Panslavisme

Le panslavisme est une doctrine politique, culturelle et sociale qui valorise l'identité commune que partagent les différents peuples slaves (Polonais, Tchèques, Slovaques, Slovènes, Croates, Serbes, Monténégrins, Bosniaques, Gorans, Macédoniens, Bulgares, Pomaks, Russes, Biélorusses, Ukrainiens, Cachoubes, Sorabes/Lusaciens et Ruthènes) et qui préconise leur union politique sur la base de cette identité.

Un chevalier à la croisée des chemins par Victor Vasnetsov. En droite ligne de la construction d'une identité panslave, l'artiste russe exprime la mélancolie liée à la perception de l'époque médiévale, liant un thème romantique à ce siècle des nationalismes (identification à la figure héroïque du Bogatyr).

Historique

Distribution géographique des langues slaves.

Le panslavisme a d'abord été défini par un idéologue croate Vinko Pribojević dès le XVe siècle, repris par un missionnaire croate Juraj Križanić[1] (1618-1683). Selon François Dvornik, apparue dans le contexte du conflit entre Réforme protestante et Contre-Réforme catholique, l'idéologie de Križanić ne vise pas seulement l'union sociale, politique et religieuse des populations slaves, mais aussi l'unification linguistique en formant une langue slave commune « mélange de slavon, de russe et de serbe[2] ».

La réflexion sur la thématique panslaviste a été développée surtout par le philosophe russe Nikolaï Danilevski (1822-1885).

Le mouvement a atteint son essor avec le Congrès panslave de Prague en 1848. C'est à cette même époque que le drapeau panslave fut créé (il sera réutilisé par la suite lors de la création de la fédération des États slaves du sud, i.e. Yougoslavie) ainsi qu'un hymne intitulé Hé, les Slaves consacré aux peuples slaves durant la domination austro-hongroise. À la fin du XIXe siècle, le rêve de la chute de Constantinople pour en faire la capitale d'un État panslave a été formulé par Fiodor Dostoïevski et Danilevski. Le nom de Tsargrad a même été choisi. Le début de la Première Guerre mondiale en 1914 et la bataille des Dardanelles remportée par les Ottomans a mis fin à ce rêve.

Cette doctrine a servi de base idéologique aux interventions militaires de l'Empire russe dans les Balkans au XIXe siècle, à la formation de la Yougoslavie fédérale et a été habilement utilisée par l'Union soviétique[3] avant et après la Seconde Guerre mondiale.

Actuellement, elle est souvent véhiculée par les milieux nationalistes russes, mais ne trouve pas d'écho, du moins officiellement, auprès des autorités russes.

Positions

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La Pologne et la République tchèque sont panslaves[réf. nécessaire], mais la Pologne est anti-russe, du fait de la rivalité historique avec l'Empire russe.

L'idéologie panslave a été néanmoins mieux accueillie dans les Balkans par exemple, où des peuples slaves étaient depuis des siècles sous domination ottomane ou germanique. De plus, les Slaves des Balkans sont redevables de la Russie, qui les libéra du joug ottoman lors de la guerre russo-turque de 1877-1878. Les liens entre la Russie, la Bulgarie et la Serbie, qui partagent en outre la confession orthodoxe et l'alphabet cyrillique, restent encore assez marqués par cette doctrine.

Par contre, la Croatie catholique, mais dont la population est slave, s'est clairement rapprochée de l'Occident depuis longtemps, ayant subi l'influence autrichienne et italienne. La Slovénie a toujours été proche de la position croate après la disparition de la Yougoslavie. En revanche, les Slaves musulmans (Bosniaques, Pomaques...) constituent un groupe à part dans le monde slave et se sentent en général plus proches des Turcs (avec qui ils partagent une histoire commune) que des autres peuples slaves.

La Fédération de Russie n'a, du moins officiellement, pas utilisé la doctrine panslave dans sa politique extérieure. Cependant, les nationalistes russes et les communistes ont joué la carte d'influence culturelle et linguistique russe pour promouvoir l'idée d'union entre les anciennes républiques soviétiques, voire la restauration de l'Union soviétique[N 1]. Le parti d'extrême droite nationaliste russe, le Parti libéral-démocrate de Russie, ainsi que le parti nationaliste russe, le Parti national-bolchevique[4], ont même prôné le retour par la force à une forme d'Empire russe.

À notre époque, l'appel au panslavisme est souvent venu de Russie, de Serbie, et de Slovaquie.

