Marc Seguin

Marc Seguin, dit « Seguin Aîné », né le à Annonay et mort dans la même ville le , est un scientifique, inventeur, ingénieur et entrepreneur français.

Pour les articles homonymes, voir Seguin et Marc Seguin (homonymie).

Ne doit pas être confondu avec Marc Séguin.

Disciple de Joseph de Montgolfier, dont il est le petit-neveu, œuvrant en étroite collaboration avec ses quatre frères, il expérimente en 1822 le premier pont suspendu à fil de fer au monde au-dessus de la Cance puis construit sur ce modèle, en 1825, à Tournon-sur-Rhône, le premier grand pont suspendu d'Europe continentale.

Il brevette en 1827 la chaudière tubulaire conçue pour des bateaux à vapeur naviguant sur le Rhône, et deux ans après, il applique cette invention aux locomotives à vapeur.

La locomotive Seguin fait ses premiers tours de roue le , quelques jours avant la Rocket de George Stephenson. Elle circule sur la ligne de chemin de fer de Saint-Étienne à Lyon, concédée aux frères Seguin en 1827, première ligne de France à expérimenter en 1832 la traction par des locomotives à vapeur et à avoir été ouverte simultanément aux marchandises comme aux voyageurs[Note 1].

Auteur de très nombreuses publications scientifiques qu'il signe Seguin Aîné, il est élu en 1845 correspondant de l’Académie des sciences, dans la section de mécanique.

Né sous le règne de Louis XVI, mort sous la IIIe République, marié deux fois et père de dix-neuf enfants, humaniste, philanthrope et bienfaiteur de sa ville natale, Marc Seguin fait partie de la liste des 72 noms de savants inscrits sur la tour Eiffel.

Biographie

Sa jeunesse et sa formation (1786 - 1821)

Marc François Seguin naît le à Annonay dans la province de Languedoc ; il est le second enfant et l'aîné des six fils d'une fratrie de huit issue du mariage de Marc François Seguin et de Augustine Thérèse de Montgolfier[1],[2],[Note 2].

La famille Seguin, originaire d'Alexandrie, en Égypte, a appartenu au culte israélite[3]. Antoine, l'un de ses membres, vient se fixer en Dauphiné vers la fin du XVIe siècle. De ses descendants, une branche s'établit à Tain-l'Hermitage, une autre à Avignon et Montpellier, enfin un troisième à Annonay, où Marc (1720-1804)[4] épouse Marie-Anne Peyron (1735-1860) et entreprend le commerce de la draperie ; il est surnommé l'ancêtre par la famille[3]. Marc François, son fils aîné (1757-1832)[5],[Note 3], épouse le à Vidalon-lès-Annonay (aujourd’hui hameau de la commune de Davézieux non loin d'Annonay) Augustine Thérèse de Montgolfier (1764-1843).

Joseph de Montgolfier
Conservatoire National des Arts et Métiers

À l'écart du village de Vidalon-lès-Annonay se trouve le site papetier développé au XVIIe siècle par la famille de Montgolfier. Les « Papeteries de Vidalon-lès-Annonay », propriété de cette famille, ont depuis 1784 le titre de « Manufacture Royale », qui assure le manufacturier contre toute concurrence déloyale ou usurpation de marque, et l'année précédente, Louis XVI lui-même a anobli toute la famille dont les oncles d'Augustine, les frères Joseph et Étienne Montgolfier[Note 2] qui ont inventé en 1782 la montgolfière[Note 4].

Marc Seguin grandit en pleine période révolutionnaire, et un souvenir inoubliable, qu'il rappelait toujours avec émotion, est la consternation qu'éprouva toute sa famille en 1793, à la nouvelle de la mort du Roi[6]. Son père doit même à cette époque user de précaution pour échapper à la loi des suspects ; il est nommé plus tard, sous l'Empire, juge au tribunal de commerce d'Annonay dont il est appelé à la présidence en 1817[7].

Aucun établissement scolaire n'existant plus alors, c'est sa mère qui apprend à lire et à écrire à son fils aîné. Puis, la famille l'envoie dans la montagne, à Talencieux, chez un pauvre prêtre qu'on appelait « le Prieur Gros ». Réfugié en ce pays perdu, cet ancien prieur des dominicains s'y est improvisé, pour vivre, professeur, hébergeant à titre d'élèves quelques jeunes galopins. On couche dans une grange, la classe se fait ordinairement en plein air, dans les champs, et la pitance est maigre comme l'instruction[6]. En particulier, le brave « Prieur Gros » est rebelle aux mathématiques ! Le jeune Marc, repris par ses parents, tire sa révérence à l'humble précepteur en lui disant avec espièglerie : « Je crois bien que vous ne m'avez pas appris grand'chose ; mais tout de même, je vous remercie, et quand je serai plus grand, moi, je vous apprendrai à "chiffrer" »[8],[Note 5].

Pour procurer à l'enfant un enseignement plus complet, son père l'expédie en 1799, à l'âge de 13 ans, chez un nommé Leroux, qui vient d'ouvrir à Paris un pensionnat dans l'ancien couvent de la Congrégation Picpus mais les débuts sont pénibles. Les sentiments religieux que manifeste le jeune provincial, ses vêtements confectionnés par un vulgaire tailleur, son accent du Vivarais, tout, dans sa personne, incite ses condisciples à le persécuter[Note 6]. Si Marc n'égale pas leur élégance, il les surpasse par le savoir. Son grand-oncle maternel Joseph de Montgolfier[Note 2], son correspondant qui l'a pris en très grande affection, vient d'être nommé, avec Ampère[9], démonstrateur au Conservatoire national des arts et métiers[Note 7]. Il le guide dans son apprentissage des sciences et l'attire le plus souvent possible dans son laboratoire du conservatoire où le jeune Marc découvre tout un monde de machines qui le passionne[7].

De retour au pays natal en 1805, Marc Seguin entre dans la vie active dans la fabrique de draps[11] qui est l'activité d'origine de la société Seguin et Cie créée par son père[12],[Note 8], et partage son temps entre Annonay et Paris. Il occupe le poste que son père lui a réservé et le métier est dur ; en toute saison, par tous les temps, il lui faut chevaucher dans les montagnes du Vivarais et du Velay pour démarcher la clientèle. En cours de route, il occupe ses rares loisirs à la lecture d'ouvrages scientifiques, dont il a toujours la précaution de se munir[14].

Au fur et à mesure qu'ils achèvent leurs études à Paris[15], les plus jeunes des frères de Marc Seguin sont de retour et il faut leur trouver à leur tour une activité dans la fabrique de draps. Cette activité qui, dans un premier temps repose principalement sur du négoce, engage progressivement les frères dans une prospection commerciale de plus en plus étendue. Pour compenser la diminution des ventes, les frères Seguin convainquent vers 1820 leur père de fonder une manufacture de feutres pour papeteries[16],[Note 9] sur les bords de la Cance, au lieu-dit Saint-Marc à l’ouest de la ville d'Annonay.

Entre-temps, le (à 27 ans) Marc Seguin s'est marié à Annonay avec la fille d'un notable de la ville[Note 10], sa cousine germaine Rose Augustine Duret, de 8 ans sa cadette, née le 7 fructidor An II () à Annonay[18],[2],[Note 2].

L’époque des inventions (1822 - 1837)

Seguin aîné – c'est ainsi que l'on désigne Marc[Note 11] – est chargé de l'achat et de l'installation du matériel de la nouvelle manufacture de feutres pour papeteries[16] de Saint-Marc[14]. Les frères Seguin sont conduits tout naturellement à réfléchir sur la façon d'augmenter et d'améliorer la production. Cela passe d'abord par une connaissance de plus en plus précise des outils nécessaires à la fabrique de drap : connaissance de la mécanique, connaissance de l'hydraulique, apport de la vapeur comme source d'énergie pour ces machines, connaissance de la chimie, etc.

Parmi les machines dont les Seguin s'occupent à des titres tout à fait variables, on notera des machines à carder, à lainer, à filer, à tondre[19]. Marc Seguin qui se documente beaucoup remplace par exemple les roues à aubes de la première manufacture par des roues hydrauliques à augets courbes. L’entreprise familiale prospère. Toutefois les échanges commerciaux sont freinés par les difficultés matérielles de transport. À l’époque, ce sont les bacs à traille qui permettent de franchir les fleuves. Les ponts sont trop coûteux à bâtir et leur construction en pierre n’est pas adaptée à un fleuve capricieux comme le Rhône.

Le pont suspendu à fil de fer

Le pont Marc Seguin (l'ancêtre)[20]
(vue prise de Tain en aval du pont)
La passerelle Marc-Seguin (aujourd'hui)
Vue du musée-château de Tournon et des 2 ponts suspendus en service

Dans le courant de l'année 1821, Bruno de Plagniol[21], ingénieur ordinaire des ponts et chaussées du secteur de Tournon, momentanément en résidence à Annonay, où il dirige divers travaux, dit un jour à Marc Seguin « Vous, qui avez le génie de l'invention, vous devriez chercher un moyen de remplacer les ponts en pierre par un autre système aussi solide et moins coûteux ». « Eh bien je m'en occuperai » répondit-il[Note 12]. Seguin se procure le traité des ponts de Thomas Pope publié en 1811 à New York[Note 13]. L'idée du pont suspendu décrit dans l'ouvrage lui paraît séduisante et réalisable[14].

