René Maran

René Maran, né à Fort-de-France (Martinique), le , mort à Paris 13e le , est un écrivain français, lauréat du prix Goncourt en 1921 pour son roman Batouala, dont la préface dénonce, non le fait colonial mais ce que Maran en regarde comme les abus ou dysfonctionnements. Le terme "colonialisme" parfois utilisé à son propos est très peu usité à son époque et n'appartenait pas à son vocabulaire.

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Biographie

René Maran est né le sur le bateau qui mène ses parents guyanais à la Martinique[réf. nécessaire]. Sa naissance est déclarée à Fort-de-France le [1]. Ses parents, partis au Gabon (où son père, Léon Herménégilde Maran, occupait un poste administratif colonial), le mettent en pension, dès l'âge de sept ans, au lycée de Talence puis au lycée Michel de Montaigne de Bordeaux. Il y rencontre Félix Éboué.

René Maran débute en littérature en 1909 dans la revue lilloise de Léon Bocquet : Le Beffroi. Il quitte Bordeaux en 1910, après des études de droit, et devient administrateur d'outre-mer en Oubangui-Chari en 1912. Il écrit des poèmes, puis son roman Batouala – Véritable roman nègre – qui décrit la vie d'un village africain du point de vue du chef éponyme[2]–, encouragé en cela par son ami Philéas Lebesgue qu'il vient rencontrer à Beauvais dès 1915. Dans la préface de ce roman, René Maran dénonce certains aspects de la colonisation, ce qui entraîne des controverses et lui vaut des inimitiés. Pour ce roman, il obtient le prix Goncourt en 1921, devenant à cette occasion le premier Français noir à recevoir ce prix[3].

Il met fin à sa carrière coloniale quelques années plus tard et continue celles d'écrivain et de journaliste littéraire et de radio à Paris où il résidera dorénavant. Durant la Seconde Guerre mondiale, il n'est pas inquiété par les autorités occupantes. Dans son œuvre romanesque inspirée par l'Afrique, il lui arrive de montrer les rapports parfois difficiles entre Noirs et Blancs, notamment le poids du racisme imposé par les institutions coloniales[2] . Il est aussi un excellent écrivain animalier et dénonce la cruauté des hommes envers les animaux. Très attaché à la France, Français patriote en dépit de certains griefs qu'il exprime dans sa très belle correspondance avec Philéas Lebesgue, il écrit des biographies qui retracent la vie de « grands Français », notamment de ceux qui ont découvert les terres du futur Empire français. Dans sa correspondance, il cite souvent les trois plus grands amis qu'il admire[4] : Félix Éboué, Philéas Lebesgue et Manoel Gahisto[5].

Dans les années 1930, René Maran fréquente le salon littéraire de Paulette Nardal où il rencontre Léopold Senghor, Aimé Césaire, Jean Price Mars[6]. René Maran exprime des réserves sur le mouvement naissant de la négritude dont il se méfie :

« Considéré par les Noirs comme un précurseur de la négritude, il avouait qu'il la comprenait mal et avait tendance à y voir un racisme plus qu'une nouvelle forme d'humanisme. Il se voulait, par-dessus tout et avec obstination « un homme pareil aux autres » »

 Lilyan Kesteloot[7].

Il est enterré à Paris, au cimetière du Montparnasse (11e division)[8].

Œuvre

  • 1912 : La Vie intérieure, poèmes 1909-1912, Paris, Éd. du Beffroi, 157 p.
  • 1921 : Batouala - Véritable roman nègre, prix Goncourt, Paris, éd. Albin Michel, 169 p. (notice BnF no FRBNF30875366)[9]
  • 1922 : Le Visage calme, Paris, Éd. du Monde nouveau, 87 p.
  • 1924 : Le Petit Roi de Chimérie, Paris, Éd. Albin Michel, 237 p.
  • 1927 : Djouma, chien de Brousse, roman, Paris, Éd. Albin Michel, 253 p.
  • 1931 : Le Cœur serré, autobiographie, Paris, Éd. Albin Michel, 252 p. (notice BnF no FRBNF36566415)
  • 1931 : Asepsie noire !, Paris- Laboratoire Martinet, 45 p., illustrations.
  • 1934 : Le Livre de la brousse, roman, Paris, Éd. Albin Michel, 287 p. (notice BnF no FRBNF32415554)
  • 1935 : Les Belles images, poèmes, Bordeaux, Éd. Delmas, 83 p.
  • 1938 : Livingstone et l'Exploration de l'Afrique, Paris, Gallimard, collection La découverte du monde, 276 p. (ISBN 9782071015084)
  • 1941 : Bêtes de la brousse, Paris, Éd. Albin Michel, 253 p. (notice BnF no FRBNF32415543)
  • 1941 : Brazza et la Fondation de l'A.E.F, Paris, Gallimard, collection La découverte du monde, 307 p. (ISBN 9782071015091)
  • 1943 : Les Pionniers de l'Empire (tome 1), Paris, Éd. Albin Michel, 331 p.
  • 1943 : Mbala, l'éléphant, Illustrations de André Collot, Paris, Éd. Arc-en-Ciel, 187 p. (notice BnF no FRBNF32415560)
  • 1944 : Peine de cœur (dédié à Lucien Descaves), Paris, S.P.L.E., Éd. Univers, 207 p.
  • 1946 : Les Pionniers de l'Empire (tome 2), Paris, Éd. Albin Michel, 413 p.
  • 1947 : Un homme pareil aux autres, Paris, Éd. Arc-en-Ciel, 248 p. (notice BnF no FRBNF32415549)
  • 1951 : Savorgnan de Brazza, Paris, Éditions du Dauphin, 246 p., ill.
  • 1957 : Félix Eboué, grand commis et loyal serviteur, 1885-1944, Paris, Éditions Parisiennes.
  • 1953 : Bacouya, le Cynocéphale, roman, Éd. Albin Michel, 240 p.
  • 1958 : Le Livre du souvenir, (notice BnF no FRBNF32415559)

