Samos

Samos (en grec moderne : Σάμος, en turc Sisam) est une île grecque de la mer Égée, proche de l'Asie mineure et située à 70 kilomètres au sud-ouest d'Izmir en Turquie. Elle forme un dème (municipalité) et un district régional de la périphérie d'Égée-Septentrionale. Son chef-lieu est la ville de Vathy ; les deux autres villes sont Chora et Pythagorion (Tigani). Elle compte 30 800 habitants (2001 ; Samiens ou Samiotes) pour 476 km2.

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Samos

Vue de Vathy
Géographie
Pays Grèce
Localisation Mer Égée (mer Méditerranée)
Coordonnées 37° 44′ 02″ N, 26° 49′ 48″ E
Administration
Périphérie Égée-Septentrionale
Dème Samos
Démographie
Plus grande ville Vathy
Autres informations
Fuseau horaire UTC+02:00
Site officiel www.samos.gr
Géolocalisation sur la carte : Grèce
Samos
Îles en Grèce

L'île est célèbre pour ses poteries rouges, réputées dans l'Antiquité ; son artisanat d'art avec ses bronzes et ses bijoux, son bois de construction, son tabac, son vin (cépage malvoisie), ses fruits, ses roses et son huile d'olive.

Elle est aussi le siège d'un évêché du Patriarcat œcuménique de Constantinople : la Métropole de Samos et Icarie.

Depuis 2016, elle a reçu un nombre important de migrants venus d'Asie et d'Afrique, en transit dans leurs déplacements vers l'Europe de l'Ouest. En juin 2019 le nombre de ces immigrés présents journellement sur l'île est estimé à 4 000.

Administration

L'île de Samos.
Le port de Pythagore, sur la côte sud-est de Samos.
Le dème de Samos depuis la réforme Kallikratis (2010).

Depuis la réforme Kallikratis de 2010, elle forme un dème et un district régional de la périphérie d'Égée-Septentrionale. Son chef-lieu est la ville de Vathy. Elle compte 30 800 habitants (2001 ; Samiens ou Samiotes) pour 476 km2.

L’île voisine d’Ikaria, avec laquelle elle formait avant cette réforme le nome (préfecture) de Samos, forme à présent un district régional distinct au sein la périphérie d'Égée-Septentrionale, qui inclut également les îles de Fourni.

Transports

L'aéroport de Samos (code IATA : SMI  code OACI : LGSM) est l'aéroport de l'île, assurant des liaisons avec différents aéroports européens.

Histoire

Préhistoire

L’île est peuplée dès le Néolithique et reçoit ensuite, tour à tour, des Cariens[1], des Lélèges et des Ioniens.

Période archaïque

Les Ioniens y sont présents depuis le Xe siècle av. J.-C.. Ils sont venus d’Épidaure. Dans l’'Iliade, Samos est appelée Samé ; l’île qu’Homère appelle Samos est Samothrace. L’étymologie semble être remonter à la racine anatolienne samo : « brillante », « lumineuse », « claire », « ensoleillée » que l’on retrouve dans Samosate[2]. C’est la patrie du fabuliste Ésope, du philosophe et mathématicien Pythagore, du mathématicien et astronome Aristarque du philosophe Épicure et de l’architecte Rhoèce, qui construisit le premier temple d’Héra, l’Héraion de Samos. Il subsiste de la Samos antique l’enceinte nord et une partie de l’enceinte est, avec ses tours et ses portes. Elle est l’une des douze cités qui forment la confédération ionienne avec Chios, Clazomènes, Colophon, Éphèse, Érythrées, Lébédos, Milet, Myonte, Phocée, Priène, Téos et lui fournit ses constructeurs de navires et ses marins. Colæos de Samos est le premier Grec à franchir les colonnes d'Hercule au VIIe siècle av. J.-C.

Liste des tyrans de Samos

Apogée sous Polycrate

De -538 à -522, Samos connaît une ère de prospérité économique ; de grands travaux, dont le tunnel d'Eupalinos, sont entrepris sous le règne fastueux de son tyran Polycrate. Il sait imposer son hégémonie à l’archipel et faire de l'île le plus puissant État maritime de la mer Égée. Polycrate est aussi un grand bâtisseur : il fait construire à Samos un grand temple dédié à Héra, un palais qui sera reconstruit plus tard par l'empereur romain Caligula, et un aqueduc.

