de même vers plus de réalisme, comme le montre l'éphèbe de Critios, daté vers 480 av. J.C.

  • Musculature plus modelée et bien comprise, les muscles et les tendons (jusque-là représentés par des arêtes vives) commencent à avoir plus de réalisme ;
  • Meilleure intégration des différentes parties du corps et transition plus fluides ;
  • coiffure décorative en mèches coquillées ;
  • Les oreilles ne sont plus stylisées par des volutes ;
  • Le sourire est moins figé.

Certains aspects restent cependant conventionnels : les clavicules sont artificielles, l'aine est étroite, le tibia est net, et le mouvement de la jambe gauche vers l'avant reste sans conséquences sur l'anatomie.

Il faut préciser que les sculpteurs de l'époque archaïque ne tendaient pas à la représentation réaliste et continuaient à adopter des formules géométriques canonisées. Les progrès vers la représentation réaliste sont donc partiels ; par exemple les différences d'âge sont très peu marquées. Cette évolution lente d'un modèle bien géométrisé vers la représentation de la réalité est très importante dans l'art occidental.

Les Korès

Phrasikleïa, korè archaïque polychrome au Musée national archéologique d'Athènes.Vers 550 av. J.-C.

Les Korès archaïques sont en rupture forte avec les Korès dédaliques. Ce sont toujours des jeunes femmes vêtues, debout, les jambes réunies.

Les Korès sont très rarement associées aux commémorations funéraires, elles ne sont pas non plus la représentation d'une déesse : elles représentent plutôt le service rendu à la déesse. Elles tiennent la plupart du temps une offrande. Ici le traitement des drapés est très important : c'est d'ailleurs lui qui nous montre les évolutions stylistiques. En effet, elles relèvent de l'étude du drapé et de la recherche d'effets vestimentaires. Les vêtements les plus courants sont le chiton, l'himation, le péplos (on parle de korè péplophore).

L'archaïsme tardif (jusqu'en 480 env.)

Sculpture en Attique

Harmodios (à droite) et Aristogiton (à gauche), les tyrannoctones. Copies du IIe siècle (original vers 476), découvertes à la villa Adriana, musée national archéologique de Naples.
  • Endoios ;
  • Anténor, connu pour le groupe de statues en bronze des Tyrannoctones, représentant Harmodios et Aritogiton. Subsiste de l'archaîsme, cette inexpressivité des visages, qui ne reflètent en rien l'action dramatique qui emporte les corps.

Notes et références

Bibliographie : sculpture grecque

  • Bernard Holtzmann, « Le nouveau catalogue des sculptures archaïques du Musée national d’Athènes », Revue archéologique, vol. 62, no 2, , p. 383-388 (lire en ligne, consulté le ).
  • John Boardman, La sculpture grecque archaïque [« Greek sculpture: the archaic period »], Thames & Hudson, coll. « l'Univers de l'art », (1re éd. 1978), 251 p., 21 cm (ISBN 978-2-87811-076-0)
  • Jean Charbonneaux, Roland Martin et François Villard, Le Monde grec, II : Grèce Archaïque: (620-480 av. J.-C.), Paris, Gallimard, coll. « L'Univers des formes », (1re éd. 1968), 415 p., 24 cm (ISBN 978-2-07-012161-8)
  • Bernard Holtzmann, La sculpture grecque : Une introduction, Paris, Librairie Générale Française, coll. « Le Livre de Poche », , 446 p., 18 cm (ISBN 978-2-253-90599-8)
  • Claude Rolley, La sculpture grecque : volume 1. Des origines au milieu du Ve siècle, volume 1, Picard, , 438 p., 29 cm (ISBN 978-2-7084-0448-9)

Articles connexes

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