Pierre-Antoine Véron

Pierre-Antoine Véron né en 1736 aux Authieux-sur-Buchy et mort en à Timor est un astronome français.

Pour les articles homonymes, voir Véron.

Il est passé à la postérité pour avoir déterminé la largeur de l’océan Pacifique au cours de son tour du monde dans l’expédition de Bougainville lors de l’observation de l’éclipse de soleil du .

Biographie

La circumnavigation de Bougainville en 1766-1769.
Vaisseau du type du Diadème.
La Boudeuse.

Nés de parents peu favorisés de la fortune, Pierre-Antoine Véron était destiné par son père à l’état de jardinier mais, manifestant de bonne heure des dispositions pour les mathématiques, il se sentit au-dessus d’une telle profession, et se rendit à Rouen, chez un oncle, qui, frappé de son excellent jugement, et approuvant son goût pour la navigation, l’encouragea et le fit inscrire dans les classes de la marine, en 1757, puis lui donna un maître de mathématiques et d’hydrographie[1]. Satisfait de ses progrès, il l’envoya à Paris suivre le cours du mathématicien Lalande au Collège royal. Il parvint à suivre sa vocation, mais ce fut pour entrer dans les emplois subalternes de la Marine[2].

Après plusieurs voyages infructueux pour son avancement, mais non pour son instruction, Lalande, qui l’avait pris sous sa protection, utilisa son influence pour le faire accepter comme pilote adjoint[3] sur le vaisseau le Diadème où il s’embarqua, après avoir terminé ses études, en 1762, d’où il passa sur le Sceptre, et fut mis enfin, comme pilote, en 1765, à bord de la Capricieuse, où ses connaissances le firent rechercher par capitaine de Charnières qui occupait alors sur ce bâtiment le grade de garde-marine. Il inspira à cet officier le goût des observations astronomiques appliquées à la navigation[4].

Lorsqu’en 1766, Bougainville, se disposant à faire le tour du monde, manifesta le désir d’avoir avec lui un astronome pour observer les longitudes, le jeune Véron lui fut proposé et il l’accepta, mais on ne put obtenir, pour lui, du duc de Praslin, alors ministre, que le titre de pilote avec une modique somme de 1 200 francs pour acheter des instruments. En , Véron partit de Rochefort, sur la flûte l'Étoile qui mouilla, le suivant, à Rio de Janeiro, et de là il passa à bord de la frégate la Boudeuse que montait Bougainville qui, appréciant tout le mérite du jeune astronome, l’admit dans son intimité. Entrés, le , dans le détroit de Magellan, qu’avant lui des marins avaient attendu huit mois sans pouvoir le franchir, ils en sortirent au bout de 54 jours de navigation, le . Après diverses relâches, ils abordèrent, le , à l’Isle de France où Bougainville, charmé de ses services, lui fit présent, pour le récompenser, d’une pendule à secondes et d’un graphomètre pour lever des plans.

Quelque modeste qu’il fût, son talent le recommandait partout : il plut par ses connaissances à Pierre Poivre, intendant de la colonie, qui ayant remarqué ses talents, l’engagea à rester auprès de lui pour faire des observations astronomiques, dans le but de déterminer la position de quelques îles de la mer des Indes, et de suivre une expédition dans laquelle il lui serait utile, ainsi que pour l’observation du passage de Vénus sous le disque du soleil, qui devait arriver, le . Bougainville, qui orthographie son nom « Verron » dans son Essai historique sur les navigations anciennes et modernes dans les hautes latitudes septentrionales[5], lui permit d’accepter ces offres, et le jeune astronome profita de ces circonstances afin de rendre son voyage encore plus utile aux progrès des sciences. Il lui fut impossible de partir à temps d’Isle-de-France pour aller observer le passage de Vénus mais, ne pouvant rester inactif, il fit voile avec la capitaine de Trémignon pour les Moluques, sur la corvette le Diligent.

