Préhistoire de l'Algérie

La Préhistoire de l'Algérie commence avec les premières traces d'occupation humaine trouvées sur le territoire actuel de l'Algérie, il y a environ 2 millions d'années, et s'achève avec les premiers textes libyques dits Tifinagh, puis les textes carthaginois et romains, dans la deuxième moitié du Ier millénaire av. J.‑C..

Peinture rupestre du Tassili n'Ajjer

Paléolithique archaïque

Les sites préhistoriques de Guelta Zerka, dans la wilaya de Sétif, au centre-est du pays, ont livré des vestiges lithiques très anciens de type oldowayen, toutefois sans fossiles humains associés[réf. nécessaire].

Aïn Boucherit

Le site d'Aïn Boucherit a livré en 2018 des vestiges d'industrie lithique datés d'environ 2 millions d'années[1].

Le site a été daté par quatre méthodes indépendantes, mais qui laissent une marge d'incertitude significative, entre 1,9 et 2,4 millions d'années[2] : la polarité géomagnétique négative rapportée au chron Matuyama, la résonance paramagnétique électronique (RPE), la biostratigraphie (les assemblages d'espèces fossiles), et la vitesse de sédimentation estimée[3]. Aïn Boucherit est aujourd'hui le site paléolithique le plus ancien d'Afrique du Nord[réf. nécessaire].

Aïn Hanech

Sur le site voisin d'Aïn Hanech, l'âge des vestiges lithiques est évalué par le paléomagnétisme à environ 1,7 million d'années[4].

Paléolithique inférieur

Le site préhistorique de Tighennif (anciennement Ternifine), dans la wilaya de Mascara, a livré des outils lithiques acheuléens, notamment des bifaces et des hachereaux[5], dont l'âge s'échelonne de 1 à 0,7 million d'années. Parmi les vestiges, composés essentiellement d'ossements animaux fossiles et d'outils de pierre taillée, Camille Arambourg et Robert Hoffstetter ont découvert de 1954 à 1956 trois mandibules humaines, datées d'environ 700 000 ans[6], qui ont conduit à la définition de l'Atlanthropus mauritanicus, aujourd'hui dénommé Homo mauritanicus[7],[8],[9]. L'Homme de Tighennif présente une mandibule plus robuste que les représentants de l'espèce Homo rhodesiensis, attestée en Afrique à partir d'environ 600 000 ans. Les fossiles de l'Homme de Tighennif sont les plus anciens fossiles humains connus en Afrique du Nord[10].

Paléolithique moyen

Le Paléolithique moyen s'ouvre en Afrique du Nord avec le Moustérien, à partir d'environ 300 000 ans avant le présent (AP).

À partir d'environ 145 000 ans et jusqu'à 30 000 ans AP prédomine l'Atérien[11].

L'Atérien a été défini en 1922 par Maurice Reygasse à partir de vestiges lithiques mis au jour sur le site de Bir el-Ater, dans la wilaya de Tébessa[12].

Les outils atériens sont l'œuvre d'Homo sapiens[13].

Vers la fin du Paléolithique moyen, il y a quelque 50 000 ans, de fortes pluies tombent au Sahara et au Maghreb, qui connaissent alors un climat humide favorisant le développement des populations d'éléphants, de girafes, de rhinocéros et autres, que les Hommes chassent en grands nombres[14].

L'Homme de Mechta-Afalou a été trouvé près de Constantine.

Paléolithique supérieur

À partir de 25 000 ans AP émerge l'Ibéromaurusien, après un hiatus archéologique de plusieurs milliers d'années[réf. nécessaire].

Son outillage comporte notamment de nombreuses lamelles à dos abattu et divers types d'outils en os. Ni art pariétal, ni art rupestre n'ont été mis au jour, alors que l'Ibéromaurusien est contemporain des peintures du Solutréen et du Magdalénien, nombreuses en France et en Espagne. La découverte la plus insolite est celle de statuettes en terre cuite datées entre 18 000 et 11 000 ans AP, qui constituent les plus anciennes manifestations artistiques de ce type en Afrique du Nord[15].

Les fouilles archéologiques ont mis en évidence des armes de chasse très raffinées, faites de pierre, de bois et même de cordage. Les pointes de lances sont appelées oraniennes ou ibéromaurusiennes[réf. nécessaire].

