Pont de Suresnes

Le pont de Suresnes est un pont sur la Seine. Il relie le bois de Boulogne (Paris), à la ville de Suresnes (Hauts-de-Seine). Trois ponts ont existé : le pont suspendu (1842-1870), le pont métallique (1874-1950) et le pont actuel depuis cette dernière date.

Pont de Suresnes

Pont vu du côté amont,
depuis les berges en bas du quai Léon-Blum.
Géographie
Pays France
Région Île-de-France
Département Hauts-de-Seine / Paris
Commune Suresnes / Bois de Boulogne
Coordonnées géographiques 48° 52′ 01″ N, 2° 13′ 47″ E
Fonction
Franchit Seine
Fonction Pont routier
Itinéraire ex-RN 185
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Île-de-France
Géolocalisation sur la carte : Paris et la petite couronne
Géolocalisation sur la carte : Hauts-de-Seine

Historique

Suresnes est situé le long de la Seine. Durant des siècles, le fleuve a été utilisé pour la pêche et les transports de marchandises ou de personnes, alors que le village était isolé, ne disposant ni de pont, ni de grande route. C'est à partir du milieu du XIXe siècle qu'il commence à être domestiqué à Suresnes, chose favorisée par les besoins de l'industrie naissante (teintureries et blanchisseries au milieu du siècle, automobiles à sa fin). Le développement des transports participe du désenclavement de la ville : outre le réseau ferroviaire, un service de navettes fluviales relie Suresnes à Paris de 1866 à 1933[1],[2].

Historiquement, le seul moyen de traverser la Seine à Suresnes était le bac ; les ponts les plus proches étaient à Neuilly et Saint-Cloud. Le bac, dont la première mention à Suresnes remonte à 1590, permettait de rejoindre le bois de Boulogne et l'abbaye de Longchamp, puis Paris[1]. Dans l'autre sens, il était utilisé par les pieux Parisiens qui voulaient participer au pèlerinage jusqu'au calvaire situé sur le mont Valérien, très populaire du XVIIe siècle jusqu'au début du XIXe siècle. La rue du Bac, perpendiculaire à la Seine, est le dernier témoignage de cette histoire.

Entre les années 1860 et les années 1930, plusieurs barrages-écluses sont édifiés sur la Seine à Suresnes, afin de la canaliser. Avant leur création, le niveau trop bas du fleuve ne permettait la navigation que la moitié de l'année ; il était même parfois si bas qu'on pouvait le traverser à pied[1].

Premier pont

La création d'un pont à péage est autorisée par une ordonnance du roi Louis-Philippe du [3], dans le cadre d'une concession de 77 ans.

Il s'agit d'un pont suspendu dont les noms des concepteurs diffèrent selon les sources. On cite ainsi l'ingénieur Eugène Flachat, aidé de Jules Petiet[4] ; M. Surville[5], né Eugène-Auguste-Georges-Louis Midy de la Greneraye (époux de Laure Surville[6],[7]) ou les frères Seguin, des ingénieurs ardéchois[1]. Le pont mesurait 150 m sur trois travées, dont la plus importante faisait 63 m. Le mode de suspension était original, par lattes de fer constituées de bandes flexibles (fers plats) superposées[8], système breveté par M. Muel[5].

Mis en service le , il est détruit pendant la guerre franco-prussienne de 1870[4], par des Suresnois affolés par une rumeur qui annonçait l'arrivée des troupes prussiennes. Il est ensuite provisoirement remplacé par un pont de bateaux[1].

Deuxième pont

La Seine gelée en 1895.

Le deuxième pont est construit en 1874 par l'ingénieur Legrand et l'entreprise Martin. Il comprend trois arches et un tablier en fer et en fonte. Il est agrandi à 17,55 mètres au tournant du siècle par l'entreprise Crozel et décoré par l'architecte Jean Camille Formigé ; les candélabres sont l'œuvre du sculpteur Emmanuel Frémiet[4]. Placés au dessus de chaque pile, chacun des candélabres étaient ornés de sculptures figurant les armoiries de Paris et de trois griffons présentant le blason de Suresnes[Note 1],[9].

Le pont est témoin des débuts de l'automobiles, tout comme de l'afflux de turfistes venus voir les courses à l'hippodrome de Longchamp voisin[1].