Avant son départ, il adressa au duc de Praslin une lettre détaillée, contenant les observations qu’il avait faites sur le détroit de Magellan et dans la mer du Sud, à l’ile de Cythère, ainsi que les résultats de l’éclipse de soleil du , qu’il avait observée au sud de la partie de l’est de la Nouvelle-Bretagne, ce qui fixait la largeur de l’océan Pacifique dans cette partie. Il s’appliqua continuellement, dans le cours de ce grand voyage, à l’observation des longitudes en mer, par le moyen de l’octant à réflexion, auquel il comptait faire des additions qui l’auraient perfectionné. Il détermina aussi, par le même moyen, la longitude de toutes les terres.

Le zèle de Véron ne tarda cependant pas à lui devenir funeste. Trémignon était allé beaucoup plus loin qu’il n’avait d’abord résolu. Véron, qui l’avait suivi, après de nombreuses observations dans les îles de Mindanao et de Luzon, aborda avec lui à Timor. Là, il voulut descendre à terre pour faire des observations plus suivies. On lui représenta en vain le danger auquel il s’exposait. Alors dans toute la vigueur de l’âge, il crut pouvoir braver la maladie du pays, mais atteint, il y succomba dans les premiers jours de .

Seul, Guilbert a fait de lui une biographie pour sortir son nom de l’oubli où tous l’avaient laissé tous les biographes, à l’exception de son compatriote Guilbert, à qui on doit, entre autres, la connaissance de la lettre originale au duc de Praslin et de Bernoulli qui lui a consacré un éloge dans un ouvrage précieux pour estimer les progrès de l’astronomie[6] que mentionne Lalande 1776[7].

Hommage

L’une des principales chaînes montagneuses de Nouvelle-Irlande, la chaîne montagneuse Verron, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, a été nommée d’après lui.

Notes et références

  1. Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : ou histoire, par ordre alphabétique, de la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes, t. 43 Vau-Viz, Paris, Desplaces, , 700 p. (lire en ligne), p. 226-7.
  2. Charles Weiss, Biographie universelle : ou, Dictionnaire historique, contenant la nécrologie des hommes célèbres de tous les pays, des articles consacrés a l’histoire générale des peuples aux batailles memorables, aux grands evénements politiques, aux diverses sectes religieuses, etc., t. 6, Paris, Furne, , 645 p. (lire en ligne), p. 288.
  3. Eustache-Marie Courtin, Encyclopédie moderne : ou, Dictionnaire des hommes et des choses, des sciences, des lettres et des arts, avec l’indication des ouvrages où les divers sujets sont développés et approfondis, t. 23, Bruxelles, Th. Lejeune, , 480 p. (lire en ligne), p. 323.
  4. Celui-ci eut la franchise de reconnaître les obligations qu’il avait à Véron, dans le Mémoire qu’il publia en 1767 sur un instrument propre à mesurer la distance de la lune aux étoiles, et qu’il nomma le « mégamètre ».
  5. Jean Mascart, La Vie et les travaux du chevalier Jean-Charles de Borda (1733-1799) : épisodes de la vie scientifique au XVIIIe siècle, Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, , xxi, 817 p. (ISBN 978-2-84050-173-2, lire en ligne), p. 271.
  6. Nouvelles littéraires de divers pays, avec un supplément pour la Liste et le Nécrologe des Astronomes, Berlin, in-8°.
  7. Annales de l’Université de Lyon, t. 33, (lire en ligne), p. 270.

Annexes

Bibliographie

  • Eustache-Marie Courtin, Encyclopédie moderne : ou, Dictionnaire des hommes et des choses, des sciences, des lettres et des arts, avec l’indication des ouvrages où les divers sujets sont développés et approfondis, t. 23, Bruxelles, Th. Lejeune, , 480 p. (lire en ligne), p. 323.
  • Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : ou histoire, par ordre alphabétique, de la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes, t. 43 Vau-Viz, Paris, Desplaces, , 700 p. (lire en ligne), p. 226-7.
  • Charles Weiss, Biographie universelle : ou, Dictionnaire historique, contenant la nécrologie des hommes célèbres de tous les pays, des articles consacrés a l’histoire générale des peuples aux batailles memorables, aux grands evénements politiques, aux diverses sectes religieuses, etc., t. 6, Paris, Furne, , 645 p. (lire en ligne), p. 288.

Lien externe

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