Prieuré Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Souvigny

Le prieuré Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Souvigny est situé dans la commune de Souvigny, dans l'Allier, en plein cœur de l'ancienne province du Bourbonnais. Souvigny était au Moyen Âge l'une des cinq filles aînées de la puissante abbaye de Cluny, en Bourgogne. Souvigny possédait beaucoup de paroisses et de petits prieurés, dont il encaissait les revenus dans le Bourbonnais et même au-delà comme Mars-sur-Allier et Champvoux, en Nivernais. Le prieuré est rattaché au diocèse de Clermont, de la province de Bourges. Il prendra le nom de prieuré Saint-Pierre de Souvigny puis prieuré Saint-Mayeul de Souvigny, puis de nouveau Saint-Pierre.

Prieuré Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Souvigny
Présentation
Nom local Prieuré Saint-Mayeul de Souvigny
Culte Catholique romain
Type Prieuré
Début de la construction XIe siècle (église prieurale)
Fin des travaux XVe siècle (église prieurale)
Autres campagnes de travaux XVIIe siècle (bâtiments)
Style dominant Roman et gothique
Protection  Classé MH (1840, 1926, Église prieurale, bâtiments)
 Classé MH (2001)
Géographie
Pays France
Région Auvergne
Département Allier
Ville Souvigny
Coordonnées 46° 32′ 06″ nord, 3° 11′ 36″ est
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Allier

Histoire

Au Xe siècle, le sire de Bourbon Aymar donne à l'abbaye de Cluny une partie de ses terres. Un monastère est alors érigé à cet emplacement. Quelques décennies plus tard, deux illustres abbés de Cluny, Mayeul et Odilon, viennent y mourir tour à tour. L'abbaye devient alors un lieu de pèlerinage où même le roi de France Hugues Capet se rend en 994 après la mort de Mayeul. L'église est reconstruite pour accueillir les fidèles de plus en plus nombreux sur le modèle de Cluny III. Elle comprend alors deux transepts, un chœur et un déambulatoire, trois tours. Les ducs de Bourbon décident d'y installer leur nécropole ducale. L'édifice s'enrichit alors de chapelles puis des parties hautes sont reconstruites : la voûte sur croisés d'ogives et le chœur.

En 1097, lors de son passage à Souvigny, le pape Urbain II confirme par une bulle la possession de l'église de Marigny à Bernard, quatrième prieur de Souvigny. Cette possession fut confirmée une seconde fois, le , par une bulle du pape Eugène III. En 1393, les visiteurs de la province prescrivent au prieur d'obliger le chantre à instruire les enfants[1].

Fermée à la Révolution, l'église priorale fut rendue au culte en 1852 et classée Monument historique par arrêté du .

Les arrêtés de classement aux monuments historiques en vigueur concernent les restes de l'abbaye (1926) et la totalité du prieuré (2001)[2].

Le , la maison de Bourbon y célèbre le onzième centenaire de sa fondation à Souvigny. Plus de 450 personnes sont alors présentes, parmi lesquelles le prince Louis de Bourbon et nombre de Bourbons issus des branches d'Espagne, de Sicile et du Luxembourg[3].

Sanctuaire de la paix

Depuis l'époque médiévale, ce lieu est l'objet de pèlerinages en raison des deux abbés de Cluny qui y reposent. À la suite de la Révolution et de la destruction du tombeau des abbés en 1793, et jusqu’à l’arrivée d’une nouvelle communauté de moines (Communauté Saint-Jean) en 1991, le prieuré-sanctuaire demeure une simple église paroissiale. En 2003, la prieurale est proclamée Grand Sanctuaire roman d’Auvergne. Le chemin de Saint-Jacques est rénové. Le diocèse, qui depuis longtemps entretient le prieuré, décide d’investir encore davantage pour accueillir pèlerins et touristes.

Après le départ de cette communauté en 2013, Mgr Laurent Percerou, nouvellement évêque de Moulins, fait renaître le pèlerinage aux saints abbés Mayeul et Odilon en 2016 ; 2 000 pèlerins sont à ce premier rendez-vous : des évêques, des pères-abbés, des communautés religieuses et de nombreux fidèles. Mgr Percerou y fonde un Centre diocésain d’Art Culture et Foi. L’année suivante, en 2017, il déclare ce sanctuaire Sanctuaire de la paix dans la fidélité à la vocation profonde d’Odilon de Mercoeur[4]. En effet, grand voyageur et homme de charité, cet homme institua le le jour des défunts ; il fut un artisan de paix dans les violences féodales de l’an mil, et promoteur de la Trêve de Dieu.

Architecture

Église prieurale

La prieurale témoigne du style roman et du style gothique. La structure est romane (murs goutteraux…) mais la voûte est gothique. La façade est elle aussi reconstruite à l'époque gothique tout en conservant les deux clochers romans qui la surmontent. Ce prieuré a permis au style bourguignon de se développer dans les nombreuses églises romanes du pays de Souvigny grâce à son appartenance à la puissante abbaye de Cluny.

L'église mesure 84 mètres de longueur ; la voûte atteint 17 mètres.

Dans cette église fut retrouvé un pilier sculpté auquel fut donné le nom de Zodiaque de Souvigny[5] ; ce pilier roman présente un calendrier avec les travaux du mois dans les champs. Il est visible au musée de Souvigny.