Les Américains arrimaient le tablier de leurs ponts au moyen de fer en barre. Après avoir calculé, avec la plus grande précision, la force de résistance des métaux, Marc Seguin ne tarde pas à conclure que des faisceaux de fils de fer donneraient une pleine sécurité et diminueraient considérablement la charge du pont. Pour en avoir la certitude expérimentale, il installe en 1822 au-dessus de la Cance[23],[24], à l'usine de Saint-Marc, une passerelle suspendue à câbles de fer de 18 mètres de longueur sur 0,5 mètre de largeur qui résiste parfaitement aux diverses épreuves qui sont tentées[25]. Le faible coût de la passerelle est certainement un argument fort le poussant à continuer dans son entreprise.

Vers 1823, une nouvelle expérience est faite à Saint-Vallier (Drôme). La passerelle, jetée sur la rivière la Galaure, est destinée au passage des piétons, des cavaliers et des bêtes de somme[26],[27],[Note 14]. Le test de l'ouvrage a lieu dans des conditions plutôt périlleuses, mais rassurantes pour l'avenir[25],[Note 15]. Marc Seguin conseille également à cette époque Guillaume Henri Dufour et Marc-Auguste Pictet, pour la construction à Genève de la passerelle de Saint-Antoine, un premier pont suspendu à câble métallique[28],[29],[30].

Encouragé par ses premiers résultats, Marc Seguin a sollicité dès le [22] de l'administration préfectorale l'autorisation de construire un pont suspendu sur le Rhône, entre Tain et Tournon. Mais au Conseil général des ponts et chaussées, il se heurte à Claude Navier[31], ingénieur des ponts et chaussées, qui privilégie le système des chaînes[Note 16]. Après des mois d’âpres discussions, l’Académie des sciences émet le un avis favorable à son projet[36].

Les frères Seguin – dans l'ordre Marc[37], Camille[38], Jules[39], Paul[40] et Charles[41] – peuvent par ordonnance royale construire le pont à leurs frais « moyennant la concession qui leur est faite d’un droit de péage à établir sur cette passerelle » pour 99 ans ; c'est la première concession d'une entreprise d'utilité publique jamais accordée par le gouvernement à une société particulière[Note 17]. Marc Seguin publie en 1824 le résultat de ses travaux dans Des ponts en fil de fer réédité en 1826.

Le pont, composé de deux travées de 85 mètres chacune, est réellement le premier grand pont suspendu d'Europe continentale[43],[44]. Après avoir subi le avec succès les épreuves préalables à sa réception[45], l’ouvrage est inauguré le [Note 18] ; il est aussi le premier ouvrage construit en dur sur le Rhône depuis 500 ans, après le pont Saint-Esprit au Sud édifié au XIIIe siècle et le pont de la Guillotière achevé au début du XIVe siècle à Lyon, quelque 200 kilomètres plus au Nord.

Comme le pont s'avère ultérieurement trop bas pour laisser passer des bateaux à vapeur, une ordonnance royale contraint le les frères Seguin soit à construire un deuxième pont, soit à détruire l'autre ou le transformer en passerelle après avoir haussé le tablier. Un second pont est construit à une centaine de mètres en aval du premier transformé en passerelle, détruite en 1965, et les droits de péage acquis transférés sur le nouvel ouvrage[46],[47].

C'est le commencement de la fortune des Seguin. Bientôt des ponts suspendus s'élèvent de toutes parts. Les frères Seguin, à eux seuls, en construisent quatre-vingt-dix[25],[48]. En 1841, on en comptait déjà plus de 200 et tout laisse à penser aujourd'hui que plus de 500 ponts ont été construits sur le modèle Seguin[49].

Le plus vieux pont suspendu encore en service, construit en 1827 par l’entreprise Marc Seguin, se trouve à Andance[50],[51]. La passerelle Saint-Symphorien construite en 1847 à Tours[52],[53], ainsi que la passerelle Marc-Seguin[46],[47],[54],[Note 19] construite en 1849 à quelques centaines de mètres du premier pont de Tournon, sont toujours en service, de même que le pont du Robinet ou pont de Donzère construit en 1847.

La chaudière tubulaire

En lors d'un voyage à Genève pour la construction de la passerelle de Saint-Antoine[Note 20], Marc Seguin observe un bateau à vapeur construit par un américain. Il conçoit dès lors son emploi possible pour remonter le Rhône, en utilisant un brevet, le principe du halage sur points fixes, déposé en 1817[57] par Pierre François de Montgolfier[58], cousin germain de sa mère et fils de l'illustre Joseph[Note 2]. Avec Pierre François de Montgolfier et Louis Henri Daniel d'Ayme[59], annonéens comme lui, Seguin fonde en 1825 la « Société de halage sur le Rhône par la vapeur, à points fixes »[60],[61],[62]. Elle intervient entre Arles et Lyon et comprend plusieurs bateaux, dont le Ville d’Annonay qui sort du chantier d'Andance en 1824. Un second Le Voltigeur est mis à flot[63].

Les deux premières machines à vapeur sont achetées à Londres fin 1825 chez Taylor (en) & Martineau (en)[64], sur la base de plans et de concepts émis par Marc Seguin en 1825. Malheureusement ces chaudières sont alors de puissance bien insuffisante. Ainsi la mise en service des bateaux qui sortent du chantier d'Andance rencontre de nombreux déboires[65].

De plus, le , une catastrophe se produit à Lyon, à hauteur du pont de la Guillotière : un bateau à vapeur Le Rhône, qu'un entrepreneur de transports lyonnais, Gaillard Malézieux, a fait construire en Angleterre, heurte une pile de pont. La chaudière, dont les soupapes ont été imprudemment surchargées, éclate ; le bateau sombre, vingt-huit personnes périssent[66]. À la suite de ce drame, le service de la navigation à vapeur sur le Rhône est suspendu[67].

Ces tentatives, coûteuses et prématurées, aboutissent à la liquidation de la société en mais cette expérience malheureuse conduit Marc Seguin à imaginer la chaudière tubulaire : constatant le faible rendement des chaudières anglaises qui équipaient ses bateaux, il imagine le principe révolutionnaire de la chaudière tubulaire[68],[Note 21]. Un bateau à vapeur, pourvu de trois chaudières modifiées[Note 22], fait plusieurs voyages entre Vienne et Lyon. Dès cette époque, Marc Seguin fait déjà l'expérience de l'hostilité publique puisque très directement ses inventions portent au moins potentiellement des préjudices graves à toute la population affiliée aux mariniers du Rhône[70] !

Le , il demande un brevet d'invention de la chaudière tubulaire qui lui est délivré le [Note 23] mais il en laisse libre la licence d'utilisation en ne payant pas la deuxième annuité[Note 24]. Il l'applique deux ans après aux locomotives, puisque le , Marc Seguin obtient avec ses frères et l'Académicien Édouard Biot[73] l'adjudication des chemins de fer de Saint-Étienne à Lyon[74].

La ligne de chemin de fer de Saint-Étienne à Lyon

« Et quand la puissance directe, la force matérielle de l'homme s'est trouvée insuffisante pour accomplir son œuvre et persévérer dans le progrès ; quand sa volonté semblait devoir se briser contre d'insurmontables obstacles, voici qu'une goutte d'eau réduite en vapeur est venue suppléer à sa faiblesse, et lui créer une puissance dont on n'a pu encore, dont on ne pourra de longtemps peut-être mesurer l'étendue. »

 Marc Seguin, De l'Influence des chemins de fer et de l'art de les tracer et de les construire, Paris, Carilian-Gœury et V. Dalmont, [75]

La Fusée
Ligne Saint-Étienne - Andrezieux

À la même époque, en 1825, débute en Angleterre une autre révolution technique qui va changer le monde. Cette année-là est mis en service le chemin de fer de Stockton et Darlington, première ligne au monde à utiliser des locomotives à vapeur et à transporter des voyageurs[76]. Commencée en 1821, la ligne est conçue pour un chemin de fer à traction hippomobile, moyen de transport alors courant en Angleterre. Informé de ce projet, George Stephenson prend une part active à sa création et réussit à persuader ses promoteurs de l'y laisser expérimenter des locomotives à vapeur[Note 25].

La ligne est inaugurée le  ; elle relie Stockton à Darlington puis, à partir de cette ville, dessert plusieurs houillères proches de Shildon dans le comté de Durham[77]. Elle permet, avec une lenteur extrême[Note 26], le transport de la houille jusqu'à Stockton, port situé dans l’estuaire du fleuve Tees, où elle peut être transbordée sur des bateaux à destination des centres urbains et industriels.

L'année suivante, en 1826, est inaugurée la ligne de Liverpool à Manchester, un chemin de fer destiné à faire concurrence aux trois canaux qui aboutissent à cette dernière ville[Note 27]. La compagnie de chemin de fer a l'idée de lancer le un concours public, dans lequel tous les constructeurs anglais sont appelés à produire diverses machines applicables au transport sur une voie ferrée. Outre un prix de 500 livres sterling, le vainqueur du concours est assurée de la fourniture du matériel de la future ligne[Note 28]. Le , jour des épreuves, cinq machines sont en lice[Note 29].

