Saparmyrat Nyýazow

Saparmyrat Ataýewiç Nyýazow (ou en transcription française : Saparmourat Niazov, Saparmurat Niyazov, Saparmyrat Niyazow, Saparmurat Niyazov, etc.[1]), dit Türkmenbaşy (Turkmenbachi)[2], né le à Gypjak et mort le à Achgabat, est un homme politique turkmène.

Saparmyrat Nyýazow

Saparmyrat Nyýazow en 2002.
Fonctions
Président de la République du Turkménistan

(15 ans et 5 jours)
Élection
Réélection (président à vie)
Premier ministre Han Ahmedow
Prédécesseur Lui-même (président du Présidium du Soviet suprême)
Successeur Gurbanguly Berdimuhamedow
Président du Présidium du Soviet suprême de la République socialiste soviétique du Turkménistan

(5 ans, 11 mois et 25 jours)
Élection
Premier ministre Han Ahmedow
Prédécesseur Muhammetnazar Gapurow
Successeur lui-même (président de la République)
Secrétaire général
du Parti communiste du Turkménistan

(5 ans, 11 mois et 25 jours)
Prédécesseur Muhammetnazar Gapurow
Successeur parti dissous
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Gypjak, RSS du Turkménistan, URSS
Date de décès
Lieu de décès Achgabat, Turkménistan
Nature du décès Crise cardiaque
Sépulture Mosquée de Gypjak
Nationalité turkmène
Parti politique Parti communiste du Turkménistan (1962-1991)
Parti démocratique du Turkménistan (1991-2006)

Présidents du Présidium du Soviet suprême de la République socialiste soviétique du Turkménistan
Présidents de la République du Turkménistan

Il a été successivement secrétaire général du Parti communiste de la R.S.S. du Turkménistan de 1985 à 1991, président du Soviet suprême de la R.S.S. du Turkménistan en 1990 et président de la République indépendante de 1991 à sa mort en 2006. Considéré comme étant l'un des dictateurs les plus autoritaires du monde (il cumulait les postes de chef de l'État, de chef du gouvernement, de commandant suprême de l'armée et de président du Parti démocratique du Turkménistan, le seul parti autorisé), il avait également l'habitude d'imposer à son pays ses excentricités personnelles.

Biographie

Né à Gypjak, à quelques kilomètres d'Achgabat, capitale de la République socialiste soviétique turkmène, Nyýazow devient orphelin dès son plus jeune âge. Selon la version officielle, son père est mort en combattant les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale et le reste de sa famille est tué lors du violent tremblement de terre qui a dévasté Achgabat en 1948. Une autre version, officieuse, le dit fils d'un déserteur, toujours lors de la Seconde Guerre mondiale, et d'une prostituée[réf. nécessaire]. Il est ensuite élevé dans un orphelinat soviétique, avant d'être recueilli par un lointain parent. En 1962, Nyýazow rejoint le Parti communiste de l'Union soviétique au sein duquel il est rapidement promu, devenant en 1985 le chef du Parti communiste turkmène (renommé ultérieurement Parti démocratique du Turkménistan). Nyýazow, en tant que leader de la République socialiste soviétique turkmène, soutient le putsch de Moscou contre Mikhaïl Gorbatchev en 1991 et conserve le contrôle de son pays après la chute de l'Union soviétique. Il devient le premier président turkmène.

Le , il change officiellement de nom et devient Türkmenbaşy, c'est-à-dire « Chef des Turkmènes », à l'instar de Mustafa Kemal devenu Kemal Atatürk, « Père des Turcs ». Le , il est proclamé président à vie par le corps législatif fantoche du pays, le Majlis, décision confirmée en 2002 par le Conseil du peuple, qui est censé se réunir une fois par an mais qui ne l'avait plus fait depuis trois ans.

Il est décédé le d'un arrêt cardiaque. Les sources d'opposition ne sont pas sûres de la date de sa mort[3]. Le gouvernement et le conseil de sécurité ont annoncé dans un communiqué commun que le vice-premier ministre turkmène Gurbanguly Berdimuhamedow a été nommé président par intérim, alors que ce rôle aurait dû revenir au président du Parlement, Öwezgeldi Ataýew. D'après la Constitution, une élection présidentielle doit avoir lieu dans les deux mois suivant la nomination du président par intérim.

Culte de la personnalité

Billet du Turkménistan 10 000 manat (1996).

