Abbaye de Cluny

L'abbaye de Cluny est une abbaye bénédictine située dans le département français de Saône-et-Loire en région Bourgogne-Franche-Comté.

Pour les articles homonymes, voir Cluny.

Abbaye Saint-Pierre et Saint-Paul de Cluny

L'abbaye Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Cluny.

Abbaye mère Rattachée au Saint-Siège
Fondation 909 ou 910 - 1130
Diocèse Diocèse d'Autun (doyenné du Mâconnais)
Style(s) dominant(s) Roman (Cluny III)
Protection  Classé MH (1862, 1902, 1960)
Localisation
Pays France
Région historique Bourgogne-Franche-Comté
Département Saône-et-Loire
Commune Cluny
Coordonnées 46° 26′ 04″ nord, 4° 39′ 33″ est
Géolocalisation sur la carte : Cluny
Géolocalisation sur la carte : Saône-et-Loire
Géolocalisation sur la carte : France

Fondée le [n 1] ou 910 par le duc d'Aquitaine et comte d'Auvergne Guillaume Ier, devenue le symbole du renouveau monastique en Occident, Cluny fut un foyer de réforme de la règle bénédictine et un centre intellectuel de premier plan au Moyen Âge classique.

Il ne subsiste aujourd'hui qu'une partie des bâtiments, faisant l'objet de protections au titre des Monuments historiques[1] et gérés par le Centre des monuments nationaux. L'ancienne abbaye dispose du Label du patrimoine européen. Les bâtiments de l'abbaye abritent depuis la fin du XIXe siècle l'un des huit centres de l'école des Arts et Métiers, grande école d'ingénieurs française.

Fondation

Contexte : la France au début du Xe siècle

Vers 900, la France était dirigée par la dynastie carolingienne ; mais sous la pression des attaques des Vikings et des Sarrasins, l'autorité royale s'était fortement affaiblie, et les princes territoriaux et les seigneurs avaient pris leur indépendance de fait. L'effacement du pouvoir royal était particulièrement prononcé au sud[2]. Dans le Mâconnais, où se trouve le site de Cluny, les seigneurs châtelains et immunistes contestèrent le pouvoir et choisirent les prélats[3]. L'Église fut prise dans le système féodal et dans l'affrontement entre les abbés et les évêques au sujet des dîmes. Le clergé régulier fut particulièrement touché par la crise : de nombreux monastères furent victimes des raids scandinaves et de l'accaparement des aristocrates. La crise était aussi morale puisque la règle de Benoît de Nursie n'était plus respectée à la lettre. Écrite au VIe siècle, la règle bénédictine prévoyait que les moines fussent dirigés par un abbé et qu'ils partageassent leur temps entre la prière et le travail manuel. Au début du IXe siècle, Benoît d'Aniane tenta de la diffuser dans tous les monastères de l'Empire carolingien. Mais le travail manuel fut délaissé au profit de la prière. Les laïcs nommèrent des abbés qui leur furent fidèles et contrôlèrent ainsi les domaines fonciers des établissements réguliers.

Une abbaye bénédictine indépendante du pouvoir séculier

L'abbaye fut fondée dans ce contexte, et sur le modèle de celle d'Aurillac, par une charte rédigée à Bourges le ou 910[4], par le comte de Mâcon, Guillaume Ier, duc d'Aquitaine et comte d'Auvergne, qui la plaça sous l'autorité immédiate du pape[5]. Le comte octroya une villa située près de Mâcon à Bernon, abbé de Baume-les-Messieurs et de plusieurs monastères dans la région. Ce fut ce dernier qui choisit le site de Cluny et construisit les premiers bâtiments conventuels avec l'aide de douze moines des abbayes de Gigny et de Baume[6],[n 2]. L'abbaye fut reconnue comme chef d'ordre par le pape Jean XI, sous l'abbatiat d'Odon en 931.

Guillaume renonça à tous ses droits sur Cluny et permit à l'abbé d'être choisi par les moines. Il plaça la communauté monastique sous le patronage des apôtres Pierre et Paul de Tarse ; Cluny passa désormais sous la protection directe du pape, sous le pontificat de Serge III. Ce fut une abbaye immunitaire, c'est-à-dire qu'elle était indépendante à la fois de l'évêque et des seigneurs de la région, et elle ne devait obéissance qu'au pape. Cet élément joua un grand rôle dans le développement de l'abbaye.

