Racisme systémique

Le racisme systémique est un concept, critiqué ou interrogé, décrivant une forme de discrimination systémique dans lequel une société, de par sa culture, induit des comportements empreints de préjugés négatifs à l’égard des personnes racisées. Ce racisme est systémique dans la mesure où il perdure dans le temps et se reproduit.

Définition

Approche systémique

En prenant une approche systémique, le racisme systémique un système représentant la société et où retrouve un ensemble d'entités sociétales telles que les institutions, les organisations privées ou publiques et bien sûr les individus. C'est le dynamisme de ses entités qui forme une culture générale. Cette culture est d'abord une culture héritée, c'est-à-dire acquise. Dans le cas d'un racisme institutionnel, celle acquise est la culture institutionnelle colonialiste ou esclavagiste. Cependant, une culture raciste peut être issue d'autres racines telles que la religion, l'éducation, etc. Peu importe la cause, elle est considérée systémique dans la mesure où la présence du même type de racisme perdure dans le temps et se reproduit[réf. nécessaire].

Racisme

Si le racisme est comme une idéologie selon laquelle il existe des races au sein de l'espèce humaine et que certaines catégories de personnes sont intrinsèquement supérieures à d'autres, le concept de racisme systémique, parce qu’il est plus insidieux, peut être plus difficile à percevoir.

La Commission des droits de la personne et de la jeunesse du Québec[1] le définit ainsi :

« Une production sociale d’une inégalité fondée sur la race dans les décisions dont les gens font l’objet et les traitements qui leur sont dispensés. L’inégalité raciale est le résultat de l’organisation de la vie économique, culturelle et politique d’une société. Elle est le résultat de la combinaison de ce qui suit : la construction sociale des races comme réelles, différentes et inégales (racialisation); les normes, les processus et la prestation des services utilisés par un système social (structure); les actions et les décisions des gens qui travaillent pour les systèmes sociaux (personnel). »

Cette forme de racisme est souvent inconsciente puisque la culture dans lequel il évolue normalise les comportements ayant des « effets de perpétuer les inégalités vécues par les personnes racisées notamment en matière d’éducation, de revenus, d’emploi, d’accès au logement et aux services publics. »[2] Autrement dit, les effets à proprement dit ne sont pas causés par des actions délibérées des individus d'une société, mais les mécanismes sociaux intrinsèques et hérités d'une société.

Racisme institutionnel

Selon Stokely Carmichael et Charles V. Hamilton, « le racisme institutionnel est un racisme voilé qui plonge ses racines dans le colonialisme et l’esclavagisme tout en étant indissociable de l’historicité de classe de la société états-unienne. Le concept est cependant porteur d’ambivalence car il alterne entre la désignation d’institutions précises et une approche plus systémique. En examinant plusieurs situations contemporaines au prisme de ce concept, le dossier proposé ici déplace le regard sur les discriminations institutionnelles dont le dévoilement a déjà fait l’objet de plusieurs contributions dans la revue Migrations Société. »[3]

Selon ses auteurs et dans la culture anglophone, le racisme institutionnel est souvent utilisé comme un synonyme de racisme systémique.[4]

Critique du concept

Aux États-Unis, la critique du racisme systémique est le fait d'une droite républicaine et conservatrice. Une partie de l'opinion publique américaine, blanche et conservatrice est déstabilisée par la diversité culturelle et rejette la notion de racisme systémique[5].

Pour Pierre-André Taguieff, les notions de « racisme institutionnel », « racisme structurel » et « racisme systémique » dérivent de la définition antiraciste du racisme fabriquée par des militants afro-américains révolutionnaires à la fin des années 1960. Selon lui, ces termes ne seraient pas l'expression d’une conceptualisation du racisme, mais « une arme symbolique qui consiste à réduire le racisme au racisme blanc censé être inhérent à la « société blanche » ou à la « domination blanche », celle-ci étant la seule forme de domination raciale reconnue et dénoncée par les néo-antiracistes. ». Selon Taguieff, ce « nouvel antiracisme » recourt à des catégories raciales pour se définir, ce qui crée un antiracisme racialiste, voire raciste. L'Occident, qui est ainsi « essentialisé et démonisé en tant que raciste », devient « l’objet principal d’une haine sans limites »[6].

Selon Mathieu Bock-Côté, le racisme systémique serait un concept flou ayant peu de valeur scientifique[7]. Autrement dit, « si vous n’admettez pas la présence du racisme systémique, vous êtes vous-mêmes raciste. »[8]

Olivier Galland, sociologue et directeur de recherche au CNRS, s'interroge sur la possibilité d'examen scientifique de ce concept et sa réfutabilité au sens de l'épistémologie de Karl Popper[9].

Pour le chercheur Daniel Sabbagh, directeur de recherche au Centre de recherches internationales, la notion de racisme systémique empêcherait de distinguer les différents mécanismes propres au racisme, risquerait d'affaiblir les anti-racistes et de banaliser l'accusation de racisme[10].

Bibliographie

Articles connexes

Références

  1. « Mémoire à l’office de consultation publique de Montréal dans le cadre de la consultation publique sur le racisme et la discrimination systémiques », sur Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, p. 7
  2. « IRIS | Qu’est-ce que le racisme systémique? », sur iris-recherche.qc.ca (consulté le )
  3. Xavier Dunezat, Camille Gourdeau, « Le racisme institutionnel : un concept polyphonique », sur cairn.info
  4. (en) « Institutional racism », dans Wikipedia, (lire en ligne)
  5. Stéphanie Le Bars, « La « critical race theory », nouvel avatar de la guerre culturelle aux Etats-Unis », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  6. Pierre-André Taguieff : "Ce pseudo-antiracisme rend la pensée raciale acceptable", marianne.net, 25 octobre 2020
  7. Mathieu Bock-Côté, « Racisme systémique: pourquoi il faut refuser ce concept », sur Le Journal de Montréal (consulté le )
  8. Mathieu Bock-Côté, « La loi 101 est-elle raciste? Apparemment, selon certains «antiracistes» », sur Le Journal de Québec (consulté le )
  9. Olivier Galland Où va la sociologie?
  10. Daniel Sabbagh, « Le « racisme anti-Blancs » existe-t-il ? », sur Cogito, (consulté le )
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