La Fusée (The Rocket en anglais) de George et Robert Stephenson est la première à concourir. Elle remorque sur un plan horizontal un poids de près de 13 tonnes à une vitesse de près de 30 kilomètres par heure[81] et, à l'issue des épreuves, le prix lui est décerné pour avoir satisfait à toutes les conditions exigées par la compagnie. Elle doit sa supériorité à l'utilisation d'une chaudière tubulaire de Marc Séguin[Note 30] qui permet de quasiment décupler la puissance de la machine[82],[Note 31].

La locomotive de Stephenson, capable de réaliser sur les routes de fer une vitesse de quelque 60 kilomètres par heure, change complètement la face de l'entreprise du chemin de fer de Liverpool à Manchester. Au lieu de se borner au transport des marchandises, cette dernière ouvre aussitôt aux voyageurs cette nouvelle voie de communication. Le nombre des voyageurs entre Liverpool et Manchester, qui, avant l'ouverture du chemin de fer, ne dépassait pas 500 par jour, s'élève immédiatement à 1 500 dès 1830[82].

En France, l'existence des voies ferrées dans les mines est encore inconnue alors que, depuis bien longtemps déjà, on s'en sert dans les districts houillers de la Grande-Bretagne. En 1823 seulement, l'ingénieur des mines Louis-Antoine Beaunier obtient l'autorisation de construire une ligne de rails de fer pour le transport du charbon du bassin houiller de la Loire, depuis Saint-Étienne jusqu'à Andrézieux[83],[Note 32]. Comme dans les mines de houille anglaises, le moyen de traction reste la force des chevaux. Arrivé à la Loire, le charbon est embarqué sur la rivière et dirigé sur le Nivernais ou vers Paris[86].

Locomotive Seguin

Dès cette époque, Marc Seguin s'intéresse de près à l'expérience anglaise. En 1825, convaincu du potentiel des transports ferroviaires, il entreprend de visiter l'Angleterre avec Pierre François de Montgolfier[58] et l'un de ses frères ; il se met en rapport avec George Stephenson, et plusieurs autres constructeurs anglais, et visite notamment la première ligne de Darlington à Stockton, alors en construction[87]. De retour en France, Marc Seguin réussit à convaincre avec une étude détaillée le Ministre des finances de l'époque, Joseph de Villèle, de faire réaliser la ligne de Saint-Étienne à Lyon, longue de 56 kilomètres.

La ligne est concédée au profit des frères Seguin, l'Académicien Édouard Biot[73] et Cie, par ordonnance du roi Charles X du [88] et la société anonyme du chemin de fer de Saint-Étienne à Lyon créée le [74],[89],[90],[Note 33].

Malgré tous les obstacles naturels rencontrés, Marc Seguin dessine les plans et le tracé de la ligne approuvés par ordonnance royale du . L'absence à cette époque de loi d'expropriation multiplie le nombre d'obstacles et l'oblige à ruser et batailler presque à main armée avec la plupart des propriétaires des terrains à traverser ; et un jour même, il n'échappe que par miracle à un coup de feu, tiré sur lui par un paysan, chez lequel il a pénétré pour un levé de plans[70]. La compagnie de chemin de fer achète quelque neuf cents parcelles de terrains, nécessaires pour la réalisation de la ligne, souvent dans des conditions onéreuses.

Il est envisagé un moment de faire passer la voie ferrée sur la rive gauche du Rhône après Givors ; les givordins protestent si violemment que le tracé se poursuit sur la rive droite. La liaison entre le bateau et le rail est assurée par l'organisation d'une vaste gare d'eau à Givors qui devient le port le plus important du Rhône et une cité industrielle active[91].

Marc Seguin fait construire ensuite des ponts (notamment le pont de la Mulatière[Note 34]) et percer entre 1827 et 1830, un premier tunnel de 977 mètres de Couzon[95],[96] à Rive-de-Gier, un deuxième de 400 mètres environ en 1831 à l'arrivée sur Lyon, le tunnel de la Mulatière[97], en alignement avec le nouveau pont sur lequel il débouche, et un dernier de 1 506 mètres, le plus ambitieux et le plus long de l'époque, le tunnel à une seule voie de Terrenoire[98],[99] achevé en 1832. Les premiers tunnels ferroviaires vont susciter alors la méfiance du public et sont l'objet d'une opposition de principe très forte, comme celle d'Arago, d'habitude mieux inspiré, dans un discours prononcé le , à l'occasion du vote de la loi sur le chemin de fer de Paris à Versailles[100].

Quatre trains de la Ligne Saint-Étienne - Lyon

À la place des rails en fonte posés sur des cubes de pierre utilisés dans les mines, il opte pour des rails en fer fixés sur des traverses de bois[101],[Note 35]. Le premier tronçon de ligne terminé est celui de Givors à Rive-de-Gier, ouvert le au service des marchandises et pendant plusieurs mois, on emploie les chevaux pour la traction.

Au début de 1831, la locomotive Seguin, qui a fait ses premiers tours de roue le quelques jours avant la Rocket de George Stephenson avec lequel Marc Séguin est en relation continue[103],[Note 36], remorque en une heure et demie, de Givors à Rive-de-Gier, 24 à 28 wagons vides ou bien 7 wagons chargés de 21 tonnes.

Le , la section de Lyon à Givors est utilisée pour le transport de marchandises puis on se hasarde à accepter quelques passagers, assis sur de la paille. La dernière section de Rive-de-Gier à Saint-Étienne, est ouverte le au service des voyageurs seulement, et quelques mois plus tard, le à celui des marchandises (charbon).

Le , la liaison est ouverte dans sa totalité sans inauguration[Note 37].

Tous les métiers du convoyage et des postes à chevaux se liguent alors contre l'exploitation de la ligne, contre cette concurrence nouvelle : on fait dérailler les trains, sauter les chaudières, on incendie les wagons, chose facile alors car ils sont garnis de paille pour le plus grand confort des voyageurs, etc. Pour comble de luxe, la Compagnie Seguin a placé des draps sur les banquettes, et a mis des vitres avec tirants de cuir. Ravis de l'aubaine, les voyageurs se taillent des gilets dans les draps et se servent des tirants pour s'en faire des bretelles[106].

La ligne de chemin de fer de Saint-Étienne à Lyon est en 1832 la première ligne de France à expérimenter la traction par des locomotives à vapeur et à avoir été ouverte aux marchandises comme aux voyageurs[Note 38]. Quelque 5 ans plus tard, le est inaugurée la ligne de Paris-Saint-Lazare à Saint-Germain-en-Laye, première ligne de France conçue uniquement pour le transport de voyageurs et exploitée à l'aide de locomotives à vapeur.

Marc Seguin publie en 1839 le retour d'expérience de ses travaux ferroviaires dans De l'Influence des chemins de fer et de l'art de les tracer et de les construire, ouvrage réédité en 1887.

Le séjour à Fontenay (1838 - 1861)

Viaduc de Meudon au moment de sa construction (1840)

Tranchée de Clamart avec déblai (1840)

Malgré les difficultés rencontrées dans la réalisation du chemin de fer de Saint-Étienne-Lyon, Marc Seguin se lance en 1837 à 51 ans dans un autre chantier titanesque, celui de la construction d'une nouvelle voie ferrée reliant la rive gauche de Paris à Versailles.

Il est d'abord question de joindre Paris à Versailles par un seul tracé de 35 kilomètres environ, puis d'autres projets voient le jour. D'un côté, le ministère des Travaux publics a fait étudier, par les ingénieurs de l'État, un projet par la rive droite se raccordant à la ligne de Saint-Germain-en-Laye, mais de l'autre, la Commission parlementaire penche pour un tracé par la rive gauche. Après tractations, Hippolyte Passy, ministre, secrétaire d'État au département du Commerce et des Travaux publics, accepte la création de deux lignes, une par la rive droite et une autre par la rive gauche et les deux chambres votent la loi, promulguée par le roi Louis-Philippe le [108].

Le projet du chemin de fer rive gauche est finalement financé par le banquier Fould, les frères Seguin n'intervenant qu'en tant que sous-traitants, et vraisemblablement maîtres d'œuvre[109]. La ligne est inaugurée le , alors que celle par la rive droite est en exploitation depuis l'année précédente ; les deux lignes s'en trouvent concurrentes et la seconde souffre surtout de cette situation.

Après sa déconvenue avec la « Société de halage sur le Rhône par la vapeur, à points fixes »[61],[62], cette expérience est une des plus dures pour Marc Seguin, car elle lui coûte une partie de sa fortune[65] en raison des difficultés rencontrées en 1842 avec le viaduc de Meudon[110],[111], qui nécessite une consolidation, et la construction de l'audacieuse tranchée de Clamart[112], pour laquelle il obtient, en procès contre la compagnie, 800 000 francs de dédommagement pour travaux imprévus[113].

Entre-temps, l'année 1838 a marqué un tournant de sa vie.

Abbaye de Fontenay (vers 1920)
Abbaye de Fontenay - L'église et le bâtiment conventuel vus des jardins

Deux ans plus tôt, le , Rose Augustine Duret, sa femme âgée de 41 ans, est morte, deux jours après avoir mis au monde Mathilde, son treizième enfant[2]. À l'âge de 52 ans, Marc Seguin se remarie le , à Marmagne (Côte-d'Or), avec Marie Augustine de Montgolfier, sa nièce par alliance âgée de 19 ans, de 33 ans sa cadette[114],[65],[Note 39],[Note 2], née le à Annonay.