Lors de la fondation, le comte imposa enfin le respect de la règle bénédictine et attendit que les moines priassent pour son salut :

« Je fais ce don stipulant qu'un monastère régulier devra être construit à Cluny […], dont les moines vivront en communauté selon la règle du bienheureux Benoît. […] Que soit ainsi établi en cet endroit un asile de prières où s'accompliront fidèlement les vœux et les oraisons. Que soit ainsi recherché et poursuivi, avec une volonté profonde et une ardeur totale, le dialogue avec le ciel. Que des prières, des demandes et des supplications y soient sans cesse adressées au Seigneur tant pour moi que pour tous ceux dont j'ai précédemment évoqué la mémoire[5]. »

Construction de l'abbaye

L'abbaye de Cluny fut construite en plusieurs étapes, numérotées par K.-J. Conant.

Cluny I

L'abbé Bernon, premier abbé de Cluny, commença la construction de l'abbatiale Cluny I en 910. Cluny I fut terminée sous son successeur Odon et dédicacée avant 927[7]. L’église préexistante de Cluny fut alors convertie en chapelle dédiée à la Vierge Marie[8]. Aujourd'hui, il ne reste plus rien de Cluny I, qui fut détruite pour laisser place aux édifices de l’abbaye de Cluny II. Des vestiges trouvés en fouilles sous le bâtiment du XVIIIe pourrait correspondre à la crypte d'un édifice antérieure à Cluny II, difficile à dater. La découverte d'un sarcophage mérovingien donne peu d'information, dans la mesure où il n'est pas possible de conclure si il est in-situ ou remployé[9].

Cluny II

Le complexe monastique de Cluny II est connu grâce aux descriptions du Liber Tramitis, un coutumier des années 1035-1040[10]. Le quatrième abbé de Cluny (954-994), Maïeul de Cluny, construit Cluny II à partir de 963, pour remplacer l'édifice précédent, devenu trop étroit ; l'église abbatiale fut consacrée en 981[11]. Cluny II se caractérise par un chevet complexe avec plusieurs absidioles et une galilée (avant-nef), située à l'ouest. Le développement du chevet témoigne de l'essor de la liturgie et des pèlerinages. À la croisée du transept (étroit) et du vaisseau central (large), s'élevait un haut clocher, du type de celui qui subsiste à Chapaize. Cette disposition du clocher au-dessus de la croisée devint la règle quasiment absolue pour toutes les églises romanes de la région.

Deux autres sanctuaires furent élevés dans son voisinage. Un petit édifice treflé était la chapelle cémétériale, sous le vocable de Notre-Dame du cimetière, ou bien du Saint-Sépulcre. Communiquant au chapitre, une grande chapelle (40m de long) était aussi dédiée à la Vierge, cette fois-ci pour les dévotions de la communauté et pour les infirmes. Elle fut probablement construite autours de 1080-1090[9].

Cluny III

Reconstitution de l'abbatiale Cluny III.

L'ensemble de Cluny III est connu par d'anciens plans[12].

La construction de Cluny III débuta vers 1080 sous l'abbatiat de Hugues de Semur. L'expansion de l'Ordre, le nombre de moines sans cesse croissant assistant aux offices, et les chantiers imposants ouverts dans toutes les abbayes rivales, voire de simples prieurés, rendirent obsolète l'abbatiale de Maïeul, décrite comme « bergerie étroite et vétuste » dans la Vie de saint Hugues par Geilon vers 1115. En 1088 eut lieu la pose symbolique d'une première pierre. En 1095, le pape Urbain II consacra deux pierres d'autel et trois chapelles au milieu du chantier. La nef fut fermée et dédicacée en 1130, mais l'édifice était loin d'être achevé : le bras nord du transept, les tours et l'avant-nef furent, au mieux, commencés à cette date. Interrompu au cours de la deuxième moitié du XIIe siècle, le chantier reprit au début du XIIIe siècle et vit l'achèvement de l'immense avant-nef en 1220 par l'abbé Rolland Ier de Hainaut, de style gothique. L'abbatiale devint alors, pour trois siècles, le plus grand édifice religieux d'Occident (187 mètres de long[13]), jusqu'à la reconstruction de la basilique Saint-Pierre de Rome en 1506.

Plan de l'abbaye de Cluny (selon Viollet-le-Duc).