Polycrate prend le pouvoir avec ses deux frères lors d’une fête en l’honneur de la déesse Héra. Puis il assassine le premier, Pantagnostos et exile le second, Syloson. Il s'allie au pharaon Amasis (-570/-526) et au tyran de Naxos Lygdamis et pille les cités et îles Ioniennes, notamment Lesbos et Milet. Il rompt ensuite l'alliance avec l'Égypte et passe un accord avec le roi perse Cambyse II (-528/-521). Les nobles, avec à leur tête son frère Syloson, se rebellent et attaquent Polycrate, qui perd la bataille et se retranche dans la ville de Samos (près de l'actuelle Pythagorion) d'où les nobles ne parviennent pas à le déloger. Ces derniers demandent alors de l'aide à Sparte et à Corinthe. Les Péloponnésiens débarquent et font le siège de la cité pendant 40 jours sans parvenir à la prendre. L’historien Hérodote raconte la fin de Polycrate : le satrape perse Oroitès voulant tuer Polycrate, l’invite à Sardes. Polycrate se rend dans la cité, malgré les mises en garde de sa sœur et de sa fille, qui a vu sa mort en rêve. Il y est exécuté, Oroitès le faisant crucifier, et Samos, que les Péloponnésiens ont quittée, est rattachée à l’Empire perse.

Ligue de Délos, guerre du Péloponnèse et seconde confédération athénienne

L'île est libérée des Perses à la fin de la deuxième guerre médique (-482/-479), après les victoires athéniennes contre les Perses à Salamine (-480) et Mycale (-479), et rejoint alors la Ligue de Délos présidée par Athènes.

En -440 un conflit oppose Samos et Milet pour la possession de Priène. Milet demande de l’aide à Athènes. Périclès intervient alors avec 40 navires, renverse l’oligarchie de Samos et laisse sur place une garnison. Mais les oligarques reprennent le pouvoir avec l’aide du satrape perse de Sardes et capturent la garnison athénienne et la livrent aux Perses.

Athènes ne peut accepter cette situation, Samos disposant par ailleurs d’une flotte importante. Athènes envoie deux cents navires et, après huit mois de conflit, Samos capitule, doit livrer sa flotte, payer une indemnité de guerre importante et la démocratie est rétablie.

En -412 / -411, c'est depuis Samos que le chef du parti démocrate athénien Thrasybule prend la tête d'une rébellion contre le gouvernement oligarchique des Quatre-Cents installé à Athènes. L'île est le dernier allié fidèle à Athènes à la fin de la guerre du Péloponnèse vers -404. En -387, à la paix d'Antalcidas, l'île passe à nouveau sous le contrôle des Perses. Elle est reconquise en - 365 par les Athéniens, qui expulsent une partie de la population et installent à la place des colons militaires (clérouques). Samos rejoint ainsi la Seconde confédération athénienne ; elle joue un rôle au cours de la Guerre des alliés.

Périodes hellénistique et romaine

Après la mort d'Alexandre le Grand en -323, Athènes entre en guerre contre la Macédoine et perd l'île à la suite de sa défaite en - 322 ; les colons athéniens, dont le futur philosophe Épicure, doivent à leur tour quitter Samos. L'île est ensuite disputée par plusieurs États hellénistiques : les Ptolémées, les Séleucides, le Royaume du Pont, entre autres. En -84, la cité est annexée à la province romaine d'Asie.

Après la bataille d'Actium où il défait l'Égypte et Marc Antoine en septembre -31, Auguste passe l'hiver à Samos avec sa flotte. Samos redevient libre, de cette époque jusqu'à l'empereur Vespasien (69-79) et forme plus tard avec Chios, Cos et Rhodes la province des Îles.

Période byzantine et ottomane

Aux IXe et Xe siècles, l'île appartient au thème maritime qui porte son nom : le thème de Samos, dont le siège est sur le continent, à Smyrne.

En 1346, les Génois s'emparent de Chios, Samos et Icarie et en délèguent l'administration à la famille génoise des Giustiniani jusqu'en 1566.

L'île est ébranlée par un tremblement de terre en 1475. L'eau douce ayant percolé à travers les failles en profondeur, beaucoup de sources se tarissent et l'île est alors en grande partie désertée, seuls y demeurent des bergers nomades. Lorsque les réserves d'eau se reforment, l'Empire ottoman, qui en a pris le contrôle entre-temps, permet à des colons venus de l'ensemble de l'Égée de s'y installer. Ces colons donnent parfois à leurs villages le nom de l'endroit d'où ils proviennent, d'où des toponymes comme Marathokampos (établissement des Marathoniens) ou Vourliotes (de Vourla, près de Smyrne). Certains noms ayant été oubliés, le nom de Samos désigne désormais la ville de Vathy, tandis que l'ancienne Samos est nommée, d'après la forme ronde de sa rade, Tigani (la poêle).

A partir du milieu du XVIème siècle, Samos est une escale pour les convois de la principale route maritime de l'Empire Ottoman reliant Alexandrie à Constantinople la capitale[3].