Son second beau-père, également beau-frère par alliance depuis son premier mariage[2], Louis Simon Élie Ascension de Montgolfier[Note 40] est propriétaire à Marmagne de l’ancienne abbaye de Fontenay, fondée en 1118 par saint Bernard de Clairvaux et transformée en papeterie depuis la Révolution française. Marc Seguin achète le tout, restaure et agrandit usines et bâtiments d'exploitation agricole[115],[Note 41].

Victime de rivalités tenaces[71],[Note 42], Marc Seguin décide alors de changer de cadre de vie en s’installant en Bourgogne avec toute sa famille. Il s'éloigne de son rôle d'entrepreneur pour se consacrer à sa famille qui s'agrandit toujours avec la naissance dans cette nouvelle demeure des six autres enfants de son second lit[2],[Note 43] ; en 1861, à 75 ans, il a la joie d'être encore père pour la dix-neuvième et dernière fois[116]. Il rassemble en un immense phalanstère ses gendres et filles, beaux-frères et belles-sœurs, enfants et petits-enfants, tous si nombreux, qu'on n'est jamais moins de vingt-cinq à table[115].

Ce deuxième mariage lui donne une seconde jeunesse et le jeune patriarche reprend alors avec passion ses réflexions dans les sciences physiques et mathématiques. Il continue à entretenir ses relations avec la communauté scientifique et offre l'hospitalité à ceux qui viennent collaborer avec lui. Il est nommé le , au premier tour de scrutin, correspondant dans la section de mécanique de l’Académie des sciences[117], le seul titre qu'il ait jamais ambitionné[118].

Marc Seguin y présente en 1847 un mémoire, Note à l'appui de l'opinion émise par M. Joule sur l'identité du mouvement et du calorique, dans lequel il revendique l'antériorité sur James Prescott Joule pour la détermination de la valeur de l'équivalent mécanique de la chaleur[Note 44]. Sa contribution dans ce domaine reste toutefois controversée[33]. Marc Seguin affirme bien en tout cas : « Ceci reviendrait à dire que la vapeur n'est que l'intermédiaire du calorique pour produire la force, et qu'il doit exister entre le mouvement et le calorique un rapport direct, indépendant de l'intermédiaire de la vapeur ou de tout autre agent que l'on pourrait y substituer[121] », et plus loin, « Il existe une véritable identité entre le calorique et la puissance mécanique qu'il sert à développer, et ces deux effets ne sont que la manifestation apparente à nos sens d'un seul et même phénomène[122] »[Note 45].

Esprit synthétique, il essaie d'appliquer les mêmes lois découvertes par Kepler et Newton à la constitution intime des corps et formule une théorie sur la cohésion et la distension qui fait l'objet d'un mémoire à l'Institut en 1855, Considérations sur les causes de la cohésion envisagées comme une des conséquences de l'attraction Newtonienne et résultats qui s'en déduisent pour expliquer les phénomènes de la nature. Il émet en 1857 sa théorie sur l'origine et la propagation de la force, Mémoire sur l'origine et la propagation de la force, répétant toujours avec modestie qu'il ne fait que développer les idées de son grand-oncle Joseph de Montgolfier[123].

Il met en même temps la théorie en pratique en essayant en 1857 une nouvelle machine ; celle-ci doit marcher constamment avec la même vapeur, à laquelle on restitue à chaque coup de piston la chaleur qui a été transformée en travail (Mémoire sur un nouveau système de moteur fonctionnant toujours avec la même vapeur à laquelle on restitue à chaque coup de piston la chaleur qu'elle a perdue en produisant l'effet mécanique). L'état d'avancement des constructions mécaniques à cette époque ne lui permet pas de mener à bien cette remarquable invention[123].

Ainsi passent une vingtaine d'années, après lesquelles la direction de cette « tribu Seguin » comme on l'appelle, devient trop lourde, surtout pour sa jeune femme. Marc Seguin s'accommode de plus en plus mal de l'humidité bourguignonne et sent se réveiller en lui la nostalgie du pays natal. Il n'y résiste pas et achète en 1858 à Mathieu Louis Pierre Duret[17],[Note 2], son premier beau-père, grand-père maternel de sa seconde épouse, une vieille propriété de sa famille aux portes d'Annonay[118] qu'on appelle Varagnes d'en Haut.

Une fin de vie bien remplie (1861 - 1875)

Varagnes vue en ballon
L'observatoire de Varagne

Marc Seguin passe les dernières années de sa vie à Varagnes. Connu et adoré de tout le pays, c'est un beau vieillard, se levant à 4 heures du matin, d'une sobriété extraordinaire ; pendant plus de quarante ans, il ne mange pas de viande : du lait seulement, des fruits et des légumes, et pour boisson, toujours de l'eau[124] !

Marc Seguin aménage son domaine à son idée ; ce sont des laboratoires de physique et de chimie, une remarquable bibliothèque, des ateliers de peinture et de sculpture, une machine à vapeur réalisant les plus savantes théories scientifiques, un observatoire astronomique, etc.[125]. Il n'en oublie pas pour autant de veiller à la sauvegarde du patrimoine familial ; en 1861 il évite la déconfiture aux papeteries Canson de Vidalon-lès-Annonay qui ont appartenu aux ancêtres de sa mère et de ses deux épouses, les rachète et en confie la gérance à l’un de ses gendres[126].

Dans cet environnement propice aux réflexions scientifiques, il publie de nombreux ouvrages, en 1861 Considérations sur les lois qui président à l'accomplissement des phénomènes naturels rapportés à l'attraction newtonienne et basées sur la synthèse des actions moléculaires exposée dans les mémoires publiés jusqu'ici, puis en 1865 Mémoire sur les causes et sur les effets de la chaleur, de la lumière et de l'électricité. Il y écrit un Cours élémentaire de sciences physiques et mathématiques et se passionne pour l'astronomie.

Il continue à participer à l'activité scientifique en devenant en 1868 le rédacteur principal de la revue Le Cosmos, ce qui lui permet de faire connaitre son avis sur les aspects de la science qui l'intéressent. Dans la basse-cour qu'il a fait aménager, il observe des années durant le vol des oiseaux au point de vue mécanique pour en déduire les principes de l'aéronautique, dont l'étude le passionne et qu'il croit possible quand tant d'autres scientifiques de cette époque la déclarent irréalisable[118].

La conclusion de son mémoire à l'Institut en 1866[127], qui fait sourire alors, paraît à tant d'années de distance, véritablement prophétique[128],[Note 46] : « Et il me suffit pour le moment, d'avoir constaté la possibilité de résoudre ce problème hérissé de tant de difficultés, pour acquérir la certitude, que dans un temps plus ou moins éloigné, on parviendra à voyager aussi facilement dans les airs qu'on le fait aujourd'hui sur mer, tandis que l'on ne peut malheureusement pas se dissimuler qu'en examinant de plus en plus la possibilité d'obtenir les mêmes résultats au moyen des ballons, on se trouve dans des conditions entièrement opposées[129],[Note 47]. »

Philanthrope et charitable, Marc Seguin devient bienfaiteur de sa ville natale (maisons de Saint-Joseph à Varagnes, des Petites Sœurs des pauvres, cité ouvrière du Pré-Matré, etc.). Il n'hésite pas à écrire[130] :

« Dieu ne consent la richesse à quelques-uns, non pas à titre de propriétaires, mais seulement à titre de dispensateurs auprès des pauvres. Les riches ont beaucoup à faire par leur bienveillance et par leur libéralité, pour se faire pardonner une situation qui excite tant de convoitises.... Inutile de laisser aux enfants une trop grosse fortune, qui est un si grand danger pour ceux qui ne savent pas en faire un usage légitime. Le seul but que les parents doivent se proposer, c'est de fournir à leurs enfants des moyens de travail, pour qu'ils puissent se faire, eux-mêmes, une situation en rapport avec leurs capacités. »

Atteint d'une fluxion de poitrine, Marc Seguin meurt le [131], entouré de dix enfants encore vivants, deux mois avant d'atteindre ses 89 ans[132],[Note 48]. Il est accompagné par une foule immense et reconnaissante au cimetière d'Annonay où il est inhumé dans le caveau familial[133].

Personnalité

Statue de Marc Seguin
(Gare de Lyon - 1903)
Statue à Annonay
Statue à Tournon-sur-Rhône

Marc Seguin comprend avant tout autres l'importance des transports et des échanges, et il met un point d'honneur à mettre à disposition de l'humanité le bénéfice de ses inventions, source selon sa pensée, du progrès, et annonceur du monde industriel. Il ne prend qu'un seul brevet, celui de la chaudière tubulaire[68] pour en marquer la date (). Il n'en paie pas la seconde annuité, laissant ainsi libres d'autres d'en profiter.

Une grande partie de son génie inventif est alimentée par ses différents voyages (Paris, où son grand-oncle l'initie à la Science, Genève, où il observe un bateau à vapeur, en Angleterre, où il découvre le chemin de fer) et ses rencontres avec les plus grands savants de son époque, d'abord son grand-oncle et mentor Joseph de Montgolfier, ensuite Arago, Biot[73], Cauchy, Cuvier, Davy, Faraday, Fresnel, Grove, Herschel, von Humboldt, Joule, Matteucci, Stephenson, Thénard, Young, etc.

Marc Seguin invente et la fratrie – lui-même, Camille[Note 49], Jules[Note 50], Paul[Note 51] et Charles[Note 52] – étudie, entreprend, réalise, développe, commercialise et gère[134]. Quelques traits de son caractère et de sa personnalité valent sans doute d'être rapportés tels que l'on peut les dégager de la documentation disponible.

