Proclamation de la République française du 4 septembre 1870

La proclamation de la République française du est la proclamation au Peuple français par laquelle la République est rétablie après le Second Empire, fondant ainsi la Troisième République.

Proclamation de la République du (haut-relief en bronze de Léopold Morice, Monument à la République, Place de la République, Paris, 1883).
Plaque commémorative de la proclamation de la République près de la tombe du Soldat inconnu.

Contexte

Le , l'empereur Napoléon III capitule à l'issue de la bataille de Sedan. Il est fait prisonnier. La nouvelle est connue à Paris le , y déclenchant des troubles.

Déroulement

Réunion du Corps législatif

La foule devant le Corps législatif au matin du (Jacques Guiaud, 1870, musée Carnavalet, Paris).

Les députés du Corps législatif sont convoqués d'urgence au Palais Bourbon par leur président, Eugène Ier Schneider. La séance commence à 1 h du matin ce et s'achève une demi-heure plus tard. Le député Jules Favre prononce ces mots : « Louis-Napoléon Bonaparte et sa dynastie sont déclarés déchus du pouvoir. Il sera nommé par le Corps législatif une commission [...] investie de tous les pouvoirs du gouvernement et qui aura pour mission expresse de résister à outrance à l'invasion et de chasser l'ennemi du territoire. [...] Le général Trochu est maintenu comme gouverneur général de Paris »[1].

La séance reprend quelques heures plus tard. Les journaux ayant exhorté la foule à venir nombreuse devant le palais pour exiger la déchéance de l'empereur, un service d'ordre de grande ampleur a été détaché en vue d'assurer la sécurité des députés ; c'est en effet quelque 5 000 hommes (sergents de ville et inspecteurs de police, gendarmes à pied et à cheval, soldats de la garnison) qui sont massés à proximité de l'édifice par le chef du gouvernement, Cousin-Montauban[2].

Dans l'hémicycle, Léon Gambetta exige la déchéance de l'empereur tandis qu'Adolphe Thiers veut seulement créer un « comité de gouvernement et de défense nationale ». La séance est agitée et le public, jusque-là sagement assis dans les tribunes, profite d'une suspension de celle-ci pour sortir du palais et agiter mouchoirs et chapeaux du haut des marches. À 14 h 30, on entrouvre les grilles pour laisser entrer quelques députés et une centaine de gardes mais, très vite, une foule de Parisiens force l'entrée et s'engouffre dans l'enceinte du palais ; aucune résistance n'est opposée et bientôt la foule s'entasse dans les tribunes. Gambetta demande alors à l'assistance de ne troubler les débats « ni par des cris, ni par des applaudissements ». Le député Crémieux demande à Cousin-Montauban de renvoyer les gendarmes, leur présence étant perçue comme une provocation ; celui-ci obtempère et, quelques minutes plus tard, les émeutiers envahissent l'hémicycle. Les députés tentent de tempérer la foule et ainsi ramener le calme : « c'est comme représentant de la Révolution française que je vous adjure d'assister avec calme au retour des députés sur leur banc ! », hurle Gambetta. Ces tentatives d'apaisement sont vouées à l'échec ; devant la clameur incoercible de la foule criant à la déchéance de l'empereur et à l'instauration de la République, Schneider fait lever la séance et se retire. Renonçant à faire voter ses collègues, Favre interpelle la foule en lui criant que ce n'est pas ici qu'il faudra proclamer la République ; et Gambetta de conclure du haut de la tribune : « Allons à l'hôtel de ville ! »[3].

Les événements à l'hôtel de ville

Léon Gambetta proclamant la République à l'hôtel de ville de Paris, le (Howard Pyle).

Depuis l'hôtel de ville, accompagné d'autres députés, Léon Gambetta proclame la République.

Texte intégral

« Français !
Le Peuple a devancé la Chambre, qui hésitait. Pour sauver la Patrie en danger, il a demandé la République.
Il a mis ses représentants non au pouvoir, mais au péril.
La République a vaincu l'invasion en 1792, la République est proclamée.
La Révolution est faite au nom du droit, du salut public.
Citoyens, veillez sur la Cité qui vous est confiée ; demain vous serez, avec l'armée, les vengeurs de la Patrie !
Hôtel de ville de Paris, le .
Signé : Emmanuel Arago, Adolphe Crémieux, Pierre-Frédéric Dorian, Jules Favre, Jules Ferry, Antoine-Léonce Guyot-Montpayroux, Léon Gambetta, Louis-Antoine Garnier-Pagès, Joseph-Pierre Magnin, Francisque Ordinaire, Pierre-Albert Tachard, Eugène Pelletan, Ernest Picard, Jules Simon. »

Antécédents

Avant le , la République avait déjà été proclamée, en France, à deux reprises :

Notes et références

  1. Pierre Miquel, La Troisième République, Paris, Fayard, , 739 p. (ISBN 2-213-02361-1), p. 27.
  2. Miquel 1989, p. 27.
  3. Miquel 1989, p. 28-29.

Voir aussi

Bibliographie

  • Olivier Le Trocquer, « Le  », dans Christian Delporte et Annie Duprat (dir.), L'événement : Images, représentations, mémoire, Grânes, Créaphis, , 265 p. (ISBN 2-913610-29-3).

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