Le plan de l'édifice est en forme de croix archiépiscopale : il y a deux transepts. Le grand transept, dont un bras subsiste aux trois quarts, était long à lui seul comme une petite cathédrale. Il était surmonté de trois clochers : le « clocher de l'Eau bénite » surplombe toujours le bras sud, le « clocher des Bisans » surplombait le bras nord, et enfin le « clocher du Chœur », le plus imposant de tout l'édifice, couronnait la croisée centrale. Plus loin vers l'est, au milieu du chœur, se trouvait un petit transept, appelé « transept matutinal », qui subsiste aussi en partie. Son croisillon central était surmonté d'une tour, dite « Tour des lampes », dont la fonction est mal définie : elle comportait en effet un tambour octogonal sans aucune ouverture, surmonté d'une flèche[14].

La nef était encadrée par quatre collatéraux et la voûte s'élevait à 33 mètres au-dessus du sol[13].

Histoire de l'abbaye

L'apogée (Xe – XIIe siècles)

Pendant l'abbatiat d'Odon de Cluny (927-942), Cluny obtient le droit de battre monnaie et un grand nombre de monastères bénédictins se rassemblent sous son autorité[15]. Odon met en place la bibliothèque et l'école. De son temps, les donations sont quasiment multipliées par quatre (21 donations sous l’abbé Bernon, 82 sous Odon) et leur accroissement continue sous Mayeul (620 donations), Odilon (613 donations) et Hugues (786 donations). Une part importante de ces donations concerne des moulins, outils de production générateurs de revenus notables et sûrs, qui font l'objet de 44 % des donations entre 910 et 1156[16],[n 3].

Pendant les quarante années d'abbatiat de saint Mayeul, ses liens avec le Saint-Empire favorisent l'extension de l’Ecclesia cluniacensis vers l'est. Mayeul est certainement l'un des conseillers écoutés d'Hugues Capet, duc puis roi des Francs, ce qui lui permet de réformer des monastères et d'y placer des abbés réguliers. Enfin, il poursuit les relations qu'Odon avait nouées avec la papauté.

Sous l'abbatiat d'Odilon de Mercœur (994-1049), Cluny devient un seigneur et obtient un privilège d’exemption octroyé par le pape Grégoire V en 998. Ce privilège, qui permet à l'abbaye d'être indépendante de l'évêque de Mâcon, est prolongé par Jean XIX en 1024.

L'abbatiat de Pons de Melgueil (1109-1122) est marqué par les crises internes de l'ordre clunisien, dues à la concurrence de l'érémitisme et de nouveaux ordres (cisterciens et chartreux).

Le , le pape Étienne IX confirme le privilège monétaire de Cluny. Les statuts d'Hugues V de Cluny (1199-1207) organisent un chapitre généralement annuel. L'ordre clunisien était structuré en un réseau de « provinces ». À son apogée, l'Église de Cluny compte environ 10 000 moines répartis dans 1 200 établissements[17] répandus depuis le nord de l’Angleterre jusqu'à l’Espagne, en passant par l'Italie et le Saint-Empire romain germanique.

Le fut solennellement proclamé le ban sacré de l'abbaye de Cluny, par le pape Urbain II. À la demande de l'abbé Hugues de Semur, le pape assigna autour de l'abbaye un espace de paix auquel il donna le nom de ban sacré, dont le contour s'appuyait sur dix points caractéristiques de l'environnement (espace inviolable intégrant plusieurs doyennés)[18].

Le succès de Cluny, qui essaima dans toute la chrétienté latine, était dû à son émancipation du pouvoir seigneurial et épiscopal, mais aussi à l'action de ses abbés, qui connurent une longévité exceptionnelle. Sa situation géographique, à la charnière entre Europe du Nord et du Sud, entre royaume de France et Empire, était également favorable.

L'abbaye s'enrichit rapidement grâce aux dons des fidèles. Elle est un lieu de pèlerinage important, avec plus de mille reliques vénérées[19]. Alphonse VI octroie une rente annuelle de 100 000 deniers clunisiens vers 1077[20]. Les autres revenus de l'abbaye proviennent des droits seigneuriaux et banaux qu'elle prélève et des sommes versées par ses prieurés.