Dans sa correspondance comme dans ses publications, Marc Seguin signe de son seul patronyme Seguin aîné[Note 11], ce qui traduit un caractère à propos duquel le professeur Charles C. Gillispie dans son ouvrage récent The Montgolfier brothers and the invention of aviation va jusqu'à écrire : « Marc Seguin n'éprouvait de respect pour rien si ce n'est la mémoire de son grand-oncle, ni pour personne excepté son père ; par contre, frères, femmes et enfants lui témoignaient leur respect comme à un potentat tribal ». Sa forte personnalité est en tout cas attestée par tous ses contemporains, mais le trait essentiel reste son profond humanisme[9].

René de Prandières[135], qui a épousé sa dernière fille Louise-Marie, reproduit dans son ouvrage un portrait de Marc Seguin par Hippolyte Flandrin[136] et un autre gravé par Daniel Némoz[137].

Cette dernière œuvre, qui est posthume, rappelle le grand homme tel qu'il l'a connu dans sa vieillesse « avec sa tête au port majestueux, ornée de cette abondante chevelure blanche et hirsute, véritable crinière de lion, qui faisait l'admiration de ses contemporains ; avec sa chemise largement ouverte et au col à peine retenu par une cravate négligemment nouée ; tout l'ensemble respirant une nature puissante, avide d'air et de liberté, exaspérée par l'exiguïté et la rigidité des vêtements modernes[138] ». Au contraire, le portrait peint d'après nature par Hippolyte Flandrin représente Marc Seguin sous un aspect tout différent ; en particulier, sans sa chevelure légendaire.

Cette contradiction a une histoire : le célèbre peintre Hippolyte Flandrin (1809-1864), d'origine lyonnaise, était presque un compatriote pour la famille Seguin et à Paris il comptait parmi ses meilleurs amis. Il avait souvent demandé à l'épouse de Marc Seguin de faire le portrait de son mari dont le type, admirable comme modèle, avait séduit son imagination d'artiste ; il s'adressait à elle parce que vu le besoin d'activité et de mouvement de son modèle désiré, il prévoyait difficile d'obtenir directement de lui la résignation nécessaire aux séances de pose[139].

Augustine de Montgolfier sut plaider sa cause mais toujours chagrinée qu'elle était par la tenue habituellement trop négligée de son époux, elle proposa, le jour venu, de commencer par une séance préparatoire chez le coiffeur ! Ce dernier, croyant avoir affaire à quelque homme des bois, eut vite fait de tailler la belle chevelure, puis de bien peigner à la mode et pommader ce qu'il en avait laissé.

Lorsque ainsi transfiguré Marc Seguin fut présenté à Hippolyte Flandrin, quelle ne fut pas la stupéfaction du peintre ! Il lui fallut quelques instants pour réaliser et proférer à son amie : « Mes compliments vraiment, chère Madame ! Vous avez joliment tondu Monsieur Seguin !... Heureusement que vous ne lui avez pas, en plus, arraché les yeux ! » Et après mûr examen : « Ma foi ! ils suffiront : Allons-y ! » Et le grand maître fit revivre ces yeux bleus de Marc Seguin, si lumineux et d'une expression si profonde[139] !

Distinction et hommages

Distinction

Il est nommé le , au premier tour de scrutin, correspondant dans la section de mécanique de l’Académie des sciences[117] et le promu officier de la Légion d'honneur[140], ayant été nommé chevalier en .

Hommages

Son nom fait partie de la Liste des 72 noms de savants inscrits sur la tour Eiffel[141]. L'œuvre de Marc Seguin est reconnue par le Conservatoire national des arts et métiers, dont l'entrée est ornée de sa statue et d'une plaque commémorant ses grandes inventions[10]. Plusieurs rues en France ont leur allée, avenue, impasse, place, rue ou square « Marc Seguin ». Son nom a été donné à de nombreux établissements scolaires, à un complexe sportif, etc.

L'œuvre de Marc Seguin est largement présentée à Annonay au musée municipal vivarois César Filhol[142], ainsi qu'à Tournon, au musée-château du Rhône et a fait l'objet d'une émission d'un timbre spécifique français le , lors du bicentenaire de sa naissance[143],[10].

Les compagnies fondées par Marc Seguin et frères

Les grands projets de Marc Seguin et frères

Esprit Seguin

Augustin Seguin (1841-1904)[156],[157], né en 1841, l'aîné des enfants du second mariage de Marc Seguin, directeur de la Société Anonyme des Chantiers de La Buire[158], est à la fois ingénieur de l'École centrale des arts et manufactures et artiste[Note 53]. Varagnes témoigne de ses dons : peintures et sculptures, décoration de l’intérieur de la serre, abside de la chapelle, etc. Il entretient des contacts étroits avec l'École des beaux-arts de Lyon, en même temps qu'il discute optique, photographie et acoustique avec les frères Lumière. qui viennent souvent à Varagnes[160].

Comme son père, Augustin Seguin est à la tête d'une famille nombreuse de 11 enfants, quatre de son premier mariage avec Félicie Marie Célestine Mangini (1843-1872)[Note 54], trois du second avec Louise Marguerite de Montgolfier (1850-1880)[Note 55] et quatre du troisième et dernier avec Rose Consiglieri (1881-1943).

Ses fils Louis Lazare Augustin Seguin (1869-1918) et Laurent Seguin (1883-1944) créent les moteurs Gnome. Les avions français glanent, avec ce moteur[Note 56], une grande partie des records mondiaux entre 1909 et 1915, ainsi que leurs pilotes, tels qu’Augustin Louis Seguin (1889-1965), un autre fils, recordman de distance sans escale en 1913[163].

Marc, un autre fils, va utiliser les études de son père sur la photographie pour développer la radiologie et équiper l'hôpital d'Annonay. Une de ses filles Rose Seguin-Béchetoille (1886-1941)[164] voit certains de ses tableaux exposés au musée municipal vivarois César Filhol[142].

Un autre fils est Joseph Seguin (1878-1954), dit Julien Vorance, un poète très original qui contribue à introduire le haïkaï en France au début du XXe siècle avec l’un ses livres consacré à la Première Guerre mondiale.

Publications

  • Base de données bibliographiques WorldCat
« Résultats de recherche pour auteur : Seguin aîné en Français » (consulté le ) (en savoir plus sur la base de données bibliographiques WorldCat)
  • Seguin Aîné : ouvrages numérisés
  1. Seguin Aîné, Des ponts en fil de fer, Paris, Bachelier, , 104 p. (lire en ligne) (OCLC 320037962)
  2. Seguin Aîné, Des ponts en fil de fer : seconde édition, Paris, Bachelier, , 115 p. (lire en ligne) (OCLC 2127451)
  3. Seguin Aîné, Mémoire sur la navigation à vapeur : lu à l'Institut le 16 décembre 1826, Paris, Bachelier, , 29 p. (lire en ligne) (OCLC 458773936)
  4. Seguin Aîné, De l'Influence des chemins de fer et de l'art de les tracer et de les construire, Paris, Carilian-Gœury et V. Dalmont, , 501 p. (lire en ligne) (OCLC 493490815)
  5. Seguin Aîné, Note à l'appui de l'opinion émise par M. Joule sur l'identité du mouvement et du calorique, Paris, Bachelier, (lire en ligne)
  6. Seguin Aîné, Considérations sur les causes de la cohésion envisagées comme une des conséquences de l'attraction Newtonienne et résultats qui s'en déduisent pour expliquer les phénomènes de la nature, Paris, Mallet-Bachelier, , 55 p. (lire en ligne) (OCLC 500910761)
  7. Seguin Aîné, Mémoire sur l'origine et la propagation de la force, Paris, Mallet-Bachelier, , 57 p. (lire en ligne) (OCLC 23414747)
  8. Seguin Aîné, Mémoire sur un nouveau système de moteur fonctionnant toujours avec la même vapeur à laquelle on restitue à chaque coup de piston la chaleur qu'elle a perdue en produisant l'effet mécanique, Paris, Mallet-Bachelier, , 17 p. (lire en ligne) (OCLC 870113555)
  9. Seguin Aîné, Considérations sur les lois qui président à l'accomplissement des phénomènes naturels rapportés à l'attraction newtonienne et basées sur la synthèse des actions moléculaires exposée dans les mémoires publiés jusqu'ici, Paris, A. Tramblay, , 90 p. (lire en ligne) (OCLC 500910761)
  10. Seguin Aîné, Mémoire sur les causes et sur les effets de la chaleur, de la lumière et de l'électricité, Paris, A. Tramblay, , 113 p. (lire en ligne) (OCLC 812173632)
  11. Seguin Aîné, De l'Influence des chemins de fer et de l'art de les tracer et de les construire, Lyon, Pitrat aîné, , 345 p. (lire en ligne) (réimpression de l'édition de 1839) (OCLC 28469490)

Sous le Second Empire, Seguin collabore à la revue Cosmos dont il gère l'annuaire à partir de 1868.