Mésolithique

C'est l'époque du Capsien, entre environ 8000 et Le Capsien apparait d'abord dans le Sud de la Tunisie, dans la région de Gafsa (antique Capsa). Il n'atteint pas le littoral méditerranéen et reste à l'intérieur des terres, sur un territoire limité à l'Est algérien et à une partie de la Tunisie[15].

À cette époque le Maghreb était une savane, comparable à l'Afrique de l'Est actuelle, avec des forêts méditerranéennes uniquement en haute altitude[16].

L'industrie capsienne est de qualité. Elle comporte des grandes lames, des lamelles à dos, de nombreux burins, grattoirs, couteaux, perçoirs, mèches de forets, scalènes et des objets de petite taille, riche en microlithes géométriques (trapèzes, triangles ou autres). L'industrie osseuse est composée essentiellement de poinçons. Les Capsiens ont laissé un art mobilier abondant, constitué de décors d'objets de parure et de coquilles d'œufs d'autruches, de plaquettes gravées, de pierres sculptées[15].

Leurs habitations étaient des huttes faites de branchages, peut-être colmatées avec de l'argile[15]. Les mollusques terrestres, les escargots, occupaient une place importante dans leur alimentation, et les coquilles mêlées à des cendres et à des débris osseux forment des amas, ou escargotières, ou cendrières, ayant parfois de 1 à 3 mètres de haut et atteignant plus de 100 m de long. Les Capsiens y enterraient aussi leurs morts dans des positions variables[15]. On peut mentionner à ce titre le site de Mechta Sidi El Arbi, dans la wilaya de Constantine[17].

Peu de choses sont connues de la religion des Capsiens. Leurs pratiques funéraires (monticules de pierres et peintures figuratives) suggèrent qu'ils croyaient en une vie après la mort[18].

Du point de vue anatomique, les Capsiens étaient des Proto-méditerranéens, peut-être issus du Proche-Orient[19],[20].

Peinture rupestre du Tassili n'Ajjer

Néolithique

À partir d'environ apparaissent des sociétés sédentaires qui produisent leur nourriture grâce à l'agriculture et à l'élevage, développés un peu plus tôt au Proche-Orient[réf. nécessaire]. Le littoral du Maghreb est atteint par la culture de la céramique cardiale.

Les habitants du Sahara ont laissé des peintures rupestres magnifiques, comme celles du Tassili n'Ajjer, datées de 5000 à , ou celles de la région d'El-Bayadh. Elles témoignent de leur mode de vie, de la chasse, de l'agriculture, ainsi que de l'assèchement progressif du Sahara qui commença à partir de [21]. L'aridité du désert a permis de conserver ces œuvres pendant plusieurs millénaires. Aujourd'hui le contraste est saisissant entre la luxuriance de la faune représentée par ces peintures et l'aridité actuelle du désert.

Vers , les habitants de la partie côtière de l'Algérie commencent à s'étendre au sud de l'Atlas tellien, au-delà de l'actuel Batna. Ils occupent progressivement le Nord du Sahara qui était à l'époque moins aride que de nos jours. À partir de l'événement climatique de 4200 BP (), le Sahara s'est asséché, devenant le désert aride que l'on connait aujourd'hui.

Âge du bronze

La découverte de représentations d'armes métalliques sur les gravures rupestres du Haut Atlas marocain a permis de préciser l'histoire des métaux dans la région[22].

Le bronze apparait dans le Maghreb vers

Annexes

Bibliographie

  • Ginette Aumassip, L'Algérie des premiers hommes, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, (ISBN 978-2-7351-0932-6 et 978-2-7351-1902-8, lire en ligne).
  • Gilbert Meynier, L'Algérie des origines : De la préhistoire à l'avènement de l'islam, , 249 p. (ISBN 978-2-7071-6188-8, lire en ligne), « 1. Les ancêtres des Algériens : la préhistoire et la protohistoire », p. 19 - 34.