Son réseau de prieurés, doyennés et granges assure le maillage de ses importants domaines, et est à l'origine d'un important patrimoine bâti, dont il subsiste encore de nombreux édifices qui témoignent de l'organisation économique médiéval. Ces structures domaniales se mettent en place dès le XIe siècle, et sont mentionnées dans les coutumes : le decannus (doyenné) se situe jusqu'à une demi-journée de marche de Cluny, et dépendent directement du grand-prieur de l'abbaye. La plupart de ces sites se situaient de part et d'autre de la Grosne[21].

Cluny, un centre majeur de culture

L'abbaye constitue un foyer intellectuel et culturel important du Xe au XIIe siècle : Odon rassemble les premiers manuscrits de la bibliothèque en rapportant des livres provenant de Saint-Martin de Tours[22]. Les ouvrages conservés à Cluny se multiplient rapidement grâce à l'activité du scriptorium : on en connaît le nombre (570) grâce au grand catalogue (XIe et XIIe siècles)[23]. La bibliothèque conserve des œuvres patristiques et des maîtres carolingiens, parmi lesquels Jean Scot Erigène[24]. Sous l'abbatiat de Pierre le Vénérable qui fait agrandir l'hospice et l'infirmerie[25], elle est plus importante que celle de l'abbaye du Mont-Cassin en Italie[26]. On pouvait y trouver des textes latins (Tite-Live, Ovide, Cicéron), mais aussi des livres de médecine ou de musique.

C'est à Cluny que Raoul Glaber rédige la plus grande partie de ses Histoires à partir de 1031. Les abbés sont aussi des auteurs. Odon de Cluny produit une Vie de Géraud d’Aurillac. Les moines clunisiens écrivent aussi des récits hagiographiques. La chancellerie de l'abbaye produit plusieurs cartulaires ainsi que les coutumes de l'établissement. Le Guide du pèlerin a sans doute été écrit par Aymeri Picaud à Cluny au XIIe siècle[27].

Cluny est aussi un centre d'études de premier ordre. Le droit romain est resté vivant par l'étude de fragments de textes juridiques datant du règne de Justinien Ier[28]. Les thèses néoplatoniciennes y survivent et nourrissent la réflexion sur l'organisation de la société. Les chapiteaux du déambulatoire de l'abbatiale de Cluny III figurent les arts libéraux, autrement dit les disciplines enseignées au Moyen Âge. Enfin de l'abbaye sortent des personnages éminents tels que le pape Urbain II.

Hôtes illustres

Ont séjourné à Cluny :

Déclin et destruction des édifices

Du XIIe siècle à la Révolution

À partir du XIIe siècle, Cluny connut des difficultés financières importantes, provoquées en grande partie par la construction de la troisième abbatiale. La charité aux pauvres augmenta les dépenses. Le rayonnement de l'abbaye s'affaiblit progressivement devant la montée d'autres ordres religieux (cisterciens, puis mendiants au XIIIe siècle). La mauvaise gestion des terres, la réticence des filiales à payer le cens annuel furent autant de sources de revenus en moins. L'établissement leva des emprunts et finit par s'endetter auprès de ses créanciers, marchands de Cluny ou Juifs de Mâcon[29]. Les conflits avec les prieurés se multiplièrent et l'autorité du pape devint plus pesante. Au XIVe siècle, le pape nommait fréquemment les abbés. Les crises de la fin du Moyen Âge et les guerres de religion au XVIe siècle affaiblirent un peu plus l'abbaye. Les moines vivaient dans le luxe et ne furent plus qu'une soixantaine au milieu du XVe siècle[30]. À partir du concordat de Bologne en 1516, le roi choisit l'abbé de Cluny.

En 1789, l’abbaye devint bien national à la suite du décret du qui mit les biens de l’Église à la disposition de la Nation. La période révolutionnaire fut fatale à l'ensemble des édifices monastiques et à son église. Les révolutionnaires détruisirent l'édifice qui était en bon état à l'aide de mines dès 1791 en ayant préalablement vendu les tapisseries et le mobilier, ainsi que les objets du culte[réf. nécessaire]. Les archives furent brûlées en 1793 et l'église fut livrée aux pillages. Le domaine de l'abbaye fut vendu en 1798 pour 2,14 millions de francs. En dépit de diverses initiatives lancées pour protéger l'abbaye de la destruction[n 4], son abbatiale fut peu à peu démolie. Le , on fit exploser la façade et le grand portail. L'abbaye servit de carrière de pierres jusqu'en 1813 pour les maisons du bourg. Il ne reste plus, de nos jours, que 8 % de l'édifice initial.