La nef a été restaurée entre 2006 et 2008. Les gisants de Mayeul et Odilon de Cluny, enterrés dans l'église, mais dont la tombe avait été profanée à la Révolution française, y ont été reconstitués en 2009 à partir des morceaux trouvés lors de fouilles au début des années 2000[6].

Les vitraux du chœur datent de 1438. Une partie a été détruite par une explosion au début en 1918[6].

À droite du chœur, la chapelle vieille présente une voûte peinte du début du XVe siècle. Elle contient les gisants de Louis II de Bourbon et d'Anne d'Auvergne, ainsi qu'une Mise au tombeau du Christ datée du XVIe siècle[6].

La sacristie est peinte à fresques du XVIIIe siècle.

Orgue

En 1783, le facteur du roi François-Henri Clicquot fait construire un orgue ; celui-ci accompagne les offices et fait l’objet de nombreuses manifestations musicales, notamment lors des Journées musicales d'automne[7]. Deux associations travaillent à son entretien et à son rayonnement : Souvigny Festival (organisatrice des JMA) et l'AOCS, fondée en 2018[8]. L'orgue, célèbre, est classé aux monuments historiques depuis 1975[9].

Cloître

Le cloître a été réaménagé en 1432. Aujourd'hui, il ne reste que les cinq travées de la galerie occidentale. Sur le mur méridional de l'église, les corbeaux Renaissance qui supportaient la charpente d'une partie du cloître apparaissent encore. Sur la face opposée à la portion de cloître subsistant, s'élèvent encore les derniers vestiges de la salle du chapitre[10].

Jardin

Le jardin de Souvigny est à mi-chemin entre le jardin à la française et le jardin médiéval. Afin de rappeler le passé viticole du département, des pieds de vigne ont été plantés dans le fond du jardin (vin de Saint-Pourçain). On trouve 220 rosiers de différentes espèces, des plantes médicinales et aromatiques, des espèces rares. Depuis le grand escalier, le visiteur peut contempler l'ensemble de ce jardin où la fontaine sert d'axe de symétrie.[11]

Bâtiments conventuels

Propriétés, revenus

(liste non exhaustive)

Prieurés
Églises et cures
  • L'église paroissiale de Marigny : l'église primitive a disparu à la fin du XIe siècle pour faire place à l'église actuelle, placée sous le vocable de Saint-Pourçain et dépendant avec la cure du prieuré bénédictin de Souvigny.

Cartulaires

Prieurs

Depuis la donation d'Aymar en 910 jusqu'au XIe siècle, Souvigny fut gouverné directement par les abbés de Cluny. Le monastère devient par la suite un prieuré, mais la date exacte n'est pas connue. Le premier prieur dont on garde une trace est Guy de Macon. Il fut probablement prieur entre 1078 et 1095, si l'on se réfère au Livre des anniversaires du prieuré de Souvigny[15].

(liste non exhaustive)

  • 1097 : Dom Bernard[16] ;
  • 1432 : Dom Cholet. Il va faire procéder au réaménagement du cloître ;
  • 1639 : Dom Séverin de Lanchy (originaire de Péronne).

Moines et personnalités célèbres

Galerie

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Dom G. Charvin, Statuts, chapitres généraux, et visites de l'Ordre de Cluny, t. V, 1360-1408, Paris, De Boccard, 1969, p. 333.
  2. « Prieuré bénédictin de Souvigny », notice no PA00093300, base Mérimée, ministère français de la Culture
  3. Olivier Vidal, « Les Bourbons fêtent leur onzième centenaire dans l'Allier », France Info, (lire en ligne, consulté le ).
  4. « À Souvigny, la paix a son sanctuaire », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  5. Voir sur www.lieux-insolites.fr.
  6. « Souvigny, fille de Cluny, met en valeur son patrimoine - La Tribune de l'Art », sur www.latribunedelart.com (consulté le )
  7. « Souvigny Festival », sur souvigny-festival.com (consulté le )
  8. (en) « L'association | Amis de l'Orgue Clicquot de Souvigny AOCS », sur Mysite (consulté le )
  9. « PM03000514 », sur www.culture.gouv.fr (consulté le )
  10. Cloître de Souvigny
  11. « JARDIN DU PRIEURÉ DE SOUVIGNY - Comité des Parcs et Jardins de France », sur www.parcsetjardins.fr (consulté le )
  12. Archives départementales de la Nièvre: 1.Q.860. Dîmes, ventes des biens, traitements et pensions (Chantenay-Saint-Imbert), 1790-1791.
  13. Archives départementales de la Nièvre, sous-série 1.Q. 861. Dîmes et soumissions des biens (Mars-sur-Allier), 1790.
  14. Archives départementales de la Nièvre, sous-série 1.Q. 862. Dîmes et soumissions des biens (Saint-Parizé-en-Viry), 1790-an XI.
  15. M.Fazy, Le Livre des anniversaires du prieuré de Souvigny, Moulins : Crépin-Leblond, , 63 p. (lire en ligne)
  16. Léon Cote, Moines Ducs à Souvigny, Nouvelles Editions Latines, (lire en ligne)
  • Portail de l’architecture chrétienne
  • Portail du catholicisme
  • Portail du monachisme
  • Portail de l’Allier et du Bourbonnais
  • Portail des monuments historiques français
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.