Nyýazow était un dirigeant autoritaire, connu pour le fort culte de la personnalité qui lui était voué et auquel il associait le souvenir de sa mère disparue de longue date lors d'un séisme, Gurbansoltan Eje. Considérant le Turkménistan comme une nation dépourvue d'identité nationale, il a tenté de reconstruire le pays à son image tout en en effaçant les influences russes et occidentales. Il a ainsi rebaptisé la ville au nom russe de Krasnovodsk, sur la mer Caspienne, du nom de Türkmenbaşy. Il a, en outre, donné son nom, ou celui de membres de sa famille, à divers écoles, aéroports et même à une météorite. Le visage de Nyýazow orne tous les billets de banque, et de larges portraits du président sont affichés dans tout le pays, en particulier sur les bâtiments importants, et dans les principales avenues. Des statues à son effigie, ou à celle de sa mère, sont disséminées dans tout le Turkménistan. L'une d'entre elles est située au milieu du désert du Karakoum. Une autre, plaquée d'or, se trouve au sommet d'un des plus hauts bâtiments d'Achgabat, l'Arche de la Neutralité, et pivote sur elle-même afin d'être toujours orientée vers le soleil. Une autre encore, gardée par une sentinelle, orne le parvis du Monument de l'indépendance turkmène. Nyýazow a ordonné la construction d'un palais monumental à Achgabat pour commémorer la règle qu'il a édictée : « Personnellement, je suis opposé à ce que l'on voie des images ou des statues de moi dans les rues... mais c'est ce que veut le peuple. »

Le système éducatif endoctrine les jeunes Turkmènes et fait l'apologie de Nyýazow. Les ouvrages scolaires sont presque exclusivement constitués de travaux ou de discours de Nyýazow. Le texte fondamental est le Ruhnama, ou Livre de l'Âme, une épopée nationale écrite par Nyýazow. Ce livre, un mélange d'histoire révisionniste et de lignes de conduites morales, a pour vocation d'être le « guide spirituel de la nation », et le socle des arts et de la littérature nationaux. En , il déclare d'ailleurs : « Celui qui par trois fois lira le Ruhnama trouvera une richesse spirituelle, deviendra plus intelligent, reconnaîtra l'existence divine et ira directement au paradis ».

De plus, l'alphabet a été changé : l'ancien alphabet cyrillique, proche de celui utilisé pour le russe, a été remplacé par un alphabet latin, proche du turc. Les livres de la période soviétique dans l'ancien alphabet ayant été interdits sans avoir été remplacés par de nouveaux ouvrages, les bibliothèques contiennent les seules œuvres de Nyýazow. En 2004, le dictateur a même ordonné la fermeture de toutes les bibliothèques rurales sous prétexte que, d'après lui, les villageois turkmènes ne lisent pas. La plupart des observateurs occidentaux y voient là une volonté de maintenir le Turkménistan dans l'ignorance afin de mieux y régner.

À Gypjak, le village natal de Nyýazow, un complexe à la mémoire de sa mère a été construit en 2004. Il inclut une mosquée, la Mosquée de Gypjak, estimée à cent millions de dollars (construite par Bouygues[4]) et conçue comme un symbole de la renaissance du peuple turkmène. Sur les murs de cet édifice sont inscrits des préceptes extraits du Ruhnama mêlés à des sourates du Coran. Cet état de fait est considéré comme blasphématoire par une partie des musulmans, la tradition islamique ne reconnaissant aucun égal au Coran[5].

Parmi les autres tentatives de Nyýazow pour transformer la culture turkmène, on peut citer la définition d'étapes de la vie et le changement de nom des jours et des mois de l'année, renommés en hommage à des héros ou symboles nationaux. Ainsi, janvier est devenu türkmenbaşy, avril gurbansoltan eje (nom de sa mère), septembre ruhnama et décembre bitaraplyk, c'est-à-dire « neutralité ». Tous les autres noms de mois sont concernés dans le même état d'esprit. L'année 2003 a d'ailleurs été proclamée année Gurbansoltan Eje (nom de sa mère). En 2002, il a rendu obsolète le mot traditionnel turkmène çörek, qui désigne le pain, pour le remplacer par gurbansoltan eje. En 2005, il a substitué au serment d'Hippocrate un serment au président. En 2006, une nouvelle variété de melon est baptisée türkmenbaşy. Il prétendait que son livre, le Ruhnama, a la même valeur que le Coran et la Bible.