Voir aussi

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Seguin Aîné, Des ponts en fil de fer, Paris, Bachelier, , 104 p. (lire en ligne). 
  • Seguin Aîné, Des ponts en fil de fer : seconde édition, Paris, Bachelier, , 115 p. (lire en ligne). 
  • Seguin Aîné, De l'Influence des chemins de fer et de l'art de les tracer et de les construire, Paris, Carilian-Gœury et V. Dalmont, , 501 p. (lire en ligne). 
  • Seguin Aîné, De l'Influence des chemins de fer et de l'art de les tracer et de les construire, Lyon, Pitrat aîné, , 345 p. (lire en ligne).  (réimpression de l'édition de 1839)
  • Claude Navier, Rapport à Monsieur Becquey et Mémoire sur les ponts suspendus, Paris, Imprimerie Royale, , 228 p. (lire en ligne). 
  • Guillaume Henri Dufour, Description du pont suspendu en fil de fer construit à Genève, Genève, J.-J. Paschoud, , 98 p. (lire en ligne)
  • Statuts de la Société du chemin de fer de St-Etienne à Lyon par Givors et Rive-de-Gier, Paris, Firmin-Didot, , 52 p. (lire en ligne). 
  • Léon Coste et Auguste Perdonnet, Mémoire sur les chemins à ornières, Paris, Bachelier, , 200 p. (lire en ligne). 
  • Louis Figuier, Les Merveilles de la science ou description populaire des inventions modernes : Machine à vapeur, bateaux à vapeur, locomotive et chemins de fer, locomobiles, machine électrique, paratonnerres, pile de Volta, électro-magnétisme, vol. Tome I, Paris, Furne, Jouvet, , 743 p. (lire en ligne), p. 269-322. 
  • Pierre Larousse, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle : français, historique, géographique, mythologique, bibliographique, littéraire, artistique, scientifique, etc., etc. : Seguin, vol. no 14, Paris, Administration du grand Dictionnaire universel, , 52 p. (lire en ligne), p. 485. 
  • Paul Laurencin, La Nature, Revue des sciences et de leurs applications aux arts et à l'industrie : Marc Seguin, vol. 3e année, G. Masson, , 426 p. (lire en ligne), p. 259-260. 
  • Gabriel de La Landelle, Dans les airs : histoire élémentaire de l'aéronautique, Paris, René Haton, , 288 p. (lire en ligne).  (OCLC 15978576)
  • René Michelerne, Bulletin de la Société archéologique et biographique du canton de Montbard : Marc Seguin, vol. no 7, Semur, Imprimerie commerciale et administrative V. Bordot, , 52 p. (lire en ligne), p. 39-49. 
  • Paul Tissandier, L'Aérophile : Marc Seguin (1786-1875), ses travaux sur l'aéronautique, Paris, , 443 p. (lire en ligne), p. 205-206. 
  • Comité du monument Marc Seguin, Marc Seguin 1786-1875, Annonay, , 20 p. (lire en ligne). 
  • René de Prandières, Souvenirs de la vie privée de Marc Seguin (1786-1875), Lyon, Société anonyme de l'imprimerie A. Rey, , 48 p. (lire en ligne). 
    René de Prandières[135], qui est en 1926 le seul survivant de la première génération dans la descendance de Marc Seguin, prononce cet éloge de son beau-père lors de la célébration du centenaire du premier pont suspendu entre Tain et Tournon. [lire en ligne]
  • Jean Salençon, La Vie des sciences : Marc Seguin (1786-1875), inventeur et constructeur, vol. 4 no 2, Paris, Gauthier-Villars, , 65 p. (lire en ligne), p. 141-155. 
  • Jean-Marc Combe et Bernard Escudié, Vapeurs sur le Rhône : histoire scientifique et technique de la navigation à vapeur de Lyon à la mer, Lyon, CNRS, , 462 p. (ISBN 2-222-04607-6, lire en ligne), p. 59-67. 
  • Michel Cotte, Revue d'histoire des sciences : L'approche mathématique du pont suspendu chez Marc Seguin, 1822-1826, vol. 46 no 2-3, Paris, Armand Colin, , 52 p. (lire en ligne), p. 233-257. 
  • Michel Cotte, Fonds d'archives Seguin : aux origines de la révolution industrielle en France (1790-1860), Privas, Archives Départementales de l'Ardèche, , 191 p. 
  • De l’inventeur à l’entrepreneur, histoire de brevets, Paris, Cnam : Musée des Arts et métiers, , 52 p.  (OCLC 493591030)