Le XIXe siècle

Dans les années 1860, à l'initiative du ministre de l'Instruction publique Victor Duruy, Cluny fut dotée d'une école normale spéciale, qui s'installa dans les édifices de l'ancienne abbaye et dont la première rentrée eut lieu le [31].

Le XXe siècle

Le , la ville est bombardée et une bombe dégage la place devant l'avant-nef[32].

Sauvegarde et protection des vestiges

Dès les années 1820-1830, dans la chapelle de style gothique flamboyant Jean de Bourbon[33], la ville de Cluny abrite son premier dépôt lapidaire autour des chapiteaux du rond-point. Un musée est ouvert en 1886 au palais Jean de Bourbon.

Aujourd'hui, il ne reste que des édifices construits aux XVIIe et XVIIIe siècles, notamment un cloître, ainsi qu'une petite partie de l'abbatiale dite Cluny III. De cette dernière ne subsistent que les bras sud du grand et du petit transept, ainsi que le clocher de l'Eau bénite, qui coiffe le croisillon sud du grand transept. On peut voir aussi les restes des tours des Barabans, qui encadraient le portail, et les parties basses de l'avant-nef. Tout cela représente moins de 10 % de la surface de Cluny III qui fut la plus grande église de l'Occident jusqu'à la construction de Saint-Pierre de Rome, cinq siècles plus tard. L'abbaye abrite depuis 1901 un centre Arts et Métiers ParisTech (anciennement ENSAM) formant des ingénieurs des arts et métiers.

Kenneth John Conant

En 1926, l'archéologue américain Kenneth John Conant commence ses recherches sur l'abbatiale. À partir de 1927, il reprend les fouilles menées avant la Première Guerre mondiale par Edmond Malo, architecte en chef des Monuments historiques pour la Bourgogne. Ses fouilles se poursuivirent jusqu'en 1950, financées par la Medieval Academy of America[34]. Conant publia sa monographie avec les dessins de restitutions en 1968. À propos de cet édifice, il écrivit que « c'était un témoin de l'art roman supérieur à tout autre »[35]. Dès 1938-1940, une maquette est réalisée à partir des hypothèses de Conant : les parties disparues sont restituées en volume au moyen d'une armature métallique. Cette maquette est exposée à la Cité de l'architecture et du patrimoine, dans la section consacrée à la Bourgogne romane.

Fouilles archéologiques des années 1990

De nouvelles fouilles, menées en 1991-1992, furent effectuées dans des cours interieures (Galilée, chapelle de la congrégation) et permirent de dégager des élévations encore importantes de structures secondaires liées aux abbatiales de Cluny II et III. Des sépultures modernes ont aussi été trouvées. Le résultat de ces fouilles a contribué à une meilleure compréhension des circulation monastiques, mais aussi des processus de construction des chantiers des deux dernières abbatiales[36].

Reconstitutions en 3D

L'abbaye de Cluny dispose d'une riche histoire de reconstitutions en images de synthèse, en premier lieu avec le programme Cluny IV, initié par une équipe allemande qui dès 1990-1991 a produit une cartographie en trois dimensions de l'abbaye qui s'appuyait sur le plan de fouille de 1968, tandis que deux étudiants ingénieurs des Arts et métiers, à l'aide de simples ordinateurs Atari, s'engageaient dans le même travail. Ces étudiants s'intéressaient non seulement au plan de l'abbaye mais aux matières. Leurs moyens informatiques ne permettaient pas d'atteindre leurs ambitions alors ils se sont rapidement tournés vers IBM qui les a accompagnés afin de produire des représentations animées en images de synthèses, sur ordinateurs IBM RS6000 et à l'aide des logiciels IBM CAD, CATIA et TDImage. Le résultat a été présenté dès juin 1992 au musée Ochier à Cluny, puis en 1993 au musée de Cluny à Paris[37].

En 2009, les Arts et Métiers ParisTech entreprennent une campagne de numérisation de Cluny III dans le cadre du projet Gunzo[38]. Cela a abouti à une reconstitution virtuelle en 3D de l’ensemble de l'édifice. En 2012, une exposition au musée du Moyen Âge, « Cluny 1120 au seuil de la major ecclesia », est consacré à ce travail[39].