Politique présidentielle et affaires étrangères

Nyýazow s'est fait remarquer à plusieurs reprises pour sa politique peu conventionnelle. Il a, par exemple, ordonné en août 2004 qu'un gigantesque palais de glace fût construit en plein milieu de son pays désertique, bien que de nombreux observateurs eussent affirmé que ce rêve resterait une chimère à moins qu'il n'obtînt une assistance technique.

Seules deux religions ont reçu l'autorisation de mettre en place des lieux de culte au Turkménistan : l'islam sunnite, qui est la religion d'État, et l'Église orthodoxe russe. Les organisations culturelles non turkmènes ne sont pas autorisées dans le pays.

À partir de 1993 et sa première visite officielle en France, Nyýazow noua une relation avec l'entreprise de BTP Bouygues, lui confiant la rénovation ou la construction de nombreux édifices de la capitale et des villes alentour. Entre 1994 et 2014, le Turkménistan représente la moitié de l'activité internationale de Bouygues Construction, d'après le ministère français des Affaires étrangères. Nyýazow fit également appel aux équipes de TF1, filiale du groupe Bouygues, pour rénover la première chaîne nationale turkmène. À son tour TF1 invita Nyýazow à une interview télévisée jamais diffusée, en compagnie de Patrick Le Lay, Martin Bouygues et Jean-Claude Narcy[4].

À la suite d'une prétendue tentative d'assassinat sur la personne de Nyýazow le , les autorités turkmènes ont procédé à l'arrestation d'un très grand nombre de conspirateurs supposés ainsi que de membres de leur famille. Certains détracteurs de Nyýazow affirment que cette tentative a été mise en scène afin de prendre des mesures contre l'opposition politique qui, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, allait crescendo.

Durant l'été 2004, la capitale Achgabat a été le théâtre d'une campagne de distribution de tracts appelant au renversement et au procès de Nyýazow. Les autorités se montrèrent impuissantes à mettre un terme à cette campagne, ce qui eut pour conséquence le licenciement télévisé par le président du ministre de l'Intérieur et du recteur de l'Académie de police. Nyýazow accusa le ministre d'être incompétent et déclara : « Je ne peux pas dire que vous avez eu le moindre mérite ni que vous avez combattu le crime avec beaucoup d'ardeur. »

En 2004, Nyýazow souhaite privatiser le système de santé turkmène et pour réduire les coûts licencie quinze mille salariés travaillant dans les hôpitaux, les remplaçant par des conscrits de l'armée[6]. Dans le cadre de cette réforme, le gouvernement annonce en 2005 la fermeture de tous les hôpitaux en dehors de ceux de la capitale, Aşgabat[7]. Cette informations fût finalement fausse, malgré son caractère loufoque et que la source originale de l’information ne soit plus accessible.[réf. nécessaire]

Fin 2004, Nyýazow rencontra l'ancien Premier ministre du Canada Jean Chrétien pour discuter d'un contrat pétrolier au Turkménistan pour une société canadienne. En mars 2005, la nouvelle de cette entrevue impliqua une levée de boucliers parmi les cercles d'opposition au Canada, ces derniers proclamant que l'affaire risquait d'endommager l'héritage de Chrétien.

En 2005, Nyýazow annonça que son pays allait diminuer ses liens avec la Communauté des États indépendants, l'alliance des anciennes républiques soviétiques.

À la surprise générale, Nyýazow a promis en 2005 que des élections libres et équitables auraient lieu en 2009.

Notes

  1. Saparmyrat Nyýazow ou Saparmyrat Niyazow est la forme de son nom en langue turkmène, la seule langue officielle du Turkménistan. Les autres formes sont des transcriptions diverses de la forme russe de son nom Сапармурат Атаевич Ниязов (Saparmourat Ataïevitch Niazov). La forme russe de son nom est encore aujourd’hui la plus souvent employée dans les médias occidentaux.
  2. Nom signifiant à peu près « Chef des Turkmènes ».
  3. (ru) Оппозиция узнала о смерти Туркменбаши несколько дней назад, Lenta.ru
  4. David Garcia, « Bouygues, le bâtisseur du dictateur », sur Le Monde diplomatique,
  5. Cultures of the World : Turkmenistan, Marshall Cavendish, p.93
  6. (en) Monica Whitlock, « Troops to replace Turkmen medics », BBC,
  7. (en) Monica Whitlock, « Turkmen leader closes hospitals », BBC,

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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