Hommages

À l'occasion du centenaire de l'attribution du prix Goncourt et de la reparution (édition préparée et augmentée) de Batouala, la Bibliothèque nationale de France organise en partenariat avec l'Académie Goncourt, le , un évènement commémoratif dans son Grand auditorium[10].

Notes et références

  1. Acte de naissance n° 1059 du 22 novembre 1887 de René Herménégilde MARAN, né à Fort-de-France rue Blondel le 5 novembre 1887 à dix heures et demie du matin de Herménégilde Léon MARAN âgé de 22 ans et de Marie Corina LAGRANDEUR âgée de 22 ans son épouse
  2. Elsa Geneste, « René Maran contre Maurice Delafosse : penser la question noire de la France impériale en la comparant à celle des États-Unis ségrégationnistes dans les années 1920 », dans Myriam Cottias et Hebe Mattos (dir.), Esclavage et subjectivités dans l’Atlantique luso-brésilien et français (XVIIe-XXe siècles), Marseille, OpenEdition Press, (ISBN 9782821855823, lire en ligne)
  3. Cécile Baquey, « Qui était René Maran, le premier écrivain noir à recevoir le prix Goncourt en 1921 ? », sur la1ere.francetvinfo.fr, (consulté le )
  4. François Beauvy, Philéas Lebesgue et ses correspondants en France et dans le monde de 1890 à 1958, thèse de doctorat, 2003, Université de Paris X - Nanterre, publiée par Ed. Awen, 2004, 674 p.
  5. Jacques de Cauna, Article René Maran in Le Dictionnaire de Bordeaux : IIIe siècle av. J.-C.-XXIe : IIIe siècle av. J.-C.-2006, Paris, Loubatières, .(notice BnF no FRBNF40147783)
  6. Sur René Maran et Gaston Monnerville, consulter Bernard Mouralis, « René Maran et Gaston Monnerville : entre négritude et radicalisme », sur redalyc, Francofonia, 14, 2005, (consulté le )
  7. Lilyan Kesteloot, Histoire de la littérature négro-africaine : XXe – XXIe siècle : 1930-2001, Paris, Karthala Editions, (lire en ligne).(notice BnF no FRBNF37651181)
    Consulter fascicule Le fonds René Maran à la bibliothèque municipale (B.M. Bordeaux, 2007, 19 p.Jean Michel Andrault, « Batouala (1921) et René Maran », Jean Michel Andrault, Hommages René Maran.pdf, (consulté le )
  8. Le Cimetière Montparnasse, Marie-Laure Pierard, p. 187, éditions De Borée, 2009.
  9. Édition de 1928 illustrée par Alexandre Iacovleff, (notice BnF no FRBNF30875367)
  10. Monique Calinon, « René Maran, précurseur de la négritude », Chroniques de la BnF, no 92, , p. 29 (ISSN 1283-8683).

Voir aussi

Bibliographie

  • Hommage à René Maran, Présence africaine, 1965, 311 p.
  • Sylvie Brodziak , « René Maran », dans Christiane Chaulet Achour, avec la collaboration de Corinne Blanchaud, (dir.), Dictionnaire des écrivains francophones classiques : Afrique subsaharienne, Caraïbe, Maghreb, Machrek, Océan Indien, Éd. H. Champion, Paris, 2010, p. 290-293 (ISBN 978-2-7453-2126-8)
  • Femi Ojo-Ade, René Maran, écrivain négro-africain, Fernand Nathan, 1977.
  • (en-US) Femi Ojo-Ade, René Maran, the Black Frenchman: a bio-critical study, Three Continents Press, Washington, 1984, 265 p.
  • (en-US) Keith Cameron, René Maran, Boston : Twayne Publishers, 1985.
  • Charles Onana, René Maran : le premier Goncourt noir, 1887-1960, Éd. Duboiris, Paris, 2007, 193 p. (ISBN 978-2-916872-01-8)

Non publié :

  • Thierry Sinda, Révolte, critique sociale et tradition dans la littérature négro-africaine des origines à 1960, Université de Cergy-Pontoise, 2000, 445 p. (thèse de Lettres)
  • Géraldine Woloch, René Maran : un écrivain négro-africain sous la colonisation, Institut d'études politiques de Grenoble, Saint-Martin-d'Hères, 1995, 173 p. (mémoire)

Liens externes

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