Articles connexes

Notes et références

Notes

    Références

    1. (en) « Des traces de présence humaine de 2,4 millions d’années découvertes en Algérie », sur The Conversation (consulté le ).
    2. (en) Sileshi Semaw, Kamel Boulaghraif, Mohamed Medig et Abdelkader Derradji, « 1.9-million-and-2.4-million-year-old artifacts and stone tool–cutmarked bones from Ain Boucherit, Algeria », Science, vol. 362, no 6420, , p. 1297–1301 (ISSN 0036-8075 et 1095-9203, PMID 30498166, DOI 10.1126/science.aau0008, lire en ligne, consulté le )
    3. « Méthode de datation - Comment estimer l'age d'un fossile - Hominidés », sur www.hominides.com (consulté le )
    4. « Le gisement oldowayen d'Aïn El Ahnech », sur Setif.com, (consulté le )
    5. Djemmali, N.-E., 1985, L'industrie lithique acheuléenne du gisement de Tighennif (Ternifine), Algérie, Paris, Université P. et M. Curie, Muséum National d'Histoire Naturelle, Thèse de Doctorat, 184 p.
    6. Denis Geraads, Jean-Jacques Hublin, Jean-Jacques Jaeger, Tong, H., Sen, S. et Toubeau, P. (1986) « The Pleistocene Hominid site of Ternifine, Algeria : new results on the environment, age, and human industries », Quaternary Research, 25, pp. 380-386
    7. Lionel Balout, Biberson P. et Jacques Tixier, 1970, « L'Acheuléen de Ternifine (Algérie), gisement de l'Atlanthrope », in: Actes du VIIe Congrès International des Sciences Préhistoriques et Protohistoriques, Prague, UISPP, 21-27 août 1966, pp. 254-261
    8. Camille Arambourg, 1957, « Récentes découvertes de paléontologie humaine réalisées en Afrique du Nord française (L'Atlanthropus de Ternifine - L'Hominien de Casablanca) », in : Third Panafrican Congress on Prehistory, Livingstone 1955, Clark, J.D. et Cole, S., Eds., London, Chatto &Windus, pp. 186-194
    9. Balout L., Biberson P. et Tixier J., 1967, « L'Acheuléen de Ternifine (Algérie), gisement de l'Atlanthrope », L'Anthropologie, t. 71, n° 3-4, pp. 217-237
    10. Dutour O., « Le Peuplement moderne d'Afrique septentrionale et ses relations avec celui du Proche-Orient », Paléorient, 1995, vol. 21, n° 21-2, pp.97-109
    11. Paul Pallary, 1905, « Caractères généraux des industries de la pierre dans l'Algérie occidentale », L'Homme Préhistorique, 3° année, n° 2, pp. 33-43
    12. Maurice Reygasse, 1922, « Note au sujet de deux civilisations préhistoriques africaines pour lesquelles deux termes nouveaux me paraissent devoir être employés », in: XLVIème session de l'Association française pour l'avancement des Sciences, Montpellier, pp. 467-472
    13. D. Lubell, « Continuité et changement dans l'Épipaléolithique du Maghreb », in : Le Paléolithique en Afrique, l'histoire la plus longue, Artcom', Errance, 2005, (ISBN 2-87772-297-X)
    14. André Debénath, Jean-Paul Raynal, Roche J., Pierre-Jean Texier, Ferembach D., 1986, « Stratigraphie, habitat, typologie et devenir de l'Atérien marocain : données récentes », L'Anthropologie, t. 90, n° 2, pp. 233-246
    15. Jean Granat et Jean-Louis Heim, « Prothèse dentaire préhistorique ostéo-implantée », sur http://www.bium.univ-paris5.fr, vers 1995
    16. « La Préhistoire », sur www.villedoran.com (consulté le )
    17. http://www.mmsh.univ-aix.fr/ecoledoctorale/trjca/adelorme.htm
    18. http://www.mondeberbere.com/histoire/camps/origines.htm#escargot
    19. hadjouis, « La cohabitation génétique des Mechta-Afalou et des Proto-Méditerranéens d’Algérie. », sur Sociétés humaines du Proche-Orient ancien (consulté le )
    20. Ginette Aumassip, « 6. Hommes de Mechta el-Arbi et hommes protoméditerranéens », dans L'Algérie des premiers hommes, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, coll. « Méditerranée-Sud », (ISBN 978-2-7351-1902-8, lire en ligne), p. 103–125
    21. http://www.notre-planete.info/actualites/actu_1660.php
    22. Souville, Georges, « Témoignages sur l'âge du bronze au Maghreb occidental », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 130, no 1, , p. 97–114 (DOI 10.3406/crai.1986.14346, lire en ligne, consulté le )
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