Les sociologues s'accordent sur une tendance croissante des signes panslaves parmi certains jeunes des pays slaves. De multiples facteurs, comme l'entrée de pays slaves comme la Pologne, la Slovénie, la Slovaquie et la Bulgarie dans l'Union européenne ont contribué au fait que beaucoup de jeunes se sentent Slaves et trouvent un sens d'appartenance et d'identité à « être un Slave »[5].

Renouveau au XXIe siècle

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Il y a une opinion que la situation politique actuelle dans le monde slave est caractérisée non seulement par le déclin complet du pan-slavisme autrefois populaire, mais souvent par la politique hostile des pays slaves les uns envers les autres. Ce point de vue se fonde sur la politique officielle d'un certain nombre d'Etats slaves visant à rejoindre l'OTAN, l'UE, d'une part, et l'UEE, l'OTSC, d'autre part.

Tout le monde n'est pas satisfait de cette orientation politique, et certains pensent que l'OTAN et l'UE s'opposent de plus en plus au monde slave. C'est ce qui contribue à la renaissance du pan-slavisme dans presque tous les pays slaves. Diverses relations entre les pays et les peuples slaves existent à ce jour. Ils vont du respect mutuel basé sur un partenariat égal et la sympathie les uns pour les autres, en passant par l'hostilité et l'inimitié traditionnelles, à l'indifférence. Aujourd'hui, aucune des formes de rapprochement entre pays d'origine slave, à l'exception des pays d'origine culturelle et historique, n'a été mise en œuvre, à l'exception du groupe de Visegrad . Dans les temps modernes, il y a de fréquentes références aux idées pan-slavistes en Russie, en Biélorussie, en Serbie et en Slovaquie.

Il y a une opinion opposée selon laquelle l'unification des Slaves se fait à travers les structures de l'UE. L'euro-slavisme au XXIe siècle remplace le pan-slavisme comme projet d'intégration des Slaves entre eux[6].

La renaissance du pan-slavisme se déroule dans les trois directions suivantes: scientifique et pédagogique; Publique; politique .[7],[8]

Militaire

Depuis 2015 trois pays slaves (Russie, Serbie, Biélorussie ) pratiquent des exercices militaires conjoints qui se nomment " Fraternité Slave " et qui vise non seulement à échanger des expériences dans la lutte antiterroriste, mais également à envoyer un signal politique définitif au reste du monde : Moscou, Minsk, et Belgrade restent des partenaires historiques, liés par une amitié forte.

Les premiers exercices de "Fraternité slave" ont eu lieu en 2015 à proximité de la ville de Novorossisk, dans la région de Krasnodar (sud de la Russie).

La Russie et la Serbie ont signé un accord de coopération militaro-technique en 2013[9].

Drapeau panslave

Couleurs panslaves.
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Les couleurs présentes sur le drapeau panslave ne font pas que reprendre celles du drapeau Russe. Dans l'inconscient collectif Slave, chacune de ces 3 couleurs correspond à un point cardinal et à un des 3 groupes de Slaves :

Notes et références

Notes

Références

  1. François Dvornik 1970, p. 797
  2. François Dvornik 1970, p. 798
  3. François Dvornik 1970, p. 947
  4. Parti d'extrême gauche
  5. http://pmo.slawia.org/
  6. Wagner, Lukas, An Analysis of Discourses of Council Presidencies on EU-Russia, Université de Tampere, 19 mars 2017.
  7. Alexey Malinov, « Panclavism as Panmongolism. Historiosophy of Nationalism », Administrativa Consulting, , p. 136–149 (ISSN 1726-1139, DOI 10.22394/1726-1139-2017-10-136-149, lire en ligne, consulté le )
  8. (en-US) chpothmann, « INTERVIEW: President of SLAVONIC EUROPE, David CHMELIK, in Belgian Radio and TV channel RTBF – Les Belges du Bout du Monde », sur SLAVONIC EUROPE, (consulté le )
  9. Sputnik, « Sputnik vous offre un aperçu des exercices militaires russo-serbes », sur fr.sputniknews.com (consulté le )

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Francis Dvornik (trad. Danielle Pavlevski, préf. François Dvornik), Les Slaves : Histoire et civilisation, de l'Antiquité aux débuts de l'époque contemporaine [« The Slavs, Their Early History and Civilisation »], Éditions du Seuil, coll. « Univers historique », (1re éd. 1956), 1196 p.

Voir aussi

Articles connexes

  • Portail de la politique
  • Portail du monde slave
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