Railcoop

Railcoop est une société de transport ferroviaire française privée créée en 2019, dont le siège social se situe à Cambes (Lot). Dans un contexte d’ouverture à la concurrence du marché du transport ferroviaire à partir de , Railcoop s’est donné pour objectif de renforcer l’usage du ferroviaire sur tous les territoires afin de contribuer à la transition écologique.

Railcoop

Logo de Railcoop.

Schéma des futures dessertes voyageurs.

Création
Fondateurs Dominique Guerrée, Simon Brunet, Nicolas Debaisieux, Quercyrail
Forme juridique SCIC (de type SA à capital variable)
Siège social Cambes (46)
 France
Direction Nicolas Debaisieux
Alexandra Debaisieux
Président Dominique Guerrée
Sociétaires 3 128 (2020)
Activité transport ferroviaire en France
Effectif 5 (2020)
SIREN 880 624 267
Site web www.railcoop.fr

Chiffre d'affaires 0 (2020)
Résultat net −233 697  (2020)

Son statut est celui d’une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), sous forme de société anonyme (SA) à capital variable.

La coopérative n’est, à la mi-2020, pas encore habilitée à faire rouler des trains. Elle souhaite faire rouler des trains de marchandises mi-2021 et de voyageurs mi-2022. Son premier projet est le rétablissement d’une liaison ferroviaire directe entre Bordeaux et Lyon à la suite de l'arrêt de l’exploitation par la SNCF en 2014[1],[2].

Historique

Contexte

Dans un contexte de réchauffement climatique, Railcoop considère que le train est un maillon essentiel de la transition écologique en cours[3].

Les besoins de mobilité sont en forte croissance. Il est notamment prévu 44 % d’augmentation du trafic routier d’ici à 2050 par rapport à 2012[4]. Pourtant, les infrastructures ferroviaires restent largement sous-exploitées : en 2018, 80 % du trafic se concentre sur 40 % seulement du réseau[5]. Si 90 % des Français résident à moins de 10 kilomètres d’une gare[6], 30 % de ces gares ne sont pas desservies[7] et le réseau actuel sert en priorité les grandes villes et les axes entre Paris et la province[8]. L’usage du fret ferroviaire en France reste très inférieur aux autres pays européens[8].

Longtemps resté un service public, le transport ferroviaire français se conforme à la règlementation communautaire en s’ouvrant progressivement à la concurrence privée : à partir de , des concurrents à la SNCF peuvent faire rouler des trains en France[9].

L'association de préfiguration (d'avril à novembre 2019)

L’association loi 1901 de préfiguration Railcoop est créée le , à Blars dans le Lot. Elle regroupe notamment des personnes militant pour le maintien de la ligne de Cahors à Capdenac, avec l’association Quercyrail.

Elle rassemble un premier collectif de personnes issues d’univers variés (milieu ferroviaire, économie sociale, éducation populaire, protection de l’environnement) pour essayer de développer un nouvel opérateur ferroviaire (en l'occurrence un opérateur ferroviaire de proximité). Le but de cette association de préfiguration était de valider la faisabilité technique, économique et juridique liée à la création d’une société coopérative d'intérêt collectif (SCIC) dans le domaine ferroviaire.

La coopérative (depuis novembre 2019)

Railcoop devient une société coopérative d'intérêt collectif (SCIC) le , lors d’une assemblée générale qui se tient à Cajarc dans le Lot. Le projet comptait trente-deux sociétaires lors de sa transformation en SCIC. Son siège est installé à la pépinière d’entreprise du Grand-Figeac à Cambes, mais l’équipe opérationnelle est répartie sur le territoire français[10].

Le , Railcoop notifie à l’Autorité des marchés financiers (AMF) son intention de faire une offre au public de titres financiers. Cet appel est officiellement ouvert le lendemain et connaît un fort succès, malgré le contexte particulier lié à la crise de la covid-19, puisque le nombre de sociétaires double en une semaine.

En , l’entreprise ambitionne de faire rouler des trains de marchandises mi-2021 et de voyageurs mi-2022[11]. Le , Railcoop notifie à l’Autorité de régulation des transports (ART) ses premiers services voyageurs pour le service annuel 2022.