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Cinq ans plus tard, le est inaugurée la ligne de Paris-Saint-Lazare à Saint-Germain-en-Laye, première ligne de France conçue uniquement pour le transport de voyageurs et exploitée à l'aide de locomotives à vapeur
  2. Raymond de Montgolfier (1730-1772), grand-père maternel de Marc Seguin, est l'un des frères d'Étienne (1745-1799) et Joseph (1740-1810), les aérostiers ; il épouse Catherine Devant. Le couple a pour enfant Augustine Marie Thérèse de Montgolfier (1764-1843), épouse de Marc François Seguin (1757-1832) (les parents de Marc). Il a également pour enfant Jeanne Catherine de Montgolfier (1770-1825), épouse de Mathieu Louis Pierre Duret (1758-1841) (les parents de Rose Augustine Duret). Marc Seguin et sa première épouse sont donc cousins germains.
    Les parents de Rose Augustine Duret sont également ceux de Pauline Claudine Duret (1793-1851), épouse de Louis Simon Élie Ascension de Montgolfier (1784-1864). Marie Augustine de Montgolfier (1819-1890) est l'une des enfants de ce dernier couple ; elle est par conséquent la nièce de Marc Seguin, mais elle est surtout sa seconde épouse.
  3. Depuis Marc l'ancêtre, la filiation agnatique attribue ce même premier prénom Marc à l'aîné de la lignée.
  4. En 1782, le 14 décembre, grâce à Étienne et Joseph Montgolfier, la première montgolfière s'élève à Vidalon-lès-Annonay. Elle est constituée d'un grand sac de papier doublé de toile placé au-dessus d'un feu de paille mouillée et de laine. Elle reste cependant une expérience privée, le premier envol public et officiel d'une montgolfière a lieu le depuis Annonay, très exactement depuis la place des Cordeliers, devant un public de choix : les membres des États particuliers du Vivarais.
  5. « En tout cas, le grand homme conserva toujours pour son premier maître une touchante vénération, et il riait de bon cœur aux souvenirs qu'il en avait gardés[8]. »
  6. Un seul, plus âgé, le prend sous sa protection, Louis Rousseau de Kérama, breton, originaire de Saint-Pol-de-Léon, qui, par la suite, demeura intimement lié avec lui[7].
  7. L'œuvre de Marc Seguin est reconnue par le Conservatoire national des arts et métiers, dont l'entrée est ornée de la statue de lui et d'une plaque commémorant ses grandes inventions[10].
  8. Seguin et Cie est la maison mère. Fondée en 1796 par le père de Marc Seguin, elle représentera la stabilité, et sera sollicitée pour "assurer" les risques pris par Marc et ses frères dans leurs ambitieux projets ; elle est liquidée en 1833 en suite du décès de son fondateur le (à 74 ans)[13].
  9. Théoriquement n'importe quelle fibre végétale longue, fine et solide peut permettre de faire du papier, mais le bois reste la première source de pâte à papier. Les rondins sont broyés et convertis en fibres diluées dans une solution à 4 %, qui servira à fabriquer le papier. Le principe de fabrication est toujours resté celui de la formation de la feuille induite par le séchage en quelques secondes d'un mince film de pâte à papier liquide sur un feutre.
  10. Le beau-père de Marc Seguin, Mathieu Louis Pierre Duret (1758-1841), a fait des études à Paris et à Montpellier, et de retour au pays natal, il est attaché à l'hôpital, comme médecin et administrateur. À la suite du 18 brumaire, il est appelé au Conseil général de l'Ardèche qu'il préside ensuite plusieurs fois. Il est également maire d'Annonay de 1815 à 1817. En tant que disciple de Jenner, le docteur Duret a été le premier à introduire la vaccine en Vivarais[17].
  11. Marc Seguin publie ses ouvrages personnels sous la signature Seguin aîné, les textes écrits en collaboration avec l'un ou l'autre de ses frères Seguin frères.
  12. Comme Marc Seguin l'indique lui-même dans la préface de son ouvrage Des ponts en fil de fer (1824), c'est la lecture d'un article paru dans le Moniteur universel du , qui est à l'origine de sa réflexion sur les ponts suspendus[22].
  13. Dans ce livre, Thomas Pope traite des ponts suspendus sud-américains ainsi que du pont suspendu de Finley. Ce livre est cité par Claude Navier dans le Rapport à Monsieur Becquey de 1830 concernant les ponts suspendus. [lire en ligne]
  14. La longueur de cette seconde passerelle est cette fois de 30 mètres, sa largeur de 1,65 mètre et l'élévation du plancher au-dessus du niveau de l'eau de 5 mètres.
  15. La passerelle de Saint-Vallier s'est toutefois effondrée en décembre 1842, entraînant la mort de plus de cent personnes, comme en témoigne une plaque commémorative sur les lieux du drame[réf. nécessaire].
  16. La querelle porte d'abord sur le modèle mathématique utilisé pour le calcul de l'ouvrage : Navier se base sur l'hypothèse d'une suspension parabolique tandis que Seguin pose, dès le départ de sa réflexion, la chaînette comme modèle mathématique de la suspension[32]. Mais la principale opposition de Navier concerne la corrosion des fils de fer[33] ; Seguin propose une nouvelle façon de tresser les fils "en guirlande" et s'intéresse par ailleurs aux moyens de traiter le fil de fer pour éviter qu'il ne rouille. Enfin, averti par les expériences des ponts anglais sur le besoin de rigidité, Seguin propose l'association d'un cintrage de bois croisé au niveau du pont, avec des barres de tension en fer, une méthode connue sous le nom de "Howe truss"[34].
    Navier eut moins de chance comme ingénieur que comme savant nommé le dans la section de Mécanique de l'Académie des sciences.
    « Comme sanction à ses études sur les ponts suspendus, Navier avait projeté d'établir sur la Seine, en face de l'esplanade des Invalides, un pont dont l'ouverture était de 155 m, c'est-à-dire à peine inférieure à la portée du fameux pont de Menai dans le pays de Galles. De cette façon, la capitale eut été dotée d'un ouvrage d'art destiné à exciter longtemps une attention universelle. La construction du pont, précédée par un bel ensemble d'études théoriques et expérimentales, avait donné à Navier l'occasion d'imaginer des dispositions nouvelles pour les points d'appui ou d'attache, ainsi qu'un ingénieux appareil pour soumettre à un effort de 67 000 kilogrammes les 5 000 pièces composant le système de suspension.
    Le pont venait d'être terminé, quand un léger mouvement se manifesta dans les puits et les contreforts de retenue. Du côté des Champs-Elysées, l'effet de ce mouvement se trouva fortuitement aggravé, dans la nuit du 6 au , par la rupture d'une conduite maîtresse des eaux de la Ville de Paris. Au fond il s'agissait de fort peu de chose et, avec 100 ou 200 mètres cubes de moellons, tout pouvait être facilement réparé. Mais l'opinion publique, qui s'était toujours montrée hostile à cette construction, dont les promeneurs déploraient l'effet, prit peur à cette occasion. On fit valoir que la réparation ne serait pas achevée avant l'hiver, qu'il y avait danger, en prévision des glaces, à barrer le fleuve par des échafaudages. Bref, toutes sortes d'intrigues s'en mêlèrent et l'on décida l'abandon de l'ouvrage[35]. »
  17. « La première concession d'une entreprise d'utilité publique qui ait été accordée par le gouvernement à une société particulière est celle que j'obtins le , relativement à la construction du pont de Tournon sur le Rhône. Loin de trouver, dans les ingénieurs du gouvernement, cet esprit d'opposition dont on les a si souvent accusés depuis, je reçus l'accueil le plus encourageant de tous les membres de ce corps avec lesquels je dus entrer en relations. Je pus même acquérir la certitude que leur plus grand désir était de prêter appui à tous ceux dont les efforts pouvaient être de quelque utilité aux progrès de leur art. M. le comte de Villèle, alors ministre des finances, M. Becquey, directeur général des ponts et chaussées, M. Legrand, alors secrétaire de la Commission des canaux, et M. Brisson, directeur de l'École des ponts et chaussées, m'accordèrent toujours la plus bienveillante protection[42]. »
  18. Le centenaire de la construction de ce pont fut à l’origine de la création de l’Union générale des rhodaniens, en 1927, par Gustave Toursier. Ce pont, transformé en passerelle, est détruit en 1965.
  19. Cette deuxième réalisation plus en aval est toujours en service à ce jour. Elle échappe à une défiguration inéluctable au XXe siècle, en raison de la mise en place en 1958 du troisième pont à Tournon (pont Gustave Toursier)[55] en aval des deux premiers. En 1989, elle est alors restaurée en respect des techniques historiques, son tablier en bois conservé, adapté au trafic piétonnier. À noter que pendant la cohabitation des trois ponts (1958-1965) les mariniers du Rhône se plaignaient de la difficulté de passage des trois ponts successifs.
  20. « J'apprends dans ce moment que la ville de Genève vient d'ouvrir au public les premiers ponts suspendus en fil de fer, qui aient encore été faits sur le principe que je propose. Les principales dispositions en furent prises à la suite d'un voyage que j'y fis pour cet objet en décembre 1822[56]. »
  21. « M. Séguin donna une solution des plus extraordinaires et des plus brillantes de cette grave difficulté. Il fit traverser la chaudière par une certaine quantité de tubes d'un petit diamètre, dans l'intérieur desquels venaient circuler l'air chaud et la fumée qui s'échappaient du foyer. La surface offerte à l'action du feu devenait ainsi infiniment considérable : avec un générateur de dimensions ordinaires, on pouvait offrir une surface de plus de 130 mètres à l'action de la chaleur. L'air chaud, traversant, ces tubes, vaporisait rapidement l'eau qui remplissait leurs intervalles, et provoquait, dans un temps très-court, le développement d'une énorme quantité de vapeur. Les chaudières des premières locomotives de M. Séguin contenaient quarante-trois de ces tubes; on ne tarda pas a les porter jusqu'à soixante-quinze, et plus tard jusqu'à cent, et même cent vingt-cinq[69]. »
  22. Ces chaudières sont munies chacune de 80 tubes de 4 cm de diamètre et de 3 m de long et donnant 1 200 kg de vapeur à l'heure, avec un tirage forcé par ventilateur.
  23. « Eh bien Messieurs, la personne qui est parvenue à imaginer une chaudière de petites dimensions, d'un poids médiocre, et qui, cependant, fournit largement à la consommation de la locomotive, c'est notre compatriote M. Marc Seguin. Si les admirables locomotives anglaises se meuvent avec une vitesse qui effraie l'imagination, elles le doivent à la belle et ingénieuse découverte de M. Seguin (Moniteur du )[71]. »
  24. Marc Seguin « n'a jamais réclamé l'invention des chaudières tubulaires en général, puisqu'elles étaient déjà connues et désignées, en physique, comme nous venons de le dire, sous le nom de chaudières de Perkins, mais il les a transformées de manière à leur donner une puissance inouïe. Ce serait porter atteinte à l'une de nos gloires nationales, que de disputer au vénérable doyen de l'industrie française, l'invention de la véritable chaudière tubulaire, de la chaudière dite à tubes à feu[72]. »
  25. La construction de la ligne est autorisée par une loi adoptée par le parlement britannique le après deux premières tentatives infructueuses en 1818 et 1819. En 1823, est voté un amendement à la loi afin de retenir le tracé étudié par George Stephenson qui suggéra, par ailleurs, d’y insérer une disposition autorisant l’emploi de locomotive à vapeur pour la traction des trains. George Stephenson avait déjà construit en 1814 une première locomotive à vapeur, la « Blücher », pour les houillères de Killingworth (en), où il était employé comme mécanicien chargé de la surveillance et de l’entretien des machines à vapeur utilisées pour l’exhaure des puits de mine.