Classement à l'inventaire des monuments historiques

L'ancienne abbaye fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1862[1]. Il s'agit d'un classement très vaste, comprenant de nombreux éléments architecturaux (dépendances, palais, tours, murs d'enceinte, édifices communs, écuries, etc.). L'ensemble est un site archéologique inscrit le [40]. La tour Fabri fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [1]. Enfin, le terrain près de la tour des Fromages fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le .

Manuscrit et trésor

Le manuscrit retrouvé de Cluny

Le manuscrit retrouvé de Cluny (vue partielle).

À la Révolution, en 1798, l'abbaye fut vendue pour servir de carrière de pierres, ses archives furent brûlées et la bibliothèque inestimable des moines bénédictins fut saccagée. Avec les autres manuscrits, le traité de l'organisation monastique De Institutis coenobiorum, recopié d'après un texte du Ve siècle du moine Jean Cassien, fut confié au collège de la ville, puis disparut. Tout au long du XIXe siècle, la BnF racheta ce qu'elle put sur le marché. Un maigre extrait de quatre pages se trouve en la possession de la bibliothèque municipale de Mâcon. Mais le texte principal est introuvable.

En , dans un catalogue de l'hôtel Drouot, une pièce présentée comme datant du XIIe siècle et sans origine géographique fut mise en vente et repérée par un ancien conservateur général des manuscrits de la BnF. Après une rapide enquête sur les bases de données du ministère de la Culture, notamment la « Base enluminures » et le catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques, le spécialiste acquit la conviction qu'il s'agissait du fameux manuscrit. Alors qu'il allait être acheté par un acquéreur privé pour 53 000 euros, l'État parvient in extremis à faire jouer son droit de préemption[41].

Neuf cents ans après avoir été écrit, ce manuscrit disparu depuis plus de deux siècles, produit par un moine copiste de l'abbaye de Cluny entre 1075 et 1100, a rejoint les collections de la BnF[42].

Le trésor médiéval de l'abbaye

Dans le cadre d'une opération de fouille, plus de 2 200 deniers et oboles en argent, 21 dinars d'or almoravides appelés marabotins, un anneau sigillaire et d'autres éléments en or ont été découverts sur le site de l'abbaye en [43],[44]. Il s'agit d'une découverte majeure, car c'est la première fois qu'on retrouve un tel trésor réuni dans un même ensemble clos.

Héraldique

Blason de l'abbaye de Cluny.

Armes de l'abbaye de Cluny : « de gueules, à deux clefs d'or en sautoir, traversées d'une épée en pal, à lame d'argent, la poignée d'or en pointe. » La clef et l'épée font référence respectivement à saint Pierre et à saint Paul, auxquels l'abbaye est consacrée. Les clefs en sautoir seraient une faveur papale.

Religieux célèbres de l'abbaye

  • Geoffroy II de Semur ou III, frère d'Hugues : Il fonda en 1056 le monastère de Marcigny avec son frère Hugues et, en 1060, figure avec son jeune fils dans la charte de fondation de l'abbaye de Saint-Rigaud. Il se retira, après le décès de son épouse en 1088, à l'abbaye de Cluny et reçut l'habit de l'ordre des mains de son frère. Il est le père de Raingarde de Semur. Il meurt à l'abbaye le .
  • Morand de Cluny (? -1115), saint patron de la vigne et du vin, fut moine à Cluny.
  • Pierre le Vénérable (1092-1156), abbé dès 1122, réforme les finances de l'abbaye. Il est considéré comme le dernier des grands abbés de Cluny.

Abbayes et prieurés dépendants

Abbayes

Prieurés

Les « cinq filles » de Cluny :

Ainsi que :

Vues de l'abbaye

[47]

Œuvres de fiction sur Cluny

Bande dessinée

Helen C.White To the End of the World 1939 (U. of Wisconsin 1940 Macmillan) Fine historical novel on the period preceding 1789

  • Alcante, Luca Malisan, Paolo Francescutto, La Conjuration de Cluny, 2010, Glénat/Les éditions du patrimoine. Thriller médiéval au sein de Cluny au XIIIe siècle.