Les sociétaires peuvent se réunir en cercles, dont les réflexions doivent alimenter le projet coopératif. Il existe des cercles thématiques (gouvernance, fret, service annuel 2023, nouveaux services…) et des cercles géographiques (Bordeaux, Lyon…)[12]. Le cap de 1,5 million d'euros souscris nécessaires au capital pour obtenir une licence ferroviaire est atteint en février 2021, grâce à un peu plus de 5 000 sociétaires[13].

La composition du sociétariat

Chacun des sociétaires est rattaché à l'un des cinq collèges : personnes physiques, collectivités locales et institutions, personnes morales, salariés, partenaires techniques et financiers.[14]

Le syndicat mixte du Livradois-Forez[15] a été la première institution à devenir sociétaire au sein du collège « Collectivités locales et institutions ». La Creuse a été le premier département, suivi de l'Allier en mai 2021.

Mission

La mission de Railcoop est de redonner du sens à la mobilité ferroviaire en impliquant citoyens, cheminots, entreprises et collectivités autour d’une même mission : développer une offre de transport ferroviaire innovante et adaptée aux besoins de tous les territoires. Railcoop voit dans le transport ferroviaire « un maillon essentiel de la transition écologique en cours »[16],[17],[18], complémentaire aux mobilités douces.

La coopérative constate trois carences de l’organisation actuelle du transport ferroviaire qui ne permettent pas, selon elle, d’exploiter le réseau ferré au maximum de sa capacité :

  • « Les entreprises ferroviaires sont soumises à des contraintes fortes de rentabilité, ce qui les oblige à se positionner sur des axes à fort trafic, au détriment de la desserte fine des territoires.
  • L’équilibre du modèle économique du transport ferroviaire n’est assuré que par le revenu des billets ou les subventions publiques, sans prises en compte des externalités positives du ferroviaire (sécurité grâce au guidage par rail, gabarit permettant la multi-modalité, desserte de centre-ville, confort de roulement, faible empreinte environnementale…).
  • Le modèle centralisé d’organisation du ferroviaire en France, qui ne permettrait pas de prendre en compte la diversité des besoins de mobilité des territoires et limiterait de facto le potentiel d’innovation du ferroviaire. »[16]

Premiers projets

Voyageurs

Railcoop a annoncé vouloir relancer le Lyon – Bordeaux, une liaison abandonnée par la SNCF en 2014[19],[1],[2]. Des horaires ont été notifiés à l'ART en pour trois circulations quotidiennes à partir de mi-2022, dont une de nuit[20],[3]. Neuf gares intermédiaires seraient desservies dans un tracé passant par Limoges et Guéret, plus au nord que l’itinéraire historique à cause de la fermeture du tronçon entre Ussel et Clermont-Ferrand[21]. Ce tracé plus long impose notamment quatre rebroussements. Un autre itinéraire plus au sud par Aurillac a été déposé en cas de travaux[22]. 5 millions d'euros seront nécessaires pour mettre en œuvre cette ligne, issu du capital et de prêts de banques[13].

D’autres lignes nationales sont étudiées pour 2023 : Toulouse Rennes[23] et Lyon Thionville[24].

Fret

Railcoop envisage à partir de 2021, de faire circuler des trains de marchandises entre la zone industrielle de Figeac et Toulouse[25], plus précisément entre Viviez - Decazeville, près de Capdenac, et le triage de Saint-Jory, au nord de Toulouse-Matabiau[26]. L'offre sera constituée par un aller-retour quotidien desservant les cours de marchandises, mais pas de desserte du dernier kilomètre[26]. La rentabilité du service sera assurée si un taux de remplissage de 85 % est atteint[26]. 18 wagons[26] et trois locomotives Vossloh G 1206 BB seront loués pour assurer ce service[27], qui devrait commencer en septembre 2021[26],[27].

Partenaires

Railcoop participe également au collectif des « Licoornes », composé de neuf coopératives alternatives qui développent des services solidaires et des produits du quotidien dans le sens de la transition citoyenne et écologique : le fournisseur d’électricité renouvelable Enercoop, la coopérative de covoiturage Mobicoop, le réseau coopératif d’opérateurs d’autoportage Citiz, l’opérateur de télécommunications TeleCoop, la coopérative de finances solidaires La Nef, ainsi que le mouvement Emmaüs, Commown et Coopcircuits[28],[29],[30],[31].