Lors de la guerre d'indépendance grecque, Samos se soulève sous la direction des chefs insurgés Lykoúrgos Logothétis et Stamatis, dont les armatoles chassent les Turcs de l'île. Plusieurs tentatives ottomanes de reconquête se soldent par des échecs.

Principauté de Samos

Drapeau de la principauté de Samos. Calqué sur le drapeau grec, il en reprend la croix blanche et la couleur bleu. Le rouge rappelle quant à lui l'Empire ottoman, dont la principauté reste vassale.

Après l'indépendance de la Grèce, les puissances occidentales choisissent de rendre Samos à la Turquie, mais en donnant à l'île un statut de principauté autonome. En 1832 le protocole de Londres, signé entre la Turquie, la France, l'Angleterre et la Russie le (traité qui garantissait, entre autres, la sécurité des Grecs de Turquie) érige Samos en « principauté autonome non héréditaire » confiée aux hospodars phanariotes chassés par le protectorat russe des principautés danubiennes de Moldavie et Valachie (où le trône n'était pas héréditaire). Comme ces principautés, Samos reste vassale de la Sublime porte. Le premier prince de Samos est Ioan Sturdza hospodar moldave déposé par les Russes en 1828, qui reçoit en 1829 à titre de compensation, du sultan Mahmoud II, l'île de Samos.

Rattachement à la Grèce

Lors de la première guerre balkanique, en 1912, Thémistocle Sophoulis s'empare de l'île avec une poignée de volontaires grecs. Ils chassent l'administration ottomane et les membres de la famille princière phanariote vers la France où ces derniers résident depuis presque un siècle. Sofoulis obtient la reconnaissance du rattachement à la Grèce en 1913.

Migrants

L'île est à deux pas de la côte turque. Aussi, les bateaux avec des migrants arrivent en permanence. Le camp, destiné à l'origine à seulement 650 demandeurs d'asile, abrite en 2019 environ 4 000 migrants du Moyen-Orient et d'Afrique. Le camp de réfugiés a presque doublé la population à Vathy et a visiblement changé la ville. Les migrants du Moyen-Orient et d'Afrique sont plus courants que les touristes occidentaux. Cette situation a pour conséquence que beaucoup de gens à Samos craignent que la présence de migrants ne nuise au tourisme[4].

Mythologie

Samos fait partie des trois îles (avec Imbros et Lemnos) dans lesquelles Achille vendit des fils du roi Priam qu'il avait capturés[5].

Archéologie

L'aqueduc, l'Héraion et le môle antique

Hérodote (3, 60) cite les trois grands ouvrages d'architecture et de génie civil de Samos :

« Je me suis d'autant plus étendu sur les Samiens, qu'ils ont exécuté trois des plus grands ouvrages qu'il y ait dans toute la Grèce.
On voit à Samos une montagne de cent cinquante orgyies de haut. On a percé cette montagne par le pied, et l'on y a pratiqué un chemin qui a deux bouches en ouvertures. Ce chemin a sept stades de longueur sur huit pieds de hauteur et autant de largeur. Le long de ce chemin, on a creusé un canal qui traverse toute cette montagne. Il a vingt coudées de profondeur sur trois pieds de largeur. Il conduit à la ville, par des tuyaux, l'eau d'une grande fontaine. L'architecte qui a entrepris cet ouvrage était de Mégare et s'appelait Eupalinos, fils de Naustrophos. C'est un des trois ouvrages des Samiens.
Le second consiste en un môle, ou une grande digue faite dans la mer, près du port, d'environ vingt orgyies de haut et de deux stades et plus de long.
Leur troisième ouvrage est un temple[N 1], le plus grand dont nous ayons connaissance. Le premier architecte de cet édifice est un homme du pays, nommé Rhœcos, fils de Philée. C'est à cause de ces ouvrages que je me suis étendu sur les Samiens[6]. »

Samos dans les arts

Poterie

La Coupe de Pythagore vient de l'ile de Samos.

Notes et références

Notes

Références

  1. Athénée, Deipnosophistes [détail des éditions] (lire en ligne), Livre XV, 672 d.
  2. Cyrille Toumanoff, (en) Studies in Christian Caucasian History, Georgetown University Press 1963, partie III, « The Orontids of Armenia », p. 280.
  3. Daniel Panzac, La Marine Ottomane de l'apogée à la chute de l'Empire, Paris, CNRS Editions, , 558 p. (ISBN 978-2-271-07444-7), p. 84
  4. (en) Florian Schmitz, Huge migrant influx scares off Greek island tourists, Deutsche Welle, 23 juin 2019.
  5. Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne], XXIV, 751-753.
  6. Hérodote, 3, 60, traduction Larcher, 1850

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

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