À Suresnes, il débouchait rue du Pont (anciennement rue de la Barre), où se trouvaient de nombreuses guinguettes et restaurants[10],[11]. Ces lieux de distraction disparaissent au milieu du XXe siècle, avec l'aménagement de l'entrée du troisième pont[12]. Quant à la rue, elle est détruite lors du remodelage du quartier dans les années 1970, qui voit la démolition d'une partie du centre historique, remplacé par des immeubles. La galerie commerciale Bagatelle se situe peu ou prou à son emplacement.

Troisième pont

Le pont actuel, le troisième, est un pont en arc, conçu par les architectes G. Tréant[4], J. Mathé[4] et Théo Sardnal[13], assistés des ingénieurs des Ponts du département de la Seine. Il est construit en plusieurs étapes entre 1938 et 1950. La première phase des travaux, de 1938 à 1942, est réalisée par l'entreprise Dayde et la deuxième phase, de 1947 à 1950, par l'entreprise Billiard. Il comprend deux piles et des culées de béton armé, avec un tablier de poutres métalliques entretoisées et enrobées de béton[4],[14],[15]. Situé en amont de l'ancien pont, il est aligné sur le boulevard Henri-Sellier (donc au sud de l'ancienne rue du Pont) et sur un angle de 8 degrés par rapport au fleuve. Ce n'est qu'une fois le nouveau pont terminé que l'ancien édifice métallique est démantelé. Le nouveau pont est inauguré le , en présence du président du conseil municipal de Paris Pierre de Gaulle[16],[2].

Trafic routier

À cet endroit, la Seine est bordée à l'est par l'allée du Bord-de-l'Eau, et côté Suresnes, par le quai Gallieni au nord et le quai Léon-Blum au sud. Le pont prolonge le boulevard Henri-Sellier, à la sortie duquel des voies latérales permettent d'accéder aux quais. Du côté du bois de Boulogne, le pont, qui suit le tracé de l'ancienne route nationale 185 (D 985), est dans l'axe de la route de Suresnes.

Lors d'un comptage effectué en 2007 au moyen de compteurs à tubes, le trafic moyen journalier annuel s'élevait à 47 620 véhicules[17].

Dans la fiction

Bibliographie

  • René Sordes, Histoire de Suresnes : Des origines à 1945, Société historique de Suresnes,

Notes et références

Notes

  1. Deux de ces griffons sont de nos jours conservés au musée d'histoire urbaine et sociale de Suresnes.

Références

  1. Matthieu Frachon, avec le concours de la Société d'histoire de Suresnes, « Suresnes, une mise en Seine », Suresnes Mag n°302, , p. 38-39 (lire en ligne).
  2. René Sordes, Histoire de Suresnes : Des origines à 1945, Société historique de Suresnes, , p.520-522.
  3. « Ordonnance du Roi du 6 juillet 1839 qui autorise l'établissement d'un pont suspendu sur la Seine, devant Suresnes », Bulletin des Lois du Royaume de France, vol. 19, no 676, , p. 345-347 (lire en ligne).
  4. « Le pont de Suresnes », notice no IA92000236, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  5. « Pont de Suresnes - 1842 », sur www.art-et-histoire.com, Base d'ouvrages en service ou construits au XIXe siècle en France (consulté le ).
  6. Philippe Barthelet, Les écrivains et les Hauts-de-Seine, Cyrnéa éditions, 1994, p. 69.
  7. Francis Prévost, Histoires de Suresnes, Suresnes Information, , p. 157.
  8. Le pont suspendu de Suresnes sur Structurae.
  9. « La conservation et la restauration », musée d'histoire urbaine et sociale de Suresnes, consulté le 6 mai 2020.
  10. Michel Hebert et Guy Noël, Suresnes. Mémoire en images, t. 1, Éditions Alan Sutton, 1995, p. 57 et 123.
  11. Suresnes, ses lieux dits et ses rues vous parlent, Société historique de Suresnes, 1968, p. 39-40.
  12. Sordes 1965, p. 510-516.
  13. « Notice bibliographique de Sardnal, Théo (1898-1984) », sur catalogue de la Bibliothèque nationale de France (consulté le ), voir sous-notices 15 et 16 (pont de Suresnes).
  14. Le pont de Suresnes sur Structurae.
  15. R. MÉLIÈRES, « Bulletin de la Société historique de Suresnes : Le nouveau pont de Suresnes », sur gallica.bnf.fr, (consulté le ), p. 208.
  16. Prévost 1989, p. 173.
  17. [PDF] Carte 2011 des trafics moyens journaliers annuels, sur www.hauts-de-seine.net (consulté le 11 avril 2012).
  18. « Films tournés à Suresnes », l2tc.com, consulté le 28 octobre 2018.

Voir aussi

Articles connexes

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