Notes et références

  1. Adrien Vergnolle, « Terminus pour la ligne Bordeaux-Lyon qui desservait la Dordogne », sur www.sudouest.fr, (consulté le ).
  2. Clémentine Maligorne, « La ligne ferroviaire Bordeaux - Lyon en passe d'être relancée par une coopérative ferroviaire », sur www.lefigaro.fr/, (consulté le ).
  3. « Auvergne-Rhône-Alpes. Train: une ligne directe Lyon-Bordeaux réactivée en 2022? », sur www.leprogres.fr (consulté le ).
  4. « Projections de la demande de transport sur le long terme » [PDF].
  5. « Le marché français du transport ferroviaire en 2018 » [PDF].
  6. « Premier bilan du transport ferroviaire de voyageurs en France » [PDF].
  7. DataFrance, « DataFrance | Plateforme de visualisation de données ouvertes », sur DataFrance (consulté le ).
  8. « p. 18 du Bilan du marché français du transport ferroviaire en 2018 » [PDF].
  9. Direction de l’information légale et administrative, « 7 questions sur l'ouverture du transport ferroviaire à la concurrence | Vie publique.fr », sur Vie publique, (consulté le ).
  10. « RAILCOOP », sur https://societe.ninja/, (consulté le ).
  11. « Les ambitions de Railcoop, la société coopérative ferroviaire née dans le Lot », sur ladepeche.fr (consulté le ).
  12. « Les cercles de sociétaires » [PDF], sur railcoop.fr, (consulté le ).
  13. « RailCoop concrétise son projet de liaison ferroviaire entre Lyon et Bordeaux en 2022 », BFM TV, (consulté le ).
  14. « Statuts daté du 29 mai 2021 » [PDF].
  15. « Notre communauté », sur railcoop.fr (consulté le ).
  16. Statuts de Railcoop [PDF].
  17. « Le Bordeaux-Lyon de Railcoop passera par Guéret et Limoges », sur www.lanouvellerepublique.fr/, (consulté le ).
  18. J.-P. C., « Train: une ligne directe Lyon-Bordeaux réactivée en 2022? », sur www.leprogres.fr, (consulté le ).
  19. Baptiste Gaborit, « Railcoop va-t-elle faire renaître la ligne de train Lyon-Bordeaux, abandonnée par la SNCF ? », Radio Classique, (lire en ligne).
  20. ART, « Horaire Railcoop SA2022 Bordeaux-Lyon » [PDF] (consulté le ).
  21. France Bleu Limousin, « La SNCF dément l'abandon de la ligne Ussel-Clermont », (consulté le ).
  22. ART, « Horaire Railcoop Bordeaux-Lyon via Aurillac » [PDF] (consulté le ).
  23. ART, « Horaire Railcoop Toulouse-Rennes » [PDF] (consulté le ).
  24. ART, « Horaire Railcoop Lyon-Thionville » [PDF] (consulté le ).
  25. Simon Chodorge, « Qui est Railcoop, la coopérative qui veut rétablir un train direct entre Bordeaux et Lyon pour 2022 ? - Transport », L'Usine nouvelle, (lire en ligne, consulté le ).
  26. « Railcoop desservira une première ligne en 2021 », Actu-Transport-Logistique.fr, (consulté le ).
  27. « Cette année, railcoop se lance dans le fret », Rail Passion, (consulté le ).
  28. « Licoornes, les coopératives du monde d’après – Collectif pour une Transition Citoyenne » (consulté le ).
  29. « Les Licoornes, ces nouvelles coopératives qui défient le capitalisme », sur WE DEMAIN, (consulté le ).
  30. Michel Waintrop, « Les coopératives revendiquent leur place dans le monde de la « tech » », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le ).
  31. Reporterre, « Des coopératives se regroupent pour une alternative aux géants du web », sur Reporterre, le quotidien de l'écologie (consulté le ).

Lien externe

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