Notes et références

Notes

  1. L'abbaye est fondée le 2 septembre 909, selon la date proposée par le grand historien de Cluny Guy de Valous, dans Histoire de la Bourgogne, Collectif sous la direction de Jean Richard, Privat, 1978. [lire en ligne].
  2. Au sujet des voies qui, aux siècles ultérieurs, relièrent Cluny à ses « origines jurassiennes » (monastères de Baume-les-Messieurs et de Gigny), lire : « Cluny : 1 100 ans. Les chemins du Jura à Cluny », article d'Alain Dessertenne paru dans la revue « Images de Saône-et-Loire » no 161 de mars 2010 (pages 3 à 8).
  3. Entre le Xe et le XIIIe siècle, l’abbaye acquiert 137 moulins (en propriété entière) et reçoit 13 donations de parts de moulins (propriété partielle, correspondant à 1/8, 1/4, 1/3, la moitié ou tout autre division des parts).
  4. En particulier du chimiste Jean-Antoine Chaptal, ministre de l'Intérieur sous le Consulat (de 1801 à 1804). À ce sujet, consulter l'article d'Alain Dessertenne, « Cluny 2010 : quand Chaptal voulait sauver l'abbaye », revue « Images de Saône-et-Loire » no 163, septembre 2010, p. 2.

Références

  1. Notice no PA00113220, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. Robert Delort, La France de l’An Mil, Seuil, coll. « Points Histoire », , p. 248.
  3. Delort 1990, p. 249.
  4. Dominique Iogna-Prat, article « Cluny », 2002, p. 305.
  5. Acte de fondation de Cluny le 11 septembre 909, par Guillaume d'Aquitaine. Voir A. Bernard et A. Bruel 1876, t. 1, p. 124-128 ; Texte latin.
  6. Gerhards 1992, p. 7.
  7. Ghislain Brunel et Élisabeth Lalou, Sources d'histoire médiévale, Paris, Larousse, (ISBN 2037410042), p. 106.
  8. Cluny I sur bourgogneromane.com.
  9. Neil Stratford, « Les bâtiments de l'abbaye de Cluny à l'époque médiévale. État des questions. », Bulletin Monumental, vol. 150, no 4, , p. 383-411 (lire en ligne).
  10. Dom Anselme Davril, Éric Pallazo, La vie des moines au temps des grandes abbayes, Hachette, 2000, (ISBN 2012354505), p. 236.
  11. Delort 1990, p. 179.
  12. Dominique Barthélémy, L’ordre seigneurial, XIe XIIe siècle, Seuil, 1990, p. 74.
  13. Gerhards 1992, p. 46.
  14. Julie Roux, Cluny, MSM, , p. 243.
  15. Gerhards 1992, p. 18.
  16. État de l’équipement en moulins du monastère de Cluny pendant le Moyen Âge. Thèse, Lyon II, 2010.
  17. Gerhards 1992, p. 14.
  18. « Itinérances autour des doyennés clunisiens et du ban sacré », livret édité par la FAPPAH, juin 2016, introduction de Jean-Denis Salvèque (ISBN 978-2-9556826-0-9).
  19. Gerhards 1992, p. 48.
  20. Gerhards 1992, p. 49.
  21. Pierre Garrigou Grandchamp, Alain Guerreau, Jean-Denis Salvèque, Edward Impey, « Doyennés et granges de l'abbaye de Cluny. Exploitations domaniales et résidences seigneuriales monastiques en Clunisois du XIe au XIVe siècles. », Bulletin Monumental, vol. 157, no 1, , p. 71-113 (lire en ligne).
  22. Delort 1990, p. 253.
  23. Dom Anselme Davril, Éric Pallazo, La vie des moines au temps des grandes abbayes, Hachette, 2000, (ISBN 2012354505), p. 187.
  24. Delort 1990, p. 254.
  25. Julie Roux, Cluny, MSM, , p. 250
  26. Gerhards 1992, p. 41.
  27. Gerhards 1992, p. 42.
  28. Delort 1990, p. 55.
  29. Gerhards 1992, p. 78-79.
  30. Gerhards 1992, p. 85.
  31. « Un ministre méconnu en Saône-et-Loire : Victor Duruy et l'école normale spéciale de Cluny », article d'Alain Dessertenne paru dans la revue « Images de Saône-et-Loire » n° 82 (été 1990), pages 11 à 15.
  32. « Saône-et-Loire : le 11 août 1944, un bombardement faisait 14 morts à Cluny », sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté (consulté le ).
  33. Chapelle présentant à l'intérieur des consoles massives à figures de prophètes destinées à porter diverses statues. Source : Pierre Quarré, « Les sculptures de la chapelle de Bourbon à Cluny », article paru dans Mélanges d'histoire et d'archéologie offerts au professeur Kenneth John Conant par l'association Splendide Bourgogne, Éditions Bourgogne-Rhône-Alpes, Mâcon, 1977, pp 163-172.
  34. Marquardt Janet T., Merllié Christine, « Un romantique à la recherche du passé : K. J. Conant à Cluny. » Dans Cahiers de civilisation médiévale. 48e année (no 192), octobre-décembre 2005. La médiévistique au XXe siècle. Bilan et perspectives, pp. 327-340.
  35. Écrit dans son rapport à l'Académie médiévale d'Amérique de 1940, p. 6.
  36. Baud, 1993.
  37. Christian Sapin, « L'archéologie face aux images de synthèse », Le médiéviste et l'ordinateur, no 29, , p. 55-57 (lire en ligne)
  38. http://www.datar.gouv.fr/gunzo-un-projet-remonter-le-temps.
  39. Exposition « Cluny 1120 au seuil de la major ecclesia » du 28 mars au 2 juillet 2012 http://www.musee-moyenage.fr/.
  40. Site archéologique 71 137 8 AH, dit « Cluny III ». Source : Notice no PA00113220, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  41. « Un manuscrit de Cluny de 900 ans restitué à la BnF », 2 juillet 2009. Lire en ligne l'article sur GénéInfos.
  42. « lien brisé) »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), .
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  46. Lieux sacrés du Gard
  47. (en) Helen C. White, To the End of the World, Cluny, U. of Wisconsin 1939, Macmillan 1940, 1939 - 1940, 300 p. (non)