  26. Les convois mettent ordinairement quatre heures à parcourir la distance de sept lieues qui sépare la plaine de Brusselton de la ville de Stockton. Au retour, le même trajet se fait en cinq heures, en raison d'une faible pente qu'il faut remonter[77].
  27. L'état déplorable des routes de terre, encore aggravé par le système de péage que le gouvernement britannique avait établi sur les routes améliorées par lui, rendait alors toute concurrence impossible contre la navigation des canaux. Les compagnies n'eurent donc pas de peine à monopoliser le transport des marchandises, et elles réalisèrent bientôt des bénéfices considérables.... Les compagnies des canaux essayèrent de parer le coup qui les menaçait. Elles se réunirent pour abaisser les tarifs des transports, comme elles s'étaient réunies autrefois pour les élever. Mais il était trop tard. Tous leurs efforts, toutes leurs sollicitations auprès des membres des deux chambres, n'aboutirent qu'à retarder de deux ans la concession du chemin de fer, dont l'établissement fut autorisé par le Parlement, à la fin de 1828[78].
  28. Voici les principales de ces conditions :
    La machine, montée sur six roues, ne peut peser plus de six tonnes. Elle doit traîner, sur un plan horizontal, avec une vitesse de 16 kilomètres à l'heure, un poids de vingt tonnes, en comprenant dans ce poids l'approvisionnement d'eau et de combustible. — Si la machine ne pese que cinq tonnes, le poids à remorquer est réduit à quinze tonnes. — Le poids des locomotives portant sur quatre roues peut être réduit à quatre tonnes et demie. — Enfin, le prix de la ma chine agréée ne peut excéder 550 livres sterling[79].
  29. La Fusée de George et Robert Stephenson, La Nouveauté de John Braithwaite (en) et John Ericsson, La Sans-Pareille de Timothy Hackworth, La Persévérance de Timothy Burstall (de) et La Cyclopède de Thomas Shaw Brandreth (en)[79],[80].
  30. George Stephenson et Marc Seguin se sont déjà rencontrés et correspondent régulièrement.
  31. Elle combine deux inventions : la chaudière tubulaire esquissée par Marc Seguin fin 1826, testée à la mi-décembre 1827 sur le réseau Lyon-Saint Étienne et brevetée le et l'injection dans la cheminée de la vapeur d'échappement (après détente dans le piston). Cette idée, déjà utilisée par Richard Trevithick mais négligée depuis, était déterminante pour améliorer le tirage et donc la puissance[69].
  32. On attribue à Marc Seguin la paternité – qui reste à prouver – du pont suspendu d'Andrézieux, construit en 1831, détruit en par une crue de la Loire[84],[85].
  33. " La Compagnie du chemin de fer de Saint-Étienne à Lyon se constitua en 1826 avec un capital de 10 millions de francs, partagé en 2 000 actions ; parmi les actionnaires, on note Jean-Baptiste Biot (en fait son fils Edouard) et le baron Thénard (membres de l'Institut), le comte Alexis de Noailles (député, aide de camp du roi et ministre d'État), Arnould Humblot-Conté (animateur d'une fabrique de crayons), etc. L'appui porté par ces souscripteurs de la première heure suppose, de leur part, une certaine clairvoyance, qui, dix ans plus tard, fera encore défaut à des personnalités éminentes du monde savant ou de la politique, comme Arago et Thiers. Notons qu'il n'y eut pas un stéphanois ni un forézien parmi les souscripteurs, et un seul lyonnais[74] !
  34. Une ordonnance royale du autorise la compagnie à construire à Lyon un pont fixe[92],[93] sur la Saône à l'extrémité de la presqu'île de Perrache[94]
  35. « Je m'aperçus, presque dès l'origine de la mise en activité du chemin de fer de Saint-Étienne, que le roulage sur les traverses de bois était bien plus doux, moins bruyant, moins fatigant pour les voyageurs que sur les dés en pierre ; et que les rails paraissaient s'y détériorer moins vite. Je remarquai aussi que dans les percements où les dés en pierre portaient sur le roc, la déformation de la voie fut si prompte, et les rails sitôt hors de service, que l'on fut obligé de relever les dés afin de pratiquer au-dessous une excavation assez profonde pour y placer une couche de quelques centimètres d'éclats de pierre[102]. »
  36. « Les machines locomotives que l'on construisait avant 1823 ne pouvaient suffire à la production que de 300 kilogrammes de vapeur à l'heure. Je dus à la protection éclairée que, dès cette époque, le gouvernement accordait à l'industrie, de pouvoir introduire en France, exemptes de droits, deux machines du célèbre constructeur sir Robert Stewenson, de Newcastle-sur-Tyne, telles qu'on les employait alors sur le chemin de fer de Darlington. L'une d'elles fut envoyée à M. Halete, constructeur distingué de machines à Arras, pour qu'il l'étudiât ; et l'autre fut transportée à Lyon pour servir de modèle à celles que je devais y faire construire pour le service du chemin de fer. Il résulta des essais multipliés qui furent faits sur ces machines à Arras et à Lyon, que leur production ne pouvait dépasser 300 kilogrammes de vapeur à l'heure, quantité qui resta exactement la même, quelle que fût d'ailleurs la pression, et, par suite, la température à laquelle cette vapeur se formait, sans qu'il fût possible de remarquer aucune différence dans la quantité de combustible employé[104]. »
  37. « Le croirait-on ? L'exploitation de la première voie ferrée commença sans aucun enthousiasme de la part de personne et sans inauguration officielle. Le duc d'Angoulême, fils aîné du roi Charles X, étant venu voir la nouvelle curiosité du jour, Marc Seguin voulut lui en témoigner sa reconnaissance en criant devant la foule : "Vive le duc d'Angoulême !". Mais on était à la veille de la Révolution de 1830 ; le peuple était hostile et un rire moqueur accueillit l'acclamation de l'ingénieur, impopulaire lui-même. Le pauvre Marc Seguin en fut de son enthousiasme, pour une nouvelle corvée : celle de réconforter le malheureux prince, que cet incident avait douloureusement impressionné. Finalement, cette journée, qui aurait dû être pour Marc Seguin un jour de triomphe, fut au contraire pour lui, a-t-il raconté, une des plus pénibles de sa vie[105] ! »
  38. « Quant au chemin de fer de Saint-Étienne à Lyon, c'était un chemin tout à fait fantaisiste, comme on dit aujourd'hui. C'était un mélange, une olla podrida, de tous les moyens de traction qui peuvent être mis en usage sur une route ferrée. L'imagination active des frères Séguin, leur esprit par trop inventif, s'était donné ici libre carrière. Aussi, rien n'était-il plus dangereux, surtout vers les premières années, qu'un voyage sur le chemin de fer de Saint-Étienne. Les constructeurs ne s'étaient guère occupés que du transport des houilles et des marchandises ; c'est à peine s'ils avaient songé aux voyageurs. Les déraillements des convois étaient assez fréquents. Les voûtes des tunnels étaient si basses et si étroites, les piliers des ponts placés si près des rails, que la moindre imprudence pouvait devenir funeste au voyageur. Celui qui, pour admirer le paysage, mettait la tète hors de la portière, ou étendait le bras, pour désigner un point de vue à l'horizon, s'exposait à rentrer dans le wagon, comme la statue de l'Homme sans tête, du palais Saint-Pierre, à Lyon, ou comme Ducornet, le peintre, né sans bras. Nous avons fait, en 1838, le voyage de Saint-Étienne à Lyon, sur ce chemin de fer primitif, et l'on nous permettra de rappeler ici, comme un témoignage certain, nos impressions particulières[107]. »
  39. Pauline Claudine Duret, la mère d'Augustine Marie de Montgolfier, est la sœur aînée de Rose Augustine Duret, première épouse de Marc Seguin. Elle a épousé en 1811 Louis Simon Élie Ascension de Montgolfier[2]. Son père est Mathieu Louis Pierre Duret[17].
  40. Elie de Montgolfier passe en papeterie, pour avoir inventé entre autres choses, le papier buvard[115].
  41. Cette abbaye est plus tard restaurée et remise dans son état primitif par Édouard Aynard[3], député du Rhône, qui a épousé Rose Pauline de Montgolfier, une petite-fille de Marc Seguin[2].
  42. « Les hostilités, les rivalités grandissaient. Pour les vaincre, il se sentit acculé à l'emploi de moyens que réprouvait son intransigeante honnêteté ; et alors, de Villèle n'étant plus là pour le soutenir, il renonça à la lutte et se retira, quoique n'ayant encore que cinquante-deux ans, à Fontenay, près Montbard, en Bourgogne[65]. »
  43. Les enfants du premier lit de Marc Seguin sont nés tous les treize à Annonay[2].
  44. La méthode indiquée dans le septième chapitre de son livre de 1839[119], intitulé Des moteurs, « De l'emploi de la vapeur dans les machines » (titre II), est, selon Marc Seguin, tout à fait différente de celle de Joule dans ses travaux publiés en 1843[120].
  45. Marc Seguin donne même le résultat de ses expériences sur l'équivalent mécanique de la chaleur auquel il assigne le nombre 440 bien proche de celui admis aujourd'hui.
  46. Marc Seguin en arrive à construire un appareil bizarre qui, par le seul effort humain, s'élève à quelques centimètres au-dessus du sol. L'expérimentateur attitré en est un jeune abbé du voisinage, qui mériterait vraiment d'être honoré, pour avoir été, c'est sûr, le « premier aviateur du monde ». Son nom, malheureusement, est perdu pour l'histoire[124].
  47. Deux des petits-fils de Marc Seguin, Louis et Laurent Seguin, fils d'Augustin, l'aîné des enfants de son second mariage, créent les moteurs Gnome avec lequel les avions français glanent une grande partie des records mondiaux entre 1909 et 1915.
  48. Son fils Marie Louis (1846-1918), aumônier de l'Hôpital d'Annonay pendant trente-huit ans, lui donne l'absolution[132].
  49. Camille est le commercial de la fratrie. Il joue un rôle central dans la communication entre les frères : il assura par exemple la gestion des fournisseurs de fil de fer au moment de la création du premier pont de Tournon, notamment par un voyage en Franche-Comté[38].
  50. On sait désormais, et notamment pendant la période 1826-1834, que Jules est le grand entrepreneur de ponts sous le nom "Seguin", dans la mesure où son frère Marc en a l'interdiction, compte tenu de son contrat concernant la compagnie de chemin de fer. Ceci n'empêche des relations permanentes entre les frères[39] !
  51. Paul Seguin est le second de bien des entreprises de ses frères. On lui confère de forte capacité technique et aussi de négociateur dans les conflits sociaux[40].
  52. Charles Seguin apporte aux entreprises des frères Seguin sa connaissance du lobby, notamment parisien. Très souvent résidant en dehors d'Annonay, et notamment à Paris à partir de 1826, il s'intègre à la bourgeoisie parisienne[41].
  53. D’après le diplôme qui l’accompagne, ainsi que sa traduction officielle en français, l’ordre chinois du Double Dragon fut conféré à « Lei-cheng, Directeur des Établissements de la Buire en France » le . Derrière ce nom chinois se tient un français qui s’appelle réellement Augustin Seguin (1841-1904), ingénieur de l'École centrale des arts et manufactures qui avait réalisé un petit chemin de fer dans le jardin du Palais d'été à Pékin pour le compte de l’empereur de Chine[159]
  54. Félicie Marie Célestine Mangini est une des deux filles de Lazare Mangini (1802-1869)[161],[162] , collaborateur et ami précieux des frères Seguin, qui contribue fortement à la mise en place avec eux de la ligne de Saint-Étienne à Lyon, mais aussi à la mise en place du chemin de fer Paris-Versailles par la Rive gauche. Un de ses deux fils Félix Daniel épouse Paula Marie Pauline Seguin, sœur d'Augustin.
  55. Louise Marguerite de Montgolfier et Augustin Seguin sont cousins germains. Leurs mères sont sœurs et filles de Louis Simon Élie Ascension de Montgolfier et de Pauline Claudine Duret[157].
  56. Le premier vol mondial d’un hydravion (Henri Fabre, 1910) est réalisé avec un engin équipé d'un moteur Gnome.

Références

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