Voir aussi

Sources et bibliographie

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  • Sébastien Barret, La Mémoire et l'Écrit : l'abbaye de Cluny et ses archives (Xe – XVIIIe siècles), 2004, [lire en ligne].
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  • Anne Baud, Cluny, un grand chantier médiéval au cœur de l'Europe, Paris, Picard, 2003 (ISBN 9782708406957).
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  • Philippe Bernardi, « Architecture médiévale et sources modernes : l'exemple de l'abbaye de Cluny », Bulletin Monumental, t. 151, no 3, , p. 469-496 (lire en ligne)
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  • Agnès Gerhards, L'abbaye de Cluny, éditions Complexe, (ISBN 2870274564).
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  • Jean-Claude Lemonde, Le code de Cluny et le tracé de l'Apocalypse, éditions Dervy, 2006, 604p, (ISBN 978-2-84454-429-2)
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  • Janet T. Marquardt, « Un Romantique à la recherche du passé : K. J. Conant à Cluny », Cahiers de civilisation médiévale, n° 48, 2005, p. 327-340 ;
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  • Sous la direction de Didier Méhu, Cluny après Cluny. Constructions, reconstructions et commémorations, 1790-2010, Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2013, (ISBN 978-2-75352260-2) (lire en ligne)
  • Arnaud Montoux,Réordonner le cosmos: itinéraires érigéniens à Cluny, Paris, Cerf, 2016.
  • Marcel Pacaut, L’Ordre de Cluny (909-1789), Paris, Fayard, 1986 (ISBN 9782213017129).
  • J.-Henri Pignot, Histoire de l'Ordre de Cluny depuis la fondation de l'abbaye jusqu'à la mort de Pierre le Vénérable, t. 1, Paris, Durand, 1868, [lire en ligne].
  • Guy de Valous, Le Monachisme clunisien des origines au XVe siècle, Paris, A. Picard, 1935 ; 2e éd., augm., Paris, Picard, 1970.
  • Neil Stratford, Hartmut Atsma, Françoise Bercé et Quitterie Cazes, Cluny 910-2010 - Onze siècles de rayonnement, Éditions du Patrimoine, Paris, 2010, 487 p., (ISBN 978-2-7577-0112-6).
  • Histoire Antique et Médiévale, Cluny, 1120. Au seuil de la Major Ecclesia, Hors-série no 30, , éditions faton (hors-série paru pour l'exposition « Cluny, 1120. Au seuil de la Major Ecclesia » du au au Musée de Cluny).
  • Odon Hurel, Denyse Riche, Cluny, de l'abbaye à l'ordre clunisien, Xe – XVIIIe siècles, Paris, Armand Colin, 2010.
  • Bruno Marguery, La destruction de l'abbaye de Cluny, 1789-1823, Centre d'études clunisiennes, 1984 (rééd. 2010, 2011).

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